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EAN : 9782070718047
1024 pages
Gallimard (13/06/1990)
4/5   1 notes
Résumé :


Rassemble plus de soixante études publiées à Londres dans la revue La France libre et sept autres parues à Paris au lendemain de la Libération, qui constituent un témoignage sur l'état d'esprit des Français de Londres, non uniformément ralliés au général de Gaulle.
Que lire après Chroniques de guerre : La France libre (1940-1945)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Raymond Aron a réuni lui-même la plupart de ses articles de guerre dans trois livres de l'armistice à l'insurrection nationale, L'Homme contre les tyrans, L'Âge des empires et l'Avenir de la France. Ces trois volumes, édités à Paris en 1945-1946, rassemblent plus de soixante études publiées dans la revue La France libre, à Londres, et sept autres
publiées à Paris au cours des mois qui suivirent la Libération de la capitale et de la France.
La Société des amis de Raymond Aron, dès sa constitution, a souhaité la réédition de ces ouvrages devenus introuvables en librairie et absents de beaucoup de bibliothèques universitaires et publiques. Il lui semblait en effet important de rendre accessibles aux historiens et aux
chercheurs des textes qui permettent de mieux comprendre les réactions, les comportements etles préoccupations, pendant la guerre, des Français
vivant hors de France et coupés de la Résistance intérieure. Les textes recueillis dans de l'armistice à l'insurrection nationale, par exemple, portaient le titre générique de « Chroniques de Franceettendaient à
donner aux lecteurs, en majorité étrangers, une image des événements en France moins sommaire que celles qu'ils trouvaient dans leur propre presse et une interprétation moins extérieure par des esprits plus aptes à pressentir, à déchiffrer les intentions, à deviner les réactions et l'évolution des consciences des Français vichystes ou résistants. Beaucoup de témoignages établissent que le but a été atteint grâce à un inflexible souci de l'objectivité. L'historien anglais Richard Cobb dira plus tard à
Raymond Aron que les articles de la France libre avaient d'autant plus d'influence qu'ils refusaient les polémiques excessives et la propagande.
De plus, lorsque la Résistance intérieure put organiser ses liaisons avec Londres, elle reçut La France libre et diffusa clandestinement certaines études politiques que cette revue publiait. le Bulletin d'information des mouvements unis de résistance, par exemple, publia en 1944, dans ses
numéros 65 et 67, les deux parties du texte publié dans La France libre de Chroniques de guerre mars-avril, sous le titre « le renforcement du pouvoir » et reproduit
dans L'Âge des empires et l'Avenir de la France.
Il reste que l'entreprise était difficile, et Raymond Aron était bien conscient des limites de son information. Il avait d'ailleurs, dès 1938, dans sa thèse célèbre, émis plus que des réserves sur la valeur de l'histoire immédiate. Dans la Note finale du recueil de l'armistice à l'insurrection
nationale, il écrira même, en 1944 « Il n'y a pas d'histoire du présent. Il manque à l'observateur contemporain non pas tant, comme on le dit, le recul ou l'impartialité
que la connaissance de ce qui donne aux événements leur vraie signification les suites. »
Mais, trente-huit ans plus tard, dans ses Mémoires, après avoir avoué qu'il supprimerait volontiers de sa thèse la phrase qui « semble condamner l'histoire du présent », il écrira « Il existe aujourd'hui un genre que l'on peut appeler histoire immédiate ou histoire du présent à laquelle je ne refuse pas le droit à l'existence, bien qu'elle constitue, en une large mesure, la matière pour un historien de l'avenir.»
C'est précisément ce « matériau pour les historiens » que la présente réédition veut rendre plus accessible. Il ne saurait y avoir de meilleure justification de la décision de la Société des amis de Raymond Aron que l'article publié en 1946 par Lucien Febvre, après la parution des volumes
De l'armistice à l'insurrection nationale et L'Homme contre les tyrans, « Ce que Raymond Aron se proposait, c'était de faire comprendre au-dehors l'ensemble de la réalité française. Les explications étaient-elles toujours celles-là mêmes que, sur place, Français demeurés en France,
nous nous fournissions à nous-mêmes des grands événements qui tantôt nous exaltaient, tantôt nous déprimaient? Et si non, sur quels points différions-nous ? Il y a là matière à une belle étude de psychologie historique comparée. J'espère qu'on ne laissera pas perdre l'occasion et que quelqu'un s'avisera de nous en doter. L'entreprise serait capitale pour notre connaissance des Français (car il y en avait toute une série) qui réagissaient aux mêmes événements dans des milieux très différents,
avec une identité foncière de sentiments et des nuances de sensibilité parfaitement tranchées. »
Tous les textes réédités aujourd'hui doivent être lus à la lumière des commentaires que Raymond Aron leur consacre dans le Spectateur engagé et dans les Mémoires. Il le fait avec une sérénité admirable et un scrupuleux respect de la vérité plus admirable encore, cette vérité dont il dira qu'elle est « prosaïque et insupportableen répondant aux interrogations serrées de Jean-Louis Missika et Dominique Wolton.
Ceux-ci, en conduisant les entretiens du Spectateur engagé, ont soulevé la question que tous les lecteurs des articles de guerre se poseront sans doute pourquoi la politique de Vichy contre les juifs est-elle absente des chroniques de la France libre ?
Après un laconique « C'est vrai », Raymond Aron répond avec autant de bienveillance pour ses jeunes amis inquisiteurs que de sincérité introspective. On ne peut que renvoyer le lecteur à ces pages que l'on qualifierait de bouleversantes, si Raymond Aron n'avait pas refusé le
recours à de tels adjectifs. Deux ans plus tard, il reviendra sur ces entretiens dans ses Mémoires. Il « se défendra» d'abord sur la « froideur », le « tonde ses chroniques « Ce qui fit la valeur, le succès de la France libre, c'est précisément le fait que la revue ne relevait pas de la littérature de guerre.» Fallait-il traiter davantage de
l'antisémitisme ? En 1983, il répond « Certainement, oui », mais, entre 1940 et 1943, il se souciait plus des sentiments pro ou antiallemands des hommes de Vichy que de leurs opinions en politique intérieure. Si les Allemands perdaient la guerre, le statut des juifs disparaîtrait. « Ni
l'action des résistants, ni la répression de la Gestapo, ni les déportations des juifs» n'étaientignorées à Londres. Maisjusqu'à quelpoint y savaiton que le « transfert desjuifs vers l'est avait une autre signification que la déportation des résistants saisis par la Gestapo » ? Suivent alors les réflexions que voici « Un doute encore aujourd'hui me hante. le génocide, qu'en savions-nous à Londres ?. Au niveau de la conscience claire, ma perception était à peu près la suivante les camps de concentration
étaient cruels, dirigés par des gardes-chiourme recrutés non parmi les politiques mais parmi les criminels de droit commun la mortalité y était forte, mais les chambres à gaz, l'assassinat industriel d'êtres humains, non, je l'avoue, je ne les ai pas imaginés et, parce que je ne pouvais pas
les imaginer, je ne les ai pas sus. L'exécution d'un projet de génocide,
je ne parviens pas à me reprocher de ne pas l'avoir prévue et de n'en avoir rien écrit dans La France libre.»
Vers la fin des pages du Spectateur engagé consacrées à l'antisémitisme et au génocide, Raymond Aron fait deux observations sur luimême et son évolution qu'il faut désormais conserver dans la mémoire amicale où il reste si vivant « D'une certaine manière, les événements de la guerre se sont progressivement enfoncés dans mon être. Ils signifient plus pour moi aujourd'hui qu'en 1945 ou 1946. C'est paradoxal, mais c'est comme ça. »
Plus loin, comme il lui est demandé s'il revendique plus son judaïsme qu'il y a une trentaine d'années, sa réponse est « Certainement.» le présent volume sera pour beaucoup un instrument de travail permettant de mieux connaître l'histoire politique et intellectuelle de 1940
à 1945. Bien que n'étant pas une édition critique à proprementparler, les annotations de M. Bachelier faciliteront les repérages et les cadrages chronologiques, et dissiperont les obscurités que le temps écoulé introduit inévitablement dans tout commentaire de l'actualité.
Chroniques de guerre
On constatera que le travail des historiens, à mesure que s'ouvrent les archives, ne dément ou ne corrige que rarement les analyses de Raymond Aron sur des points essentiels. Ce qui n'étaitsouvent, pour sa prudence et sa rigueur, que virtualité peut être tenu désormais pour la
plus grande approximation possible de la réalité historique.
Quant aux simples citoyens, ils retiendront des leçons d'un grand esprit qui n'ont rien perdu de leur force ni de leur actualité la liberté doit être défendue non seulement sur les champs de bataille, mais d'abord durant la paix, dans notre maison. Car, lorsque la discipline et la sagesse s'effacent, les « démocraties sauvent peut-être la douceur de vivre », mais elles cessent de garantir leur destin.
Jean-Marie Soutou
Président de la Société des amis
de Raymond Aron
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L'oeuvre du sociologue Raymond Aron est toujours vivante et pertinente. Ses idées tranchaient à son époque. le philosophe a pensé la guerre et les relations internationales à un moment où ce n'était pas en vogue. Son oeuvre permet encore de penser et analyser les relations internationales et le conflit israélo-palestinien. Comment Raymond Aron percevait-il les prémices d'un conflit qui fait toujours l'actualité ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : - Perrine Simon-Nahum, docteure en histoire, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée au département de philosophie de l'Ecole normale supérieure - Jean-Vincent Holeindre, professeur de science politique à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas et directeur scientifique de l'IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire)
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