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Oeuvres complètes (Antonin Artaud) tome 1.1 sur 29
EAN : 9782070292332
336 pages
Gallimard (20/02/1976)
4.36/5   11 notes
Résumé :
Préambule - Adresse au Pape - Adresse au Dalaï-Lama - Correspondance avec Jacques Rivière - L'Ombilic des Limbes - Le Pèse-nerfs - L'Art et la mort - Premiers poèmes (1913-1923) - Premières proses - Tric Trac du ciel - Bilboquet - Poèmes (1924-1935).


Cette nouvelle édition du tome I en deux volumes remplace et complète les éditions de 1956 et de 1970
Ce second volet du tome I s'ouvre avec les textes qui marquent les étapes d'Antonin ... >Voir plus
Que lire après Oeuvres complètes, tome 1.1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
CRI
Le petit poète céleste
Ouvre les volets de son coeur.
Les cieux s'entrechoquent. L'oubli
déracine la symphonie...
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
LE POÈME DE SAINT FRANÇOIS
D’ASSISE

Je suis le saint, je suis celui qui fut
Un homme, très petit parmi les autres
hommes ;
Et j’ai seulement quelques pensées qui me couronnent
Et s’exhalent de moi avec un son confus.
Je suis cet éternel absent de soi-même
Marchant toujours auprès de son propre chemin.
Et mes âmes un jour s’en allèrent, demain
Je me réveillerai dans une ville ancienne.
Je vous le dis, je suis l’errant qui suis venu
Pour vous offrir l’image d’un humble exemple.
C’est ainsi que je me quittai un vieux dimanche
Suivant le vol évangélique des angélus.
Et voici que j’advins au cercle des esprits,
Ils dévalaient un cirque de petites collines ;
Et les herbes psalmodiaient toutes en sourdine
Au pied des ânes porteurs d’esprits qui me sourient.
Je n’ai plus honte de ma robe ni de mes mains
Qui m’appartiennent et vous appartiennent,
mes frères ;
Et ce jour-là je me déliai de la terre
Et des ondes passaient dans mon corps cristallin.
Autour de moi s’étend une ville d’agrès
Dont les remparts sont comme l’eau des mers
immenses,
Et voici que je retrouvai ce qui commence
Et le mot qui finit, et la terre d’après.
Je n’ai qu’un visage de cire et je suis orphelin
Et cependant là où je vais il vient des Anges
Qui me découvrent le chemin du Père étrange
Dont le cœur est plus doux qu’un cœur de père
humain.
Recherchez-moi, je viens du royaume de paix,
De cette paix qui pénètre même les pierres,
Et j’ai pitié de cette incessante poussière
D’os humains retournant à la terre brûlée.
Je suis celui qui peut dissoudre l’épouvante
D’être un homme et de s’en aller parmi les
morts
Car mon corps n’est-il pas la merveilleuse
cendre
Dont la terre est la voix par où parle la mort.
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13

La littérature des modernes ne dépasse pas
le niveau de ce que peut donner une certaine
intelligence alliée à une heureuse culture. Il est
même piquant de voir à quel point une certaine faculté d’assimilation jointe à cette espèce de rouerie, de précocité propre aux âges
pourris, peut tenir lieu de talent. L’aigu désir
d’avoir du talent, et l’approfondissement par
leur intelligence propre de ce que renferme
l’idée de talent, confère à MM. Raval, Fierens,
Crémieux, Morand, une existence littéraire de
contrebande. En matière de style, notre
époque possède un seul inventeur : Jean Giraudoux. Les autres ne sont que piraterie, sur-
impression, mimétisme. Ces autres, une élégance identique les marque, une même uniforme bonne tenue, un même air d’être à la
page, et de savoir de quoi il retourne. Ce qui
fait le poète c’est, à la fois, la nouveauté (mais
une nouveauté authentique, dense, spontanée), et la substance de l’image, l’échelle du
sentiment, le courant souterrain, – car le sentiment a certainement une échelle dont le degré marque la beauté. Il serait faux de croire
que l’exaltation (je ne dis pas la qualité du sentiment, mais la classe, le rang, mais son ampleur) ne puisse avoir des degrés.
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BILBOQUET

Il n’y a pas assez de revues, ou si l’on veut
toutes les revues sont inutiles. Nous paraissons
parce que nous croyons répondre à quelque
chose. Nous sommes réels. Ceci au besoin nous
dispense d’être nécessaires. Il devrait y avoir
autant de revues qu’il y a d’états d’esprit valables. Le nombre des papiers imprimés serait
alors réduit à très peu, mais ce très peu donnerait le précis et la somme de ce qui doit être
pensé, ou de ce qui vaut d’être publié.
Toutes les revues sont les esclaves d’une
manière de penser, et, par le fait, elles méprisent
la pensée. Elles ont toutes ce grave défaut
d’être rédigées par plusieurs hommes. Elles
s’imaginent ainsi refléter un état de l’opinion,
elles n’en sont que le pot-pourri. Car il n’y a pas
d’état de l’opinion, il y a des opinions diverses
qui valent plus ou moins d’être formulées. Mais
l’humanité est inguérissable, on n’empêchera
jamais les hommes d’être certains de leur pensée et méfiants de celle d’autrui ; que si quelqu’un qui a une opinion juste veut lui donner
un public il ne lui reste que de fonder une revue. Nous avons une opinion qui vaut la peine
d’être exprimée. Des contingences extérieures
au fait de bien ou de mal penser empêchent les
revues d’accueillir cette opinion dans sa nudité
absolue. Il n’y a pas de revue libre, toutes les
revues ont plus ou moins un canon. Nous choisissons donc le seul moyen d’être nous-même
et de l’être totalement.
Nous paraîtrons quand nous aurons
quelque chose à dire. Quand nous croirons
avoir une vue intéressante sur une fausse manière de penser, ou qu’un fait esthétique ou
moral nous semblera susceptible d’être discuté. Cette revue sera donc une revue personnelle,
intéressante en tant que la chose d’un seul,
mais nous accueillerons à titre d’invités les artistes et écrivains dont les productions nous
paraîtront s’accorder avec notre état d’esprit,
l’illustrer, ou s’y rapporter d’une manière quelconque.

Eno Dailor
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7

RIMBAUD & LES MODERNES

Faits nouveaux de pensées, branle, animation de rapports, – rapports non pas de sentiments, de l’intérieur d’un sentiment à l’intérieur d’un autre sentiment, mais de l’extérieur
d’un sentiment, de la place, du rang, de l’importance d’un sentiment avec l’importance d’un
autre sentiment, de la valeur extérieure, figurative d’une pensée par rapport à une autre pensée, – et de ses réactions par rapport à elles, de
leur admission en lui, de ses plis, de ses pentes,
– voilà l’apport de Rimbaud.
Rimbaud nous a enseigné une nouvelle manière d’être, de nous tenir au milieu des choses.
Pillé par les modernes uniquement dans ses
plis, dans ses pentes, dans le jeu des rapports
inventés par lui et non pas même dans la nature des choses agitées, – que lui-même
d’ailleurs n’agite que du dehors (en sentant extérieurement ce dehors), et s’il creuse c’est
pour retirer encore d’autres dehors ; le suc intérieur des phénomènes lui demeura toujours
inconnu, – et les modernes n’ont même pas retenu ces phénomènes mais des façons de l’agiter. N’est-ce pas, Raval, Fierens, et les autres
suiveurs. Un autre esprit est à l’origine de certains tics du style contemporain, bientôt aussi
démodé que toutes les affectations du décadentisme, c’est le Mallarmé de Divagations.
Le premier, par son souci de rendre à
chaque mot sa totale contenance de sens, il
classa ses mots comme des valeurs existant
en dehors de la pensée qui les conditionne, et
opéra ces étranges renversements de syntaxe
où chaque syllabe semble s’objectiver et devenir prépondérante. Mais Mallarmé était diffiPoèmes 91/136
cile en face de sa pensée, là où Paul Fierens
n’est difficile que pour ceux qui le lisent, et
avec un sujet de l’être insignifiant. Je m’empresse de dire que Paul Fierens compose de
petits poèmes parfaits, et qui m’apparaissent
comme d’heureuses élucidations de la pensée
contemporaine. Je n’en veux qu’à ses comptes
rendus.
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PREMIÈRE NEIGE

Vois toute douce, toute belle, toute pâle
Le jour qui vient mourir sur les mystères
blancs ;
Et le silence bruit doucement dans la salle
Dans l’occulte magie du soir agonisant.
Nous nous sentons heureux de savoir que les
choses
Boivent ainsi que nous ce lambeau de clarté
Et s’enfuient avec nous vers les nuages roses…
Et le jour sur la vitre est devenu violet ;
Dans la douceur du soir se lamentent les
branches
Parfois dans les chemins agonise un oiseau ;
Et voici que le ciel prend une couleur d’eau…
Ma sœur c’est notre amour qui neige dans les
branches.
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Vidéo de Antonin Artaud
Antonin ARTAUD – Témoignages (DOCUMENTAIRE with english subtitles, 1993) Les deux parties du documentaire "La Véritable Histoire d'Artaud le Mômo", par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, réalisées en 1993. Présences : Luciane Abiet, Jacqueline Adamov, André Berne-Joffroy, Annie Besnard-Faure, Gustav Bolin, Denise Colomb, Pierre Courtens, Alain Gheerbrant, Alfred Kern, Gervais Marchal, Domnine Milliex, Minouche Pastier, Henri Pichette, Marcel Piffret, Rolande Prevel, Marthe Robert, Jany Seiden de Ruy, Paule Thévenin et Henri Thomas.
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