Une certaine mulâtresse

UNE CERTAINE MULÂTRESSE de MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Celestino Yumi est un paysan pauvre qui vit avec sa femme Catalina. Lassé de cette existence misérable il va passer un pacte avec Tazol, le démon des feuilles de maïs. En échange de la plus grande fortune de la région, Celestino devra céder sa femme au diable, ce qu'il fait bien qu'il aime sa femme, mais l'argent règle tous les problèmes, alors… il oublie rapidement Catalina et épouse… une certaine mulâtresse. Sans s'en douter, il se marie avec un être curieux, mi homme mi femme, qui va le rendre dingue par ses caprices, ses exigences et sa méchanceté. Certes il est riche, le diable a tenu ses engagements mais il commence à regretter Catalina. Hélas, son ex épouse est devenue une naine! Ils vont néanmoins comploter pour se débarrasser de la mulâtresse, mais les créatures du diable ne sont pas si faciles à manipuler et toute cette affaire va bien sûr dégénérer.
Au delà de l'histoire, passionnante mais peu aisée à suivre, c'est une immersion dans les mythologies et les croyances guatémaltèques auquel nous convie Asturias dans un langage très imagé qui n'est pas sans rappeler Marquez et qui déroutera sans doute pas mal de lecteurs.
Contrairement au Pape Vert ou à Monsieur le Président, c'est un livre purement fantastique, dénué de tout engagement politique.
Prix Nobel 1967, Asturias est un écrivain guatémaltèque né en 1899, mort en 1974. Homme très engagé politiquement, c'est un des grands représentant du réalisme magique.

C'est impossible de décrire l'intrigue de ce roman sans parler de transformation: elle parle de la disparition d'un village, de la lutte entre le démons de la Amérique indigène et Satan, d'un magicien aux os d'or qui trahi sa femme pour son pacte avec le diable et qui rencontre une mulâtresse qui est liée elle même avec des démons. Moitié épopée, moitié conte folklorique, la couleur indigène du texte d'Asturias est impossible de nier, et elle ne se contente pas d'un exotisme superficiel mais va à la rencontre d'un subconscient, d'une mentalité qu'on pourrait imaginer colonisée.

Plein d'humeur et d'intelligence, cette histoire chimérique résiste au lecteur moderne, elle ne cherche pas à s'aligner au visions conformistes de la prose européenne, car sans doute en le faisant elle perdrait l'âme. Mais ce qu'elle demande avec sa lecture peu commune est rendu en abondance, le résultat est un texte richissime, élégant et unique dans son propos, sans jamais devenir incompréhensible. Très bon livre, à lire et à relire.

Un 7/20 pour la première partie, qui reste à peu près compréhensible. FUYEZ.