J'ai commencé ma lecture en me disant que c'était vraiment actuel comme propos, jusqu'à ce que je tombe sur un extrait où il était question de l'Europe des Quinze. Un doute s'est alors emparé de moi et m'a conduit à vérifier la date de parution de cet essai : 2003. Vingt ans plus tard, rien ne me semble avoir réellement changé et c'est assez démoralisant.
Il est question ici des difficultés rencontrées par les femmes dans un monde de plus en plus globalisé et livré au capitalisme.
Le propos est étayé, chiffré et démontre que le libéralisme n'est pas pourvoyeur de l'égalité tant attendue, bien au contraire. On y démonte également l'idée que la répartition du travail et des tâches entre les sexes est antédiluvienne : souvenons nous des haleuses et des femmes africaines qui portent de lourdes charges sur des kilomètres.
Zones franches, écart salarial, plafonnée verre, prostitution, délocalisation, accaparement des terres sont quelques uns des thèmes abordés dans cet essai.
Intéressant mais peu réjouissant.
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La division sociale et sexuelle du travail n'est pas une simple répartition harmonieuse des tâches entre hommes et femmes, selon les principes du bon sens. Au contraire, elle procède d'une injustice, comme le montre la définition que Danièle Kergoat donne d'elle : «La division sexuelle du travail a pour caractéristiques l'assignation prioritaire des hommes à la sphère productive et des femmes à la sphère reproductive ainsi que, simultanément, la captation par les hommes des fonctions à forte valeur sociale ajoutée (politiques, religieuses, militaires, etc.). Cette forme de division sociale a deux principes organisateurs:
- le principe de séparation (il y a des travaux
d'hommes et des travaux de femmes) ;
- le principe hiérarchique (un travail d'homme
"vaut" plus qu'un travail de femme) '.»
Le capitalisme néolibéral et le patriarcat [sont des] systèmes dominants qui se nourrissent l'un l'autre et se renforcent mutuellement pour maintenir la très grande majorité des femmes dans une infériorisation culturelle, une dévalorisation sociale, une marginalisation économique, une "invisibilisation" de leur existence et de leur travail, une marchandisation de leur corps, toutes situations qui s'apparentent à un véritable apartheid.
Au fil des restructurations économiques à travers le monde, les formes atypiques d'emploi, synonymes d'insécurité accrue et de marginalisation, deviennent une norme qui, après s'être propagée au Sud, imposée par les grandes firmes transnationales, tend à gagner le Nord : ce processus constitue une spirale sociale descendante. Une anecdote citée par C. Wichterich illustre bien le phénomène : lors d'un meeting électoral aux Etats-Unis, Clinton se vantait d'avoir créé huit millions de nouveaux emplois. Une femme a pris la parole pour déclarer : «Cela ne m'étonne pas, j'en occupe trois à moi toute seule.»
Il serait faux de croire, comme une vision caricaturale de la mondialisation pourrait le laisser penser, que les firmes transnationales se sont complètement affranchies des territoires; bien au contraire, elles jouent de l'hétérogénéité des pays, de leurs législations, de leurs marchés, de leurs potentiels humains. Elles utilisent les différences nationales autant qu'elles les renforcent.
Sans l’égalité domestique et parentale, l’égalité politique, économique et professionnelle ne se fera pas.
Yacoub Bitocho (Attac au Bénin), au Forum social de Dakar .Yacoub Bitocho (Attac au Bénin), au Forum social mondial 2011 de Dakar (Nina Montagné).