Les médiévistes face aux médiévalismes

Le genre de la fantasy, souvent associée dans la perception commune à sa seule part « medfan » (pour « médiéval fantastique »), constitue à la fois la vitrine et la honte du médiévalisme, sa face la plus visible mais aussi la plus dégradée : quand on parle de réception du Moyen Âge dans les productions culturelles contemporaines, depuis la seconde moitié du xxe siècle et surtout depuis le tournant du xxie, c’est avant tout la fantasy qui s’impose, avec ses énormes succès publics qui peuvent laisser craindre qu’elle n’écrase des approches plus nuancées, pérennisant ainsi une vision archaïque et caricaturale bien éloignée du Moyen Âge tel que l’étudient aujourd’hui les chercheurs. Nulle part le « médiévalisme » ne s’oppose plus frontalement au médiévisme, à tel point que nombre de chercheurs travaillant sur les représentations du Moyen Âge prennent le parti d’évacuer tout bonnement le domaine de leurs corpus.