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EAN : 9782262026400
448 pages
Perrin (05/04/2007)
4.05/5   20 notes
Résumé :
Dans l'histoire de France, jamais roi n'a été autant calomnié qu'Henri III (1551-1589).
Ses adversaires l'ont accusé de tous les maux. L'Histoire n'a retenu que l'homme futile et efféminé, peu préoccupé de régner, aux amitiés masculines ambiguës. Loin des clichés, ce livre raconte un règne de quinze ans dans une France déchirée par la guerre civile. Henri a gouverné, réformé et légiféré. La défense de l'autorité royale a été son souci constant. Pour elle, il ... >Voir plus
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Après avoir lu tant de livres sur les Valois, ceux de Simone Bertière ou de Nicolas le Roux, dans lesquelles j'en ai énormément appris et qui ont d'ailleurs contribué à forger mon coup de coeur pour cette famille et cette période, j'ai voulu — comme je l'ai fait avec sa soeur Marguerite —, lire une biographie, à proprement parlé, de Henri III pour le découvrir et redécouvrir seul et plus minutieusement.

Henri III n'a pas été un monarque comme les autres. Il fut, à bien des égards, un roi singulier, au destin singulier.
Fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il grandit avec ses frères et soeurs dans la cour la plus illustre d'Europe. Fils préféré de Catherine, il n'est pas destiné à régner mais la mort successive de ses deux frères aînés l'amèneront sur le trône en 1574.
Il sera le roi des temps les plus troublés de l'histoire de France : celui des guerres de religions. Guerres dont il souffrira les conséquences tant politiquement que personnellement.

Le début et la fin de sa vie forment un contraste très saisissant. Alors que les débuts s'annonçaient prometteur pour lui, et ce malgré les troubles naissant, fils préféré de sa mère, sous le règne de son frère Charles IX il est nommé par ce dernier lieutenant général du royaume à seulement 16 ans. Il guerroie, mène des batailles, et jouit d'une image de jeune homme fort et courageux, image en parfaite adéquation avec le codes du temps. Et même si la tragédie de la Saint-Barthélemy portera un grand coup au règne de Charles IX mais aussi à la politique de conciliation longuement et durement mené par Catherine, Henri en sera néanmoins relativement épargné et continuera à jouer son rôle de frère du monarque et héritier du trône puisque Charles n'a pas encore d'enfants.
Puis il y aura l'épisode marquant de la Pologne ; Catherine cherchant désespérément un trône pour son fils cadet trouvera celui de la Pologne, électif et vacant, Henri y sera élu et partira pour ce pays lointain dont il sera roi. Expérience plutôt traumatisante et contraignante pour lui mais qui fort heureusement ne durera que quelques mois car en mai 1574, Charles qui avait déjà une santé fragile meurt. Henri parti de France un an auparavant en prince, y revient en roi.
Avec Catherine, mère et fils formeront un duo régnant, malgré les hauts et les bas d'une telle relation dans une telle fonction, et on le sait les Valois sont une famille complexe et qui aura vécu des temps encore plus complexe. Après la mort de François II le frère ainé qui n'aura régné qu'un an et meurt à 16 ans, du reste de la fratrie (si l'on excepte deux des filles mariés à des princes étrangers et qui ont donc quitté la cour), il reste donc Charles Henri François (né Hercule) et Marguerite et le moins que l'on puisse c'est que les relations entre ces quatre là seront particulièrement compliqués faites d'affection et de désaffection perpétuels, de jeux politiques et d'ego.

Mais au fur et à mesure, au long de son règne deux types de ruptures se produiront : une politique et une personnelle.
Politique, car la gestion des guerre de religion sera difficile et extrêmement complexe, on alternera en permanence entre guerre et édit de paix. Henri bien que fervent catholique et détestant les hérétiques, aura malgré tout, aux côtés de sa mère, une politique de conciliation. Mais ces incessantes conciliations lui aliéneront les catholiques les plus zélés qui s'uniront pour former ce qu'on appellera la Ligue, et dont le duc de Guise prendra la tête. Et ce ne sera pas la seule faction qui se créera puisqu'il y aura aussi les Malcontents, mouvements qui réunit à la fois catholiques et protestants qui ne reconnaissent plus dans la politique d'Henri III. Bref, des troubles civils qui prendront peu à peu une ampleur inquiétante et difficilement gérable pour un monarque. Il sera acculé sous les différentes pressions de toutes parts (Ligue, huguenots, Malcontents).
Mais ce qui achèvera de mettre Henri dans une position, à la fois inédite et surtout extrêmement critique ; c'est la mort de son frère cadet François d'Alençon, dernier héritier en l'absence de descendance, propulsant Henri de Navarre en héritier au trône. Si ce dernier est effectivement premier prince du sang il est surtout chef protestant, et cette situation inédite précipitera le royaume dans une tension sans précédent dans l'histoire de France, et servira de détonateur à la poudrière civile.

Personnelle ensuite ; car lui qui jouissait d'une si belle image quand il était prince, se déconnectera — malgré lui — peu à peu de son peuple quand il sera roi. Première raison, Henri voudra créer une sorte de nouvelle étiquette royale à travers un certains nombre de mesure dans le quotidien, sorte de précurseur de la fameuse étiquette sous les Bourbons qui fera de la vie du roi un cérémonial distancé, mais qui à cette époque arrive trop tôt et suscitera l'incompréhension de ses sujets et de la cour car le roi depuis toujours devait être proche et accessible. Seconde raison, la présence des célèbres Mignons. Ces favoris dont Henri s'entourait pour leur amitié, leur loyauté et leur témérité, mais dont l'ambiguïté — supposé, fantasmé — lui vaudront là aussi énormément d'hostilité. de plus Henri était un homme qui aimait à prendre soin de lui et soigner son apparence, il était passé du jeune héros guerrier à un homme délicat amant les belles choses et le soin, or en ces temps cela ne passe pas.
Troisième élément, qui ne passe pas également à cette époque c'est le mysticisme religieux. L'affliction dans laquelle le plongera la mort de certains être chers ainsi que le drame de la stérilité, l'amèneront à s'abîmer dans un excès de morbidité voire de fanatisme spirituel qui là aussi choquera tout son entourage et ses sujets.
Tous ces éléments contribueront à créer le terreau fertile sur lequel poussera la désacralisation de sa personne et de son statut, désacralisation qui ensuite permettra à envisager, pour la première fois, le régicide comme possibilité.
Le pas sera franchi le 1 aout 1589.

Cette biographie a été une excellente lecture, passionnante et à titre personnel bouleversante.
J'avais quelques craintes avant de la lire car je ne savais pas si Jean-François Solnon serait juste ou non envers Henri dans sa façon de le portraiturer. Mais j'ai été soulagée et ravie de constater qu'il n'en fut rien bien au contraire. Jean-François Solnon nous livre une biographie à la fois emphatique et juste. Il présente une analyse fine, cohérente et complète, documentée et éclairée du monarque singulier que fut le dernier des Valois.

Je le répète, à bien des égards Henri III était différent, à contre-courant, sa personnalité contraire aux codes et associé à ces temps terriblement troublés ont fait de lui la victime d'un travestissement historique qui aura duré très longtemps. Sa figure a déchaîné de passions. Il fut un roi décrié, mal connu, mal perçu à tord. On le découvre ou redécouvre dans un portrait plein de nuances, touchant, humain.
Il mérite aujourd'hui d'être connu et reconnu pour ce qu'il fut réellement : un roi soucieux, un roi bon, un roi tiraillé, un roi acculé et comme l'a écrit le chroniqueur Pierre de l'Etoile à son propos : « il était un très bon prince s'il eût rencontré un bon siècle… » 
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Une personnalité complexe dans une époque cruelle : une biographie passionnante. L'écriture biographique est toujours délicate : il faut allier le talent du romancier à la rigueur de l'historien, la fidélité aux sources ne doit pas assécher le style. Jean-François Solnon y parvient parfaitement ici. C'est d'autant plus louable que ce règne est particulièrement compliqué avec la succession des guerres de religion. Les forces en présence apparaissent clairement, qu'elles soient internes au pays ou provenant des états voisins, et il est passionnant d'apprendre comment les différents membres de la famille royale y réagissent selon leurs personnalités respectives. le biographe a soin de donner régulièrement des repères temporels et spatiaux, sans lourdeur, juste assez pour que le lecteur suive la chronologie et les déplacements sans se perdre.
Je suis venue à cette lecture pour mieux connaître le Duc d'Anjou - son titre avant de devenir roi - découvert dans la nouvelle de 1662 La Princesse de Montpensier de Madame de Lafayette, et dans l'adaptation de Bertrand Tavernier de 2010. La prestation Raphaël Personnaz dans le rôle du personnage historique m'avait beaucoup plu, et donné envie d'en savoir davantage sur ce Duc d'Anjou. La biographie de Jean-François Solnon, a bien rafraîchi et clarifié mes connaissances historiques ; la superbe des Guise soutenus par Philippe II d'Espagne, à l'origine de bien des cruautés, la difficulté de contenir la population de Paris, soumise à de nombreux problèmes, toujours prête à prendre les armes, la volonté tenace de Catherine de Médicis de négocier toujours avec les deux camps, les catholiques et protestants, pour préserver la paix.....tout cela n'a plus de secrets pour moi.
En plus, cette lecture m'a permis de découvrir une foule d'anecdotes telle qu' Henri III, tout juste roi, en voyage à Venise, découvrant l'usage de la fourchette et l'adoptant à son tour, conformément à sa volonté de civiliser les moeurs de son temps.
Une biographie qui permet aussi de débarrasser Henri III des caricatures et calomnies qui l'encombrent depuis le temps même de son règne, ce roi qui, selon l'un de ses contemporains, "était un très bon prince s'il eût rencontré un bon siècle".
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Roi inconnu sauf pour parler de sa mort, il a l'ingrate position de dernier d'une prestigieuse lignée, les Valois. En gros le raté, le responsable de la disparition du sang de Francois Ier sur le trône de France, le demi homme incapable d'enfanter. Car c'est ainsi qu'il est perçu.

Malheureusement pour lui Henri est accablé de tous les maux et vices alors que son plus gros défaut est d'être différent de l'image masculine de l'époque.
Et c'est ce que démontre avec talent Solnon.

Cette biographie se lit comme un roman, l'auteur évite tout sentimentalisme ou parti pris ce qui n'est pas évident avec un personnage si controversé.

Diabolisé par les historiens chargés de créer la légende de son successeur (le fameux Henri IV) et de sa propre lignée (les Bourbons), on découvre en lisant un homme juste et bon qui a eu la malchance de naître au mauvais moment.

Un homme qui a eu la mauvaise idée d'aimer la propreté, d'être amoureux de sa femme et de lui être fidèle sans même la répudier même quand ils ne pouvaient concevoir, d'aimer s'habiller en femme parfois, d'être physiquement proche des gens (même des hommes) en gros d'être différent et qui pour tout cela a été accusé d'être homosexuel. Réducteur car aucune preuve ne va dans ce sens: il s'agissait surtout de le décrédibiliser en tant qu'homme. Sa propre mère sera choquée de voir sa femme sur ses genoux...

Coucher partout, aimer se battre et sentir mauvais ça c'est être un homme !!

Pleine de bonne volonté et d'idées il était surtout (et malheureusement pour lui!) différent, et pris entre les feux catholiques et protestants. Henri IV n'a finalement réussi là où il a échoué que grâce à sa double foi.

Personnage fascinant et incompris, tout comme Louis XVI il aurait été un excellent roi dans un meilleur temps. Perdu dans la légende noire de son frère et de sa mère il mérite d'être réhabilité (comme eux d'ailleurs). D'être jugé pour ce qu'il était et non pour ce que ses ennemis ont écrit sur lui (à commencer par sa garce de soeur la fameuse Reine Margot).
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Enfin un livre crédible et sérieux sur ce personnage fascinant et attachant qu'est Henri 3 ! C'est un plaisir de lire ce livre qui règle leur compte à bien des clichés ! A contrario de l'image d'Épinal de folle efféminée entretenue depuis sa mort à l'encontre d'Henri 3, ce livre restitue avec une finesse d'analyse et avec un style entrainant qui conserve néanmoins sa rigueur nécessaire la personnalité complexe de Henri et nous fait découvrir un homme avec ses doutes et ses faiblesses aux décisions parfois préjudiciables mais dont la volonté d'oeuvrer pour la grandeur de son pays dicte chacun de ses actes . Les tumultes de l'époque d'Henri 3 sont également décrits et analysés quant aux conséquences qu'ils comportent sur le règne et la personnalité de Henri 3. En outre à la fin du livre des annexes fournies et les références bibliographiques sont accessibles, ce qui permet d'utiliser l'ouvrage dans l'optique de recherches.
Un travail sérieux sur une personnalité historique souvent méconnue qui a pourtant marqué son époque.
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Henri III, dernier roi Valois, est surtout connu pour sa réputation sulfureuse. Dans l'imaginaire collectif, c'est un roi précieux, attiré par la gente masculine, plutôt que porté sur les femmes, ultra-catholique, fils soumis aux volontés de sa mère, l'imposante Catherine de MédicisJean-François Solnon revient sur tous ces préjugés pour les déconstruire un à un. Il cherche à montrer le souci du roi pour la légalité, pour la supériorité de la monarchie sur le catholicisme. Prince de la Renaissance, il cherche à doter la Cour de règles, à contrôler les ambitions des grands seigneurs, à réformer l'Etat dans un contexte particulièrement difficile : celui des guerres de religion. Il réussit à imposer sept années de paix au royaume qui lui permirent de conduire des réformes voulues (et non imposées comme en temps de guerre) et d'être pleinement roi.

Cette biographie historique se lit comme un roman. L'auteur s'est appuyé sur de nombreuses sources, l'ensemble est très bien documenté. Une lecture très agréable que je recommande.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
En quittant la lagune pour regagner le royaume qui l’attend, Henri a certes résisté à la « tentation de Venise ». Mais celle-ci demeure en son esprit. Elle inspire un comportement auquel il s'empressa d'adhérer : s'évader des obligations officielles, satisfaire son goût pour le retrait du monde, fuir en pensée, se décharger des taches politiques pour satisfaire sa passion des choses de l'esprit, s'abandonner à une esthétique du raffinement, mêler débauche et religiosité, amour du faste et dépouillement. Confronté bientôt au dur métier de roi, il sera parfois tenté de céder à ces désirs réveillés par le séjour vénitien.
Pas toujours pour son bonheur.
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L'homme possédait les qualités pour accomplir une grande œuvre. Les malheurs du temps l'ont contraint à réduire ses ambitions. « Il était un très bon prince, diagnostiquait un contemporain avisé, s'il eût rencontré un bon siècle.» Malgré quatre guerres de Religion, l'hostilité tenace de l'Espagne, les prétentions des Guise et la révolte de Paris, Henri III a permis à l'État monarchique de survivre, lui assurant ainsi un avenir.
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Déjà ses actes ordinaires ne faisaient pas l’unanimité. Parce que Henri pratiquait irrégulièrement les exercices physiques à l'honneur chez les nobles du royaume, ses détracteurs, oublieux de son courage aux armées, l'accusaient de mollesse. Ses goûts intellectuels, peu estimés des gentilshommes, lui valaient semblable condamnation. Étudier dans les livres, se complaire dans sa bibliothèque ou en discussions savantes relevaient, pensait-on, d'une existence trop paisible, indolente, voire paresseuse, tolérée chez les femmes, mais méprisée chez les hommes. Ne détournait-elle pas le souverain de l'action ?
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Je ne veux, sinon la vérité.
Henri 3
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Vidéo de Jean-François Solnon
A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec Jean-François Solnon autour de son ouvrage "Histoire des favoris" aux éditions Perrin.
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Note de musique : © Scott Holmes
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