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EAN : 9782234094550
250 pages
Stock (26/10/2022)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Le 24 février 2022, quand l’armée russe a envahi l’Ukraine, la stupeur et la tristesse ont saisi le monde entier. Ont commencé à affluer dans nos médias des noms qui, jusqu’ici, ne nous étaient guère familiers, teintés de la couleur des combats et de la tragédie : Boutcha, Marioupol, Kharkiv, la mer d’Azov, Dnipro…
Mais que connaissons-nous vraiment de ce pays voisin ? Terre d’au-delà des Carpates, où les rivières coulent à travers des forêts et des steppes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Gros coup de coeur pour ce recueil de nouvelles contemporaines.

Ce sont tous des auteurs contemporains, qui ont accepté le défi : envoyer un texte en un temps record, et décrire un lieu qui leur est cher en Ukraine.

« le seul avantage des guerres, pour un pays occupé, c'est qu'elles familiarisent le monde entier avec sa géographie » explique Emmanuel Ruben dans son introduction. Ce fut le cas pour moi, avec cet « Hommage à l'Ukraine », qui réunit 14 récits qui m'ont extrêmement touchés, et qui m'ont éclairé sur ce grand pays voisin qui se bat contre l'envahisseur russe.

Ce qui frappe d'emblée c'est l'attachement des 14 auteurs à leur terre natale. La notion de « patrie » prend un sens tout particulier sous leur plume.

Personnellement je les ai lus à l'envers : en commençant par la dernière nouvelle, celle d'Andreï Kourkov, dont j'avais chroniqué « Les abeilles grises » peu de temps auparavant.

Dans « le Village de Lazarivka et ses environs », le célèbre auteur ukrainien nous parle de Jytomyr, un endroit situé au milieu de nulle part. Ce village qui se dépeuplait a pourtant connu un destin assez incroyable, parce qu'il a accueilli des réfugiés de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchornobyl (c'est ainsi qu'on nomme la ville en ukrainien).

« Pouvoir tsariste dans un passé lointain, régime soviétique répressif dans un passé plus récent … La Russie poursuit ses efforts pour imposer l'Ukraine livre la matrice de sa monarchie dégénérée.
Mais l'Ukraine résiste et continuera de résister. Et Lazarivka résistera en même temps que le pays. »
Le célèbre auteur termine son récit par un paragraphe nostalgique, où il nous partage son désir de retourner à Lazarivka pour aller nager et retrouver son verger mais ce n'est pas possible.
N'empêche. Sa dernière phrase est un message d'espoir : Lazarivka « vit et fructifie en dépit de tout. Et forcément bientôt nous y reviendrons. »


Andriy Lubka, un jeune auteur né en 1987 à Riga nous parle lui d'Oujhorod.
« Je me méfie des gens qui prétendent que leur ville préférée est Venise, Paris ou New York, mais n'y vivent pas. Ce sont des hypocrites. Il n'y a qu'une seule manière de déclarer son amour à une ville : y vivre. »
En proximité avec la nature, et située à proximité de la frontière avec la Slovaquie, cette petite ville de 120 000 habitants n'est pas très étendue. Mais on apprend des choses sur la Transcarpatie, que je ne connaissais pas du tout. Et l'attachement de cet auteur pour ce territoire oublié de tous se révèle … un avantage – et même une bénédiction, dit-il – quand on est face à l'envahisseur russe.


Dans « la limite orientale de l'aire naturelle du hêtre », Taras Prkhasko, né en 1968, nous parle des Carpates. Pour moi les Carpates c'était la Roumanie et Dracula. Rien de tel ici.

« Ici, la raison est impuissante. C'est une zone qui engendre et qui recrée les rêves à l'infini. Il n'y a rien à penser, le pochoir est inutile. Aux cellules de mon corps de réfléchir. Je sais qu'elles n'ont qu'une envie, courir de haut en bas, puis s'allonger sur cette terre qui, sous le poids de mon corps, deviendra toute la terre de l'univers. »


Des Carpates il en est question aussi dans « le plus haut lac des Carpates », où Irena Karpa, née en 1980, nous raconte ses souvenirs d'enfance en montagne quand ils allaient en famille »à la cueillette des baies ou des champignons. »

Dans « Krioukivchtchyna, un rêve ukrainien », Petro Yatsenko, né en 1978 à Lviv, où il est question de Boutcha, qui était une banlieue cossue en périphérie sud de la capitale, et aussi de la prise de la Crimée et du Donbass - ville aujourd'hui célèbre pour son martyr.

« le rêve ukrainien tient à peu de chose : avoir assez d'espace pour vivre à son aise, en paix et être son propre maître. » L'auteur ukrainien nous décrit Krioukivchtchyna avec toutes ses boutiques … aujourd'hui dévastées. Les rares survivants visitent les appartements de ceux qui ont fui.

« Depuis le début de la guerre, des hommes ordinaires, des employés de banque ou de sociétés de logistique, des pompistes, des avocats et des dentistes ont enfilé l'uniforme militaire et sont allés défendre leur pays, abattre des avions et des hélicoptères, tirer au fusil, lancer des roquettes et des missiles sol-air. »

Il nous rappelle aussi que l'objectif des Russes est d'anéantir non seulement le « rêve ukrainien » mais aussi à la fois « L'Ukrainien », et l'idée même de « rêve »...


Dans « Baby et Fifi » Oleksandr Mykhed, né en 1988, nous parle d'un quotidien plus intime, et notamment d'une chatte noire, originaire de Nashville dans le Tennessee, qui se retrouve en Ukraine.

Il nous parle des conséquences de la guerre sur nos amis à quatre pattes.
Et d'un phénomène qui est devenu viral : une « Zoopatrouille » s'est spécialisée dans le sauvetage d'animaux domestiques, restés enfermés dans des appartements desquels leurs maîtres ont fui en catastrophe.


Dans « Deux petits-coeurs », Artem Tchekh, né en 1985 à Tcherkassy, nous raconte l'attirance d'une femme Tina, pour son chef de bande militaire l'auteur, qui essayer de la mettre à distance parce que l'amour n'a pas de place dans la guerre. Mais le dénouement ne sera pas celui imaginé par son auteur.


« Déflagration 1 « et « Déflagration 2 » sont des poèmes en prose proposés par Boris Khersonsky, considéré comme l'un des plus grands poètes russophones d'Ukraine. Il vit à Odessa.


« Donetsk, ses terrils, ses rosiers, son soleil et sa steppe », dit tout l'amour pour sa terre natale de la part de « Volodymyr Rafeyenko, né en 1969 à Donetsk.

« Je voudrais vous parler de la ville de Donetsk, en Ukraine orientale. Pas seulement parce que c'est ma ville natale. Pour moi, Donetsk, et ce que les Russes en ont fait, est le symbole de cette maudite guerre que la Russie mène contre l'Ukraine, contre l'ensemble du monde civilisé et qu'elle perdra inévitablement. »
Tout est dit.


Ma nouvelle préférée est peut-être celle de Kateryna Babkina « Il faut que tu le vives ».
Née en 1985 à Ivano-Franjivsk, Kateryna raconte une épopée en voiture. Elle roule en compagnie d'un homme qui la conduit vers une destination inconnue. Elle l'avoue d'emblée, les prémices de la relation avec celui-ci ne présageaient rien de bon. Et pourtant elle suit cet homme qui se reperd sans GPS, en pleine nuit. Il s'arrête au beau milieu de la nuit. Et la conduit par un sentier sur un lieu hors du commun. Fantastique.

Il lui interdit même de sortir son téléphone pour photographier ce lieu improbable. Ce sont les rives du Dniestr, le fleuve qui traverse la Podolie, mais ici l'étendue d'eau est immense.

C'est l'histoire de Bakota, le village englouti. Par une décision absurde du comité central du PCUS, lors de la construction d'un barrage sur le Dniestr.
La fin de la nouvelle est superbe de sensibilité et m'a beaucoup touchée.


C'est la même tragédie que raconte Lyubko Deresh dans « Une Atlantide ukrainienne ».
Né en 1984 dans l'Ouest de l'Ukraine, le jeune auteur raconte l'histoire de ce territoire englouti par les eaux – et ce n'est même pas une métaphore, précise-t-il. Mais il souhaite aussi nous parler de son « Atlantide intime, liée à Trakhtemyriv, et qui a été engloutie par les eaux de l'oubli depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine ». Et il le fait très bien.
Il y a sera question du cinéaste Tarkovski. Mais aussi d'une jeune femme à la peau mate dont il est éperdument amoureux. Et d'une série de cinéastes qui ont compris le pouvoir magique de ce lieu improbable, à telle enseigne qu'on l'a surnommée « Hollywood-sur-Dniepr ». Et d'un mystérieux « O.G » dont l'auteur sera au début admiratif, mais dont il découvrira plus tard l'attachement pour la Russie lors de l'invasion.


« Quand les marronniers de Crimée perdent leurs fleurs » m'a énormément touchée également. L'autrice, Anastasia Lekova, née en 1965 en Hongrie, puis vivant aujourd'hui à Lviv, y raconte comment sa grand-mère, Bita, nom que l'on peut entendre parmi les Tatars de Crimée, racontaient des contes et légendes à tous les petits enfants réunis ensemble à l'occasion de grands travaux que réalisaient les adultes dans la maison. Cette arrière-grand-mère avait ordonné à ses descendants de ne pas abandonner leur patrie. Mais la déportation par Staline est passée par là et quand les Tatars sont revenus, des étrangers avaient pris possession de leur maison.

L'autrice raconte l'arrivée de la FSB à 5 h du matin pour s'emparer de son mari Dilaver sous des prétextes fallacieux. Il a passé 9 mois en détention provisoire. Et deux jours avant la fin de sa détention préventive il est mystérieusement relâché. Les forces russes lui font clairement comprendre qu'il n'est plus le bienvenu sur ce territoire. Et qu'il devrait fuir côté Ukraine.
Que faire ?

« Qu'est-ce qui est le plus important : rester en vie ou rester sur sa terre, celle que notre peuple a mis un demi-siècle à regagner » ? C'est poignant.

Dilaver et sa femme vont prendre la décision de partir. Mais il restera les légendes que contaient Bita. Il est des choses qu'on ne peut pas prendre.


Tout aussi bouleversant est la nouvelle « Datcha » de Taïs Zolotkovska. Née en 1984 à Kharkiv, et aujourd'hui exilée en Grèce, elle y raconte un territoire qui semble être un petit paradis sur terre. Elle raconte son enfance et les vacances près de Kharkiv, dans une petite maison, avec son abricotier, ses buissons de cassis et de groseilles, où il n'y pas besoin de barrière.
Plus tard, devenue adulte, l'autrice raconte le dilemme de savoir que faire de cette datcha, une fois la décision prise d'émigrer en Israël pour les parents, et en Grèce pour elle avec son mari. Et la solution apparaît : léguer la datcha à la famille maternelle, qui reste en Ukraine. Mais la guerre arrive.

« Désormais notre datcha s'est enfoncée dans le brouillard de l'inconnu. Depuis le début de la guerre, nous n'avons rien entendu à son sujet. (…) Quand la guerre sera terminée, nous irons ensemble non vers les appartements, mais dans la minuscule maison de briques rouges. Qu'aucun méchant loup ne peut souffler. Notre datcha. Occupée, libérée, si calme qu'on y entend les étoiles filer. »


Enfin dans « Maison mon amour », Luba Yakymtchouk, née en 1985 dans l'oblast de Louhansk, parlent de l'importance de la littérature, des livres, et de la langue, alors que les Ukrainiens tentent d'échapper aux bombardements.

« Lorsqu'une armée ennemie occupe ta ville, tout change. »
Elle y explique l'importance de la maison, lieu refuge où on se calfeutre, et aussi la place ou l'arbre préféré que chacun peut avoir. Pour elle, c'est un terril. Originaire de la partie orientale de l'Ukraine, l'autrice raconte le Donbass et son père qui descendait régulièrement à la mine. Petite elle rêvait de descendre elle aussi sous terre. Sa mère réussira à l'emmener dans les douches utilisées par les femmes qui allaient elles aussi à la mine pour travailler.

Et surtout elle raconte ce que cela fait, de savoir sa maison familiale occupée désormais par l'envahisseur.


Si vous êtes parvenus à ce niveau de lecture, je vous demande de m'excuser de ce billet si long – mais comment faire ? Je me suis sentie obligée de parler de chacun de ses auteurs ukrainiens contemporains. Tous les textes méritent notre attention, il n'y en a aucun qui soit faible ou qui ne nous parle pas directement d'une réalité bien cruelle.


Emmanuel Ruben a donc une idée géniale de réunir ces auteurs contemporains dans ce recueil » Hommage à l'Ukraine ».
Avec l'aide de Paul Lequesne et de Iryna Dmytrychynpour la traduction, il nous rappelle que l'invasion russe n'est pas qu'une simple conquête territoriale conduite par un autocrate. C'est une guerre de civilisation. Et que ce sont nos valeurs et notre mode de vie à l'européenne qui sont visés.

Extrêmement touchantes, ces 14 nouvelles méritent vraiment d'être lues et partagées.

J'espère que vous serez aussi bouleversés vous aussi comme je l'ai été.
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"Dès le premier jour de l'invasion russe, il nous a paru nécessaire de rendre hommage, à travers un livre, à l'Ukraine et au courage des Ukrainiens, de même que George Orwell rendit hommage, en 1938, à la Catalogne luttant contre le fascisme. En temps de guerre, les livres, comme nous le dit si bien Luba Yakymtchouk, ne servent pas seulement à barricader les fenêtres. Les livres sont aussi des armes.

Dès le premier jour de l'invasion russe, nous avons proposé à des auteurs ukrainiens d'écrire un texte pour raconter leur pays, à travers un lieu qui leur était cher. Un lieu symbolique de l'Ukraine et donc de la nouvelle Europe en train de naître dans la douleur.

Alors que nous nous attendions à collecter des lettres de refus, car la littérature n'était pas la première urgence en ce mois de mars placé sous le signe de la guerre, quatorze écrivains ont décidé de nous faire confiance et de nous offrir un texte original et inédit."


Pour la première fois, je ne rédige pas un résumé de l'ouvrage mais je reprends la préface d'Emmanuel Ruben où tout est dit. L'idée de la création de ce livre à partir de textes rédigés par des auteurs ukrainiens parlant de leur terre et de leur patrie a pour but de laisser une trace des événements dramatiques qui touchent le pays actuellement.

Ils s'appellent Kateryna Babkina, Lyubko Deresh, Irena Karpa, Boris Khersonsky, Andreï Kourkov, Anastasia Levkova, Andriy Lubka, Oleksandr Mykhed, Taras Prokhasko, Volodymyr Rafeyenko, Artem Tchekh, Luba Yakymtchouk, Petro Yatsenko et Taïs Zolotkovska. Ils sont quatorze poètes et auteurs à vivre en Ukraine ou à l'avoir fui en attendant de pouvoir y retourner. Certains ont fait leur vie ailleurs il y a bien longtemps et évoquent les souvenirs.

Dans ces courts textes, on parle de l'Ukraine d'avant, puis du pays ravagé par la guerre, des villes et des villages habités, des souvenirs, des vacances, des odeurs, et des sons de la nature. On évoque aussi tout un peuple dont certains sont restés pour combattre l'ennemi, d'autres ont fui en Europe afin de protéger les plus anciens et les enfants, et il y a ceux qui sont partis depuis longtemps pour d'autres raisons et qui assistent au drame, de loin, avec pour seule arme les mots et les témoignages.

Ces textes se lisent simplement, sans jugement. Une lecture essentielle en hommage à un pays voisin et à sa population courageuse.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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….les livres, comme nous le dit si bien Luba Yakymtchouk, ne servent pas seulement en temps de guerre, à barricader les fenêtres. Les livres sont aussi des armes. » (P. 13).

Vous tenez entre vos mains 14 armes qui vous permettront de mieux connaître ce conflit, 14 armes….14 stylos tenus par 14 auteurs âgés de 34 à 72 ans, de toutes régions, qu'Emmanuel Ruben avait contactés, afin qu'ils partagent leur regard, leurs émotions sur cette guerre et leur pays…..14 regards masculins et féminins….des regards d'une quinzaine à une quarantaine de pages .

Parler de la guerre, oui, mais surtout parler d'un lieu symbolique à leurs yeux…des lieux qui nous permettent de découvrir une autre face de l'Ukraine….Ukraine que nous sommes, je pense peu nombreux à connaître. Alors quoi de mieux que la littérature pour approcher un pays, grace à ces regards d'auteurs ….Le Robert admet le mot « Auteur » y compris pour les femmes.

Certains d'eux ont depuis longtemps quitté l'Ukraine, et livrent leurs souvenirs. D'autres y vivent encore, mais tous ont estimé que leur place était bien dans ce projet littéraire, transmettre des souvenirs, des émotions, des coups de coeur, ou leur rage, alors que les avions russes larguaient leurs bombes.

Et nous permettre de découvrir les paysages miniers, terrils, les mineurs de fond, d'emprunter les routes maintenant détruite par les chenilles des chars russes, mais aussi les camps de concentration dans lesquels la torture est toujours pratiquée, les villages construits pour les réfugiés de Tchernobyl…

Tout ça, c'est bien loin de nous, dirons certains. Détrompez-vous ! Certains villages de l'Ukraine, sont à nos portes, plus proches de l'Europe que de Kiev.

Vous lirez des récits de voyage, des aventures de vie, vous vivrez des promenades en forêt, la vie des montagnards, vous visiterez les Carpates, les alpages, Vous vivrez la vies des bergers.

Et…vous découvrirez que la diffusion des reportages des télés occidentales renseignent les Russes!

» Boutcha, Marioupol, Kramatorsk, Krementchouk, Vinnytsia : le seul avantage des guerres, pour un pays occupé, c'est qu'elles familiarisent le monde entier avec sa géographie » ….première phrase du livre.

Personne ne croyait encore qu'une guerre pourrait advenir en Ukraine et que toute la ville serait occupée. » (P. 106)

Humour, dérision, drames et gravité…..

Espérons toutefois que ne parviendrons pas avec le temps à nous familiariser avec ce conflit, avec ce crime russe, mais qu'au contraire notre indignation restera intacte.

« Pouvoir tsariste dans un passé lointain, régime soviétique répressif dans un passé plus récent….La Russie poursuit ses efforts pour imposer à l'Ukraine libre la matrice de sa monarchie dégénérée. » (P. 277)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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critiques presse (1)
Liberation
02 janvier 2023
Passionné par l’Ukraine où il a fait de longs séjours, Emmanuel Ruben a eu l’idée de solliciter ces écrivains ukrainiens peu après l’invasion russe. Pour lui, c’était une évidence, leurs mots étaient un autre moyen de résister en montrant au monde la richesse de leur culture et l’amour de leur terre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les enfants, ceci est une leçon de géographie.
Voici la carte. On s'en souviendra.
Sur le territoire de l'Ukraine, il n'y a pas de Sibérie ni de Kolyma
Et la route de prison de Vladimir est restée loin, là-bas
Loin, très loin, j'en suis certain. Presque. Ou pas.

Voici la leçon de géographie. Ici, la terre n'est pas à l'abandon.
Pas beaucoup d'espace, pas de place pour construire des prisons.
On ne peut pas dire que nous vivons dans le ressentiment et à l'étroit,
Mais par rapport à la Russie, ce n'est pas la même échelle, loin de là.

Nous n'avons pas de taïga, et nos neiges ne sont pas aussi blanches,
Et le cliquetis des chaînes a moins retenti dans nos marches.
Plutôt celui des sabres et des cloches des monastères,
Et la planète nous intéresse moins que nos propres affaires.

Mais cela relève de la psychologie, alors que c'est une leçon de géographie.
De la petite géographie, de la porte au portail, pas à l'infini.
Toutes les maisons sont indépendantes dans notre patrie.
A vrai dire, moi aussi, je me tiens à part dans mon pays.

Je plains ceux qui sont au centre, vraiment, je suis peiné
Pour ceux qui montent la garde, ceux qui scrutent les terres gelées,
Je suis triste pour le territoire sous l'œil des projecteurs,
Je suis touché par les vaches des kolkhozes qui meuglent de faim et de peur.

Dans tout cela, il n'y a pas de poésie. J'accepte le reproche.
Ce n'est qu'une leçon de géographie. Ne l'oubliez pas, chers mioches.

Boris KHERSONSKY - Déflagration 1
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Eh bien, adieu, Odessa, ma ville délicate.
Aucun nuage, la mer est plate.
Ma vie est brisée, une nette cassure.
Tachée, froissée et et portée aux ordures.

Goodbye, ma maison, et son loyer,
Adieu, le trou dans le mur caché,
Adieu mon monde, adieu mon péché -
Jamais je ne pourrai me racheter.

Je suis un pèlerin, un passant et pourtant
Je m'enracine ici et là par moment.
Pourquoi me chasses-tu, dans les lieux
Où on ne m'a pas appelé, mon Dieu ?

Boris KHERSONSKY - Déflagration 2
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Lorsque mes parents ont quitté leur maison, une vieille maison particulière avec un verger de pommiers et d’abricotiers, tout en fleurs, avec toutes les commodités qui nous relient à la civilisation, un combattant prénommé Vovka s’y est installé. C’est lui que j’enviais à l’époque, car c’était lui, ce salopard, et absolument personne d’autre dans cette maison, qui dormait dans le lit de mes parents, où je n’avais pas le droit d’aller enfant.
(…) et maintenant c’est ce porc qui dort là-bas, me disais-je, et j’étais jalouse de lui. Je pense que je n’étais pas la seule. J’ai entendu papa dire qu’il fallait brûler notre maison, ou demander à quelqu’un de le faire.

Luba YAKYMTCHOUK - Maison mon amour
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Devant nous s’ouvrait la voie de l’unité politique et d’une croissance économique lente mais irrépressible. Mais cela, à l’évidence, était inacceptable pour la Russie. Le Kremlin savait très bien que notre départ définitif de l’orbite russe, en aspirant à devenir un Etat européen à part entière, équivaudrait à la mort de l’empire russe.
Voilà pourquoi tout cela est arrivé.

Volodomyr RAFAYENKO
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Les marronniers dans les jardins
Les marronniers dans les jardins
Perdent leurs fleurs, l’une après l’autre.
O toi, jeune fille, qui a ravi mon cœur,
Tu m’as privé de la raison …

Chanson chantée par Bita dans QUAND LES MARRONNIERS DE CRIMEE PERDENT LEUR FLEURS - Anastasia LEVKOVA
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