Je remercie mes camarades babeliotes de m'avoir fait découvrir cette autrice roumaine très intéressante. En tant que dévoreur de théâtre, j'étais passé à côté... J'ai donc du retard à rattraper, car elle n'est pas à son premier coup d'essai et c'est tant mieux ! Les trois pièces de ce recueil sont bien (dé)construites, tranchantes et sans concession. La première porte bien son nom. La question de l'immigration est centrale. L'approche fragmentaire et éclaté fait sens, même si l'histoire m'a manqué un peu, je l'avoue. L'idée de la deuxième pièce est très forte : le mode d'emploi de la vie. J'ai regretté que l'autofiction rejoigne un peu trop le propos pour en faire une sorte d'annexe de la première pièce. La troisième est pour moi la plus réussie. Pas de fausse surprise, le rythme est haletant, l'ambiance suffocante et le propos radical. Rappelons que ce recueil date de 2009 tout de même ! Les textes fragmentaires, sans didascalies, avec des personnages archétypaux et des listes poétiques à ne plus savoir qu'en faire font loi à cette époque-là. L'autrice est en plein dans la vague. Parfois, j'avoue que l'apnée et la déconstruction systématique m'ont pesé, mais j'ai le même sentiment avec les autres pièces de ce type et de cette période. Par contre, ce que je reproche à certains dramaturges et que je ne peux en aucun cas reprocher à
Alexandra Badea, c'est la gratuité, voire l'absence de propos. Cette femme a des choses à dire ! Elle ne nous ménage pas, nous secoue les puces, les neurones, les âmes et nous renvoie ainsi le reflet de notre société. Bref, elle crée un théâtre nécessaire et prenant. Bravo à elle.