Avec l'âge, en devenant peu à peu un vieux con, et toute la prétention qui va avec, je me suis rendu compte que je ne lisais que des classiques de la littérature depuis bien longtemps déjà. Aimant flâner dans des librairies de tous genres, regarder les livres, admirer leurs couvertures, les toucher, sentir les pages d'un livre neuf ou qui est passé déjà entre plusieurs mains, je me suis rendu compte il y a peu que j'avais oublié mes lectures simples juste pour le goût de lire, pour les histoires extraordinaires, les aventures qui me menaient dans des univers originaux et fabuleux celles où je me plongeais enfant et adolescent avec une délectation simple et sans ambage, sans réflexion trop intellectualisée.
Ainsi mon oeil, peut-être empreint de nostalgie, est tombé il y a peu sur un ouvrage :
La mécanique des échecs.
Comme parfois, c'est le titre et la couverture qui m'ont intrigué et j'ai fait ce que je fais souvent quand j'ai un livre inconnu dans les mains. Je lis la dédicace et s'il y en a des remerciements. Et il y en a beaucoup et tourner de façon assez touchante. Je me suis dit que l'auteur était bien entouré. Je suis tombé aussi sur un QR code qui menait à un site internet et même si je déteste les réseaux sociaux et ce genre de choses je me suis laissé aller à la curiosité. Et il faut avouer que le site est un excellent pont pour faire entrer le futur lecteur dans l'univers du roman. Des illustrations, une vidéo comme une bande annonce et chose pour le coup vraiment très novatrice et originale plusieurs sons qui nous plongent dans le décor du texte.
S'il y a une chose que j'aime quand je lis ou que je regarde un film c'est être surpris. Mon esprit va toujours prévoir ce qu'il va se passer et généralement ça tombe juste... J'ai pensé de même avec ce roman. J'ai pensé formation d'une équipe hétéroclite, quête avec son but, acmé de l'action, réussite de la quête et tout est bien qui finit bien... Eh bien non, l'auteur
Maxime Badoc m'a fait un parfait pied de nez et rien que pour ça la lecture de son ouvrage vaut le coup. Ce roman d'aventures réunit des personnages bien construits, dont on découvre le passé et les diverses aspirations au fur et à mesure des pages, qui vont être réunis malgré leurs différences par un être charismatique, mystérieux et mystique. L'auteur, dès le début du roman, place ses pièces sur l'échiquier et à mesure des pages leurs imbrications qui sont bien plus complexes qu'on aurait pu le penser aux premiers abords. Comme aux échecs aucun déplacement n'est anodin et les coups se répercutent dans un final détonant. Une docteur impétueuse en quête d'un remède pour vaincre une terrible maladie qui sévit dans l'empire, un fugitif auquel il ne vaut mieux pas se frotter mais avec ses principes, un noble comte taiseux ancien militaire retiré sur ses terres, une mécanicienne hors pair prête à tout lâcher pour une dernière aventure avant une retraite bien méritée, voilà la fine équipe uni par le signe distinctif d'un pion du jeu d'échecs et qui vont se retrouver sous la houlette d'un mentor, maître, guide : Amadeu Gil. Chacun avec des buts différents ils vont aider ce dernier à fomenter un coup d'état dans l'enclave de la cité indépendante de Norsomb. Autre personnage essentiel de l'histoire Damian, le valet du comte, pilote expert, passionné de romans qui accompagne la troupe dans cette épopée. On pourrait voir dans ce dernier l'image même de l'auteur, l'oeil du lecteur qui découvre les caractères significatifs des protagonistes au fil de la route vers Norsomb. On pourrait voir aussi avec la maladie, la flétrose, qui envahit l'empire un calque de la société actuelle mais je ne suis pas comme certains professeurs de fac pompeux qu'ils pensent savoir mieux que l'auteur lui-même ce qu'il veut raconter. Je n'en dirais pas plus, et laisse aux curieux de decouvrir cette histoire, si ce n'est qu'on sent le travail de recherche de l'auteur pour créer un univers unique et que j'ai apprécié réellement les différentes interactions entre les personnages et notamment le phrasé, le dialogue entre eux mais aussi des personnages secondaires avec des expressions très imagées et atypiques. On sent que M. Badoc a son style et qu'il le travaille et j'espère qu'il continuera à produire d'autres textes de qualité.