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EAN : 9782221107003
252 pages
Robert Laffont (18/09/2008)
3.54/5   45 notes
Résumé :
Parce qu'il casse son lacet de chaussure, un jeune cadre new-yorkais - le narrateur de cet ébouriffant roman - part, à l'heure du déjeuner, en acheter une paire neuve. En chemin, il va voir comme se liguer contre lui mille objets usuels : un escalier mécanique, des chaussettes, un horodateur, une bouteille de lait, un séchoir à main, deux téléphones... Mais il ne s'agit pas d'un simple inventaire à la Prévert. Confronté à cette armada hyperréaliste de choses, le jeu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le résumé de “La mezzanine” de Nicholson Baker est des plus simple : un homme casse un lacet de chaussure et décide d'en racheter un lors de sa pause déjeuner. Voilà tout, rien de plus que cette infime intrigue ne nous est raconté. Mais cet achat est l'occasion de multiples digressions sur le monde moderne qui entoure notre employé de bureau. Chaque objet est décrypté, rien n'est anodin et tout peut faire appel à des souvenirs, être source de questionnement.

Le lacet de chaussure cassé est par exemple le départ d'une longue analyse sur l'usure et les raisons de celle-ci. Notre narrateur tente de comprendre pourquoi ses deux lacets se sont cassés à deux jours d'intervalle. Cela le plonge dans la perplexité et le ramène à l'origine de la paire de souliers : “D'accord, il aurait lâché tôt ou tard : les lacets étaient d'origine et les chaussures celles-là mêmes que m'avaient achetées mon père deux ans auparavant quand j'étais entré dans cette boîte, pour y prendre mon premier boulot après mes études-cette rupture marquait donc une date sur le plan sentimental.”

Tout y passe dans cet inventaire à la Prévert des objets du quotidien : les escalators et leur nettoyage, les sacs en papier montrant que “(…) son possesseur mène une vie riche et active, emplie de courses urgentes.”, les briques de lait qui remplacent malheureusement les bouteilles de lait livrées à domicile, etc, etc, etc…

La vie de notre employé de bureau n'est rythmé que par les objets qui l'entourent, les autres personnes ont peu de place dans son imaginaire. Les grandes étapes de sa vie défilent dans sa mémoire grâce aux objets et semblent être ses uniques repères temporels. Son passage à l'âge adulte est marqué par une découverte essentielle à l'homme moderne : comment mettre du déodorant alors que l'on est déjà habillé? La réponse est simple : il faut s'inspirer du portrait de Napoléon par Ingres et glisser sa main dans le bouton défait de sa chemise!

Nicholson Baker nous présente un monde moderne rendu absurde par la multiplication des objets supposés rendre nos vies plus simples. le cerveau du narrateur ne cesse de réfléchir sur l'utilité de chaque chose. Son esprit, ses yeux sont mobilisés en permanence par des avancées technologiques, son paysage eest totalement rempli de choses parfaitement indispensables à son bien-être. “Je comptais sur la présence des appareils comme on compte sur une haie bien taillée à un certain carrefour, ou sur une affiche aux couleurs passées dans la vitrine de la teinturerie, une nourriture visuelle sur le chemin pour rentrer chez moi.” En fait de nourriture, cela ressemble plus à une pollution visuelle qui empêche notre narrateur de penser plus sérieusement ou même de lire pendant son heure de repas.

La mezzanine” est une oeuvre réellement surprenante dans le fond et dans la forme. Nicholson Baker choisit de se moquer de notre monde moderne à travers cette énumération d'actes quotidiens qui peuvent sembler bien anodins. L'humour fait passer avec plus de légèreté les obsessions du héros. La forme peut également dérouter le lecteur. Nicholson Baker utilise les notes de bas de page avec excès. Il est capable pendant 2 pages 1/2 de nous démontrer la supériorité de la mug sur la tasse classique! Il nous explique son amour des notes de bas de page par d'autres auteurs qui “(…) savaient que la vérité ne s'obtient pas en naviguant tranquillement de paragraphe en paragraphe, mais qu'il lui faut son lit protecteur de citations, de guillemets, d'italiques et de langues étrangères (…). Ils connaissent le plaisir anticipé, après un coup d'oeil d'ensemble sur la double-page suivante, de ces lignes écrites en tous petits caractères qui leur dispenseraient d'autres exemples et un nouveau savoir.”

Vous l'aurez compris, l'absurde est le maître mot de ce roman, absurde qui envahit notre quotidien sans que l'on y prenne garde. “La mezzanine” est une charge drôlissime contre la modernité et qui nous sort de nos habitudes de lecteur. Ouvrez les yeux sur votre quotidien, il est plus foisonnant et délirant qu'il n'en a l'air!
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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La rupture intempestive d'un lacet de chaussures gauche, deux jours après que son voisin de droite eu lâché, solution de continuité dans une vie somme toute banale de jeune cadre, a pour conséquence un vacillement idiosyncrasique du narrateur, qui déambule et se translate dans une matérialité qui lui pose question.

Ce roman atypique nous plonge dans les ratiocinations d'un personnage dont les interactions avec ses congénères sont fort succinctes, utilitaires, et qui entretient, paradoxalement, un commerce plus riche de potentialités et gratifiant avec la chose inanimée, l'objet. Sa pensée s'articule à la manière d'une nomenclature, sa vie est vécue sous le prisme de l'ergonomie. Il y a dans ce premier roman de Nicholson Baker un certain écho des Choses de Perec, et dans la forme, dans le recours intempestif aux notes de bas de page symptomatique de la tendance à ergoter du narrateur, une filiation évidente avec Feu pâle de Nabokov.



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Voici un bref roman qui a tout de l'OVNi littéraire: de par sa forme décousue qui épouse les méandres du cerveau d'un cadre new yorkais, ce roman nous livre plusieurs fragments de sa vie de façon singulière.
Le narrateur devise sur la taille des sodas, se fascine pour les escalators, et livre cent détails sur la façon d'enfiler ses chaussettes.
Les notes de bas de page se multiplient, donnant une impression de fragmentation qui perd peu à peu le lecteur, et qui laisse une impression mitigée de ce qui aurait pu etre une satire plus pertinente de la société de consommation, si le style n'était pas aussi peu accessible. Une déception!!!
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Si je n'ai pas rédigé cet article plus tôt, ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé ce livre, mais qu'il m'a laissée perplexe... La quatrième de couverture parle d'auteurs de l'Oulipo (ouvroir de littérature potentielle), mais ce n'est pas du tout ça, ou alors, je suis nulle et n'ai pas trouvé la contrainte sous-jacente, comme dans la disparition de Pérec, un lipogramme en e (livre sans lettre e), ou à l'inverse, du même auteur, Les Revenentes, où toutes les voyelles sont des e. Ou encore le S+7 proposé par Raymond Queneau pour la Cigale et la fourmi devenue la cimaise et la fraction (chaque substantif est remplacé par le 7e qui le suit dans un dictionnaire donné). Une bonne partie des contraintes de l'oulipo se trouvent sur leur site, avec des exemples... Trève de digression, revenons à La Mezzanine... Pas de contrainte, sauf pour le lecteur, les interminables notes qui peuvent couper le récit et se poursuivre comme une immense parenthèse sur plusieurs pages. Vous saurez tout sur les pailles en papier et leur avantage par rapport aux pailles en plastique, qui ont tedance à flotter dans les gobelets (très américain, vous buvez souvent à la paille, vous ?). Ou encore, une étude comparée des essuie-mains en papier et des soufleries pour les mains. Quant au style, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre contemporain rédigé entièrement au passé simple dans la bouche d'un narrateur à la première personne... Si vous voulez lire un livre inclassable, vous l'avez trouvé...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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A mon goût, Nicholson Baker est l'un des écrivains américain les plus intéressants de ces dernières années. Et le ton hyperréaliste de cette chronique des années yuppies fait écho à la vanité de nos vies laborieuses. Une description clinique des mouvements, des pensées et de nos pauvres interactions.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"J'avais déjà à moitié sorit mon propre stylo de ma poche intérieure, mais ne voulant pas refuser son offre, j'hésitai ; au même instant, elle avisa mon stylo et, avec un "oh", fit faire au sien un mouvement en arrière ; j'avais entre-temps résolu de prendre son stylo, et donc laissé le mien retomber dans ma poche, sans m'apercevoir avant qu'il ne fût trop tard qu'elle avait retiré son offre ; elle, voyant que je tendais la main, annula sa rétractation, mais, pendant ce temps-là, moi, devant son geste de recul précédent, j'avais à nouveau plongé dans ma poche ; ainsi nous livrâmes-nous à un manège rappelant l'entrechat de deux piétons qui se croisent et font chacun un pas de côté pour indiquer qu'ils vontre prendre leur gauche ou leur droite. Finalement, je pris son stylo et me penchai sur l'affiche."
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