Ce premier tome s'achève le jeudi 6 septembre, à l'approche des 17 ans de l'auteure. MB est une enfant prodige, originaire d'Ukraine, qui a commencé d'écrire son
journal dès l'âge de 12 ans. Sa biographie la montre en artiste accomplie (peintre, musicienne, chanteuse), cultivée, polyglotte, sillonnant, en oisive aristocrate, l'Europe (surtout l'Italie) avec sa famille, sa mère notamment. Mais le port d'attache est demeuré Nice et un peu Paris (où elle décédera).
Si elle se raconte dans son
journal, elle le fait avec spontanéité, verve, humour et l'espièglerie d'une adolescente déjà trop mûre, et qui exprime son ennui. Marie s'ennuie à mourir.
Jeune, belle, intelligente, elle en a conscience jusqu'à la vanité...Et pourtant quand tout pourrait lui réussir, elle s'ennuie et elle s'inquiète surtout qu'à son âge, elle n'ait rien réalisé qui puisse la faire passer à la postérité. Sa maladie commence à se manifester ; elle tousse souvent, a mal à la gorge. Elle s'en inquiète, sans trop s'inquiéter et parle avec une certaine légèreté de la possibilité de sa mort jeune. Elle parle aussi d'amour, avec l'innocence et la désinvolture de la jeune fille qui n'a rien connu, mais souhaite exprimer ce qu'elle ressent pour untel, ou ne ressent pas, ou pourrait ressentir. Mais au fond, rien de tout cela n'a d'importance, pourtant ça revient assez souvent sous sa plume.
Les journaux féminins sont les plus beaux, les plus édifiants :
Anaïs Nin,
K. Mansfield et bien d'autres, anciens comme ceux que C. Seth a révélés au grand public, ou bien contemporains. Je n'ai connu le
journal de M B que par une allusion trouvée dans une biographie de K. Mansfield, si mes souvenirs sont justes, et qui indiquait combien la publication du
journal de M B avait été un succès en son temps et pouvait avoir influencé (peut-être) K M dans son désir d'être et de laisser une trace.
J'ai aimé ce 1er tome plein de fraîcheur. L'Histoire se révèle souvent injuste à l'égard de femmes remarquables, car elle les ravissent trop tôt à leur époque. Ainsi Marie B. mourra à l'âge de 25 ans de phtisie, comme Kathleen Mansfield à 34 ans ou S Weil la philosophe au même âge...
Si dans les extraits de la préface présentés en citation, elle indique se livrer "tout entière" dans son
journal. Celui qui a été publié a fait l'objet de considérables retouches de la part de la famille.
Voilà pourquoi j'ai acheté "
Marie Bashkirtseff : un portrait sans retouches" de
Colette Cosnier, dans l'intention de découvrir l'authenticité que la diariste confessait dans sa préface.
Pat