trop compliqué bien qu'intéressant
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Tel est le.grand piège dans la vie de couple : croire que la similitude est une évidence, que l’intimité physique dispense de la parole échangée. "Fais-moi l'amitié de me parler, pourrait-on dire à son conjoint. C'est qu'à cause de la fusion, peu de couples s'aiment d'amitié, selon Guy Corneau. Alors, «nous ne pouvons pas entendre de notre partenaire le quart de ce qu'un ami ou une amie pourrait nous raconter (. .. ) pourtant, un des facteurs qui contribuent le plus à la création de l'intimité véritable s'appelle «l'amitié».
Autre manière de rappeler que le conjoint est d'abord un prochain, à la fois autre et semblable, et que l'échange de paroles est ce pont fragile d'une rive à l'autre de nos altérités.
L’amour est sans raison : ce souffle viendrait on ne sait d’où. L’amour ne programme pas tout l’avenir : ce souffle emmènerait là où l’on ne sait pas. L’amour peut échoir à n’importe qui : ce souffle traverserait tout un chacun. L’amour ne se mérite pas – ni aimer ni être aimé : ce souffle ne pourrait pas s’obtenir.
Mais pour la première fois, un être humain, par son attitude, par son engagement "à la vie à la mort" à mes côtés, me sensibilisait à l'espace sacré en moi. En le respectant infiniment, passionnément, définitivement, il me faisait peu à peu penser que cet espace existait. Davantage, il me donnait envie de le percevoir moi aussi. C'était une alchimie. [...] Désormais, un autre existait qui en quelque sorte faisait partie de mon for intérieur pour toujours.
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De qui ne s'est-on pas suffisamment séparé pour autant redouter la proximité? À l'opposé surgit le risque de se sentir si bien sur son territoire qu'on ne discerne plus rien de commun avec la personne dont on s'est démarqué. Comment trouver maintenant le moyen, voire le désir, de s'en approcher? De refuser le confortable et stérile «vis ta vie, je vis la mienne, restons-en là» ?
L'amour mais lequel?
Première difficulté, on appelle « amour» des expériences très variées. II ne sera pas question de les passer toutes en revue, encore moins de les évaluer. Chacune porte sa part de vérité et correspond soit à une étape de l'évolution humaine, soit à des circonstances de vie particulières. En ouvrant rapidement l'éventail des principaux types d'amour, nous garderons à l'esprit la même question : comment le souffle inconnu peut-il «travailler » chacune de ces expériences ? Comment guide-t-il la personne vers ce qu'elle est en vérité? Comment l'aide-t-il à transformer de fond en comble sa manière d'aimer, vers davantage de liberté et d'épanouissement?
- L'amour «anthropophage » est celui du bébé au sein qui, fusionné à sa mère, la « mange » sans la savoir autre que lui. L'adulte peut avoir gardé quelque chose de cela : en amour, il consomme.
-L'amour «chérissement» -dans le monde grec classique |storgè|- est tendresse et attachement dans les relations familiales ou amicales: amour parental, amour fraternel..
- L'amour «passion et désir » - en grec |eros|- entre deux êtres humains peut aussi dès Platon désigner le désir du Bien: on passe de I'amour des corps à l'amour de la beauté puis à l'amour des âmes. Eros peut donc ouvrir à ce qui est inconsommable. Notons déjà que cet amour est fondé sur le manque.
-L'amour «d'amitié » – en grec |philia| – est affection, complaisance, bienveillance : amour d'échange, où l'on aime l'autre en tant qu'autre et non avant tout pour combler un manque. Il peut se vivre entre amis mais aussi pour entre conjoints. Le latin distingue |amor|, correspondant au grec |philia|, qui ne se commande pas, et |dilectio|, correspondant au grec |agapè| dont je vais parler, qui peut relever de la volonté comme acte d'amour.
- L'amour «gratuit » - en grec |agapè|, terme choisi d'abord par les traducteurs grecs de la Bible hébraique parce que suffisamment neutre et rare - désigne depuis le Nouveau Testament à la fois I'amour de Dieu et l'amour humain de tous les jours. Il pointe vers l'amour inconditionnel, vient irriguer en quelque sorte toutes les amours humaines. « Banalité transfigurée », selon une exégète contemporaine, « éros transfiguré », selon un commentateur de Grégoire de Nysse, Père de l'Eglise au IVe siècle. L'amour agapè s'immisce dans n'importe quelle forme de vie aimante pour l'élever plus haut, vers un amour de plus en plus désintéressé. Ainsi chacune de nos expériences, même (très) limitées, de l'amour est-elle potentiellement porteuse d'agapè, y compris |eros| qu'on ne saurait réduire à la dimension sexuelle.
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Cet au-delà qui nous fait signe
Lytta Basset
Éditions Albin Michel
C'est un des livres événement de la rentrée et pour beaucoup, ce sera un livre déroutant. Lytta Basset, théologienne protestante et auteur incontournable de nos librairies religieuses, avait profondément touché avec son livre Ce lien qui ne meurt jamais, dans lequel elle relatait l'épreuve de la perte de son fils Samuel. Avec Cet Au-delà qui nous fait signe, l'auteur propose une sorte de suite en dévoilant un fait personnel troublant, cet « Événement improbable » qui sera le début d'une longue quête personnelle et croyante, aux confins des sources chrétiennes et parapsychologiques. Ce livre, qui pousse la porte de la Vie qui est promise après la mort, est une immersion en eaux profondes, mais toujours vigoureusement attachée à l'Évangile. Un témoignage troublant, unique et très courageux. ©La Procure
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