Lytta Basset4.36/5
11 notes
Au-delà du pardon
Résumé :
On a trop souvent fait du pardon un but en soi. Et s'il s'agissait plutôt de tourner la page pour pouvoir enfin se libérer ? D'assumer ses blessures bien plus que d'attendre une impossible réparation ? Lytta Basset présente ici la quintessence d'une recherche de plus de dix ans pour nous livrer les grandes étapes de cet incontournable travail de pacification avec le passé. Pas à pas, en s'appuyant sur des personnages ou des épisodes bibliques, elle nous invite à sui...
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La seule et essentielle question est de savoir si je veux vraiment accéder à ma propre vérité, à la vérité de mon être, à celle de mon histoire. « Le Souffle de vérité, affirmait Jésus, vous acheminera vers la vérité tout entière » (Jn 16, 13). C'est la promesse d'un chemin qui permet d'aller jusqu'au bout de moi-même - de ce qu'on a fait de moi et de ce que je suis capable d'en faire et d'accéder à la liberté à laquelle nous sommes tous destinés: «La vérité vous rendra libres », tous, sans exception. Troisième frein « Il y en a de plus malheureux. » Avec la variante «Je n'ai pas le droit de me plaindre quand je vois ce qui se passe dans le monde.»Il y a fort à parier que l'occultation, la banalisation ou même le déni de ma propre souffrance ne date pas d'hier. Mon entourage a dû très tôt m'inculquer que je faisais des histoires pour rien du tout. Mais qui dira l'abime de détresse que peut connaître l'enfant dont la souffrance (quelle qu'en soit la cause) n'est ni entendue ni reconnue ? Ai-je aujourd'hui le désir d'écouter ce que l'enfant qui est en moi avait pris l'habitude d'enfouir tout au fond ? Si tel est le cas, je fermerai la porte à la comparaison: la souffrance ne se compare pas. Elle est, c'est tout. Actuellement, c'est moi qui ai mal. Est mal ce qui me fait mal.
Pouvoir nommer le problème constitue déjà une avancée: « La plupart de mes relations avec les autres sont conflictuelles ou insatisfaisantes, je n'arrive pas à trouver la paix intérieure. » Ou bien: « Ce que m'a fait subir telle personne m'est resté en travers de la gorge, je ne sais pas comment lâcher cela et retrouver ma liberté intérieure. » «Je ne veux plus de cette dépendance comment parvenir à déparasiter la relation de ce qui s'est passé ? »...
L'expérience montre que personne ne revient spontanément à sa blessure. Or, si tant de démarches entreprises pour tourner la page se révèlent parfaitement inefficaces, c'est le plus souvent parce qu' on n'a pas encore eu le courage de prendre le problème à la base, c'est-à-dire là où il n'en finit pas de faire mal. Etant donné que cette résistance instinctive est si répandue, mieux vaut peut-être partir des dysfonctionnements: qu'est-ce qui aujourd'hui m'obsède, amoindrit ma joie de vivre, en termes familier "me pourrit la vie"?on s'attaquera d'abord, par exemple, à la compulsion de juger autrui, ou au besoin de réparation, ou encore à l'interdit de la colère etc.
Et l'issue n'est pas du côté de l'enfer alternatif, celui qu'on appelle perfectionnisme ou autojustification. Je me rends compte de plus en plus que le perfectionnisme m'a longtemps protégé-e des sentiments de culpabilité. C'était même ma raison de vivre: surtout ne jamais être pris-e en défaut, prévenir la critique, être conforme, répondre aux attentes des autres, ne jamais les décevoir.
Quand on me renvoyait une image négative de moi-mênme, c'était l'effondrement. Puisque je n'étais pas parfait-e, alors c'est que j'étais nul-le. Et je découvrais qu'au fond, je l'avais toujours su. Cette fois, il me semblait que j'avais affaire à mon identité vraie: le perfectionnisme, c'était pour donner le change. En réalité, j'avais lutté sans le savoir contre un sentiment de nullité-noirceur-faute. Il m'apparaît aujourd'hui que c'est le même enfer, que culpabilité et perfectionnisme sont les deux faces de la même médaille: de toute façon, je ne m en sors pas. Ni mon autojustification ni mon autoaccusation ne me libèrent de ce quelque chose - malheur connu ou inconnu - qui m'a ôté le goût de vivre.
J'ai longtemps stigmatisé ceux qui font mal, mais j'ai peu à peu pris conscience de mon obsession de bien faire. Pour le moment, je constate que c'est moi qui ai un problème ! Cela m'étonne d'autant plus qu'étant sincèrement croyant-e, je ne prétends pas me suffire à moi-même. Je laisse volontiers à Dieu le soin du Jugement dernier, et le privilège d'avoir, seul, la connaissance absolue du bien et du mal présents dans le cœur des humains. J'ai découvert ma manière d'évacuer le Dieu tout Autre, tout Imprévisible qui demeure en chaque être humain: j'admets n'avoir nul besoin de Lui pour porter mes jugements définitifs sur autrui... mais aussi sur moi-même!
En somme, j'aimerais ne pas absolutiser mes jugements: juger, oui, cela fait partie de la vie et ce n'est pas grave... mais envisager en toutes circonstances que je peux me tromper; porter un jugement - spontané ou après mûre réflexion -, mais m'entraîner à toujours rester dans le relatif, me tenir prêt-e à tout moment à changer d'opinion sur une personne.
Il peut être utile, avant d'entrer dans le vif du sujet, de nommer les freins les plus courants. Le premier pourrait se formuler ainsi :"Pourquoi aller "gratter" ? Je vis mal, mais au moins, je sais à quoi m'en tenir". C'est que le temps n'est pas mûr. Il y a un temps pour s'exprimer, un temps pour se taire, un temps pour oublier, un temps pour se souvenir, selon les mots de l'Ecclésiaste. C'est que j'ai suffisamment de ressources pour le moment. Je ne suis sans doute pas prêt-e à affronter les choses difficiles qui sont « sous le couvercle ». Aucune démarche n'est fructueuse sans le respect de soi-même (ne pas se faire violence) et le respect d'autrui (qui suis-je pour savoir qu'il peut maintenant faire face à ce qu'il avait peut occulté ?). Dieu lui-même ne se montre-t-ll pas infiniment discret ? « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi » (Ap 3, 21).
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Cet au-delà qui nous fait signe
Lytta Basset
Éditions Albin Michel
C'est un des livres événement de la rentrée et pour beaucoup, ce sera un livre déroutant. Lytta Basset, théologienne protestante et auteur incontournable de nos librairies religieuses, avait profondément touché avec son livre Ce lien qui ne meurt jamais, dans lequel elle relatait l'épreuve de la perte de son fils Samuel. Avec Cet Au-delà qui nous fait signe, l'auteur propose une sorte de suite en dévoilant un fait personnel troublant, cet « Événement improbable » qui sera le début d'une longue quête personnelle et croyante, aux confins des sources chrétiennes et parapsychologiques. Ce livre, qui pousse la porte de la Vie qui est promise après la mort, est une immersion en eaux profondes, mais toujours vigoureusement attachée à l'Évangile. Un témoignage troublant, unique et très courageux. ©La Procure
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