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EAN : 9782226180506
218 pages
Albin Michel (22/08/2007)
3.63/5   19 notes
Résumé :
«Aucun livre ne m'a autant coûté. Sa matrice est un journal intime que j'ai entrepris de tenir dès les premières semaines du deuil, après le suicide de notre fils Samuel, âgé de 24 ans.

Au plus épais du brouillard qui avait alors avalé tous mes repères, il m'avait semblé discerner quelques lucioles sur le sentier incertain que je suivais en funambule. Cinq ans plus tard, j'ai repris des éléments de ce document autobiographique en les rédigeant à la tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un livre qui fait écho à ce que je vis actuellement, dans le deuil, mais pas par rapport au lien à la personne disparue.
Lytta Basset parle de toutes les étapes douloureuses qu'elle a vécues, suite à la perte de son fils Samuel, qui a décidé de mourir à 24 ans.
Au fil du temps qui passe, elle chemine "du plus épais du brouillard qui avait alors avalé tous ses repères" à quelques éclaircies apparaissant souvent au cours de ses rêves, où elle "voit" son fils lui parler, lui sembler aller bien.
La connotation religieuse est présente tout au long de ce journal, mais l'auteure préfère parler de la "Présence", cette force invisible qui nous maintient sur le chemin de la vie...
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Une mère a perdu son fils, qui s'est suicidé à l'âge de 24 ans. Cette femme, Lytta Basset, n'est pas une anonyme: c'est une figure du protestantisme, devenue une thérapeute très connue en Suisse. L'origine de ce livre est un journal intime tenu par l'auteur, aux pires moments de sa période de deuil. Plus tard, elle a repris ses propres notes en les rédigeant à la troisième personne; et elle y a ajouté de longs commentaires formulés à la première personne.

C'est un témoignage particulièrement poignant, non seulement parce le poids de son deuil est énorme, mais aussi parce que son épreuve se confronte à sa foi chrétienne. L'auteur explore inlassablement les voies qui lui permettraient de sortir de la désespérance. Dans son angoisse, elle demande sans cesse: « Où est Samuel, maintenant ? ». Dieu ne lui répond pas directement. Mais il se manifeste à travers toutes les personnes de son entourage, qui accomplissent spontanément de nombreux gestes qui ont pour elle une valeur inestimable. Par son écriture l'auteure s'est reconstruite lentement, repensant tous ses rapports au fils disparu et à l'ensemble de ses proches.

Le texte peut paraitre difficile, non seulement parce que son sujet est très douloureux, mais aussi parce que le cheminement suivi par l'auteure est compliqué. Il passe à côté de gouffres métaphysiques, il rencontre des visions mystérieuses, il rebondit sur des pensées lumineuses, il avance sur des intuitions. le lecteur doit se sentir disponible pour suivre l'auteur dans ses réflexions, en forme de méditations sombres et en même temps transfigurées par une force de vie - oscillant entre espoir et désespoir. L'auteure joue pour nous le rôle d'une médiatrice entre le visible et l'invisible; le lecteur - même s'il est agnostique - est le témoin attentif de ce dialogue intime.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pour traverser les pires moments de la vie, que conseillait saint Silouane, l'un des plus grands spirituels de la tradition orthodoxe ? En tout cas pas de prier-comment prier quand on n'est plus en relation, quand dans son intériorité on n'a plus personne à qui s'adresser ? Et là aussi, sa parole vaut pour tout être humain, quelle que soit sa croyance ou son incroyance-"Tiens ton souffle en enfer et ne désespère pas !" : tu as le sentiment que plus rien ne tient ni te te tient, mais il reste ce souffle qui te traverse et te garde néanmoins en vie ; concentre-toi sur ce souffle, inspire cet air qui te vient d'ailleurs et, en expirant, chasse ce qui t'encombre et t'étouffe ! Tu ne nies pas l'enfer où tu te trouves ; tu ne cultives pas la pensée désespérante que rien d'autre n'existe : tu mets toute ton attention sur ce souffle ténu mais têtu qui te parle encore de la vie. Et c'est à travers ton corps que le souffle d'une Présence va te parvenir peu à peu à mesure que la paix t'envahira. Ce qui est venu pour moi, en ce temps de tohu-bohu, c'est à nouveau l'ébauche d'un ailleurs qu'ici : "il n'est pas ici", l'être aimé, il n'a rien à voir avec cet enfer, cette prison, cet enfermement au tombeau.
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"J'avais donné", comme on dit. Des décennies durant, j'avais vécu dans la culpabilité et son frère jumeau, le perfectionnisme. Je connaissais le piège : je n'allais pas recommencer ! Mais ce n'est pas la volonté qui a parlé ce jour-là : je n'en avais plus. Avec mon enfant suicidé, je venais d'enterrer les derniers vestiges du fantasme de la mère parfaite. Coupable de n'avoir pas été parfaite ? Quelque chose, ou plutôt Quelqu'un, au plus profond de moi-même, a parlé par ma bouche. Cinq ans pour regarder, comprendre, m'approprier cette parole d'or qui désormais devait me garder de tout enlisement dans l'auto-accusation.
La boue, les sables mouvants de la stupide culpabilité : si tu avais fait ceci ou dit cela, il ne serait rien arrivé ? Il n'aurait tenu qu'à toi? Cesse de te donner autant d'importance ! La vie d'un être humain-fût-il ton enfant-n'est pas, n'a jamais été, ne sera jamais exclusivement dans tes mains. Tu es coupable de la mort de ton enfant et cela explique tout ? Vraiment tu y crois ? Cela donne un sens à ta vie ? La parole d'or, elle, s'imposait régulièrement, tel le onzième commandement du Décalogue : tu n'iras pas dans la culpabilité-parce que moi, l'éternellement Vivant, j'ai parlé en toi au plus profond de tes entrailles, je te sais capable de te détourner de ce chemin de mort.
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Nul ne sait ce dont il est porteur. On peut n'avoir jamais vécu tel ou tel malheur, aurait-on moins à offrir ? Serait-on moins sollicité par la détresse des autres ? J'aime, aujourd'hui, dire à chacun que tout compte, bien au-delà de ce qu'on croit, le moindre geste, les paroles les plus précaires, la présence silencieuse. Sans se concerter, ils ont tout tissé, chacun pour sa part, ce filet invisible sans lequel j'aurais sombré. Qui tenait les mailles ensemble ? Avec mon fils, j'avais perdu la vie. Du même coup, j'avais perdu la foi, car comment un mort vivant peut-il croire en Dieu ? Qu'est-ce que "Dieu" quand tout a explosé ? Je n'y pensais même plus, tant les repères-tous les repères-avaient disparu dans le champ des décombres. Mais si le ciel était vide, c'est que la Présence-je m'en rends compte aujourd'hui-avait élu domicile en toute discrétion, quasi incognito, en chacune de ces personnes capables de compassion ; pourquoi chercher au ciel la manne que les humains m'apportaient jour après jour ?
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Quand une société évacue la mort et ce qui l'entoure, il est logique qu'elle supporte mal les personnes endeuillées ou les supporte peu de temps : "Comment ! Elle n'a pas encore fini son deuil !", "Il devrait penser à autre chose maintenant !". Le mutisme remplace parfois le reproche explicite : on fait comme si de rien n'était, on évite la moindre allusion, en particulier à Noël et aux dates anniversaires, soi-disant pour aider la personne à se tourner vers l'avenir en s'abstenant de lui rappeler de mauvais souvenirs. Mais il conviendrait de s'interroger avec lucidité et honnêteté : ne cherche t-on pas plutôt ainsi à se protéger ? Car la personne endeuillée est le rappel terriblement concret que "ça" pourrait arriver n'importe quand à n'importe qui, ou que c'est déjà arrivé et qu'on a tout fait pour l'oublier.
Il vaut la peine de tendre la perche discrètement : la personne a toujours la liberté d'éluder, indiquant par la qu'elle préfère ne pas en parler pour le moment ou dans ce contexte précis. Mais on lui aura au moins fait sentir qu'on "y" pense, qu'on reste solidaire, qu'on est disposé à l'écouter si elle le désire. Et cela est déjà un cadeau précieux ! Si, en revanche, c'est elle-même qui aborde le sujet, à plus forte raison si l'on entretient avec elle une relation affective, amicale ou familiale, faire la sourde oreille en changeant de conversation amplifie la douleur de l'exclusion : on prétend m'aimer et on se montre amnésique sur ce qui m'est arrivé ? Si je ne suis pas aimée avec ce deuil qui me meurtrit, ce n'est pas moi qu'on aime !
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Pour beaucoup de personnes, la mort d'un proche aiguise en quelque sorte un sixième sens que j'appellerais la perception de l'intériorité. L'intériorité ne se réduit pas au psychisme, loin de là. Elle est l'envers du décor, la perle enfouie dans le champ sans surprise de notre personnage social. Elle nous entretient, de manière inimitable, de qui nous sommes, corps et âme, intelligence et esprit, un panaché auquel nous seuls avons accès sans jamais y goûter pleinement. Pour peu que nous y consentions, la mort d'un proche nous introduit dans ce royaume de l'intériorité où tout se met à nous parler, y compris notre corps. C'est comme si chaque réalité de ce monde, chaque parcelle de notre être se doublait d'une part invisible, vibrante d'un sens inépuisable.
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Videos de Lytta Basset (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lytta Basset
https://www.laprocure.com/product/1030090/basset-lytta-cet-au-dela-qui-nous-fait-signe
Cet au-delà qui nous fait signe Lytta Basset Éditions Albin Michel
C'est un des livres événement de la rentrée et pour beaucoup, ce sera un livre déroutant. Lytta Basset, théologienne protestante et auteur incontournable de nos librairies religieuses, avait profondément touché avec son livre Ce lien qui ne meurt jamais, dans lequel elle relatait l'épreuve de la perte de son fils Samuel. Avec Cet Au-delà qui nous fait signe, l'auteur propose une sorte de suite en dévoilant un fait personnel troublant, cet « Événement improbable » qui sera le début d'une longue quête personnelle et croyante, aux confins des sources chrétiennes et parapsychologiques. Ce livre, qui pousse la porte de la Vie qui est promise après la mort, est une immersion en eaux profondes, mais toujours vigoureusement attachée à l'Évangile. Un témoignage troublant, unique et très courageux. ©La Procure
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