Une mère a perdu son fils, qui s'est suicidé à l'âge de 24 ans. Cette femme,
Lytta Basset, n'est pas une anonyme: c'est une figure du protestantisme, devenue une thérapeute très connue en Suisse. L'origine de ce livre est un journal intime tenu par l'auteur, aux pires moments de sa période de deuil. Plus tard, elle a repris ses propres notes en les rédigeant à la troisième personne; et elle y a ajouté de longs commentaires formulés à la première personne.
C'est un témoignage particulièrement poignant, non seulement parce le poids de son deuil est énorme, mais aussi parce que son épreuve se confronte à sa foi chrétienne. L'auteur explore inlassablement les voies qui lui permettraient de sortir de la désespérance. Dans son angoisse, elle demande sans cesse: « Où est Samuel, maintenant ? ». Dieu ne lui répond pas directement. Mais il se manifeste à travers toutes les personnes de son entourage, qui accomplissent spontanément de nombreux gestes qui ont pour elle une valeur inestimable. Par son écriture l'auteure s'est reconstruite lentement, repensant tous ses rapports au fils disparu et à l'ensemble de ses proches.
Le texte peut paraitre difficile, non seulement parce que son sujet est très douloureux, mais aussi parce que le cheminement suivi par l'auteure est compliqué. Il passe à côté de gouffres métaphysiques, il rencontre des visions mystérieuses, il rebondit sur des pensées lumineuses, il avance sur des intuitions. le lecteur doit se sentir disponible pour suivre l'auteur dans ses réflexions, en forme de méditations sombres et en même temps transfigurées par une force de vie - oscillant entre espoir et désespoir. L'auteure joue pour nous le rôle d'une médiatrice entre le visible et l'invisible; le lecteur - même s'il est agnostique - est le témoin attentif de ce dialogue intime.