AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781020900037
600 pages
Les liens qui libèrent (19/10/2012)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Voici un livre qui, sans conteste, deviendra la référence. Ecrit par d'éminents spécialistes issus des plus prestigieuses institutions et universités, il donne à voir et à comprendre l'histoire du judaïsme et du peuple juif. Les origines, les évolutions, les constances ou les ruptures, mais surtout, parce qu'il s'agit de l'histoire d'une nation qui fut longtemps sans Etat ni territoire géographique, dont les membres parlaient une grande diversité de langues et s'exp... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Aux origines du judaïsmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce beau livre collectif ne retrace pas l'histoire matérielle et événementielle du peuple juif (il existe déjà, depuis plus d'un siècle et demi, de nombreux ouvrages consacrés à cette tâche), mais à sa culture. Ce n'est pas donc l'histoire du peuple, mais l'histoire de l'histoire, la description de la manière dont les Juifs, peuple éminemment lettré, a conçu, analysé, raconté et publié sa façon de voir sa propre histoire.

Une première partie du volume est consacrée aux Textes, tous émanés de la Bible, que les chrétiens qui n'y voient que des "commentaires de commentaires" ont traités avec haine et mépris : Talmud, Midrash, halakha (codes de lois), traités philosophiques, Zohar, procèdent tous de la lecture juive de la Bible sur laquelle ils s'appuient et qu'ils méditent sans relâche. La tradition juive la plus antique lit son devenir historique dans la Bible, qu'elle actualise de génération en génération au plan de la loi, des pratiques rituelles, de la pensée philosophique et mystique. Je n'emploierais pas le mot "religion" ici, car il risque d'induire le lecteur français, pénétré De Saint Paul et de laïcisme à la Combes, en grande erreur. Qu'il suffise de savoir que la codification la plus minutieuse d'une pratique, ou l'envolée mystique, ou l'analyse philosophique aiguë, sont à la fois des lectures du texte biblique, et des lectures de l'histoire concrète, au niveau de l'action, de la pensée ou des sphères célestes.

La seconde partie de l'ouvrage décrit la culture juive dans son interaction avec les cultures ambiantes, depuis la Grèce et Rome (d'où naît le christianisme) jusqu'au sionisme (où la culture et le malheur juifs rencontrent l'idée d'état-nation née du romantisme européen, réalisent cet idéal en Terre sainte, bien après qu'il a cessé d'être pertinent dans l'Europe qui l'a engendré). Cette cohabitation avec les cultures ambiantes, ou exil du peuple hors de sa terre, produit deux variantes culturelles dont l'histoire est décrite brillamment : le judaïsme séfarade et le judaïsme ashkénaze. Dans cette partie le lecteur retrouvera des observations déjà présentes dans les livres d'histoire du peuple juif : description des institutions médiévales et renaissantes (où papes, rois et seigneurs intervenaient), retombées de l'émancipation consécutives à 1789, enfin, état de la question dans le monde contemporain.

Il faut donc entendre le mot "judaïsme" dans le titre non au sens étroit de religion juive, ni trop large de "tout ce qui est juif", mais comme l'expression culturelle (du culte à l'institution en passant par l'étude) d'un peuple à la civilisation autonome qui entre en relations avec les autres peuples. Les membres de ce peuple qui ont oublié, renié ou écarté leur appartenance, comme les fondateurs du christianisme ou les millions actuels d'assimilés, ne sont donc pas réellement des acteurs de l'histoire juive au sens plein du terme. L'ouvrage rassemble les meilleurs spécialistes des matières concernées et fera date comme ouvrage de référence et de synthèse.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
R. Isaac Luria Ashkenazi, 1538-1572, et sa théorie de la création (d'après le livre à lui consacré par R. Hayyim Vital, Etz Hayyim).

La théorie du tzimtzum, ou retrait de l'essence initiale du divin en elle-même pour laisser un espace à un néant non divin au sein duquel peut émerger la Création - et, avant cela, où peut se déployer une forme à travers laquelle le divin va pouvoir se manifester, à savoir le plérôme anthropomorphique des Sefirot -, est l'un des points de doctrine les plus connus de la kabbale lurianique (= de Luria), bien qu'on puisse en trouver des traces dans le Zohar même. Le texte du Etz Hayyim commence par un problème philosophique : dans quel dessein Dieu a-t-il créé le monde, et pourquoi l'a-t-il créé à l'instant où il l'a créé et pas avant ou après ? La réponse du Etz Hayyim, pour la résumer rapidement, est la suivante : Il a créé le monde pour faire passer Ses attributs, Ses noms - Roi, Sage, Généreux, Juste, etc - de la puissance à l'acte, afin donc de Se réaliser Lui-même ; et Il l'a créé à ce moment précis parce qu'il existe en amont du temps physique une "histoire" intradivine de la construction, à partir de l'Infini divin, de la figure divine telle qu'elle s'exprime dans la Révélation. Le texte se poursuit par ces phrases célèbres :

"Sache qu'avant que ne soient émanées les Sefirot et que ne soient créées les créatures, il y avait une lumière suprême et simple qui emplissait tout l'espace ontologique. Il n'y avait pas de vide sous quelque mode que ce soit ; tout était plein de la lumière simple du Ein Sof (Infini) ; il n'y avait pas non plus aucune dimension de début ou de fin, car tout était une unique lumière simple identique à elle-même dans tous ses aspects, que l'on appelle lumière du Ein Sof. Et quand s'est manifestée, dans Son vouloir simple, la volonté de créer les mondes et d'émaner les émanations, afin de manifester pleinement la perfection de Ses oeuvres, de Ses Noms et de Ses titres, voici que le Ein Sof s'est contracté en le point central qui se trouve véritablement au centre de Sa lumière : cette lumière s'est rétractée, s'est écartée par rapport à ce point central et il est alors resté un espace vide au point central ..."

Julien Darmon, p. 165
Commenter  J’apprécie          80
Y a-t-il des hérésies juives ?
(...) Si la foi et la croyance sont au centre du nouveau judaïsme, à savoir le christianisme, alors la négation de cette foi et de cette croyance porte atteinte à l'essence même du christianisme. C'est pourquoi l'hérésie est un élément primordial dans la vie chrétienne.
Nous pourrions conclure que, pour le christianisme, l'accomplissement des oeuvres apporte la preuve de la foi (Jacques 2-18), tandis que, dans le judaïsme rabbinique, la foi n'a d'importance que dans la mesure où elle engendre les oeuvres (accomplissement des commandements).

p. 260
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : judaismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}