Il y a longtemps que j'avais envie de découvrir les "cosy mystery", ce genre si en vogue actuellement...
C'est mon gout de la campagne anglaise, du thé et d'
Agatha Christie, mon envie aussi de découvrir un jour les Cotswolds qui, je crois, m'y ont poussée et qui m'ont surtout donnée envie d'aimer ces ouvrages ci...
Il y avait bien eu une tentative de découvrir le susdit genre, l'année dernière me semble t-il. J'avais en effet lu le premier volume des aventures de "Son Espionne Royale" mais cela avait été un échec des plus cuisants, un ennui mortel auquel j'étais étonnée d'avoir survécu... tout comme je me suis surprise moi-même à vouloir retenter l'aventure tout récemment. Cette fois, cependant, pas d'espionne royale mais la célèbre Agatha Raisin, celle par qui le genre nouveau est arrivé. Comment expliquer cette nouvelle tentative de ma part? J'avoue que je m'y perds moi-même... La curiosité? L'envie de légèreté? de comprendre l'engouement attendrissant et enthousiaste des copines? C'est d'autant plus troublant que j'ai abordé l'affaire de la Quiche Empoisonnée avec toute la méfiance et le snobisme qui me caractérisent, convaincue avant même d'avoir commencé que l'ouvrage serait mauvais et ennuyeux, que j'allais y perdre mon précieux temps et que franchement, j'aurais mieux fait de relire "Anna Karénine" qui me fait de l'oeil depuis ma première lecture en forme de coup de foudre et depuis -c'est moins noble!- mon re-visionnage de "Anastasia"...
Non, vraiment, parfois, je ne me comprends pas moi-même...
Toujours est-il que, toute pétrie de paradoxes, je me suis plongée dans "La Quiche Fatale" et je dois avouer l'avoir dévoré avec un entrain surprenant.
Agatha Raisin est une fière quinquagénaire qui à force d'audace et de travail a réussi brillamment dans le domaine aussi pailleté que select et cruel des relations publiques. Sous ses airs un peu durs, cette femme de tête n'a pourtant pas oublié la petite fille qu'elle était et son rêve d'antan né de vacances familiales: s'acheter un jour un paisible cottage dans les Costwolds pour y couler des jours sereins... C'est ainsi que sur un coup de tête, Agatha vend son affaire et son appartement pour réaliser son rêve...
Oui mais voilà, pour la londonienne survoltée qu'elle était, la vie à la campagne est un tantinet trop calme, les nuits sont d'un silence assourdissant et les habitants de son nouveau logis ne semblent pas s'intéresser à elle... Or, une Agatha Raisin ne s'avoue jamais vaincue. Aussi tente t-elle le tout pour le tout pour s'intégrer en s'inscrivant vaillamment au concours de cuisine organisée par la Paroisse, alors qu'elle n'a jamais cuisiné de sa vie... le plan était parfait jusqu'à la mort de l'un des paroissiens, empoisonné par la quiche aux épinards de l'ex londonienne. La voilà bien obligée d'avouer la vérité pour se défendre de l'accusation de meurtre qui plane au dessus d'elle: la quiche ne venait pas de sa cuisine mais du meilleur traiteur de Londres... Quelle humiliation pour Agatha qui refuse pourtant la thèse de l'accident à laquelle conclut la police, convaincue pour sa part qu'il s'agit d'une histoire de meurtre. Elle décide donc de mener l'enquête et tant pis si cela doit nuire à une popularité que de toute façon elle n'obtiendra jamais...
J'ai passé un bon moment en compagnie d'Agatha Raisin et de ses comparses dont j'ai apprécié l'humour et le second degré. le texte de
M.C. Beaton, bien que plat et sans beaucoup de style ou d'aspérité ne manque pas d'ironie et cela m'a plu. En outre, j'ai aimé les descriptions certes un peu clichés des Cotswolds et le personnel romanesque tout aussi cliché, qu'on pourrait croire tout droit sorti d'un roman d'
Agatha Christie: le colonel en retraite, l'agréable fonctionnaire de police, le pasteur et son épouse...
Ce sont des clichés qui ressemblent à un hommage à la reine du crime sans en avoir cependant l'acidité ou le piquant, tout comme Agatha Raisin ressemblerait à une petite nièce de ma vénérée Miss Marple...
Pour autant, tout ne m'a pas convaincue non plus dans "La Quiche Fatale", à commencer par l'enquête policière qui semble être davantage un élément du décorum dans un roman "d'atmosphère" qu'une part essentielle de l'intrigue et de fait elle est traitée comme telle: d'une manière bien superficielle que j'ai trouvé frustrante d'autant que l'affaire aurait pu être passionnante. D'ailleurs, la résolution de l'intrigue l'est mais l'auteure n'y passe pas assez de temps selon moi.
Ensuite, tout y est trop "gentillet". Ce que j'aime chez
Agatha Christie justement c'est cette noirceur qui se cache dans les lieux les plus sereins, cosy, or ici... Ben c'est gentillet... Je m'y attendais certes mais je dois reconnaître que cet aspect est assez rédhibitoire me concernant même si un peu de mignonnerie ne peut nuire.
Pour finir, j'évoquerai l'écriture du roman qui n'a rien de remarquable si ce n'est son ironie et qui me ferait craindre un sentiment de répétition, de "remplissage de cahier des charges" au fil des autres volumes des aventures de la détective londonienne...
Pas un chef d'oeuvre.
Pas un coup de coeur non plus.
Une agréable lecture tout de même qui ne me laissera rien d'impérissable si ce n'est le souvenir d'un vrai moment de bonne humeur. Pour un livre que j'avais prévu de détester, ce n'est déjà pas si mal.