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Julia a été abandonnée par ses parents, seule, dans une zone inhabitée. Une ancienne station de ski où ne subsistent que des pylônes, des panonceaux, un cabanon. Mais ils ne l'ont pas laissée réellement sans soutien. Elle est accompagnée par un robot dévoué, R-17, qui se charge de son éducation et de sa survie. Et il aura fort à faire, car autour de ce havre de paix, le monde semble être devenu fou.

Les gens ne vivent plus en sociétés, mais en groupes. Et certains d'entre eux sont ridiculement petits. Tout comme leur durée de vie, d'ailleurs. Car le climat général est à la tension et à l'intégrisme. Chaque clan a ses propres règles et tout ce qui est différent est un ennemi potentiel qui doit être soit converti soit éradiqué. le mot « tolérance » semble avoir été rayé du vocabulaire de nos descendants. Comment se créent ces rassemblements ? C'est là l'originalité et le côté drôlatique (et en même temps désespérant) de ce roman écrit à quatre mains : dans cet univers post-apocalyptique, les biens de consommation sont devenus rares et difficiles à trouver. Les livres aussi. C'est pourquoi, ils sont en quelque sorte paroles d'évangile. Quand une femme ou un homme tombe sur un exemplaire, il y découvre des éléments qui deviennent loi. Il en tire des règles de vie. Pourquoi pas me direz-vous ? Eh bien le problème est qu'ils prennent n'importe quoi comme règles de vie. Par exemple, pour le clan des FC (pour Fight Club), la première règle est celle-ci : « il est interdit de parler du Fight Club ». Je continue avec les quatrième et cinquième : « seulement deux hommes par combat » et « pas de chemises, ni de chaussures ». Bon courage pour user de ces préceptes de vie exceptionnels au quotidien !

Ce clan est le premier d'une longue série, dont certains qui m'ont particulièrement plu. Par exemple, les Terra ignota, inspirés de la merveilleuse et très riche série d'Ada Palmer (publiée aux éditions du Bélial'), que j'ai lue mais renoncé à chroniquer tant cela m'a paru difficile sans en trahir le contenu. Ou ce clan très puissant inspiré des oeuvres de Dmitry Glukhovsky et de son univers noir et étouffant de Metro 2033. Et le cinéma est également mis à contribution avec le clan des Brazil 1138, qui prennent source dans l'oeuvre de Terry Gilliam (1985). J'ai également pensé, pour cette ambiance, à un ancien jeu de rôle complètement frappadingue traduit en 1984 par les éditions des Jeux Descartes : Paranoïa, avec ses divers clans qui passaient leur temps à se dézinguer dans un délire des plus absolu et une critique implicite de nos sociétés fragmentées. Pour finir sur ce versant érudit de l'oeuvre, même les titres de chapitres peuvent faire référence à une culture de l'imaginaire impressionnante de la part des deux auteurs. Je ne citerai que « Vue en coupe d'une mégapole malade », qui rappelle diablement la Vue en coupe d'une ville malade de Serge Brussolo (1980, quand même). Des clins d'oeil nombreux qui sont un des atouts de ce roman.

Et cela fait de surcroît travailler les méninges : j'ai passé mon temps à me demander de quels ouvrages venaient ces règles si surprenantes et, souvent, si absurdes. Car, même si un des personnages assène qu'« Il faut des règles, putain, des règles ! Sinon, c'est l'anarchie. », certaines scènes sont la démonstration du contraire. En tout cas, les règles ne font pas tout. J'avais déjà pu m'en apercevoir en lisant Un pays de fantômes ou même Cité d'ivoire. Il faut que les lois qui nous gouvernent aient un sens. Et que les citoyens les comprennent.

Et justement, c'est le sens profond de ce récit qui rappelle les textes humanistes du XVIIIe siècle. Car, du côté de Julia, la jeune fille dont je parlais dans l'introduction, les leçons s'enchainent. Et elles sont nombreuses à avoir pour thème la bonne façon de créer des lois justes et efficaces. Selon quels critères les choisir ? Quel principe, quelle idée placer au-dessus des autres ? Comment choisir ? le bon vieux R-17, et d'autres après lui, vont exposer des thèses. Pour illustrer ces réflexions, Julia va rencontrer, entre autres, Platon, saint Augustin, Thomas Locke ou Thomas Hobbes. Autant de points de vue sur l'idée de justice et les principes qui permettent de la respecter. Autant de développement qui permettent de se faire une idée. Car, comme nombre d'ouvrages un peu ambitieux, le monde de Julia veut nous proposer une réflexion. Et, comme on s'en aperçoit bien dans le monde actuel où n'importe qui est appelé à parler de n'importe quoi, même s'il n'y connaît rien, il est capital d'être informé sur le sujet dont on débat. Donc les auteurs nous résument, de façon très claire et brève, certaines étapes de la pensée à propos de ces thèmes. J'ai lu quelques avis de lecteurices qui trouvaient cela un peu bancal et longuet. Au contraire, de mon côté, cela m'a emballé. À travers une histoire assez simple, Ugo Bellagamba et Jean Baret nous ouvrent l'esprit. Ce court roman permet de mener une réflexion construite sur la notion de loi. Sur ce qui doit la guider. Sur ce qui peut permettre de bien diriger un peuple, de la façon la plus juste possible.

Comme l'expliquent les auteurs en fin de roman, ce récit pas été conçu de façon classique. En fait, Ugo Bellagamba, auteur de SF (dont j'ai beaucoup apprécié, entre autres, La Cité du soleil et autres récits héliotropes – Folio) et docteur en histoire du droit, en a eu l'idée depuis des années. Il l'a fait grandir dans son esprit, dans sa famille, parmi ses amis. Et ce texte a finalement vu le jour grâce à la collaboration avec Jean Baret, avocat et auteur de Trademark, une trilogie perturbante et nécessaire composée de Bonheurtm, Vietm et Morttm (Le Bélial'). J'ai retrouvé un peu de ces deux auteurs au fil des pages, tout en étant incapable de distinguer quels passages viennent plutôt de l'un que de l'autre. le fond juridique est commun et a dû donner lieu à de belles discussions entre les deux compères. C'est à mon avis un bel exemple de collaboration fructueuse.

La lecture du Monde de Julia a représenté pour moi un petit moment de bonheur : la joie de redécouvrir des ouvrages lus voilà des années à travers les différents clans ; la satisfaction intellectuelle de réfléchir, dans le plaisir, à une notion capitale et de découvrir ou redécouvrir des pensées solides et argumentées ; la délectation de découvrir une histoire bien ficelée malgré son apparence foutraque au début et qui conduit à un dénouement que je commençais à pressentir depuis un moment, mais qui ne m'a pas déçu, au contraire. Un texte que je conserve dans un coin de mon esprit et que je consulterai sans doute de temps à autres comme piqûre de rappel quand j'entendrai dans les médias certaines personnes remettre en cause des valeurs que je considère comme nécessaires à la vie en société.
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Dans un avenir post-apocalyptique, la petite Julia est protégée et élevée par un robot, Roland17 ; tous deux vivent isolés dans la montagne. Loin de là, Darius, un adulte, appartient à un clan qui en côtoie d'autres dans les ruines de la civilisation, clans qui représentent des modèles de sociétés différents dans un environnement dystopique où les confrontations sont possibles.

Ce court roman est un conte de philosophie juridique, sur le modèle du monde de Sophie. La jeune Julia grandit et, sous la houlette de Roland 17, elle explore les concepts de liberté ou d'égalité, ainsi que des principes juridiques de base comme le droit naturel, en prenant référence sur la mythologie antique ou l'histoire des idées. Darius, quant à lui, doit traverser les autres clans qui se réfèrent à des livres anciens (nos livres de science-fiction d'aujourd'hui) et qui ont fondé des communautés d'après des préceptes inspirés de romans, préceptes qu'ils ne comprennent pas toujours, voire dont ils ignorent que ce ne sont que des inventions d'écrivains ou de réalisateurs de films.

Construit sur des chapitres courts alternants les aventures de Julia et de Darius, le principe du roman est séduisant, même si parfois il n'échappe pas à l'écueil du catalogue (notamment les clans et leurs modèles de société que cite Darius). L'arc narratif de Julia est attrayant, car il est souvent empreint de poésie et de simplicité, ce qui n'empêche pas de décrire quelques concepts juridiques fondamentaux. Des grands penseurs y font une apparition dans ce qui prend l'allure d'une fable.

L'histoire de Darius, quant à elle, ne manque pas d'ironie, notamment grâce aux références culturelles SF détournées, mais elle n'évite pas, quelquefois, l'artificialité : on comprend qu'elle n'est qu'un outil pour présenter certains concepts, au détriment du scénario lui-même dont on ne sait pas où il va ni pourquoi.

La conclusion utilise des fondamentaux de la SF avec intelligence, si on oublie Robespierre qui plaide en sa faveur sans être contredit.

Un court roman intéressant par son concept, dont les défauts sont visibles, mais qui s'évertue à présenter les grands principes juridiques pas toujours connus du grand public.

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J'avoue ne pas avoir tout saisi. Pourtant, je n'ai absolument rien contre la philosophie, et la philosophie politique en particulier. Suivre des raisonnements, je suis censée savoir. Mais là, j'ai décroché par moments. Pas que ce soit mal écrit, bien au contraire. Mais ce peu de pages était dense, très dense. Julia était attachante, son robot aussi. Découvrir les différentes sociétés en sous-sol était intéressant. Par contre je n'ai pas tout compris à la fin. Je n'ai pas compris le choix final. Littéralement : je n'ai pas vraiment compris ce qui a été choisi, et si c'est bien ce que je pense : pourquoi ? pourquoi ce choix en 3 lignes ?
une lecture qui me laisse donc dubitative.
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Le monde de Julia est un petit roman assez didactique. le roman comporte deux trames, je parlerai d'abord ici de la première avec Julia.

Julia est comme ces personnages de romans d'apprentissage du XVIIIe. A un moment, elle m'a un peu fait penser à Jacques le fataliste, accompagnée de son maître Roland-17. Puis un autre maître dont je vous laisse le plaisir de découvrir l'identité. Mais on est bien dans cette idée : un dialogue-promenade philosophique, gorgé des idées des Anciens et des Lumières, forgeant la croissance intellectuelle de Julia. Je pense que le roman fait aussi un gros clin d'oeil au roman le monde de Sophie de Jostein Gaarder dans le concept (et son titre).
Son histoire est principalement émaillée de ces dialogues qui pourraient paraître parfois saugrenus tant leur rattachement au récit pourrait sembler factice. On pourrait aussi juger ces leçons philosophiques sur le droit très artificielles. Ca m'a fait un peu penser à ces méchants dans les films qui, sur le point de gagner face aux gentils, perdent un temps fou à blablater, suspendant ainsi le temps et le compte à rebours qui ralentit inexorablement. Là, c'est un peu pareil, ce qui peut donner une impression d'artificialité importante.
Enfin, le ton didactique pourrait agacer pas mal de monde, je pense. Ajoutons à cela des confrontations d'idées piochées dans des thèses d'auteurs un peu oubliés (en ce qui me concerne bien sûr – ouh la la, j'espère que les auteurs ne passeront pas par ici), et la leçon peut vite devenir aride. Oui, le débat d'idées entre Hobbes, Locke, Platon etc. ressemble aux joutes rhétoriques grecques, qui peuvent passionner les uns et profondément assommer les autres.

Mais il y a un « mais ». Non, plein de mais en fait. Parce que je ne partage pas ce point de vue là et que je trouve à ce texte une multitude de qualités.

D'abord, selon moi, ça marche très bien. Parce qu'on renoue, d'une part, avec l'essence des romans didactiques et l'esprit est bien là. J'ai trouvé les échanges parfois badins, avec ce Roland-17 qui maîtrise à la perfection les nuances entre conviction et persuasion. de parfaits petits numéros bien exécutés – et personnellement, j'ai trouvé cela très savoureux, cocasse et franchement malin.
Ensuite, hé bien on ne s'ennuie pas. Personnellement, les grands textes conceptuels des Anciens et des Lumières me semblent difficiles à avaler (c'est comme manger des pois cassés nature sans une petite crème légère pour les accompagner). Or, le monde de Julia apporte cette rondeur manquante aux propos, un dynamisme dans l'échange d'idées, et un rythme dans la pensée qui se forge. Et que ça donne presque envie de retourner à la source pour lire enfin ces grands noms. Et puis c'est passionnant, jamais ronflant, ni juste théorique. Il y a des questions que l'on se pose chaque jour et qui sont fondamentales : qu'est-ce qui fait société ? Peut-on garantir la liberté sans égalité ? Dans les crises (politiques, sociales, des institutions…), que nous traversons, remettre à plat ces points est loin d'être inutile.
Enfin, j'ai trouvé que la construction du roman permettait au propos plus didactique de bien s'intégrer au reste. Il se compose de deux trames, l'une avec Julia et l'autre avec un chef de clan qui tente de trouver des solutions pour dépasser cette logique fragmentaire, et de mettre en place une société fondée sur le vivre-ensemble. Ce faisant, j'ai remarqué que les chapitres, qui alternent les points de vue, se répondent. Comme si le chapitre centré autour de Julia était la leçon, et le chapitre suivant la mise en pratique. de ce fait, il y a un liant bien présent qui redonne une fluidité à l'ensemble.

Par ailleurs, remarquable la manière dont droit et SF s'associent.
J'ai écouté, au cours de ma lecture, le podcast d'un numéro de la science, CQFD d'avril. Natacha Triou y recevait les deux auteurs pour échanger sur ce roman atypique. Parmi les nombreuses questions posées, il y avait celle-ci : « pourquoi faire le choix de la SF pour évoquer des questions de droit ? »
Il est vrai que le mariage des deux peut paraître atypique. D'abord, les auteurs ont choisi le conte pour raconter leur histoire. On ne sait pas trop où l'on est ni quand, même si quelques indices épars nous permettent de nous en faire une idée. le conte a une portée universelle. Julia est une enfant lambda, qui a perdu ses parents et est élevée par un tuteur dans un monde qui ne semble pas très doux. En somme, voilà un cadre qui semble bien familier. Peu importe que le monde décrit ne soit pas exactement le nôtre, car Julia est proche de nous et va vivre des expériences qui nous parlent. Et puis quoi de mieux qu'un conte pour instruire ?
D'autre part, et les auteurs l'ont bien expliqué, le droit est une fiction. C'est un voile qui recouvre le monde naturel pour qu'on puisse faire société, qui est aussi un artifice. Elle repose en effet sur des règles que l'on s'impose pour gommer les différences de force et de puissance, établir une égalité et garantir la liberté de chacun. Il paraissait alors évident pour les auteurs d'intégrer leur propos dans un genre fictionnel. La SF décrivant les sociétés et leur évolution comme des êtres organiques et vivants, il semblait alors logique que ce soit la SF qui s'empare de cette question, d'autant qu'il n'y a pas de société sans droit.

Je parle de droit depuis le début, mais le monde de Julia est un roman de SF d'abord. le monde qui nous est présenté est dystopique. On l'approche par le regard de Julia, jeune fille éprouvée par les expériences de la vie. Son monde est dépeuplé, la « civilisation » lointaine, dangereuse, et de ce que l'on comprend, il n'en reste pas grand-chose. le second regard est celui de Darius et d'Artaban, en tout cas pendant un temps. Leur monde à eux est constitué de clans, qui répondent chacun à des règles issues de bouquins de SF. C'est assez rigolo de deviner de quel bouquin telles règles sortent. Je me souviens surtout de Terra Ignota, mais ce n'est pas la seule référence, les auteurs puisant aussi allègrement dans le cinéma. le roman s'ancre donc dans une culture pop culture et SF bien établie.
J'ai parlé tout à l'heure des deux trames qui se relient formellement, entre théorie et mise en pratique. Mais au-delà de cela, il y a un vrai dialogue entre ces deux trames, qui évidemment vont finir par se rejoindre à un moment. Si le lien entre les deux peut paraître obscur pendant un bon moment, on voit le ciel s'éclairer peu à peu, et les connexions se font petit à petit. C'est très bien amené, et quand on comprend alors, on considère différemment ce qu'on vient de lire. Je trouve les deux fils fort bien menés, imbriqués, comme le parfait reflet du travail à 4 mains qu'ont réalisé les deux auteurs.
Ainsi, je dois dire que le dénouement m'a énormément surprise, parce que je n'ai rien vu venir. Plus que ça : je l'ai trouvé brillant. Si on doutait qu'on était dans de la SF depuis le début, là on est servis. On retrouve là plusieurs concepts bien connus de la SF, utilisés à fort bon escient. Je dois néanmoins avouer que je n'ai absolument rien capté à l'épilogue. Mais ça ne m'a pas chagrinée, puisque pour moi le final se suffit à lui-même. Fichtre, ça décoiffe. Bien pensé, inattendu, vertigineux. Et ce final provoque aussi pas mal d'émotions, ce qui pouvait peut-être manquer jusque-là.
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Aïe, aïe, aïe! Ce texte avait pourtant bien commencé : Julia, petite fille vive et attachante, vit seule dans une station de ski abandonnée. Une catastrophe semble avoir bouleversé l'équilibre mondial, et les parents de Julia l'ont cachée loin du tumulte, sous la garde d'un robot androïde. Parallèlement à ce récit, on découvre la nouvelle organisation sociale d'un Etat, faite de clans et autres nations auto-proclamées, qui s'appuient sur des textes de l'ancien temps pour subsister.
Si, dans un premier temps, je me suis amusée à tenter de deviner de quelles fictions s'inspiraient les différents clans (Métro 2033 ou Star Trek entre autres), je me suis rapidement lassée de cette partie de l'histoire, qui m'a semblée anecdotique dans son déroulement et n'a jamais suscité mon intérêt. Quant à l'histoire de Julia, elle devient rapidement prétexte à une leçon pontifiante sur les notions de droit, d'égalité ou de liberté.
Ici la fin, qui permet aux auteurs de relier les deux récits, m'a semblée complètement artificielle et ne m'a pas permise de rattraper le reste du récit.
Un gros flop pour moi donc!

Roman lu dans le cadre du "Prix Imaginales des bilbiothécaires 2024"
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Je n'avais encore jamais lu de roman d'Ugo Bellagamba, ni de Jean Baret. Une chose est sûre, cette fructueuse collaboration me donne très envie, d'une part, d'en lire une autre et, d'autre part, de me pencher sur leurs oeuvres respectives. Ils parviennent à mêler à la perfection science-fiction, anticipation, philosophie pour générer de passionnantes réflexions. le tout sans que l'on se sente guidé, ou que l'on sente de trop la leçon de philo. C'est brillant !
Lien : https://encresetcalames.word..
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Alors là ça va pas être évident d'en parler parce que Jean baret et Ugo Bellagamba ont pondu un sacré OVNI. C'est le genre de texte où soit l'on accepte la construction soit on la rejette, c'est le genre de texte soit ça passe soit ça casse pas de demie mesure. Avec moi ça a fonctionné, l'idée d'avoir un avec avec une référence à terra ignota forcément j'étais presque entièrement conquise avant même de commencer. Dans un futur post-apocalyptique, la petite Julia vit seule et isolée avec un robot. Un jour, elle doit quitter son refuge. Commence alors une aventure où elle doit éviter l'intégralité des autres êtres humains. Qui dit monde ayant eu un apocalypse dit monde à reconstruire et malheureusement souvent le retour de la loi du plus fort. Dans le monde de Julia, c'est plus compliqué que ça. Chaque petit groupe d'humains survivants vit en suivant des règles de société inspirées chacune d'une référence à la pop culture que ce soit un film, une série ou un livre. J'avais hâte de découvrir le groupe à la terra ignota et tous les autres. Les balades de Julia et de différents autres protagonistes permettent de voir comment se construisent ces petites sociétés, avec quels préceptes et surtout quel résultat cela donne. Certains mini société font peur, d'autres paraissent très farfelues. J'ai trouvé ça vraiment génial de mettre en perspective des sociétés qui pourraient fonctionner en suivant les principes de différents livres, films… L'absence d'échanges entre les entraves en partie liées à leur séparation par des zones de non-droit permet de suivre des préceptes sans influence et de garder une belle diversité. Qu'est-ce qui pourrait être viable sur le long terme ? Qu'est-ce qui fonctionne ou pas ? Et le tout est avec le point de vue et l'évolution de Julia, cette gamine si jeune qu'on aurait tendance à ne pas vouloir laisser toute seule alors qu'elle a une culture hyper poussée grâce à son robot instructeur. Je suis passée à un cheveu du coup de coeur mais la fin m'a frustrée même si c'est exactement la fin qu'il fallait ce n'est pas celle que je voulais.
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Que ce soit à travers les questions que soulève l'expérience des membres du clan ou celles de Julia sur la route, les deux romanciers se lancent dans un cours magistral sur les libertés et l'esprit des lois. En effet, il est important, pour pouvoir comprendre la société et en dessiner des contours fiables, de saisir les concepts sur lesquelles celle-ci repose. Mais si l'intention est louable et le procédé méritoire, la forme est péniblement didactique. Visiblement focalisés sur la rentabilisation de leurs vieilles fiches bristol stabilotées rédigées pendant leurs années d'études et ressorties pour l'occasion, les auteurs, accessoirement historien du droit pour le premier et avocat pour le second, ont totalement négligé la dimension romanesque de leur entreprise, qui se réduit rapidement à des conversations artificielles et poussiéreuses. Les grandes lignes de théorie politique ou de philosophie qu'ils recyclent sont passionnantes en tant que telles mais anachroniques au possible. Par conséquent, le roman sonne faux du début à la fin.

Touchez mon blog, Monseigneur...
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Comment vivre dans un monde où la société est totalement revisitée ? Comment faire lorsque l'histoire non pas avec un Grand H mais l'histoire des romans décide de refaçonner les règles, les droits, ce qui fait la justice de tout un chacun ?

Le monde de Julia nous conte ainsi une forme totalement remasterisée de notre sociétée. Une forme qui prend racine dans un monde post-apocalyptique où les humains sont totalement déconnectés de ce qu'est vivre dans une même société. Une histoire où des clans se forment.

Dans Les mondes de Julia, nous suivons deux points de vue en parallèle. Celui de Julia, petite fille abandonnée par ses parents et vivant seule avec R-17, robot chargé de lui inculquer une certaines éducation. Et celui d'un scientifique appartenant à un clan basé autour des lumières.

Grâce à ces deux points de vue, nous abordons de multiples questions qui ne font peut-être pas sens au début du roman mais finissent par se rejoindre. Les parents de Julia ont souhaité pour elle qu'elle apprenne tout ce qu'il est possible de la justice. Cela passe donc autant par de la mythologie que par un apprentissage basé sur ce qui est connu des lois. Cette partie nous conte également l'avancée d'un petit être sur lequel un état parental croit énormément mais qui, il ne faut pas l'oublier, reste tout de même un enfant. Elle évoluera dans une genre d'épopée, suivant une aventure ayant un but bien précis. C'est une enfant qui prend une grande part du récit mais pour lequel j'ai tout de même eu du mal à m'attacher.

À contrario, nous suivons ce scientifique avec lequel nous en apprendrons plus sur ces différents groupes formés par les humains. J'ai aimé la dualité entre la solitude de Julia et la rencontre des différents groupes avec le scientifique. C'est donc grâce à lui qu'on se rend compte que suite à une catastrophe peuvent naître différentes sociétés. Des sociétés sur lesquels il n'y a plus que de vieux livres pour en transmettre des lois. Ainsi imaginez un monde où fight club régit les droits d'un groupe de population. C'est totalement absurde, risible et assez cocasse. C'est une des forces du roman d'ailleurs !

La deuxième force de ce roman a été la fin. Je ne m'y attendais pas du tout et pourtant je l'ai adorée. le début avait été assez lent à démarrer, avançant à l'aveugle mais la fin apporte le punch qu'il faut pour relever le niveau du récit.

Ainsi, comme à son habitude, Mu sort avec Les mondes de Julia un roman plein de philosophie et de messages plus ou moins cachés. Ici il porte une grande part à la justice, à la liberté, à la société post effondrement. Les personnages ne sont certes pas attachants, de mon point de vue, mais ils restent important et percutants. Si de base je ne voyais pas trop de fil rouge, tout s'est finalement assemblé pour un super final. Je commence vraiment à être adepte de cette collection que je trouve géniale !
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Dans un monde post-apocalyptique où des clans survivent en suivant des principes issus d'oeuvres de la pop culture, la jeune Julia apprends à découvrir le monde qui l'entoure. Suite à certains événements, elle va chercher à retrouver la famille qui l'a abandonnée.

Avant de commencer ma lecture, j'étais vraiment très enthousiasmé par cette idée de clans qui basent toutes leurs croyances sur des livres ou des films plus ou moins marquants pour nos générations, notamment parce que je m'attendais à quelque chose de vraiment déjanté (on a par exemple des clans qui suivent les principes énoncés dans Fight Club). Au final, j'ai trouvé que ça ne fonctionnait pas tellement.

Certes, il me manquait certaines références et ça a pu jouer, mais j'ai surtout trouvé tout ça très anecdotique et pas vraiment utile à l'histoire. D'autant que dans la première partie, on enchaîne les références sans vraiment s'y attarder et ça m'a un peu donné l'impression qu'on essayait d'en caler un maximum le plus vite possible. Dommage parce que c'est vraiment l'aspect qui me faisait le plus envie.

Au-delà de ça, je n'ai pas forcément aimé la construction du roman. le résumé nous prévient que Julia va être initiée à l'esprit des lois, on sait donc qu'on va parler de droit. Ceci étant dit, j'ai trouvé que tout ça n'était pas très bien intégré à l'histoire. le second groupe de personnages s'intéresse beaucoup aux lois des différents clans, et là pourquoi pas, il y a un sens à tout ça, mais dans l'histoire de Julia (qui doit avoir 12-13 ans), on ne nous explique pas vraiment (sauf à la toute fin) pourquoi on veut absolument lui faire apprendre le droit. Cet enseignement hyper poussé apparaît donc un peu comme un cheveu sur la soupe, pas vraiment intégré à l'histoire.

En parallèle de Julia, on suit donc un deuxième groupe de personnages, et ce qui m'a frappé avec leur histoire, c'est qu'elle n'a strictement aucun intérêt pour l'intrigue générale… Autant l'histoire de Julia finit par avoir un sens (et j'ai plutôt aimé la fin malgré le cheminement laborieux), autant celles des autres personnages ne change strictement rien aux événements du livre. J'ai trouvé ça extrêmement frustrant.

Et puis bon, sur le fond, ce qui m'a au final le plus dérangé, c'est le fait que le roman relève presque plus de la démonstration didactique verbeuse que du roman. J'avais tenté plusieurs ouvrages du label Mu (qui me donnent toujours super envie dans l'idée) mais j'ai toujours un peu la même conclusion. Ce que propose ce label est très intéressant pour les gens qui cherchent ce genre de chose, mais pour moi c'est beaucoup trop cérébral, philosophique, et - honnêtement ? - un peu élitiste.

J'aime beaucoup les romans qui ont des choses à dire mais je préfère que les messages soient, ironiquement, à la fois plus subtils (je préfère chercher les messages plutôt que de les voir exprimés de manière aussi directe) et moins « complexes ». Là j'ai presque eu l'impression que j'aurais dû faire des recherches perso avant de pouvoir me lancer dans cette lecture.

Pour moi cette collection, et cet ouvrage, ne s'adressent vraiment pas à tout le monde. Ce n'est pas un reproche, et je ne peux même pas dire que c'est dommage puisqu'il faut de tout après tout, mais je sais que personnellement, je préfère ne pas continuer avec ce label. A chaque fois les ouvrages me créent plus de frustration qu'autre chose, et en plus j'en ressors généralement en ayant l'impression de ne pas être bien malin…
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