La Cité du Soleil et autres récits héliotropes est une série de récits particulièrement intéressante à lire à la lumière de la postface qui clos l'ouvrage : « Je veux dire un mot, enfin, sur la partie technique de l'écriture. Certains l'occultent, mais je la considère comme essentielle. […] en bon apprenti, j'irai remettre mon ouvrage sur le métier. Cent fois, mille fois, autant qu'il le faudra. »
La première nouvelle, « retravaillée en profondeur » était préalablement parue en 2002. Sans véritablement d'histoire ou de rebondissements, elle vaut à mon avis surtout pour les encarts sur le texte original de Campanella — le sujet de DEA de
Bellagamba. Paradoxalement du coup, il faudrait que je retrouve le texte original qui, d'après la postface, « [voulait] trop en dire, trop en apprendre au lecteur ». Car s'il y a un reproche que l'on ne peut pas faire à
Bellagamba, c'est de manquer de didactisme, sa conférence aux Utopiales de 2012 en est la preuve.
La seconde nouvelle, L'Apopis républicain, (a priori légèrement revue en 2002) était paru en 1999 sous le pseudonyme de Michael Rheyss. le texte est agréable, même si je ne peux m'empêcher de penser à Stargate, film & série qui ne me déplaisent pas mais qui donnent un air de déjà vu. Autre influence (plus intéressante à mon avis) la course-poursuite sur Titan rivalise tout à fait, elle, avec certains passages de la lune seule le sait, que je classe parmi les tous meilleurs romans steampunk de ma bibliothèque. le récit qui complète l'Apopis, La stratégie Alexandre reprend le thème de l'automate-presque-humain objet littéraire depuis l'Eve future d'Auguste de Villiers de L'Isle-Adam jusqu'au Dernier voyage de l'automate joueur d'échecs de
Thomas Day. À mon goût on change là de niveau pour entrer dans la très bonne SF aux parfums steampunk assumés qui plus est.
Je ne développerai pas de commentaire particulier sur la troisième nouvelle, Dernier filament pour Andromède, strictement SF, sauf à dire qu'elle a été pour moi le meilleur moment de lecture, méritant à elle seule l'achat de l'ouvrage.
Au delà des récits eux-mêmes, le livre est donc intéressant parce qu'il donne à voir des strates d'écriture de qualité croissante. J'ai du coup bien l'intention de me plonger dans le roman suivant de l'auteur,
Tancrède, une uchronie, prix Rosny aîné 2010, ce qui est par avance gage d'une certaine qualité.
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