Avec Histoires d'en Ville , Berlion fait dans le maussade , le glauque , le lugubre , le guilleret , le sordide ! Rayez la mention inutile...
Lyon . Quartier de Rochecardon . le corps décomposé d'un jeune étudiant est retrouvé en plein terrain vague . Pourquoi ? Comment ? Dans quel état j'erre ? Autant de questions bien légitimes que seront amenés à se poser tous les protagonistes de ce polar vraiment enlevé !
Plutot que de se focaliser sur un héros récurrent ( Mr propre , par exemple ) , Berlion a privilégié une histoire ancrée dans la réalité d'un quartier Lyonnais qu'il dépeint avec brio . Non pas un personnage mais des tranches de vie , toutes plus lamentables les unes que les autres , participant activement à la narration de ce polar . Car ne nous y trompons pas , ce premier volet , éclaireur éclairé d'une trilogie racée , vous plonge direct dans les méandres d'une enquete qui pue le soufre ! Tout comme il existe des polars d'ambiance , il en va de meme pour cette BD . L'auteur pose les bases de son récit au travers une galerie de personnages hétéroclites ayant pour seul et unique point commun ce coin miteux cristallisant , à lui seul , toutes leurs souffrances passées ainsi que leurs maigres et illusoires espérances .
A proximité de ce terrain vague , le « café'in « - l'on notera la puissance du jeu de mot - repére incontournable de tous les paumés du quartier . de Bob le tenancier pas si clean que ça à Gaby , l'énigmatique client mutique , en passant par Frank le rital , jeune mac' arrogant et al , le ténébreux trentenaire discret immanquablement accompagné de son petit calepin qu'il griffonne sans relache et secretement amoureux de Karine la serveuse ( vous m'suivez ? ), autant de tristes sires embrigadés dans cette triste histoire ! Personnage incontournable et jubilatoire : Ange le mal nommé , parrain à la Scorsese ayant pignon sur rue , à l'humour aussi dévastateur que celui d'un mormon dépréssif ! Tu l'emmerdes , tu creves ! C'est aussi simple que ça...
De tout ce petit monde fait de misere , de solitude , de drogue , de gueules de bois journalieres , Berlion tisse habilement un sinistre canevas policier sur la base d'un crime dont il sera , au final , assez peu question , et nous immerge completement dans la noirceur persistante de ce quartier à la réputation sulfureuse ! Une BD chorale sans véritable héros mais ou chaque protagoniste participe à l'histoire , la porte et l'enrichit ! Berlion nous ballade dans un Lyon qu'il dessine magistralement ! Cependant , pas un seul mot , une seule allusion à son équipe de foot ! C'est Aulas qui va encore faire la gueule...
Le coup de crayon , concernant les acteurs de ce drame , est tres loin d'atteindre des sommets de perfection mais colle parfaitement à l'ambiance générale d'une histoire ou rien ni personne ne semble vraiment etre ce qu'il paraît ! Les traits sont plus ébauchés que tirés au cordeau mais ça fonctionne parfaitement ! L'encrage est raccord avec le theme et serait presque à meme de faire pleurer les pierres ! Des couleurs majoritairement sombres vous filant le bourdon à chaque case ! Les dialogues sont percutants , parfaitement inscrits dans une misérable réalité quotidienne que l'espoir semble avoir à jamais désertée...Les traits d'humour font mouche et viennent alléger un récit majoritairement désabusé...
Histoires d'en Ville , m'étonnerait fortement qu'il soit recommandé par l'office du tourisme Lyonnais...
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J'aime bien également le style de cet auteur. Nous avons là une histoire toute simple au début mais qui s'intensifie au point de devenir un peu alambiqué.
Même chose avec les personnages. Certains sont presque insignifiants au premier tome et prenne soudain de l'importance dans le second. J'apprécie en général ces évolutions. C'est pas statique. Et surtout nous avons des protagonistes très humains. Point de super-héros dans le milieu crasseux de la drogue, des meurtres en série d'une banlieue lyonnaise en mal d'être.
Les situations sont cohérentes et les dialogues sonnent vrais. Par ailleurs, le dessin bien que flou sur les contours me plaît. L'ambiance polar est très bien retranscrite. L'auteur de Lie-de-vin surprend. C'est à découvrir !
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Quand on retourne dans sa ville natale, on s'aperçoit que ce n'était pas l'endroit qu'on regrettait, mais son enfance.