Maison d'édition indépendante tournée vers le monde et s'intéressant aux destins humains engagés, Riveneuve éditions a publié en mars 2016 le roman de
Colette Berthès,
La petite fille aux ballons, évoquant l'histoire contemporaine de la Palestine et d'Israël à travers l'histoire d'une mère de famille, Leïla, dont la fille aînée vient de se tuer en explosant près d'un café. Je remercie Babelio et la maison d'édition pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération « Masse Critique » de mai.
Un récit fort et évocateur. J'ai d'abord été un peu perdue dans ma lecture, oscillant entre passé plus ou moins proche et présent, et changeant les noms des personnages en passant des prénoms aux noms culturels signifiant « père de… » ou « mère de… ». Etant complètement néophyte de cette façon de prénommer, de cette culture et des ses traditions, il m'a fallu quelques temps pour trouver mes marques et saisir l'ensemble de ce que le récit me racontait. Par la suite, heureusement, je m'y suis familiarisée et j'ai appris à découvrir, avec plaisir, une histoire que je ne connais que peu, et une culture qui mérite un peu de mise en lumière. L'absence de chapitre a été déroutante elle aussi, ne me permettant pas de savoir quand stopper ou non ma lecture, certains paragraphes séparés de blancs étant parfois la suite d'un dialogue du paragraphe précédent, et non, une autre scène. Alors, du coup, je n'ai quasiment pas arrêter de lire jusqu'à la fin… ce fut en quelques sortes, un mal pour un bien!
L'histoire est celle de Leïla, mère palestinienne cherchant à comprendre comment sa fille, érudite et aimant la vie, en est arrivée à devenir kamikaze à Jérusalem. Outre la recherche de réponse, pour comprendre ce geste et peut-être, réussir à aimer à nouveau sa fille, l'histoire est un prétexte pour illustrer le conflit israélo-palestinien, passé et présent, d'Intifada en désillusions, du côté palestinien. Il n'est pas sans évoquer le célèbre roman,
L'Attentat de
Yasmina Khadra où un homme, israélien, apprend
l'attentat suicide de sa femme et va du côté palestinien pour comprendre ce qui l'a poussé à ce geste. Moins trépidant que ce dernier,
La Petite fille aux ballons est aussi l'histoire d'une femme forte, d'une mère digne, qui, malgré les douleurs de sa vie, continue à garder la tête haute. Leïla est un personnage que nous apprenons à admirer, pour son courage, pour ses actes de résistance à petite échelle, pour le regard qu'elle porte sur son monde.
Cependant, quelques petits éléments ont gêné par instants ma lecture, l'empêchant de passer au statut de coup de coeur comme le fut
L'Attentat. Les digressions de pensée et les flash-backs sont souvent justifiés par après par les personnages, par des réflexions comme « je dois me concentrer sur le présent plutôt que sur ces faits » ou « j'avais la tête ailleurs ». Or, au lieu de rendre crédibles/réalistes ces pensées, ces remarques mettent en lumière leur présence comme étrangère dans l'action présente et les rendent, au contraire du coup, quelque peu parasites. Sans justification, elles ont entièrement leur place. Mais ceci n'est qu'une petite maladresse. J'ai aussi été un peu déçue du final, puisque le personnage principal semble prendre conscience de quelque chose que, moi, lectrice, j'avais compris plusieurs dizaines de pages avant. Je n'ai donc pas eu de surprise finale et je savais aussi pertinemment, également, où allaient se trouver les dernières réponses aux questions de Leïla, regrettant qu'elle ne s'en doute pas elle-même plus tôt.
En bref, malgré quelques petits détails gênants,
La Petite fille aux ballons est un bon roman, évoquant une histoire que nous ne connaissons que trop peu en Europe ainsi que le destin d'une femme importante, cherchant juste à comprendre sa fille pour pouvoir accepter sa mort.
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