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Qu'est-ce qui fait qu'un livre qui n'apprend pas grand chose au lecteur, ni sur les éminents penseurs qui en constituent la substance essentielle, ni sur le niveau lamentable du débat dans nos sociétés contemporaines, mérite tout de même d'être lu?
C'est que, s'il ne nous apporte pas beaucoup sur ce qui fait sa thèse, il nous en dit long, paradoxalement, sur quelque chose dont il ne parle pas du tout : ce que doivent être les difficultés et les angoisses d'un journaliste qui occupe une place éminente dans un organe de presse qui contribue largement à créer le climat qu'il déplore dans son livre.
Quand Birnbaum déplore "l'orthodoxie dominante fixée par la gauche" et rappelle ce qu'écrivait Orwell sur les "étiquettes qu'il vous faut absolument éviter de vous faire coller (bourgeois, réactionnaire, fasciste)", quand il appuie sur le fait que "personne n'est à l'abri, même et surtout ceux qui voudraient se réclamer de la gauche sans endosser ses mensonges", n'est-ce pas de lui-même qu'il parle? n'exprime-t-il pas ici une douleur qu'il lui est interdit de faire voir en clair?
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Jean Birnbaum dirige "Le Monde des livres" et a déjà écrit divers essais. Ici, il réagit à l'outrance et aux excès de violence verbale qui règnent maintenant, dans les réseaux sociaux notamment. Pour promouvoir l'usage d'une communication plus intelligente, il convoque quelques célèbres intellectuels du XXème siècle, très différents entre eux: Camus, Bernanos, H. Arendt, Aron, Orwell, G. Tillion, Barthes. Tous ont su trouver les mots justes pour exprimer leur pensée. Tous ont refusé un alignement idéologique outrageusement partisan (et pourtant, certains étaient très engagés politiquement). Et en cela, ils se sont bien démarqués d'autres intellectuels, volontairement extrémistes. J.-P. Sartre se faisait une gloire de choquer et d'insulter; avec le recul, ses postures paraissent absurdes et même risibles. J'aime bien ce qu'écrit J. Birnbaum. Mais j'ai des doutes concernant l'influence actuelle de ces auteurs qui ont eu le courage de la nuance...
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En s'appuyant sur les textes de plusieurs grands intellectuels et écrivains du 20ème siècle, Jean Birnbaum démontre que faire preuve de nuance, n'est pas une faiblesse. Au contraire, il faut du courage pour émettre une opinion nuancée, dans le respect d'autrui, d'admettre que l'on s'est trompé, même s'il faut pour cela renier ses propres convictions, dire les choses avec empathie, parfois avec humour, sans se soucier qu'elle fasse le jeu d'un opposant, reconnaître que celui-ci peut avoir raison. C'est la radicalisation de la parole sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans le débat politique ou l'invective, l'affirmation, ont remplacé l'échange d'idées constructif, qui l'ont amené à écrire ce livre.
le premier de ceux qu'il nomme les « héros de l'incertitude », c'est Albert Camus, communiste pour avoir connu la misère, qui dénonce le régime stalinien, alors qu'en France les milieux communistes avec Jean Paul Sartre en tête soutiennent encore la politique de l'URSS. Raymond Aron jeune pacifiste, dans les années 30 découvre la tournure que prend la politique d'Hitler, ralliera très tôt De Gaulle, et sera également dans le premier à dénoncer le goulag. Georges Bernanos, catholique, royaliste, dénonce, dans les « Grands cimetières sous la lune », au mépris de ses convictions, les atrocités commises par les franquistes, ainsi que le silence et la complaisance de l'église chrétienne et de la droite française à l'égard de Franco. Les parcours et les prises de positions de Georges Orwell, de Hannah Arendt, de la résistante Germaine Tillion, de Roland Barthes complètent ce tableau des chantres de la nuance, qui ont toujours préservé une discussion constructive en opposition à la haine par la parole. Construit essentiellement sur des citations ce livre est une vraie bouffée d'air, il conduit à prendre du recul par rapport au brouhaha de notre époque.
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Le courage de la nuance” est un essai écrit par Jean Birnbaum. Dans ce livre, l'auteur explore le concept de la nuance et nous invite à réfléchir sur son importance dans notre société actuelle.

Il part des exemples de Camus, Hannah Arendt, George Orwell ou encore Roland Barthes.

Cinq points à retenir
1. L'asphyxie des certitudes : l'auteur souligne que nous vivons dans un environnement où chacun pense détenir la vérité absolue. Les réseaux sociaux, en particulier, sont devenus des arènes d'invectives plutôt que de débats constructifs. Face à cette asphyxie intellectuelle, la nuance devient essentielle.
2. La nécessité de l'hésitation : La nuance implique de ne pas se précipiter vers des conclusions tranchées. Elle nous encourage à douter, à peser le pour et le contre, et à accepter nos incertitudes. C'est un devoir intellectuel qui permet d'explorer des territoires contrastés.
3. le courage des limites : La nuance n'est pas une faiblesse, mais une force. Elle exige de reconnaître nos propres limites et de ne pas céder à l'aveuglement idéologique. L'auteur la qualifie d'« héroïsme de l'incertitude ».
4. La radicalité de la nuance : Dans un monde saturé d'évidences, la nuance est radicale. Elle nous pousse à sortir du brouhaha des certitudes pour explorer des zones grises. C'est une discipline de l'esprit et une liberté critique.
5. Écrire pour survivre : L'auteur a ressenti une oppression face aux certitudes inébranlables des autres. Cette nécessité d'écrire sur la nuance est née de son expérience sur les réseaux sociaux, où la propagande et l'insulte l'emportent souvent sur la réflexion.
En somme, “Le courage de la nuance” nous rappelle que la nuance est un antidote à l'intolérance et à la polarisation. Elle nous invite à respirer dans un monde où l'air devient irrespirable

Parler avec nuance est un art subtil qui requiert une approche réfléchie et attentive. Voici quelques conseils pour y parvenir :
1. Écoute active : Lorsque vous engagez une conversation, soyez attentif aux nuances des mots et des émotions exprimées par votre interlocuteur. Écoutez sans préjugés et soyez ouvert à différentes perspectives.
2. Évitez les généralisations : Évitez de catégoriser les choses en noir et blanc. La vie est rarement binaire, et il existe souvent des nuances et des exceptions. Soyez prêt à reconnaître la complexité des situations.
3. Utilisez des mots précis : Choisissez vos mots avec soin. Évitez les termes absolus comme « toujours » ou « jamais ». Préférez des expressions comme « parfois », « généralement » ou « dans certains cas ».
4. Reconnaissez les limites de votre compréhension : La nuance implique de reconnaître que nous ne pouvons pas tout savoir. Soyez humble et ouvert à apprendre davantage.
5. Acceptez les contradictions : La vie est pleine de paradoxes. Parfois, deux idées apparemment opposées peuvent coexister. Soyez prêt à accepter ces contradictions sans chercher à les résoudre immédiatement.
La nuance est un signe d'intelligence et de maturité.
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Dans « le courage de la nuance » , Jean Birnbaum a produit un bel essai sur les vertus d'une pensée éprise de nuances et de sincérité. Il offre une relecture d'auteurs phares de la pensée du 20ème siècle qui peuvent, et devrait même, nous inspirer encore aujourd'hui, alors que la pensée binaire semble de nouveau écraser toute pensée complexe.
A l'issue de la lecture de cet essai, on n'a qu'une envie : se replonger dans les oeuvres de Germaine Tillion, Hannah Arendt, Camus ou Aron !
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un livre salutaire dans un contexte général plus que manichéen. la tendance n'est plus seulement d'être d'un "camp" ou de son opposé, mais d'être d'un "camp" et de lyncher virtuellement l'autre. L'auteur rappelle la nécessité de la nuance intellectuelle et comportementale, de l'acceptation de la pensée de l'autre. On retrouve un fil rouge avec Caroline FOUREST (génération offensée), Elisabeth ROUDINESCO (soi-même comme un roi) : le péremptoire l'emporte sur la raison, les réseaux sociaux (zéros socios?) amplifiant le phénomène. On est bien loin de "je ne pense pas comme vous, mais je me battrais pour que vous puissiez vous exprimer"
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Dans une société où l'on ne fait plus attention à l'autre, où l'on ne prend plus le temps de dialoguer, de peser ses mots, d'apprendre à se taire quand il le faut, nous devrions tous lire ce livre.

La nuance, c'est apprendre à douter, à se méfier de ce que l'on nous dit. C'est se remettre en question, ne pas croire que l'on sait tout, mais chercher. C'est aussi faire preuve de franchise, oser dire ce que l'on pense. La nuance c'est rire, jouer avec l'humour, prendre de la distance sur les choses, s'éloigner quand il le faut. Mais la nuance est avant tout un courage, car il est bien souvent compliqué de ne pas choisir de camp.

À l'ère des réseaux sociaux, des critiques faciles et des opinions tranchées, revenons au dialogue, pesons chacun de nos mots, usons de l'humour, abusons de la franchise. Ayons enfin, le courage de la nuance.

@lecturesauhasard
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L'idée défendue dans « Le courage de la nuance » est,comme son titre l'indique, d'oser la nuance dans un monde où il est désormais difficile de s'exprimer librement, avec nos doutes et nos contradictions.Birnbaum reprendra à plusieurs reprises la sentence d'Albert Camus qu'il fera sienne : « Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison ».
Nous ne pouvons être que d'accord avec le constat de l'essayiste : Il est désormais difficile de débattre en public. D'un côté, on n'ose plus critiquer « ceux de son clan » et de l'autre, on charge à bout portant sur l'adversaire avec l'objectif d'enterrer l'ennemi vivant, avant même qu'il ait pu ouvrir la bouche. Il s'ensuit une polarisation des débats où les extrêmes obtiennent la parole, la rendant par le fait même homogène. L'un des objectifs du livre, il me semble, est de nous inviter à la discussion, à réinvestir le débat !
À suivre son propos, ce n'est pas parce que nous sommes d'accord avec son idée, avec son constat que l'on doit s'accorder avec tout ce qu'il affirme, au contraire. Je prends alors la balle au bond pour soulever certains questionnements qui me sont apparus lors de cette lecture, somme toute très bien menée, agréable lors de la lecture. D'abord, nous pouvons nous questionner sur le choix des auteurs présentés, grandes figures d'intellectuels que sont Camus, Orwell, Arendt, etc. S'il est effectivement réconfortant de retrouver ces grandes figures, il me semble que la prise de risque (le courage!) aurait pu être plus grande afin de mieux asseoir le propos. Parler de Woody Allen, de Peter Handke aurait certainement donné une autre saveur à la nuance, l'aurait du moins porté à un autre niveau. Critiqué Camus, ou Hugo, comme l'avait fait Calaferte dans ces carnets, voilà qui nécessite de la précision, de la nuance. En fait, j'aurais aimé connaître les auteurs, polémiques, contemporains, que l'essayiste aurait secrètement aimé présenter, ceux qui ne font pas l'unanimité, les marginaux,les nuancés (si cela est encore possible), d'aujourd'hui. 
Il est vrai cependant que les propos de ces écrivains et intellectuels,à leur époque respective, n'étaient peut-être pas si évidents à tenir, mais avec les années, ces mêmes propos me semblent avoir perdu de leurs mordants. Si ce choix peut être défendu selon d'autres critères, comme celui de« recouvrer l'espoir » ce recours fait surgir une autre question, plus profonde sur notre époque. À plusieurs moments, Jean Birnbaum relate les disputes, querelles, que ces différents auteurs ont dû essuyer, pour montrer que la nuance, ne veut pas dire effacement, dérobade, mais qu'elle est radicale à un point qu'elle peut entraîner des ruptures, des isolements, des solitudes. Les propos sont parfois virulents, parce que exigeants. Si l'on est d'accord sur le fond, à plusieurs reprises, les citations présentées dans l'essai, retirées de leur contexte, semblent parfois bien près des reproches adressés par l'auteur à la haine, ou la méfiance, qui déferlent sur les réseaux sociaux. C'est devant les énervements de Camus, de Arendt que les questionnements apparaissent : Pourquoi lorsque Barthes lance « ce film est de la merde », il y a courage, alors que lorsqu'il s'agit d'un internaute cela s'appelle de la brutalité ? Pourquoi les auteurs mobilisés, d'ailleurs, proviennent-ils tous de l'époque avant la fin des grands récits pour reprendre l'expression de Lyotard ? Cette question en soulève une autre, plus fondamentale, il me semble, celle de l'autorité. Qui a autorité pour dire son opinion, aujourd'hui ? Qui est légitime, au moment où tous peuvent émettre leur opinion ? Il me semble que ce soit l'un des enjeux centraux que soulève les réseaux sociaux autant que les média en général. Qui a autorité lorsque tous ont droit à la parole ? C'est cette question que j'aurais aimé voir formulée (et développée) par l'auteur du «  courage de la nuance ».
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Un livre passionnant et tellement d'actualité tellement la nuance n'est plus à la mode.
Je n'ai pas le talent de l'auteur pour écrire (même un résumé) sur le sujet sans laisser transparaitre mon avis.
Donc je ne peux que vous conseillez de lire et faire lire ce livre.
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Jean Birnbaum a fait oeuvre utile, indispensable même. Aussi surprenant que cela puisse apparaitre, ou du moins, pouvait apparaitre, il y a dix ans encore, prendre part au débat avec nuance demande désormais du courage. Notre société a glissé dans une épouvantable polarisation, du fait notamment des réseaux sociaux, mais uniquement de ce fait et il n'est plus que des positions radicales, drapées de grandes certitudes et d'un dédain marqué pour tout qui ne partage pas pleinement ces positions. Les autodafés pourraient rapidement revenir. Dans ce contexte, quel bonheur de voir un auteur rappeler à la barre, les grands esprits nuancés du passé : Albert Camus, Raymond Aron, Hannah Arendt parmi d'autres. Comme il le dit dans son introduction, ces certitudes sans nuances nous oppressent. Ces penseurs apportent un vent frais mais il est à espérer que leurs contemporains puissent prendre la relève au plus, ici, en Europe. Lecture bienfaisante.
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