Le jeune Simon
Green use en vain ses culottes sur les bancs de l'école. Il n'arrive ni à fixer son attention ni à s'intéresser aux cours. Sa famille, soit les oncle et tante qui ont accueilli cet orphelin, le considère comme un benêt bon à rien. Mais, de son côté, Miss Rogers, l'institutrice, décide de lui accorder son diplôme, car il est temps pour lui de « déployer ses ailes ». Simon est perplexe. Personne ne semble vouloir de lui.
Miss Rogers l'encourage pourtant : « Je crois que chacun ici-bas a un talent. »
Simon imagine alors un projet fou dont rien ni personne ne pourra le détourner.
J'aime beaucoup le style de
Léonie Bischoff dont j'ai lu avec grand plaisir les belles adaptations de
Camilla Läckberg ainsi que le superbe «
Anaïs Nin ».
Aussi, lorsque j'ai découvert cette nouvelle production, je n'ai pas hésité longtemps.
C'est à un livre pour la jeunesse que s'attaque cette fois avec brio notre auteure, qui se charge seule de tout le travail : scénario, dessin, couleurs. Les leçons que l'on peut en tirer ne sont donc pas très compliquées, mais je connais beaucoup d'adultes qui feraient bien d'en prendre de la graine.
Bien sûr, le conseil le plus évident est de ne pas avoir d'a priori ni de juger les gens sur la mine.
Au premier abord, Simon passe pour un idiot. Aussi, lorsqu'il parle au fermier de son immense troupeau de dindes, il ne récolte que récriminations : les volailles sont trop nombreuses, il est impossible de les vendre, elles mangent comme des ogresses et risquent de ruiner leur éleveur, bref, celui-ci n'a qu'une idée en tête : s'en débarrasser. Mais, lorsque Simon propose de les lui acheter, c'est une autre affaire : soudain, leur valeur augmente en flèche.
Même constat dans sa famille. Il a élevé au biberon et dressé des mules qu'il est seul à pouvoir faire obéir. Quand il les revendique, les cousins qui, jusque là n'en avaient que faire, ne veulent pas les lui donner. Chacun tente de le rouler. C'est facile (pensent-ils) puisqu'il s'agit d'un demeuré.
Mr Peece vit la même situation. Pour le monde qui l'entoure, ce n'est qu'un ivrogne, raté et fainéant. Mais Simon saura le transformer, lui qui n'a pas perdu une miette de la leçon de Miss Rogers. Il suffit de trouver le talent caché de chacun. L'un concocte, avec les maigres moyens du bord, des « délices culinaires », l'autre sait pêcher et chasser, et même transformer un simple bout de bois en flûte d'où sortent des mélodies enchantées.Ou encore une autre a l'art de tirer des plantes du chemin remèdes ou produits d'entretien.
On découvrira la ténacité et la persévérance, les qualités de ceux que la société rejette : esclave en fuite, indiens, fille et même Emmett, le petit chien.
Au cours de ce long voyage, Simon croisera bien des personnages surprenants. Nombreux sont ceux qui essayeront de l'escroquer, se fiant à son air niais et bonasse. Mais le garçon a plus d'un tour dans son sac.
Sa route est divisée en trois étapes qui feront traverser à son étrange troupe Missouri, Kansas et Colorado.
Il n'y a pourtant pas beaucoup de paysages.
Léonie Bischoff a plutôt mis l'accent sur ses personnages, dont les traits, bien que simples, sont très expressifs, surtout en raison de leurs immenses yeux.
Le découpage est assez traditionnel, on rencontre pourtant, ici ou là une planche entière dédiée à une vue d'ensemble et même un impressionnant dessin qui en occupe deux en vis-à-vis.
Ce que j'ai préféré, ce sont les couleurs très variées, tendres et joyeuses. Parfois, au début de l'histoire notamment, les teintes sont très claires, lors de la transaction avec le fermier, par exemple. Elles sont vertes pendant le repas avec les cousins, bleues ou violettes pendant la nuit, mais
Léonie Bischoff sait exploiter habilement toutes les ressources de sa palette.
J'ai adoré cet album.