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3,55

sur 281 notes
de cet auteur, j'avais surtout aimé "Un hiver à Paris". le thème de celui-ci m'attirait et la critique d'Idil m'a encore plus donné envie de le lire. Il est sorti en poche récemment.

1975, au sein des logements de fonction de plusieurs familles d'instituteurs ( trices). Une année va être chroniquée, ponctuée de faits marquants pour les uns et les autres. Une année charnière, entre passéisme et modernité, notamment dans le cadre de l'éducation.

L'école devient mixte, les méthodes changent et creusent davantage l'écart. Il y a les enseignants qui continuent à infliger des punitions physiques, tel le terrifiant Lorrain, et celles et ceux qui entendent faire souffler un vent de nouveauté comme Charles Florimont.

Mais tout ceci est encore timide, les quelques filles mêlées aux garçons sont vues comme des choses fragiles, à traiter différemment. Je me souviens qu'en 1972, au collège, nous les filles avions un cours de cuisine ou couture pendant que les garçons faisaient de la technologie!!

La période est socialement bien analysée, mais ce qui m'a plu surtout , c'est l'intrusion dans l'intimité des familles. Et j'ai adoré l'humour cynique de l'auteur, pour décrire les bévues de chacun, leurs pensées assassines. On ne peut pas dire qu'ils soient bien sympathiques, tous ces personnages! Certains sont peut-être traités de façon un peu caricaturale , mais on s'intéresse à leur évolution, aux changements inattendus. La vie est là, qui bouillonne, à travers leur quotidien. C'est Philippe Goubert, l'un des enfants, que j'ai préféré. Maladroit et replié sur lui-même, il va se transformer....

Un récit doux-amer, que j'ai envie de prolonger, car une suite existe, qui vient d'être publiée. Un bond dans le temps: ce sera 1989...
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Jean-Philippe Blondel revisite son enfance à travers son personnage Philippe Goubert et ressuscite la figure maternelle, enseignante en petite section et directrice, sous les traits de Michèle Goubert. Une scolarité, années 70, dans une ville de province, facile à identifier pour les lecteurs fidèles à cet écrivain apprécié.

Le récit qui met en scène Philippe, gosse de dix ans, dans une position très périlleuse, débute par un insoutenable suspense comme un « cliff-hanger ». De la graine de « Sylvain Tesson », cet adepte de stégophilie !
On suit ce gosse dans son quotidien : l'élève, le fils, et le copain au sein de sa bande.
Le portrait s'étoffe : empoté, gaucher, et surtout enfant non désiré, la mère aurait souhaité une fille. Une blessure pour le môme et des moments de solitude.

La bande de gamins, que d'aucuns nomment « vauriens » est dépeinte dans leurs jeux : construction de leur cabane refuge ; plus dangereux, car flirtant avec la mort, leurs défis de traverser la voie ferrée juste avant le passage du train (sorte de bizutage). « Çà rit, bouillonne, éructe, crie, se bat, méprise le danger et les trouillards ». Leur hiérarchie est décryptée ainsi que l'évolution de leurs liens. Disputes, délitement de ce « groupe solaire » qu'ils ont formé. Ils grandissent et s'émancipent. Toutefois, devant l'épreuve qui les aura mûris, ils vont se ressouder, s'épauler et « adresser un adieu silencieux à l'enfance ».

L'habitat est quasi un huis clos, puisque les familles d'enseignants ont droit à des logements de fonction. de construction ancienne, le couloir menait à chacune des pièces, mais pas de communication entre elles, fait remarquer l'auteur.
Quand en plus l'appartement donne sur les trois cours, cela constitue un poste de vigie idéal pour Geneviève Coudrier, celle qui a tout d'une concierge et aime potiner ! Ainsi, elle va entrapercevoir, subodorer une liaison extra conjugale, espionner et pister ces faux couples.
Le grenier est aussi exploré… Lieu d'où l'on a frôlé des drames.
La cave abrite ceux désireux de se rapprocher, voire de s'étreindre. Et d'aucuns vont imaginer « des scènes torrides » transformant «  le groupe scolaire en lupanar » !

Une galerie interminable de personnages défile : factotum, directeurs,directrice, inspecteurs, familles d'enseignants, élèves, mères d'élèves, dans le même périmètre.
On croise des êtres charismatiques, des autoritaires (façon militaire), des enseignants « vieille école » à la main leste : « touffes de cheveux arrachées, gifles retentissantes, et même « une crème, ce Lespinasse, toujours obéissant, voire servile ».
D'autres, comme Florimont, sont conquis par la méthode Freinet qui va révolutionner l'apprentissage. Avec lui, plus d'autonomie laissée aux élèves.
La dame de service,Reine Esposito, source de scandale, ne passe pas inaperçue. Tout le quartier est alerté et le lecteur est de nouveau dans l'expectative.

L'auteur portraitiste croque aussi les passagers de « l'Arbalète » que côtoie Geneviève Coudrier désireuse de confondre des amants clandestins.
Le récit prend une allure cinématographique quand on est témoin de ce qui se passe dans ce train ! La camera zoome sur les protagonistes d'un wagon à l'autre, suit leurs déplacements et leurs regards ! Alors qu'ils ignoraient leur présence dans ce train, ils se retrouvent tous les 4 au bar à deviser. On les imagine mal à l'aise, car ils n'avaient pas prévu ce scénario. Comique de situations.
Avec ironie, l'auteur effectue un arrêt image sur la «  grosse dame qui parcourt son Télé 7 Jours comme si c'était un Prix Goncourt » !
Certains personnages se découvrent sous une différente facette à travers d'autres regards.


Jean-Philippe Blondel qui connaît bien le milieu de l'Éducation Nationale rend hommage dans ce roman au personnel enseignant, en particulier aux « institutrices dévouées, travailleuses acharnées, infatigables, correctrices, passeuses de savoir.. »
Il ne manque pas d'évoquer la fête de l'école : « c'est toute une alchimie, la réussite » d'une telle manifestation. Il rappelle le moment où la mixité fut introduite dans les classes.

Le romancier prof aborde l'éducation et le rapport maître/élève, enfants / parents, époque où la gifle et la fessée n'étaient pas bannies par la loi. Les magazines traitent d'ailleurs, à la veille de la rentrée d'un sujet récurrent : quel prof ou instit a changé votre vie ? Ne font -ils pas naître des vocations ? On constate ici la mue de Philippe Goubert : « moins craintif, plus déterminé ». Toutefois, faute d'oser se confier à son maître, il choisira, curieusement, en guise de journal intime pour s'épancher...un agenda. Car le besoin de raconter, de retranscrire les récits des autres est en germe !
Julien, lui, est « devenu le meilleur en anglais » pour plaire à sa prof qu'il dévorait des yeux parce «  qu'elle représentait l'Angleterre pour lui » !
le récit interroge sur la transmission et la paternité. Que lègue-t-on à ses enfants ?
La perte d'un enfant et la douleur incommensurable sont évoquées.


Le chapitre au titre prémonitoire « La fête est finie » annonce l'épilogue dramatique. Poignant soliloque intérieur qui prend le lecteur de court et montre comment les allégations, les rumeurs peuvent détruire un individu. Un thème abordé dans Un hiver à Paris. le scandale qui a éclaboussé Lorrain serait-il à l'origine de cette tragédie ?


Avec le recul, l'écrivain porte son regard féministe sur le statut des femmes à cette époque. Ne leur demandait-on pas d'être bonne cuisinière, de savoir repasser pour retenir un homme ?! Il explore les couples légitimes (qui battent de l'aile) ou non : « un couple, c'est un homme et une femme qui se rencontrent charnellement parce que c'est important de se reproduire, et qui vivent ensuite en bonne intelligence, en respectant chacun la liberté de l'autre ». Il révèle des idylles naissantes entre partenaires mariés d'où la culpabilité de l'adultère, des escapades clandestines qui tournent au fiasco! Et les mensonges pour couvrir ces aventures.
Il souligne la violence verbale de certains maris au sein de couples mal assortis.

Le romancier énumère au fil des pages tout ce qui change : l'abaissement de la majorité à 18 ans, la succession des hommes politiques ( Giscard, Barre), l'obligation de boucler sa ceinture (« les accidents de voiture deviennent un fléau national »), on chante Bob Dylan, on danse sur Boney M( rires : « pourquoi pas sur Bonnet C »!). L'anglais fait sa percée, envahit les ondes et même la fête de l'école ! « Ces satanés Yankees vont bientôt coloniser notre langue » !

C'est l'époque où l'on roule en : 403, 204, 2CV, où le magasin de la ville non citée Les élégantes avait pignon sur rue, ainsi que la grande librairie de la Rue Emile Zola !
Il ressuscite le train mythique « L'Arbalète » qui menait à Paris, dont la voiture 4 était un wagon -restaurant. le romancier aubois évoque le lac de la forêt d'Orient censé « jouer le rôle de régulateur de la Seine », la réhabilitation du centre-ville, la transformation « des ruelles noires et sales en patrimoine médiéval ».


Il montre comment le refus d'un de ses textes a conduit Philippe Goudert à se remettre en cause, à prendre conscience de ses défauts et a forgé sa persévérance.
Nombreux sont les auteurs qui se sont vus refuser leurs premiers manuscrits.
D'ailleurs Jean-Philippe Blondel a déjà évoqué cette situation à ses débuts.
A noter qu'ils sont rares les écrivains qui consignent en fin de leur ouvrage une table avec titres de chapitres, si appréciable.

Jean-Philippe Blondel signe un roman aux accents autobiographiques dans lequel il déroule une fresque de la société post 68 si détaillée que maints lecteurs se souviendront avec émotion de leurs propres parcours au sein de ces bouleversements.
Il radiographie le microcosme enseignant avec beaucoup de justesse.
Un récit en partie choral, qui dresse les vicissitudes à surmonter dans une carrière, avec une once de nostalgie, un zeste d'humour. Sa plume quelque peu malicieuse fait mouche ! Une trilogie est annoncée, on s'en réjouit déjà !




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La grande escapade c'est le we à Paris qui ne va pas se passer du tout comme prévu , surprises au rendez vous .
Le style est très vivant , JP Blondel a un réel talent de conteur .
L'époque c'est le début des années 70 , les écoles deviennent mixtes , les femmes commencent à revendiquer leur indépendance , les jeunes filles ne s'habillent plus comme leur mère comme ça s'est fait pour les autres générations, elles mettent des mini jupes .
On est tout au début de la contestation de l'autorité , ça se voit ici entre les deux instituteurs , Lorrain adepte de la punition corporelle et Florimont aux nouvelles méthodes qui s'opposent .
On part en vacances en France en famille , on ne divorce pas ( encore )
C'est l'enfance qui s'en va tout doucement avec l'arrivée de l'adolescence, un monde disparu à jamais si lointain et si proche à la fois
L'évocation des Rubettes m'a fait sourire , j'avais le disque à la maison et bien entendu je n'ai jamais oublié la mélodie .
Première incursion dans l'univers de Jean - Philippe Blondel et certainement pas la dernière .
Un grand merci à NetGalley pour sa confiance , merci aussi aux Editions Buchet Chastel .
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Je lis plus vite que je ne chronique et il arrive parfois que j'oublie de faire mes retours de lecture. C'est le cas par exemple avec La Grande Escapade de Jean-Philippe Blondel que j'avais découvert grâce aux éditions Buchet-Chastel.
1975. Tandis que le pays subit les effets du premier choc pétrolier, que les femmes revendiquent leurs droits et que la mixité s'impose dans les cours de récréation, rien ne semble devoir troubler le quotidien des familles d'instituteurs du groupe scolaire Denis-Diderot. À moins que le train du changement ne s'engouffre tout à coup dans les classes et les corps et ne redessine les frontières d'un monde très différent.
La Grande Escapade est un roman qui nous emmène au milieu des années 1975 dans le quotidien de cinq familles d'instituteurs (nos actuels professeurs des écoles).
Nous suivons des enfants et des adultes qui sont au coeur d'une société en pleine mutation. Les méthodes éducatives évoluent, l'élève a une place de plus en plus importante et surtout... arrive la mixité dans les classes.
Plein de bouleversements donc, qui ne sont pas toujours facile à accepter par certains.
J'apprécie toujours autant la plume de Jean-Philippe Blondel, sa façon d'écrire, de croquer une époque. C'est parfois sans concession et j'ai aimé découvrir le milieu des années 1970, moi qui suis née en 1974 et n'est donc pas tout à fait vécue la même enfance que nos personnages.
Vous l'aurez compris, je garde un très bon souvenir de cette lecture.
Ma note : quatre étoiles.
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Jean-Philippe Blondel nous entraîne dans la vie d'un groupe scolaire juste après Mai 68. Une société minuscule, un théâtre de poche, un microcosme. C'est presque une famille mais une fois les portes de logements de fonction refermées, chacun porte des jugements sur les uns et les autres et sur leur progéniture.

« Pourquoi s'intéresser autant à l'existence des autres ? Parce que la sienne est insatisfaisante. »

L'occasion pou l'auteur d'évoquer avec nostalgie cette époque qui a été un vrai changement pour notre société : l'arrivée de la mixité dans les écoles, le féminisme qui pointe son nez, les nouvelles méthodes d'enseignement Si ce roman se lit facilement, j'ai été déçu par la manière de traiter ce sujet. Les personnages sont trop caricaturaux, les enseignants sont bien sûr de gauche : « Bref, on est de gauche, quoi. D'une gauche de la couleur du rosbif qu'on sert régulièrement lors de ces repas. Pas saignant. Ni bien cuit. Juste à point. »
Les maris sont des machos : « Ceux-ci se prononcent en faveur du travail féminin (on n'est pas au Moyen Âge et puis on ne crache pas sur un salaire supplémentaire) mais froncent le sourcil devant les velléités d'indépendance de leurs épouses. »

Mais surtout certains passages sont carrément du grand guignol, comme cette échappée sauvage d'une femme de service qui court dans les couloirs complètement nue, ou cette escapade improbable de deux futurs amants à Paris.
Dommage que l'ensemble du récit n'est pas la qualité du dernier chapitre, comme si l'auteur voulait nous donner des regrets.

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Jean-Philippe Blondel remonte une fois encore le fil du temps et nous livre une fiction à l'intérêt social marqué. La Grande escapade est une plongée dans le monde scolaire du milieu des années 70. Elèves, instituteurs, institutrices (et leurs conjoints) vivent une époque troublée. On pourrait dire que le roman est une radioscopie d'une période transitoire, période marquée par Mai 68 et son envie de respirer, d'abolir les règles, de s'extraire des carcans. L'école est ainsi le microcosme idéal, l'objet d'étude parfait pour observer à la loupe l'évolution des mentalités et des comportements qui s'opère inexorablement. le quotidien scolaire régi jusqu'alors par des lois rigides, des principes et des méthodes rétrogrades se voit remis en question par une société qui change et une jeunesse plus avide de liberté. L'ère est à l'épanouissement personnel.

Le roman fonctionne comme une caméra embarquée pour nous rendre témoins de tous ces bouleversements. Ce qui était jusqu'alors considéré comme acquis est interrogé : peut-on encore imposer des leçons de morale ? Asseoir son autorité à force d'humiliations et de brimades ? Se fermer à la culture anglo-saxonne ? Séparer filles et garçons?…
La mixité à l'école, les méthodes éducatives, le contenu des activités pédagogiques, la place des femmes, le couple, la sexualité.... sont abordés. Quand les changements extérieurs franchissent les grilles de l'école, c'est la vie de chacun qui est amenée à s'adapter.
Une véritable mutation, une échappée vers un monde moderne tour à tour effrayant et jubilatoire. le futur, c'est la liberté et peut-être le bonheur, mais aussi le « clinquant », le superficiel, l'enfant-roi...

Mais tout l'art de Jean-Philippe Blondel est dans son écriture et le ton qu'il adopte. Avec humour et légèreté, il nous entraîne dans l'exploration des relations humaines. Les personnages sont souvent égratignés pour leur fâcheuse tendance à l'hypocrisie, au complotisme, à la trahison... Mais c'est un peu un quotidien à la « Desperate housewives » qu'il décrit, ce qui offre des passages plutôt savoureux. le roman m'a fait souvent sourire. Et les personnages, même les plus retors et réactionnaires, sont tout de même attachants et quelquefois surprenants.

Ce nouvel opus est donc un bon moment de lecture.
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Un doux parfum de nostalgie accompagne ces pages. C'est tout une époque qui est décrite. Les personnes qui avaient dix ans dans le milieu des années 70 s'y retrouveront, et apprécieront peut-être encore davantage cette lecture, car elle pourrait assurément raviver quelques souvenirs !
Je suis de la génération qui a suivi, mais ayant vécu mon enfance en casernement, certains passages de ce livre m'ont fait sourire et ont rappelé à moi quelques beaux moments d'aventures avec la construction de cabanes et de "bêtises" entre enfants de la caserne.
« Les rejetons des locataires du groupe scolaire et leurs voisins immédiats forment une bande plus ou moins hétéroclite qui vadrouille du jardin public au terrain vague situé derrière les bâtiments, descend parfois jusqu'au supermarché au bout de la rue Denis-Diderot, déambule, passe d'une cour à l'autre, organise des jeux, des tournois, des courses et laisse aux parents une paix royale jusqu'à dix-huit heures trente, heure à laquelle tous les enfants doivent impérativement rentrer chez eux afin d'y être dûment shampooinés et récurés. C'est une bande aux contours flous, qui ne compte aux jours creux que trois ou quatre membres mais dont le nombre peut monter jusqu'à neuf ou dix lors des vacances scolaires. Ça rit, bouillonne, éructe, crie, se chamaille, s'insulte, se bat, se rabiboche, méprise le danger et les trouillards. »
Jean-Philippe Blondel évoque une époque aujourd'hui révolue : les écoles sont mixtes, les professeurs ne sont plus logés dans l'enceinte des établissements, les hommes ne sont plus les seuls à mener la danse, les femmes sont elles aussi aux commandes.
Un beau moment de lecture; je comprends qu'elle ait suscité des engouements et notamment celui d' Yves "mon" libraire ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Ce roman est aux couleurs de l'enfance, ils sont cinq garçons entre 10 et 12 ans, une petite bande. Ensemble ils habitent presque, puisque un de leur parent est institutrice ou instituteur. Tous logés dans des appartements de fonctions au dessus de l'école des filles et celle des garçons qui est le groupe scolaire Denis Diderot. Oui encore dans cette campagne non loin de la capitale, la mixité n'est pas d'actualité. Mais ce n'est sans tarder, elle vit ces dernières heures, car arrivent dans cette petite communauté qui pense bien se connaître, un instituteur Charles Florimont, missionné par l'inspecteur pour je cite " tirer de leur torpeur tout un groupe d'instituteurs qui s'endormaient, selon lui sur leurs lauriers et en remettaient plus en cause leurs pratiques pédagogiques." Charles Florimont pratique la méthode Freinet qui a pour objectif, entre autre, de mettre l'enfant au centre des décisions. de toute évidence l'arrivée " d'un de ces jeunes barbus joueurs de guitare qui n'hésitent pas à porter des sabots et qui conduisent des 2CV vertes " (sans retouche !!) n'est pas bienvenue.

Histoire de l'enfance de ses jeux, de ses petits soucis existentiels, de ses déceptions comme ses joies .. Et puis histoire d'adulte. Ah ! les adultes qui pensent tout savoir, connaître tout le monde mieux qu'eux-mêmes, qui passent leur temps à émettre des jugements de valeurs en étant persuadés qu'il s'agit d'idées solidement ancrées et fondées, comme le constate avec beaucoup de clairvoyance le jeune Baptiste.... On y rit comme on pleure.

Il va falloir cette escapade en train à la capitale pour que quelques uns se découvrent ... Il faut cet incident incroyable pour que tout bascule ...

Ce roman me fut savoureux à souhait, une lecture très agréable, et aussi, fut une véritable invitation pour moi, d'un retour vers le passé. Effectivement, fille d'instituteur, instituteur engagé, barbus et chaussé de sabots qui n'était pas non plus le bienvenu dans cette école primaire catholique du centre Bretagne, de part ses couleurs politiques, je ne peux qu'en lisant ces pages sur Charles et les autres, visionner mon père et ses collègues dans les mêmes années, mes camardes filles et fils aussi d'instits, mes instits collègues de mon père ... tout un monde qui en lisant ce roman me souffle discrètement à l'oreille qu'un jour je pourrais peut être écrire cette histoire. Certes elle serait bien différente de celle ici racontée. Mais chut patience ....

Un roman qui sous des apparences assez légères, démontrent un monde, là celui des enseignants mais qui pourrait être un autre, car ce que nous y trouvons ce sont des adultes avec toutes leurs complexités relationnelles comme existentielles qui méritent réflexion au delà de toute apparence.
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J'aime beaucoup l'univers de Jean-Philippe Blondel que je n'avais pas lu depuis un moment.
Je ne sais pas si j'avais oublié son style mais j'avoue avoir été un peu freinée au départ par son sens du détail et de la précision pour entrer dans l'histoire. Puis je me suis laissée entraîner dans la vie des habitants, petits et grands, des logements de fonction du Groupe Scolaire Denis-Diderot.

Entre nostalgie et réminiscence, on revisite les années 70, la liberté des enfants, la remise en question des modes d'éducation, le début de la société de consommation, une affirmation du féminisme. Mais des thèmes intemporels sont aussi abordés tels que la relation entre parents et enfants ou au sein du couple, le questionnement sur ce qu'on a accompli dans la vie et la perception que les autres ont de soi.

C'est parfois drôle, souvent tendre, un peu trop décousu mais toujours touchant.
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Je ne sais pas si ce roman est représentatif du style de Jean-Philippe Blondel, c'est la première fois que je le lis, mais je lui ai trouvé un charme fou. Je me suis glissée avec beaucoup de plaisir dans cette machine à remonter le temps qui ramène ceux de ma génération (en tout cas) au bon vieux temps de leur scolarité en l'année 1975. Je ne suis pourtant pas très fan de l'exercice, de ces romans d'apprentissage qui s'étendent à la frontière de l'enfance et de l'adolescence. Mais voilà, le ton m'a tout de suite plu, fait sourire et parfois même éclater de rire. Peut-être ai-je retrouvé un parfum de vécu, l'atmosphère d'une époque... Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas l'escapade.

Au sein du groupe scolaire Denis Diderot, dans une ville de province de l'est de la France, on sent souffler le vent du changement. Cette histoire de classes mixtes d'abord qui en fait grimacer plus d'un. Et puis ces nouvelles méthodes d'enseignement, initiées par un certain Freinet et dont le nouveau maître-formateur, Charles Florimont se fait le chantre, au grand dam du Directeur Lorrain. le changement, on le sent aussi du côté des élèves dont pour certains, et le jeune Philippe en particulier ce sont les derniers mois dans l'enfance, après ce sera le collège, une autre histoire. Une année charnière, marquée par une conversation surprise dans laquelle Philippe est décrit comme quelqu'un "faisant des manières", expression qui le déstabilise et influera sur le cours de sa vie, mais ça, il ne le sait pas encore. On ne parle pas vraiment de féminisme mais, quand même, il y a de drôles de trucs dans l'air, des revendications et des envies inhabituelles. de quoi entrevoir un nouveau monde...

La force de ce récit, ce sont très certainement ses personnages à la fois cocasses, tendres, vulnérables et terriblement attachants. Engoncés dans le carcan d'un certain type d'éducation, un certain modèle de société, et subitement confrontés à de nouveaux possibles, machine parfaite pour raviver les fantasmes ou, de façon plus ambitieuse, révéler des vocations. Les enfants ne sont pas les seuls à se voir offrir plusieurs manières de grandir. Les adultes qui les entourent ne sont pas en reste et les suivre dans leurs parcours émancipateurs se révèle aussi piquant que savoureux. Tout ceci sert de toile de fond et de révélateur au jeune Philippe, observateur, acteur et plus tard, un jour, narrateur de cette période.

Si le sourire est omniprésent, l'émotion pointe aussi son nez et c'est le coeur un peu serré, empreint de nostalgie qu'on lâche la main du jeune Philippe au moment de tourner la dernière page, avec cette même sensation qu'après un dîner entre potes à reparler du bon vieux temps.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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