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Antoine Blondin raconte les tribulations de Muguet, jeune insouciant de dix-huit ans, à travers l'Europe en pleine seconde guerre mondiale, ainsi que celles de singuliers et involontaires trublions tels que le commandant Baptiston ou Superniel. le hasard de la plume de l'auteur fera se croiser leurs épopées.
Premier roman d'Antoine Blondin, chroniqueur pendant une trentaine d'années du tour de France, cette histoire semble régit par les lois de la « pataphysique » d'Alfred Jarry (science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité), l'humour franchouillard de René Fallet (le triporteur, les vieux de la vieille, le beaujolais nouveau est arrivé) et le génie des mots de Boby Lapointe (Ta Katie t'a quitté).
Il est capable d'écrire : « - Rylka, tu es enceinte ? – Je ne sais pas, répondit-elle. Je suis tellement désordonnée. » ou « Il souffrait en outre d'une affection commune à la plupart des chefs de cette époque-là : il avait le mal du Péguy. »
« L'Europe buissonnière » est une première oeuvre pleine de fantaisie, parfaitement réussie et dont le surréalisme séduit sans coup férir. C'est une parfaite facétieuse farce de terroir.
A sa sortie en 1949, ce roman a fait grincer des dents par la légèreté avec laquelle le sujet de l'occupation allemande est traité, mais Blondin ne fait pas partie du mouvement littéraire des hussards par hasard, son impertinence savoureuse y est pour grande part.
Editions de la Table Ronde, Folio, 529 pages.
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D'une part, Muguet à peine sorti du cocon familial, et qui se retrouve embringué dans un village afin de le repeupler. Muguet en effet a le don de plaire aux dames, sans même le faire exprès. Il se laisse donc porter par les événements et la guerre arrivant, part sur les routes d'Europe au hasard des rencontres et des amitiés.
D'autre part, Superniel, étudiant à la Sorbonne et militant, se retrouve dépassé par les événements, puis emprisonné dans un stalag. Il y retrouve une certaine sérénité, découvrant la force de l'amitié.
Les deux hommes sont fondamentalement différents. L'un regarde le monde d'un air amusé, profite des plaisirs de la vie sans se poser de question, l'autre voit en toute chose une source d'angoisse. L'un séduit les femmes et en profite pleinement (notamment pour se nourrir correctement quand il est prisonnier), l'autre est effrayé par la gent féminine, lui préférant les amis du camp.
Publié en 1949, ce premier roman d'Antoine Blondin fut loin de faire l'unanimité : faire d'un conflit mondial une comédie loufoque, où la guerre est avant tout pour la jeunesse française une occasion de voyager, fit scandale auprès de certains. Pourtant l'auteur utilise des éléments biographiques pour ce roman puisqu'il fut lui-même envoyé en STO durant la Seconde guerre mondiale. Et si ce livre était un moyen pour Blondin d'évacuer les cauchemars de son expérience ?
Car l'auteur va parfois loin dans ses propos : les allemands (Hans et Helmut notamment) y sont plus bêtes que méchants et leur pire crime est sans doute de mettre les villages français à l'heure allemande (au sens propre, puisque les montres furent avancées d'une heure durant l'occupation). Quant à Muguet, après une nuit auprès d'une belle, il rate le départ pour les camps en Allemagne et n'hésite pas à prendre les chemins pour rejoindre ses amis !
"L'Europe buissonnière" est un roman cocasse (souvent trop à mon goût), fantaisiste, potache. Mais aussi et avant tout une ode à l'amitié virile (autour d'un verre, souvent).
Sans oublier le « style Blondin » : une accumulation d'expressions heureuses (« Il sentait monter le bégaiement qui l'obligeait parfois à ne plus parler que sur la pointe des mots »), de références comiques (« Il avait le mal du Péguy »), n'hésitant pas à rajouter certains jeux de mots plus faciles (« À bout de course ou à court de bourse »). Style qui reste avant tout l'intérêt premier de ce roman.
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Un vrai plaisir de lecture que ce livre foutraque, léger et génial, bourré d'inventions, de rebondissements, d'inattendus.....le tout sous-tendu par des formules à l'emporte-pièce , jeux de mots et autres trouvailles tout à fait réjouissantes
Un coup de maître de ce grand gosse facétieux et désenchanté que fût Antoine Blondin
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Ce livre est le premier d'Antoine Blondin que je lis. J'étais impatient de lire un roman de ce dernier et au final j'ai été déçu. Je n'ai apprécié ni les situations, ni les personnages, ni le style d'écriture que j'apprécie par ailleurs dans ses chroniques cyclistes. Tant pis ... Je ne désespère pas d'accrocher à un autre de ses livres. le prochain sur ma liste : Un singe en hiver.
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Le hussard Antoine Blondin ose un premier roman anticonformiste et nous donne sa version de la guerre dans le style des chroniques journalistiques satiriques...Si dans son récit on tire d'avantage son coup que des bastos et que l'on prend plus volontiers son pied que le maquis, Blondin n'en oublie pas pour autant de nous rappeler son crédo le plus élémentaire en période belliqueuse : oublier la partisanerie et les beaux discours.

Muguet c'est un peu un enfant, souvent un amant, mais jamais un soldat. C'est à la fois l'idéal d'un Blondin appelé à la STO, le combleur salutaire de la pyramide des naissances, le résistant bien trop séduisant parmi les huiles mais aussi le mutin en plaisance monégasque.

On est plus souvent purement idiot que réellement pervers dans ce roman. Les deux Schutzstaffel H. et H. paraîtraient par exemple presque attendrissants de bêtise.

« p. 110
C'était peu que débaptiser quelques rues, mais obliger les citoyens à avancer leur montre de deux heures, sans que cette mesure revêtit à leurs yeux l'apparence d'une brimade gratuite, mettre au même pas toutes les pendules d'Europe, témoignait d'une exigence bien plus impérieuse : celle d'organiser le temps au moment précis où l'on occupait l'espace.
On ne tyrannise pas impunément les méridiens
Plus tard, lorsque les Nations Unies, incapable d'organiser l'espace, mais soucieuses par ailleurs d'occuper le temps, instruisirent d'interminables procès aux criminels de guerre, l'Uhrführer Bauer, responsable des chronomètres pour l'ensemble du continent et surnommé « le bourreau des longitudes », fit l'objet d'une affaire retentissante. Dénoncé par l'horloge parlante, on lui imputa le détournement d'un temps considérable […]
Aucun des policiers notoires, commis à la recherche du temps perdu, ne parvint à mettre la main sur ces deux heures de leur vie, dérobées un beau jour aux habitants des territoires conquis. »

Nous retrouvons toute la naïveté de « l'humeur vagabonde » dans ce compte iconoclaste au léger parfum d'autofiction. Une vision peut-être bien plus proche de la vie des Français pendant la guerre, qui comme nous le savons, ont tous été résistants, que l'image qui nous est donné aujourd'hui par les écoeurantes commémorations des deux dernière conflagrations mondiales.

Finalement, pourquoi lire ce livre ? Pour vivre une drôle de guerre sans coups de feu et jouir d'une prose plaisante à la Frédéric Dard. Très bon, on rigole beaucoup, même si la fin tire en longueur.

Muguet est un héros qui possède le courage de la retraite. Toutefois, il est difficile de dire jusqu'à quel point ce personnage s'identifie avec son auteur, et il faudra donc veiller, et cela même en laissant de côté son orientation politique et sa participation controversée au STO, à ne pas commettre d'impair en confondant Antoine Blondin avec Louis Lecoin !
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L'Europe buisonnière est une galerie de portraits de tire-au-flanc et fumistes de tout poil qui sévirent durant le dernier conflit mondial: les résistants de salon, les réfractaires aux armes, les prisonniers de guerre de profession, les anciens combattants plus combatifs du tout, les adolescents très attardés,les profiteurs qui font leur beurre quand il ne reste plus que de la margarine au marché noir...

C'est avec bonheur qu'Antoine Blondin manie le calembour irrévérencieux, le jeu de mot iconoclaste . Un vrai régal de lecture que ce livre avec la juste proportion d'irrévérence et de tendresse.
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Fils de la poétesse Germaine Blondin, Antoine Blondin est un hussard. Hussard au sens du mouvement littéraire des années 50 – 60 qui s'opposa aux existentialistes en général et à Sartre en particulier, en tant que l'incarnation de « l'intellectuel » ; puis , plus tard, au nouveau roman.
Caractérisé par un anticommunisme aussi primaire que courageux (à l'époque le PC était coté à 25 % des suffrages dans tous les scrutins) et par le refus des modes, les hussards présentaient également un certain goût pour les causes perdues comme l'Algérie Française…
Notons les piliers du mouvement et compagnons d'infamie d'Antoine Blondin : Roger Nimier, Jacques Laurent (Académicien) et Michel Déon (Académicien)…
Mais revenons à « L'Europe buissonnière ». Premier opus, première récompense avec le Prix des Deux Magots en 1949 ; et la notoriété qui va avec. de retour du STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne, Antoine Blondin s'appuie pour ce roman, sur cette période éprouvante de sa vie, néanmoins riche en événements. Ne dit-il pas que « L'Europe buissonnière » contient au moins dix sujets de roman à peine esquissés ?
Dédié à Julien Guernec(« sans qui je ne l'aurais jamais commencé ») et à Michel Déon (« sans qui je ne l'aurais jamais terminé ») Ce livre est composé de deux grandes parties bâties autour des deux personnages principaux, espèces d'anti-héros : Muguet et Superniel.
Muguet est au coeur d'une aventure burlesque, presque carnavalesque. Il traverse la guerre avec l' « aisance insouciante » d'un « déserteur léger ». Superniel, sympathisant de la Révolution nationale, c'est probablement Antoine Blondin lui même, de ses études en philosophie à la Sorbonne jusqu'au STO.
« L'Europe buissonnière » est un livre profondément romanesque, à la manière de Marcel Aymé ou de Jean Giraudoux, picaresque même. Avec son habituelle prise de distance à l'égard des émotions, Antoine Blondin nous livre ici une vision impertinente et parfois irrévérencieuse de l'Histoire. Il alterne malicieusement le sentimental, le réaliste, le satirique, le burlesque avec ce ton qui n'appartient qu'à lui.
« L'Europe buissonnière », n'est pas le plus connu des romans d'Antoine Blondin tant l'ombre portée par « Un singe en hiver » est dense. Dommage.


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Antoine Blondin fait partie de « cette génération qui eût vingt ans (ou un peu plus) en 1945 pour la fin du monde civilisé » (Roger Nimier). Mort il y a 20 ans, le 7 juin 1991...
Lien : http://www.denecessitevertu...
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