Tito est mort

LE MERISIER ET LES SENTIMENTS ANCIENS ================================================

Comme je n'ai pas trouvé ce livre dans la bibliothèque virtuelle de Babelio et que j'e l'ai lu dans une autre langue que la version française, il m'est impossible de donner un n° ISBN, d'où mon petit tour de magie.

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Lauréate du Prix de littérature de l'Union Européenne en 2013, Marica Bodrožić est une croate, née en 1973 à Cista Provo sur la côte dalmatienne près de Split. Lorsqu'elle avait 10 ans elle déménagea à Hesse en Allemagne et commença très jeune à écrire, en Allemand, sa 2ème langue maternelle comme elle a coutume de dire. Par la suite, elle s'est montrée vite un touche-à-tout. À côté de ses romans, elle a écrit de nombreux essais, entre autres sur ses compatriotes Dubravka Ugresic et Joseph Brodsky. Elle est aussi traductrice littéraire d'ouvrages croates et anglais vers l'allemand et donne régulièrement des cours d'écriture créative. En 2007, elle a réalisé son premier film documentaire "Un voyage à travers ma Croatie".

Si on additionne son goût prononcé, dès bas âge, pour les belles-lettres à ses diplômes d'anthropologie culturelle, de psychanalyse et de philologie slave de l'université de Francfort, l'on est pratiquement sûr et certain de ne pas se tromper en essayant un de ses livres. le grand nombre de prix remportés, rien qu'en Allemagne, devraient enlever vos derniers doutes.

Malheureusement, comme indiqué plus haut, dans la bibliothèque de Babelio je n'ai trouvé qu'un seul ouvrage en français : "Tito est mort". En fait, un recueil de nouvelles, au centre desquelles se trouve une gamine qui observe, sans bien comprendre, les changements qui interviennent en ex-Yougoslavie après la disparition du garant de l'unité du pays, le maréchal Josip Broz Tito, en 1980. Notre Marica avait tout juste 7 ans.

Dans "Le Merisier et les sentiments anciens'' Marica Bodrožić met en scène la berlinoise Arjeta Filipo, qui, lors d'un déménagement, tombe sur une série de photos qui la ramène des années en arrière. Il y a des photos idylliques de la plage et la mer dans la péninsule d'Istrie, mais aussi de sa fuite de l'ex-Yougoslavie. Ces images permettent à l'auteure évidemment des flashbacks autobiographiques. Puis il y a les photos prises à Paris, qui lui rappellent d'y être, sans le vouloir, tombée amoureuse. Toutes ces photos constituent une rude épreuve pour sa mémoire. Et peut-elle vraiment se fier à cette mémoire ? Est-ce que cette mémoire, en d'autres termes, ne lui joue pas des tours ? Surtout qu'enfant, elle souffrait de pertes de mémoire, que le médecin de famille a qualifié de "petit mal" ? Ou sont ces 'vides' des traumatismes liés aux bombardements serbes ?

La réponse à ces questions forme la trame de cette histoire. Et une bonne partie de cette histoire est située à Paris, où Arjeta suit des cours, adore faire des achats aux Galleries Lafayette, qu'elle paie avec sa carte bleue du Crédit Lyonnais. Pour les lecteurs, du dépaysement certes, 'ma, non troppo'

La qualité de l'oeuvre réside surtout dans la très grande susceptibilité de Marica Bodrožić, qui se manifeste dans une langue très poétique. En Allemagne, où elle jouit d'une popularité considérable aussi bien auprès des critiques littéraires professionnels que le grand public, on admire avant tout la valeur de son lyrisme.
À part "Tito est mort" et "Le merisier et les sentiments anciens", elle a publié en Allemagne 8 autres ouvrages, il reste donc beaucoup de travail sur la planche des traducteurs français littéraires.

Plus d'une vingtaine de textes se succèdent dans ce recueil. Nouvelles, textes, contes ils ont un peu de tout mais ils ont surtout un ton, une couleur qui en font un ensemble assez particulier.

Magies, superstitions, croyances alternent dans ce monde où l'imaginaire est un code pour comprendre le présent. Les plantes, les animaux sont à part égales avec des hommes qui sont bien souvent ailleurs et des femmes qui triment. La vie n'est pas facile dans ce milieu rural qui vit cahin-caha de ce que la terre donne. La guerre est présente, évoquée discrètement mais néanmoins là. le décalage entre la vie autour de ces paysans et la vie qui se déroulent ailleurs, la tendresse de l'auteur pour ces gens, les envolées poétiques sont à découvrir par petites touches, inutile de les lire les unes derrière les autres , on pourrait y perdre l'odeur du fenouil, la couleur des roses et le mystère des serpents...
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Un recueil de nouvelles parfois sombres, mais toujours pleines de poésie, un grand contraste entre une nature accueillante (sauf les serpents...) et des hommes et des femmes parfois à l'esprit fermé, rétrograde... Une découverte que je ne regrette pas!
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