AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782919285259
106 pages
Antidata (20/11/2019)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Arlette saute de train en train sur les lignes ferroviaires qui desservent encore le centre de la France, région dont elle connaît toutes les petites villes, leurs gares, leurs hôtels et les patrons des PME qui l’ont employée.

À la recherche de Juju, son amoureux fugueur, elle voyage à l'aventure, entre réalité et souvenirs ; une quête ardente et fantaisiste, concrète et vaporeuse, qui la conduira jusqu’au Monico.
Que lire après Le MonicoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'arrive sur le quai de la gare, essoufflé, tout en sueur de désir et du grand amour qui m'attend probablement de l'autre côté de la voie, à l'autre bout de la ligne du train bleu. le soleil commence à se lever. Personne sur le quai. A croire que les cheminots sont en grève. Juste une femme, sublime avec son prénom à l'odeur de poussière et d'atmosphère, Arlette. Brune et grande, le genre à porter du Simone Pérèle taille 100 bonnet D, l'espoir dans son sourire. Elle me raconte autour d'un café brûlant sorti d'un thermos sa vie sa passion pour les trains, et surtout ces petites gares qui égrainent le passage dans une certaine France, loin des grandes agglomérations où les gens s'agglutinent sur les quais. Là, je respire le silence en même temps que cet air frais qui brûle un peu les poumons et ce parfum de jasmin qui s'évapore de son corps.

Arlette navigue de trains en trains, de gares en gares, de bars PMU en bars PMU. Elle les connait tous, les fréquentent tous à une haute fréquence, carte grand voyageur à la recherche de son Juju. Elle me raconte ses souvenirs, ses anecdotes, ses rencontres. Elle me parle de ce numéro de téléphone graffité sur la porte des toilettes avec son message alléchant « Gros Zob au 06 11 36 xx xx ». Bien sûr, elle a appelé. Elle me parle longuement de René-Georges, ce type secrètement amoureux d'elle, grande gueule et chemise ouverte, odeur de sueur et de naphtaline, représentant de la France profonde et de l'anisette.

Entre deux gares, parce que c'est forcément un livre à lire dans un train, je découvre une autre facette du conteur Eric Bohème, facétieux qui m'a entraîné loin de sa « Zone 4 », sans le confort de la première classe, loin de sa Cote d'Ivoire, entre Lamure-sur-Azergues et Vierzon. Une pointe d'humour, une pointe de cynisme, un cocktail mélancolie-nostalgie qui n'a rien à envier au Dry Martini, même si je préfère un verre d'anisette, comme Annie aime les sucettes à l'anis. Chacun son truc, chacun sa gare. D'ailleurs le train entre en gare. Personne sur le quai. le soleil a disparu, la lune bleue n'est pas réapparue. Je reprends le train, sens inverse, train de nuit, putain de vie, me dirigeant dans le noir vers d'autres chroniques ferroviaires.
Commenter  J’apprécie          320
Déjanté ! c'est ainsi que je qualifierais ce petit récit de moins de 100 pages si on déduit les illustrations.
Tout d'abord je tiens à remercier les éditions Antidata et Babelio qui m'ont envoyé ce livre dans le cadre de la « masse critique ».
C'est difficile de faire une critique sur un livre qui, à mon sens, est un recueil d'anecdotes mais pas un roman. Je l'ai lu deux fois pour essayer de trouver quoi écrire sur le texte.
Arlette, « l'héroïne du récit » vit multiples péripéties sur les voies ferrées du centre de la France autour de Vierzon. Elle aime voyager par le train, ça ne fait pas l'ombre d'un doute, elle connaît toutes les lignes de traverses, toutes les gares, tous les hôtels et bars PMU environnants. Son langage n'est pas recherché, ses mots sont parfois un peu « crus ».
Elle attend en permanence un SMS de Julu, son amoureux, victime d'une séquestration et qui est interné dans un établissement psychiatrique.
Elle énumère pêle-mêle les petits potins, ses rencontres (dont celle, un peu plus détaillée avec René-Georges), la vie de ses parents, sa vie de tous jours. le récit manque d'ordre, j'avais l'impression de lire un brouillon avec des idées lancées au fur et à mesure des idées de l'auteur.
On passe du passé au présent sans grande transition, des anciens aux nouveaux trains et les arrêts et les lignes que l'on supprime.
Elle arrive enfin au Monico………….
L'écriture est directe, pas de grande recherche, quoique des mots de vocabulaire peu usités soient employés….
Bref, je viens d'aller voir les autres critiques et je trouve la mienne « bien plate », mais je n'ai pas grand-chose à ajouter. Je n'ai pas été emballée par ce récit (la quatrième de couverture était plus prometteuse).
Les illustrations quant à elles sont amusantes.
Commenter  J’apprécie          190
Comme on l'aime le Monico ! Voici des échappées pétillantes qui enlacent le même rythme. Sans erreurs d'aiguillage, l'envolée prétend aux sourires, aux clins d'oeil. Aux jeux savoureux d'une subtilité hors pair. Arlette est une jeune femme, narratrice de cette trame et l'on peut dire aussi : rame, voie de gare, humoristique et tendre comme du bon pain. Mais, attention ! ici règne l'atmosphère relevée, agréable d'une teneur cartographique aérienne. Arlette est en voyage, pas n'importe lequel. Elle est partie en quête de Juju, l'homme de sa vie, son amoureux, en direction de Saincaize. Telles des poupées gigognes, ces morceaux d'architecture s'emboîtent frénétiquement. Cette délicieuse constance est une torpeur en attitude souveraine. A l'aise, bien en assise dans ce train des plus paraboliques la lecture est une ode de tendresse et d'attention envers les images de la vie d'antan et de ce jour. « Assise à l'avant du premier wagon je suis accompagnée par des colombes qui font les malines en montrant qu'elles vont plus vite que le train ne roule. » Juju n'est pas seulement l'amoureux. Mais un otage de guerre qui n'a jamais pu atteindre Khartoum la capitale du Soudan. On a parfois la gorge serrée dans cette lecture où l'émotion est vive et fusionne d'emblée avec les paysages traversés aux couleurs sentimentales et existentialistes. Arlette n'est pas seule dans le train. Elle est en périple avec Robert qu'on imagine un adulte riche de savoirs et de réponses subites et justes. C'est le dictionnaire parabolique, le plan des routes et des destins. Ce trésor littéraire est salvateur. Les gares traversées en haute contemporanéité s'imprègnent d'un habitus révolu, celui d'avant. La nostalgie n'est pas triste, seulement consolante. Va-t-elle retrouver Juju ? « Dans le désert j'ai été seul avec mes geôliers durant neuf cent trente-six jours. » Dans le Monico emblématique règne le summum qui ne fait pas vibrer les trains et n'incitent jamais à un arrêt sur image. Au contraire, s'élève ce que Eric Bohème modèle de plus majestueux, de plus durable, de plus sincère. Retrouver Juju, aller au bout de ses ressources, et s'accorder cette part de chance, de fusion avec un voyage des plus initiatiques et paysagés riches d'intériorité révélée. « le Monico » est un lieu de retrouvailles, je ne dirai pas les gares visitées avant de trouver ce port d'attache. Lisez ce rayonnant, ce baume au coeur. Un récit qui fait du bien. Publié par Les majeures Editions Antidata .
Commenter  J’apprécie          20
Le Monico, tout un mystère.

Le Monico, écrit par Éric Bohème raconte l'histoire d'Arlette, et notamment ses nombreuses aventures dans les différentes gares de France, pleine de folie et de nouvelles rencontres. Nous remarquons directement l'amour que l'autre porte aux gares, "Si cela ne dépendait que de moi, je passerai toute ma vie dans les gares." nous dit-il dans la préface de son livre. En effet cet amour en devient même une obsession car elle envahi chaque chapitre du récit, en commençant par les noms des chapitres qui sont tous dans noms de gares " Bois-d ‘Oingt-Légny", "Lamure-sur-Azergues », "La clayette-Beaudemont" ou encore "Albigny-Neuville". Et les nombreux moments que notre personnage principal passe dedans.
Ce texte n'a que très riche de dialogue, nous n'avons en générale que la vision d'Arlette qui est la narratrice. le texte est écrit d'un langage actuel mais soutenu mais est décalé par l'emploi de mots famillé « vachement chouette » , « truman pédé » ou encore « gros zob ».
La vie d'Arlette est assez complexe, en effet son petit ami, juju est interné en un centre psychiatrique. Leur passé reste assez flou, étant mentionné que quelque fois dans le livre et jamais expliqué, chose qui m'assez troublée.
J'ai trouvé tout de même ce livre très intéressant et abordant des thèmes originaux, l'aventure de gare en gare et les rencontre qu'elle y fait, une en particulier, via un graffiti dans les toilettes du train mais je vous laisse le découvrir de vous-même…
Enfant comme adulte je pense que ce livre vous plaira..
Commenter  J’apprécie          10
Je me suis lancée dans cette lecture en ne sachant qu'une chose: le voyage en train serait présent. Je ne savais pas trop quoi attendre de ce roman et j'ai été agréablement surprise. Eric Bohème a une jolie plume. L'idée de ce voyage dont on ne sait pas trop où il va nous mener en début de roman prend peu à peu forme pour nous offrir une belle fin. L'auteur fait beaucoup de référence à des trains anciens en les nommant précisément, ce qui ajoute du charme à l'histoire. Je recommande ce voyage à tous ceux qui ont besoin de s'évader un peu.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C'est grâce à Phil que j'avais retrouvé Juju, après son échappée. À l'époque, j'étais venue partager avec lui l'émotion qu'elle m'avait causée, et il m'avait emmenée au café Molette, au milieu de vieux ivrognes assommés à l'anisette, qui se racontaient des histoires encore plus vieilles qu'eux. On s'était assis autour d'une table en formica rouge sur des sièges qui crissent quand on les bouge, et on avait bu un alcool qu'on ne trouve plus que dans ce café : un Mandarin Curaçao. J'imagine que même René-Georges ne doit pas connaître le goût de cette "liqueur digestive" qu'on sirote ici précautionneusement, le gargotier gérant au plus juste la fin de son stock de cet alcool disparu des rayons depuis belle lurette.
Après avoir épuisé la bouteille, on s'était mis à parler de tout et de rien avec le patron, appelé le Rouff allez savoir pourquoi. Nous étions ses derniers clients, à l'exception d'un schnock assis face à une "mousse" qu'il renouvelait chaque demi-heure avec la régularité d'un métronome.
Commenter  J’apprécie          95
René-Georges avait calmé son style "neuf semaines et demie" et opté pour une approche plus classique : il me faisait livrer des fleurs, m'offrait des chocolats de Bernard Duproux, m'adressait des cartes postales illustrées des différentes villes qu'il traversait, mentionnant sur chacune le nombre de cartons de Noilly Prat qu'il avait réussi à vendre.
Sur la dernière, il avait écrit : "Tu es avec moi, ma nuit s'étoile, tu es sans moi, ma nuit s'étiole." Ce n'était pas encore du Lamartine, comme aurait dit M. Rouvestre, mon professeur de français en première qui animait aussi la troupe de théâtre amateur du lycée. Mais pour un représentant en anisette, c'était pas mal quand même ; ça autorisait que René-Georges s'essaie à me voler un baiser.
Commenter  J’apprécie          127
Moi au contraire, je suis émerveillée par les nouveaux trains régionaux, qui circulent sur les lignes des provinces reculées : ils sont vraiment superbes, de nuit surtout. Une fois, rien que pour me faire plaisir, je m’étais offert un Saint-Pierre-le-Moûtier/Saint-Germain-des-Fossés nocturne, aller-retour non-stop. Les lumières étant tamisées, le paysage filait en s’estompant dans la pénombre alors que les fougères devenaient fluorescentes. J’avais mis un tailleur pour l’occasion et le contrôleur m’avait demandé mon billet bien poliment. Me trouvant seule dans le wagon, je sentais bien qu’il aurait aimé entamer un dialogue. Mais c’était un jeune, un tendron ; il n’avait pas osé.
J’aurais bien bu un Dry Martini ou un Negroni, mais bon la SNCF n’a pas encore prévu de bar lounge dans ses trains régionaux. Le Dry Martini est meilleur servi avec du Noilly Prat qu’avec du Martini, c’est René-Georges qui me l’a appris. René-Georges met tellement de conviction dans tout ce qu’il affirme que cela paraissait crédible, même s’il était à l’époque chef de zone chez Noilly Prat.
Commenter  J’apprécie          80
René-Georges, je l'avais rencontré au Chiquito le bar-tabac jeux situé en face de la gare de Bois-d'Oingt-Légny. Il était en train de faire l'article à Albert, le patron, lorsqu'il m'avait repérée. Il avait vachement reluqué ma poitrine.
Commenter  J’apprécie          120
René-Georges m’avait invitée à dîner dans cette bourgade, à l’Oliveraie. Il avait voulu bien faire : bon hôtel, un Logis de France « deux cheminées », dont la table est renommée, m’avait-il annoncé tout de go.
« Tu prends ce que tu veux, bien sûr. »
René-Georges indiquait toujours « ce que l’on pouvait prendre », en fonction de ce que la Sécurité sociale acceptait en guise de défraiement ou du montant qu’il pouvait passer en note de frais. Ce soir-là, pas de limite ? Cette munificence soudaine cachait quelque chose.
René-Georges s’avérant incapable de garder un secret plus de dix secondes, dès l’apéritif « deux coupettes, s’il vous plaît ! » j’avais appris la grande nouvelle : il venait de quitter Noilly-Prat pour prendre une direction régionale des ventes chez Pantène. Il allait diriger huit vendeurs-représentants-placiers et disposerait d’une voiture de fonction qu’il pourrait choisir parmi trois modèles : la Volkswagen Passat, la Laguna Renault ou la C5 Citroën. Il penchait pour la C5.
Je lui avais dit que je trouvais son choix opportun, car mon oncle Gilbert, quand il était représentant pour Masurel, sillonnait déjà la France en DS. Ma remarque ne fit pas plaisir à René-Georges ; il devait se demander si elle ne contenait pas une dosette de mon ironie sous-jacente, dont il se méfie si fort.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : trainsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}