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sur 658 notes
Je me répète mais je ne suis pas une grande adoratrice des nouvelles et ce n'est pas Jorge Luis Borges qui me réconcilie avec le genre.

Je n'ai pas apprécié ma lecture, je serai donc très brève, aussi brève que les nouvelles de ce recueil, la palme revenant à la dernière - qui lui donne son nom- , "Le livre de sable", qui ne dépasse pas six pages. Six pages n'offrent pas, de mon point de vue, de terrain propice aux développements d'un récit, à peine est-ce une trame narrative ; il y manque l'intensité ; on ne peut s'attacher à rien en six pages, ni au(x) personnage(s), ni aux événements. Fait d'autant plus frustrant quand on sent qu'il y a matière à donner plus. Mr Borges serait-il avare de son talent ?

Aucune des nouvelles de ce recueil n'aura trouvé grâce à mes yeux, elles m'ont toutes soit égarée, soit ennuyée. Pourtant, le petit air de mystère et de fantaisie qui plane sur elles était prometteur... Tant pis, je secoue le sable de mes sandales et je passe mon chemin.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge AUTOUR DU MONDE
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Jorge Luis BORGES, écrivain et poète argentin, a traversé le XXème siècle en laissant derrière lui une oeuvre d'un immense intérêt pour tout amateur de littératures de l'imaginaire, dont il était un fin connaisseur. Il a par exemple préfacé Ray BRADBURY et Olaf STAPLEDON, écrit sur Herbert George WELLS, publié des essais sur des thématiques proches de celles largement exploitées par la Science Fiction, écrit lui-même des récits fantastiques, certains en hommage à LOVECRAFT, sans oublier la prestigieuse Bibliothèque de Babel, qu'il créa, et dont il préfaça tous les volumes. Il n'est donc pas surprenant que BORGES ait écrit que « La littérature n'est qu'une branche de la littérature fantastique. »
Le livre de sable est une des oeuvres de Jorge Luis BORGES qui illustre parfaitement ce propos. Il s'agit d'un recueil de treize nouvelles représentatives de son style élégant et de ses thématiques de prédilection, développées de la manière la plus subtile qui soit.
1 - L'Autre (El Otro)
BORGES, septuagénaire, raconte une rencontre qu'il fait avec lui-même, jeune homme.
2 - Ulrica (Ulrica)
Une rencontre amoureuse aux résonances littéraires et mythologiques.
3 - le Congrès (El Congreso)
Une poignée d'hommes a l'ambitieux projet de synthétiser le genre humain par l'intermédiaire d'une société secrète.
4 - There are more things (There are more things)
Une nouvelle en hommage et à la manière de LOVECRAFT.
5 - La Secte des Trente (La Secta des los Treinta)
La description d'une hérésie antique telle qu'elle aurait pu se produire au moment du déclin de l'Empire romain.
6 - La Nuit des dons (La noche de los dones)
Le récit d'une nuit initiatique pendant laquelle un adolescent découvre les maisons closes et profite d'une leçon d'histoire de l'Argentine.
7 - le Miroir et le masque (El espejo y la mascara)
Un poète scandinave doit créer le poème ultime pour son roi. Il réussit après trois tentatives, ce qui provoque de terribles conséquences.
8 - Undr (Undr)
Dans un pays nordique, un poète est en quête de la poésie ultime, celle qui ne compte qu'un seul mot.
9 - Utopie d'un homme qui est fatigué (Utopia de un hombre que esta cansado)
Un voyageur égaré dans la pampa fait un bref séjour dans un futur lointain, quand l'humanité a dompté la sagesse.
10 - le Stratagème (El soborno)
Pour obtenir une promotion, un professeur de l'Université du Texas ne trouve rien de mieux que d'attaquer son supérieur hiérarchique par voie de presse.
11 - Avelino Arredondo (Avelino Arredondo)
Un jeune homme se coupe du monde pour que son plan d'assassinat politique atteigne la perfection.
12 - le Disque (El disco)
Un pauvre homme croise un roi déchu qui lui montre son trésor : un disque à une seule face…
13 - le Livre de sable (El libro de arena)
Un homme fait l'acquisition d'une Bible, un livre dont le nombre de pages est exactement infini et qui contient donc tous les livres.
On a ainsi une palette représentative des thématiques développées par BORGES dans son oeuvre : des rencontres singulières, souvent improbables, des objets symboliques à foison, l'infini versus l'unicité, l'opposition des espaces-temps, sans oublier l'hommage déclaré à LOVECRAFT dont il s'est souvent inspiré. Ces sujets sont exploités à l'aide d'une prose qui allie érudition et simplicité. Car à l'image de ses poètes qui recherchent la poésie ultime, celle qui ne comporte qu'un seul mot, Jorge Luis BORGES fait des économies de moyens, semble sans cesse en quête du mot juste, et ce pour exprimer des idées extrêmement profondes. C'est bien pourquoi il est un auteur majeur du XXème siècle et une source d'inspiration pour bien des auteurs spécialisés dans l'imaginaire.
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Il me semblait que ce recueil de nouvelles pouvait être un bon moyen pour entrer dans l'univers de Jorge Luis Bores.
Une dose de fantastique dans chacune de ces nouvelles, ce qui fait penser à Gabriel Garcia Marques.

Ses 13 nouvelles tournent toutes autour des mêmes thèmes : la vieillesse, la mémoire, la fuite du temps, les réflexions philosophiques et/ou théologiques. Et puis le mot, le verbe, la parole.

Présentées comme des souvenirs ou des contes, elles sont autant de métaphores, pas toujours d'une grande limpidité pour qui n'est pas familier de l'oeuvre de l'auteur. Les références à la mythologie nordique y sont nombreuses.

J'ai été peu sensible au propos de l'auteur, probablement parce que je n'ai pas toutes les références nécessaires à saisir le sens de sa pensée. Peut-être aussi parce qu'elles sont très courtes, ne laissant pas le temps de rentrer dans le récit, lequel s'arrête souvent assez brutalement. Si je ne devais retenir qu'une nouvelle ce serait « le miroir et le masque » (métaphore de la vanité, de la suffisance ?).

Pas certaine d'avoir envie d'en découvrir plus sur cet auteur devenu classique.
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Comme beaucoup, je suis plus familier de Fictions – souvent relu - que du Livre de sable. Dans ce recueil tardif (1975), Borges montre moins de génie que dans Fictions (1956) mais fait preuve d'une maîtrise incomparable de la forme. On n'y trouve pas la logique perverse de la Loterie à Babylone, le vertige savant de la Bibliothèque d'Alexandrie ou la noirceur de Sud. En revanche son art du paradoxe et de la concision est achevé. Borges rédige onze de ses treize nouvelles à la première personne alors que les âges, les caractères, les lieux et les époques sont aussi divers qu'arbitraires. Il joue la précision d'un style froid, détaché et objectif quand il se moque de la vraisemblance. Et on le suit parce que chaque phrase est enrichie d'une idée, dans une perpétuelle fuite en avant.

On y trouve, principalement dans le congrès, le plus longue de ces nouvelles, le prodigieux mélange Borgien. L'accumulation monstrueuse des livres et leur destruction (p 52) ; les impressions brèves et impeccables (« Les enclos étaient empierrés ; le bétail nombreux, maigre et bien encorné ; les queues tourbillonnantes des chevaux touchaient le sol. Pour la première fois je connus la saveur qu'à la viande d'une bête fraichement abattue », p 42) ; les détails autobiographiques marqués d'ironie (« Un homme de lettres qui s'est consacré à l'étude des langues anciennes, comme si les modernes n'étaient pas suffisamment rudimentaires », p 28) ; le souvenir marqué de duplicité (« J'ai encore à la mémoire les deux aspects du domaine : celui que j'avais imaginé et celui que mes yeux contemplèrent enfin », p 41, « Les années passent, et j'ai si souvent raconté cette histoire que je ne sais plus très bien si c'est d'elle que je me souviens ou seulement des paroles avec lesquelles je la raconte », p 84) ; sans oublier la méchanceté « Il tirait vanité de choses diverses : du fait d'être uruguayen, d'être créole, d'attirer toutes les femmes , de s'habiller chez un tailleur très cher et, je ne saurai jamais pourquoi, d'être d'origine basque, alors que cette race en marge de l'histoire n'a jamais rien fait d'autre que de traire les vaches » p 38) ; et enfin la cruauté religieuse (« J'appris que depuis la fin de la dernière guerre, ce roi voyait d'un mauvais oeil les étrangers et qu'il avait l'habitude de les crucifier. Pour éviter un pareil sort, qui convient moins à un homme qu'à un Dieu, j'entrepris d'écrire une drapa, ou dithyrambe qui célébrait les victoires, la renommée et la magnanimité du roi », p 95).

Un Borges chimiquement pur.
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Merveilleux recueil de... "petits contes fantastiques", oserais-je dire, qui nous ramènent à la magie pure des "Ficciones" ("Fictions") : cette première nouvelle où le narrateur rencontre son double plus jeune sur un banc est fascinante ; quant à la nouvelle "lovecraftienne" (jusque dans son titre), loin d'être ironique et "second degré", elle est un très bel hommage au monde fort "tracassé" (*) de l'auteur natif de Providence... Et je repense aux mots affectueux de Julien Gracq : "Jules Verne, mon Primitif à moi..." : Borges avait donc cette même qualité de respect envers les fictions dites "mineures" de Howard-Philip Lovecraft (l'auteur de notre adolescence) ...

Bref, tout est d'une si grande perfection (artistique, éthique, ...) !

Borges fut un GRAND auteur de fantastique - comme Matheson, il réhabilita ce genre littéraire depuis toujours si déprécié, ou simplement sous-évalué...

Je voudrais aujourd'hui que tant d'auteurs - de par le monde - prennent le risque d'écrire aussi lentement (poétiquement ?) et aussi "sûrement" que lui...

Allons, et que vive la prose poétique !

(*) qualificatif employé dans notre Sud-Ouest ariégeois pour parler d'une personne un peu étrange...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Borges est un auteur de nouvelles argentin, qui nous livre ici un recueil de treize nouvelles fantastiques, qui donnent à réfléchir. Leur lecture n'est pas aisée, leur compréhension encore moins, mais les messages que l'on pense interpréter sont remplis de bons sens et de réflexion. Je développerais ici seulement les quelques nouvelles qui m'ont le plus plût et qui délivrent les messages les plus forts.

La nouvelle qui ouvre ce récit est L'autre, dans laquelle l'auteur se met en scène sous la forme de deux personnages distincts, mais de même identité, qui se rencontrent dans deux temporalités différentes, à deux endroits différents. Ces deux personnes identiques servent de miroir, pour penser la rencontre de soi. Une nouvelle qui confond réalité (avec l'aspect autobiographique) et fiction (le fantastique de la rencontre), pour nous amener à aller à notre propre rencontre, à descendre au plus profond de soi pour apprendre à se connaître davantage. Une pratique qui rappelle clairement la descente de Thesée dans le labyrinthe pour aller à la rencontre du Minotaure. En descendant à la rencontre du Minotaure, Thesée va affronter une part de lui-même. La thématique du labyrinthe est d'ailleurs omniprésente dans les oeuvres de Borges (notamment dans son recueil Aleph, dans lequel le labyrinthe fait parti du titre). Une nouvelle à mettre en parallèle avec Utopie d'un homme fatigué, dans laquelle un homme de notre temps rencontre un homme du futur. Borges nous invite donc à faire l'expérience du questionnement de soi et du monde.

There are more things est sans doute la nouvelle de Borges que j'ai préféré. Son contenu est extrêmement dense, et nous donne à réfléchir sur de nombreuses choses. C'est sans équivoque une nouvelle fantastique, puisque l'auteur pose un cadre réaliste au récit (une maison tout ce qu'il y a de plus banal) tout en y incorporant des indices qui s'ancrent dans l'esprit du lecteur et qui doivent lui permettre de croire plus facilement au basculement vers le fantastique. le nouveau propriétaire de cette maison ne se montre pas, il a des horaires de travail étranges, on retrouve un cadavre de chien devant chez lui… tant d'éléments qui doivent monter en intensité pour nous faire croire que cette personne est en vérité un monstre. le plus fort, c'est que jamais rien n'est explicité, tout est suggéré. Ce « monstre » n'est jamais montré, pourtant tout le monde pense que c'est un monstre ; alors que c'est purement fantaisiste de croire que cela puisse exister dans un monde aussi réaliste que cela. C'est là toute la magie de l'écriture borgesienne, qui arrive à nous conduire vers des ailleurs insoupçonnés.

La nouvelle La nuit des dons se présente sous un récit simple, mais est beaucoup plus danse qu'il n'y paraît, puisque l'auteur nous invite à nous questionner sur le pouvoir de la parole narrative. Dans ce récit, on a une histoire qui est raconté à travers une autre histoire, on a donc un enchâssement des récits, qui va perturber les identités et brouiller l'esprit du lecteur. Qui parle réellement ? Quand ? On se perd dans l'immensité spatio-temporelle de la nouvelle, on ne sait plus si l'histoire contée est réelle, fantastique ou onirique. Cette nouvelle tend à nous faire prendre conscience que le langage a un potentiel créatif et qu'il peut aisément modifier la réalité, au profit de récits fantasques.

La nouvelle qui clôt ce recueil et lui donne son titre, le livre de sable, est sans doute l'une des nouvelles les plus complexes à appréhender du récit. Un homme reçoit un étrange livre, qui s'avère être un livre magique, puisqu'il ne contient ni début ni fin et est donc infini. Ce livre infini contient en réalité tous les livres du monde ; et comme le nombre de livres existant est énorme, il ne peut tous les contenir et les représenter et devient donc infini. L'homme n'a donc jamais accès à la totalité du monde et la représentation de ce monde est donc un échec. de plus, il me semble cette oeuvre, placée en dernière position du recueil, n'a pas été placée ici par hasard. En effet, on pourrait supposer que le livre de sable est une oeuvre testamentaire, qui fait prendre conscience que la vie n'est qu'éternelles recommencements, et que tout homme n'est que grain de sable dans cette grande humanité.

Ce qui intéresse donc pleinement Borges, c'est cette quête de soi, qui fait que l'on va aller à sa propre rencontre, à sa propre découverte, via le passage obligé du labyrinthe, tellement dépeint dans les oeuvres de l'auteur. le voyage confronte le personnage et le lecteur à lui-même : ses peurs, ses doutes, ses incertitudes. La lecture devient donc un voyage, dans lequel le lecteur se retrouve piéger et doit errer à la recherche de la quête de sens. C'est remarquablement écrit, et si bien pensé. Borges était un génie.

Entre réalisme et fantastique, réel et irréel, laissez-vous porter dans l'univers labyrinthique de Borges. Questionnements philosophiques assurés !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Ce livre est une court recueil de courtes nouvelles, la plupart, si pas toutes, ayant un caractère fantastique, plus ou moins marqué, souvent en subtilité, entre le réel et l'irréel, mais pas assez marquant.
Une bonne lecture de poche pour les jours où on n'a que quelques minutes devant soi.
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Ce recueil de treize nouvelles regroupe des textes courts, fantastiques, étranges, autobiographiques, avec des références aux auteurs prestigieux que furent Edgar Allen Poe, Lovecraft, Stevenson.
Je ne suis guère entrée dans la plupart de ces récits, dont certains n'apportent aucun dénouement, laissant le lecteur à son questionnement. J'ai été plus sensible au « Stratagème », un rien diabolique. L'écriture ne m'enchante pas, les sujets auraient pu me plaire étant assez fan de fantastique mais abordés d'une façon qui ne m'a pas convenu, trop rapide, trop peu évocatoire. Une poésie qui se veut en un mot, une économie de moyen dans l'écriture qui frise la sécheresse.
Peut-être pas la bonne lecture au bon moment, ce livre de sable ne me laissera sans doute pas beaucoup de souvenirs.
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Treize nouvelles composent « le livre de sable », un recueil de 1975 traduit en français en 1978.
Les récits, même sur des thèmes très classiques, se déploient avec Borges comme les ailes d'un animal mythique jamais contemplé jusqu'alors, avec le croisement de lieux et d'histoires des continents américains et européens - ici souvent scandinaves ou irlandaises – motifs des questions fondamentales du temps, du fini et de l'infini, de la mort et de l'immortalité, de la réalité et du rêve.

Première nouvelle de ce recueil, « L'autre » est ainsi un récit sur le thème classique du double. Borges, âgé de soixante-dix ans, rencontre son double, un alter ego plus jeune que lui car il a à peine vingt ans, sur un banc au bord d'un fleuve qui s'écoule comme le temps.

La magie opère dans « There are more things », lorsque l'orfèvre Borges nous abandonne au final, suspendus dans l'angoisse. Un homme, poussé par la curiosité, entre dans l'ancienne maison de son oncle, La Maison Rouge, rachetée par un personnage étrange, et maintenant entourée d'une aura de peur et de mystère.
« Mes pieds touchaient l'avant-dernier barreau de l'échelle quand j'entendis que montait par la rampe quelque chose de pesant, de lent et de multiple. La curiosité l'emporta sur la peur et je ne fermai pas les yeux. »

Dans « La nuit des dons », un groupe parle de la question de l'ignorance et de la connaissance ; un vieil homme prend alors la parole et conte l'histoire d'une nuit, en avril 1874, alors qu'il allait avoir treize ans. Un des péons, un garçon plus âgé, l'initie alors aux choses de la campagne. Ce soir-là, il l'emmène avec lui pour se distraire au village. Là, une femme, appelée La Captive, raconte l'histoire de l'attaque des Indiens.
« On aurait dit que tout le désert s'était mis à marcher. A travers les barreaux de fer de la grille nous avons vu le nuage de poussière avant de voir les Indiens. Ils venaient nous attaquer. »

Dans « le miroir et le masque », le roi demande à son poète de composer une oeuvre à sa gloire qui le rendra immortel.
« du temps de ma jeunesse, dit le Roi, j'ai navigué vers le Ponant. Dans une île, j'ai vu des lévriers d'argent qui mettaient à mort des sangliers d'or. Dans une autre, nous nous sommes nourris du seul parfum des pommes enchantées. Dans une autre, j'ai vu des murailles de feu. Dans la plus lointaine de toutes un fleuve passant sous des voûtes traversait le ciel et ses eaux étaient sillonnées de poissons et de bateaux. Ce sont là des choses merveilleuses, mais on ne peut les comparer à ton poème, qui en quelque sorte les contient toutes. Quel sortilège te l'inspira ? »

Souvent, Borges nous donne la sensation profonde et diffuse de toucher à la profondeur essentielle de l'existence et du questionnement de l'homme, comme dans UNDR, l'histoire d'un homme à la recherche d'hommes dont la poésie séculaire se réduit à un seul mot.
« Je suis de la race des Skalds - dès que j'ai su que la poésie des Urniens se réduisait à un seul mot je me suis mis à leur recherche et j'ai suivi la route qui devait me mener jusqu'à leur pays. Non sans peine et fatigue, j'y suis parvenu au bout d'une année. Il faisait nuit ; je remarquai que les hommes que je croisais en chemin me regardaient de façon étrange et certains me lancèrent même des pierres. J'aperçus le flamboiement d'une forge et entrai. »

Borges est un magicien. Son texte coule comme un fleuve de sable et laisse au fil des années une trace, un pli en nous, même sans souvenir précis des mots et des idées qui en forment le courant.
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Après avoir lu Fictions fin 2022, j'ai souhaité relire le Livre de sable, que j'avais lu il y a une quinzaine d'années environ. Celui-ci a été écrit bien après Fictions et il est permis de penser que Borges, au sommet de son art, livre ici des nouvelles encore plus concises, éludant l'évidence pour aller à l'essentiel, convoquant le malaise ou le fantastique en quelques lignes. C'est probablement le cas, mais paradoxalement, cela m'a rendu ces nouvelles moins savoureuses, comme lorsqu'un cuisinier, épurant au maximum son bouillon du gras de la volaille, supprime du même geste le liant et la source de la saveur. J'ai donc préféré les nouvelles de Fictions, ce qui naturellement n'ôte rien à celles-ci, qui restent typiques du style de Borges, et de très grande qualité. Ma préférence est allée à Ulrica, le Stratagème, Utopie d'un homme qui est fatigué et bien sûr le Livre de sable.
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