La nouvelle génération d'écrivains innove beaucoup. On est maintenant loin des grands drames qui caractérisaient la littérature jeunesse des années 1990 et 2000. Exit les meneuses de claques méchantes, de jeune fille enceinte, d'adolescents angoissés par la vie. Non ! Les romans proposent désormais des personnages loin des stéréotypes, ils sont plus humains, presque ordinaires. Je dis presque, parce l'ordinaire ne fait pas plus partie de notre réalité. Dans «Le dernier qui sort éteint la lumière», on suit le jeune Arnold. C'est un garçon comme les autres, il n'a pas un destin exceptionnel ni troublé, rien ne le distingue, si ce n'est son talent pour le dessin. Et le fait que sa soeur jumelle et lui ont deux pères. Oui, oui, deux pères. Homosexuels. Pas de mère (ils ont bien une mère biologique, mais elle tient davantage le rôle d'une tante, d'une marraine bienveillante).
Comme je l'écrivais plus haut, pas de drame. Leur situation familiale n'est pas un problème, elle n'est pas abordée sous cet angle. Arnold et sa Alia (toujours ces noms inusités !) vivent bien le fait d'avoir deux pères homosexuels. Ce qui les intrigue, toutefois, c'est de savoir lequel des deux est leur père biologique. Et c'est ce que Julien et Édouard promettent de révéler, via des lettres, le jour du treizième anniversaire de leur progéniture. le jour approche.
L'auteur
Simon Boulerice crée des personnages auxquels on peut croire. Ils ont des qualités et des défauts, des aspirations, des questionnements, surtout, ils ressemblent à tant d'autres qu'on a déjà vus dans la vie de tous les jours. Et les situations qu'ils vivent, elles appartiennent à notre quotidien : la mornitude des soirs de semaines quand on a rien de mieux à faire que regarder la télé, les chamailleries entre frère et soeur, les trajets en autobus pour se rendre à l'école, passer du temps avec les amis, etc. Que du vrai !
Aussi, à travers les lettres de Julien et Édouard, on découvre comment leur relation a commencé, quand et comment l'envie d'avoir des enfants leur est venue. Et aussi comment Arnold et Alia se voient dans tout cela. C'était émouvant.
Simon Boulerice réussit à rendre la paternité homosexuelle ordinaire. C'est un modèle d'une famille différente et d'inclusion. Beaucoup de jeunes qui liront ce roman se diront : « C'est correct. Je me visualise dans cette situation (enfin !) sans me sentir gêné ou ressentir la peur. » Ou bien, s'ils ne se sentent pas directement concernés, ils pourront mieux appuyer leurs amis qui vivent cette situation. Bravo !