Le Maître et Marguerite/
Mikhaïl Boulgakov
Hypotyposes et anamorphoses sataniques.
Cette histoire débute très fort sur le thème de l'existence ou de la non-existence historique de Jésus. Une rencontre entre Ponce Pilate et Jésus se produit très loin de la tradition évangélique. Puis une Passion de Christ revisitée fait suite à une conversation échevelée avec le diable, dans un style très hollywoodien. C'est le passage que j'ai préféré entre tous.
Et puis le personnage d'Ivan, le poète, n'accepte pas qu'on le prenne pour un fou : comment faire pour ne pas être considéré comme fou quand on est sain de corps et d'esprit ? Comment prouver que l'on est normal ?
Un enchaînement de péripéties plus burlesques les unes que les autres émaille ce récit abracadabrant plein d'humour :
« Certes l'homme est mortel, mais il n'y aurait encore là que demi-mal. le malheur, c'est que l'homme meurt parfois inopinément. Voilà le hic ! Et d'une manière générale, il est incapable de savoir ce qu'il fera le soir même. »
Quelques passage sont particulièrement savoureux : la séance de magie noire, moment fantastique désopilant ; la situation du théâtre « Variétés », instant inénarrable et cocasse de bouffonnerie.
Et puis les histoires étranges et les situations fantasques se succèdent , mais j'ai ressenti l'ennui après un début passionnant, malgré l'imagination incroyable et délirante dont fait preuve
Boulgakov. le récit s'enlise, décousu et complexe, schizophrène à la limite. Avec des longueurs fastidieuses…
Voilà donc une histoire bizarre : l'amour y est présent, en pointillé certes, la critique sociale et politique sous-jacente ; la comédie burlesque et le conte fantastique alternent.
Ce livre écrit en 1928, brûlé par son auteur, puis repris en 1931, fut terminé seulement en 1941 par sa femme,
Boulgakov étant décédé en 1940.
Une des difficultés de la lecture de ce livre vient de la kyrielle de personnages au nom difficile à retenir et variables. Les actions multiples s'entremêlent et l'on s'y perd un peu. Les situations kafkaïennes des plus absurdes fourmillent.
Globalement, c'est un livre difficile pour un néophyte de la littérature russe. Une assez grande culture dans de nombreux domaines est nécessaire, musical (lyrique) et littéraire notamment. Connaître
Goethe, Gounod, Berlioz, Moussorgski, Tchaikovski,
Dostoievski etc… s'avère un atout de poids pour une parfaite appréciation des situations. Et je m'y suis ennuyé copieusement, voulant à tout prix en terminer la lecture, laquelle m'a pris quelques mois, m'échappant vers d'autres horizons littéraires bien souvent, pour finalement revenir à ce pensum tant vanté par les spécialistes. Bien leur fasse s'ils se sont régalés. Moi non à quelques passages près.
Une deuxième lecture sera utile sinon indispensable, mais avec un bagage culturel russe et lyrique plus conséquent.