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3,48

sur 99 notes
Arachnae est un voyage immersif dans des ruelles envahies par la crasse, l'humidité, et où règne la loi du plus fort, et où rôde un tueur en série...

Nous avons là Théodora, bretteuse un peu paumée ; Tigran, qui tente de rester droit dans ses bottes en toutes circonstances ; et Ornella, une courtisane. Alors oui, l'intrigue est prévisible et l'autrice n'échappe pas à quelques facilités. Il n'empêche que c'est un récit dans lequel je me suis immergée très facilement, où les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait.

J'ai bien aimé le style de l'autrice, qui comporte des descriptions précises qui font mouche, tantôt délicates, tantôt fort peu ragoûtantes. Et puis même s'il s'agit d'un premier tome, l'intrigue se suffit à elle-même et se trouve totalement close à la fin du récit. Ca tombe bien : un ami m'a dit qu'il avait été déçu par le tome 2, alors je me cantonner à celui-ci !
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Difficile de résumer ce premier tome tant il y a de personnages et d'intrigues qui s'entremêlent. Il y a un peu du trône de fer avec ses complots, ses rivalités politiques, ses trahisons mais dans un milieu beaucoup plus glauque...Car dans la cité d'Arachnaé, au coeur du labyrinthe, on retrouve des cadavres d'enfants mutilés. Théodora, une jeune bretteuse de l'académie, va enquêter auprès du Capitaine Tigran. On s'enfonce alors dans la noirceur de cette ville, tout en suivant les intrigues politiques du sommet.
J'ai été happée par ce premier tome, vite attachée à certains personnages (qui semblent pourtant détachés d'émotions) et à l'écriture de l'auteure. L'enquête est prenante, fascinante, sordide et on a envie d'en connaitre le dénouement. Les personnages sont assez complexes, on a tendance à changer d'avis sur eux au fil de la lecture mais ce qui est clair c'est qu'ils ne respirent pas le bonheur, dans une atmosphère assez sombre. J'ai pourtant adorer découvrir ce monde. J'ai hâte de lire la suite !
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C'est dans un univers très riche que nous embarque Charlotte Bousquet avec ce premier tome de l'Archipel des Numinées : inspiré du Quattrocento, on retrouve dans la cité d'Arachnae une ambiance qui n'est pas sans rappeler les bas fonds du Londres Victorien, pauvreté et insalubrité, prostitution, drogues et meurtres ; confrontés au faste, à l'abondance, aux goûts de l'art et des lettres ainsi qu'au libertinage du siècle des Lumières. L'auteur va même jusqu'à donner à certains personnages secondaires des noms de de personnes ayant réellement frayé dans L Histoire italienne : Borgia, Sforza, etc. Ça donne un accent vraisemblable à son roman, pourtant bel et bien ancré dans l'imaginaire : magie et mythologie sont au rendez-vous. Arachnae est presque un personnage à part entière du roman ; on découvre chacune de ses facettes tout au long de notre lecture et on apprend à l'aimer autant que ses habitants, bien qu'il n'y ai pas toujours de quoi.

Ce roman est profondément sombre et noir : complots, vices, trahison, destins brisés, violences, meurtres, viols ... personne n'est épargné : ni les riches et puissants, ni les pauvres dont on ne connait même pas le nom. C'est une vague de meurtres sordides qui nous ouvre les portes d'Arachnae : de jeunes enfants sont violés et torturés jusqu'à la mort puis abandonnés dans les rues de la ville. Dans le même temps, on découvre qu'un groupe d'individus pratique des rites sacrificiels et anthropophages - qui pourraient s'apparenter à l'idée qu'on se fait du satanisme - au cours de soirées libertines réunissant la haute société. Théodora, personnage central du roman, se retrouve mêlée à l'enquête menée par le capitaine Gracci et devra faire cesser ces horreurs. Aucun détails ne nous est épargné ! Mais le talent de Charlotte Bousquet permet de ne jamais tomber ni dans le voyeurisme, ni dans le sordide. Tout nous est suggéré si efficacement que les descriptions n'ont pas besoin d'être poussées à l'extrême.

Au delà de l'intrigue, quasi-policière, c'est avant tout les personnages qui m'ont passionné. Chacun d'eux est torturé, double, complexe et terriblement réaliste ! Malgré les dons dont certains sont munis, ils sont tous très humains, avec des failles, de mauvaises réactions, des doutes, etc. Peut être que Théodora est un peu caricaturale au départ, avec des postures typiques d'héroïne de fantasy, forte et combative, un peu rebelle et provocante mais avec un fort sens de la justice ! on apprend vite qu'elle est bien plus complexe que ça : parfois elle se montre faible ou torturée par ses aventures amoureuses... c'en est presque décevant, mais c'est tellement humain ! Et c'est comme ça pour presque tous : au fur et à mesure du roman, chacun se révèle et nous surprend par un tempérament qu'on avait pas vu venir.

Je lis très peu de fantasy, mais j'ai adoré ce premier tome de l'Archipel des Numinées, et je lirai sans doute les suivants. Je garde aussi bien en tête le nom de Charlotte Bousquet : ça faisait très longtemps que je n'avais plus entamé un livre en me disant "waw ! quelle plume !", et ici ça a été le cas, donc je ne risque pas de la lâcher de sitôt !
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[critique réécrite d'après celle faite de l'intégrale]

Ah, Arachnae, petit bijou de noirceur! Un voyage immersif dans des ruelles envahies par la crasse, l'humidité et où règne la loi du plus fort – il y a bien des gardes, mais ceux-ci font preuve d'une relative souplesse tant que les crimes ne sont pas trop graves. Ça tombe bien : un tueur en série particulièrement abject rôde et il faudra toute l'ingéniosité des personnages pour le débusquer.

Entre Théodora, bretteuse élue par le destin mais paumée au possible ; Tigran, qui tente de rester droit dans ses bottes dans un cadre qui ne s'y prête pas vraiment, et Ornella, courtisane bien décidée à se rendre utile, sans oublier le point de vue de certaines victimes, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Et tant pis si l'intrigue est prévisible et possède quelques facilités : l'entièreté de l'intrigue tournant autour du destin et ce, dès les premières lignes, ça ne semble pas ici artificiel mais au contraire maîtrisé. D'autant que les morts s'accumulent et que personne ne semble à l'abri ! Sans oublier que pendant ce temps, du côté de la noblesse locale, ça magouille sévère...

Histoire à multiples tiroirs, Arachnae est vraiment un excellent récit, où les choses ne se passent pas toujours comme on voudrait (et plus rarement encore comme les personnages le voudraient), illustrant très bien la vie dans toute sa cruauté. Cruauté particulièrement bien mise en valeur par la plume de l'autrice, enchanteresse d'un bout à l'autre avec des descriptions précises qui font mouche, tantôt délicates pour parler des décors, des tenues ou de certaines émotions, tantôt fort peu ragoûtantes. Sans oublier les nombreuses poésies et parodies de romans à l'eau de rose qui viennent donner à cet univers encore un peu plus d'épaisseur.

C'est un fait, Arachnae n'est pas un livre pour les âmes sensibles. Mais, si vous avez l'estomac bien accroché (ou l'habitude de la dark fantasy, c'est selon), vous ne regretterez vraiment pas le voyage.

Enfin, bien qu'il s'agisse d'un début de série, son intrigue se suffit à elle-même et se trouve totalement close à la fin du récit. Ca tombe bien: pour avoir lu les deux autres volumes, mieux vaut s'en tenir à celui-ci pour rester sur une bonne impression...
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Charlotte Bousquet a toujours défendu les genres de l'imaginaire et a percé dans ce milieu en 2009 en initiant la série de "L'Archipel des Numinées", un univers insulaire inspirée de l'Italie d'Ancien Régime coincée quelque part entre Quattrocento et Risorgimento. On sent les références à la Renaissance et au Siècle des Lumières, mais nous sommes aussi dans le romantisme le plus noir quelque part entre Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire donc loin de Scott Lynch qui avec un univers similaires mais une ambiance toute autres avait avec réalisé "Les Salauds Gentilshommes". Nous également en présence d'un livre interdit aux moins de 16 ans et déconseillé aux moins de 18 ans : il y a des passages difficilement soutenables entre « Torture Porn » ("Saw", "Hostel") et « Body Horror » ("Scanners" de David Cronenberg ou "Hellraiser" de Clive Barker). Car le cannibalisme est au centre d'un récit truffé d'horreurs plus habituelles  : harcèlement, exploitation, maltraitance, trafic d'êtres humains et autre réseaux pédophiles… (les pisse-froid, les rabats-joie et les donneurs de leçon continueront de dire que tout cela n'est pas crédible : l'affaire des disparues de l'Yonne, l'affaire des prostituées de Toulouse, ou l'affaire Marc Dutroux sont aussi dégueulasses que tout ce qu'elle peut mettre en scène ici… Dois-je continuer la liste des horreurs réelles qui dépassent les horreurs fictionnelles ?)


Au sein de l'Archipel des Numinées, Arachnae c'est un peu beaucoup la Florence de Médicis après la Conspiration Pazzi (même si tout est centrée sur la famille des Sforza !)… La princesse Olivia été assassinée mais a désigné son frère Alessio comme successeur avant de succomber. Dans une principauté toujours gouvernée par des femmes, cela fait fortement jaser. Mais Alessio qui pleure à la fois la mort de sa soeur et de son amante, sait qu'en châtiant ennemis intérieurs et extérieurs lors de la guerre contre Bardella il n'a pas frappé les véritables commanditaires qui oeuvrent toujours à la fin de se sa lignée. Il décide de se servir de son fils comme appât pour les obliger à se démasquer et en finir une bonne fois pour toutes !

* Nous avons d'un côté le game of thrones aristocratique habituel qui ici est centré sur la querelle entre le trône et l'autel qui semble être une ligne de fracture commune à toutes les principautés de l'Archipel des Numinées.
Alessio reprend le rôle de Laurent le Magnifique, son fils Tiberio semble tout droit sorti d'une tragédie grecque tant il est écrasé par le poids de sa destinée, coincée entre une grande soeur faisant office de Sansa bis et une petite soeur qui cumulent les rôle d'Arya et de Bran (mais qui n'est sans doute pas très loin de d'Alya la soeur de Paul Atreides dans "Dune"). La famille princière peut compter sur la maîtresse espionne Fausta qui semble au courant de tout avant absolument tout le monde. Sauf de l'identité de assassin engagé par une conspiratrice de de 3e zone mais dupe de 1ère catégorie, et celle du cultiste en chef de Kebahil / Slaanesh qui semble avoir marabouté avec ses orgies dionysiaques tout ou partie de l'aristocratie locale : comme c'est commode pour que l'intrigue avance à la vitesse voulue par l'auteur et que le sad end puisse subvenir quand même...
Julia femme au foyer et épouse délaissée dans une société dirigée par les femmes alterne fuite sans ses lectures romanesques où tout le monde est beau et noble et intrigues sordides où tout le monde est égoïste et cruel dans l'espoir de se (re)donner de l'importance...

* Nous avons d'un autre côté l'enquête du Capitaine Tigran Gracci, ancien héros de guerre bi-classé guerrier et magicien qui a brisé le plafond de verre de la société vaginocratique en mettant fin aux agissement d'un serial killer inspiré autant par le Docteur Frankenstein que par Jack l'Éventreur (enquête qui nous est raconté dans la bonne nouvelle intitulé "Arlequinades"). Il suit ici les traces d'un violeur et un tueur pédophile très violent et très actif.

* Nous avons enfin Théodora dite Théo (qui quelque part est le prototype de Nona Grisaille, la super-héroïne sombre de Mark Lawrence), espionne et assassine bisexuelle dotée du don de prescience, que la maîtresse-espionne du prince prépare à sa succession, mais qui pour l'instant brûle la chancelle par les deux bouts en multipliant les conquêtes des deux sexes, et en trompant son ennui en addiction diverses… Sa Big Boss montre un traquenard pour l'obliger à collaborer avec Tigran Gracci dans l'espoir de remonter une filière et attraper de plus gros poissons (du moins c'est ce que j'ai compris, car ce n'est pas super-clair).


Globalement j'ai aimé voire beaucoup aimé : l'univers à la fois classique et original est plein de potentialités, c'est bien rempli, c'est bien rythmé, les personnages ne sont pas trop stéréotypés et pour ne rien gâcher Charlotte Bousquet a globalement une bonne plume voire une belle plume. Mais vous avez dû sentir dans ce que j'ai écrit précédent quelques réticences, mais pour en causer pleinement je suis obligé d'écrire les mots fatidiques « ATTENTION SPOILERS » ! (disons pour résumer que dans un bon ensemble il y avait beaucoup trop de choses qui auraient pu être corrigées et/ou améliorées…)

L'auteure se fait plaisir avec des poèmes, des extraits de romans et/ou de pièces de théâtre fictionnels et des légendes du temps jadis… Alors on n'est pas dans ce tolkienisme mal digéré qui hante la Fantasy américaine, mais pour un roman aux faux-airs de novella c'est des pages et des pages qui ne sont pas consacrés au reste. Il y a largement de quoi étoffer le worldbuilding (apparemment la première activité de Théo c'est de chasser les monstres, et entre les lamias, les empuses, les stryges et les goules il y avait de quoi faire, et la toute petite nouvelle intitulée "Lutzi" donne un aperçu bien trop succinct) et le magicbuilding (apparemment l'autre activité de Théo c'est de surveiller les sorciers, et entre les thaumaturge affilés à l'un des quatre éléments, les prescients, les télépathes, les envoûteurs, les nécromanciens, les démonologues et les mages de sang il y avait de quoi faire). La magie est même presque overcheatée puisque les psioniques capables de transformer autrui en marionnettes sont si nombreux que tous les agent de l'État doivent se munir d'amulettes de protection !

Ensuite je ne vais pas mentir c'est aussi des pages est des pages qui ne sont consacrés à l'histoire et aux personnages (qui sont plusieurs dizaines, par loin d'un cinquantaine en fait, dans un roman qui finalement est assez court). Car je n'ai pas vu quels étaient les liens entre le game of thrones d'Arachnae et les enquêtes de Tigran et Théo :
- il n'y a pas vraiment de lien entre les pédophiles de Caesario, sous Zaroff qui ont toujours été pervers et qui profitent des orgies dionysiaques du Culte de Kebahil pour se refaire la cerise et les multiples machinations du Grand Prêtre Horatio
- il n'y aucun lien entre le Culte de Kebahil dirigé par le Grand Prêtre Horatio (dont les motivations sont inexpliquées : vengeance, folie, fanatisme, possession par un Dieu du Chaos ou un Grand Ancien) et les complots et intrigues des Moires contre la Dynastie Sforza (si encore elles le couvraient pour discréditer le prince et son efficacité : oui mais non)
En plus on se débarrasse du personnage le plus intéressant aux 2/3 du roman (qui se fait enlever 2 fois avant de crever salement et tragiquement : c'est pire qu'une demoiselle en détresse dans un récit grimdark à la GRR Martin !), et on a des POVs tellement réduits qu'à la limite on n'aurait pu s'en passer (Alessandrina qui veut retrouver son saltimbanque, Lorenzo traumatisé qui devient son chevalier servant pour se racheter, Tiberio qui n'apparaît que pour dire « - Je vais mourir père ? - Oui mon fils, soyez brave ! », les atermoiements de Julia, les complots à la Iznogoud de sa soeur Agrippina, les contre-complots à la Iznogoud de sa nièce Leandrina…)

Même au niveau des games of thrones ce n'est pas clair : j'ai compris que comme dans le "Dune" de Frank Herbert les camps qui se disputent le pouvoir pouvaient lire l'avenir donc se neutraliser mutuellement… Les Moires qui voit l'avenir donc les plans à l'intérieur des plans ont décidé de « finir le travail » en organisant la mort d'Alessio après celle d'Olivia car elles veulent rétablir la supériorité du spirituel sur le temporel, mais elles n'arrivent pas à lire le destin de leur future victime. Pourquoi ? Parce que l'ancienne Atropos travaille de concert avec lui pour éliminer ses anciennes collègues, mais elle n'est pas nommée et n'apparaît qu'au début de l'histoire (en plaçant Noria et Théodora à la bonne place pour faire/défaire le Destin) et à la fin de l'histoire (pour rendre la monnaie de sa pièce à celle qui l'a évincée avant de prendre sa place). Parce qu'en matière de divination Artemisia la dernière née du prince est sans doute aussi puissante voire plus puissante que les Moires (mais comme elle quitte la scène assez rapidement, il faut le comprendre dès la première et dernière apparition). Parce que Théodora au service de Sa Majesté dispose d'un don de prescience puissant mais difficile à utiliser (elle sent quand le champ des possibles se restreint ou s'élargit, et entrevoit le fil du destin, et c'est rendu de façon aussi élégante que dans l'anime "Kimetsu no Yaiba", avant d'avoir des visions la faisant entrer en convulsion), et qu'elle se retrouve toujours au centre des événements pour perturber la vision des Moires au point que celles-ci décident de l'éliminer ! Cela aurait bien d'expliquer tout cela à un moment ou à un autre...

Un roman féminin doit-il être forcément féministe, en plus d'être lesbien pour ne pas dire LGBT. Tous les personnages qui comptent semblent homosexuels ou bisexuels, à part le prince Alessio que toute l'aristocratie semble détester par qu'il est un homme résolument hétérosexuel… le Dieu unique représenté par le prêtre patriarcal a été remplacé par une déesse multiple représentée par une triade matriarcale avec Clotho la jeune fille, qui devient Lachésis la mère après la fin de la virginité et le début de l'enfantement, puis Atropos la vieille femme une fois la ménopause arrivée (ça aussi cela aurait été bien de l'expliquer cela à un moment ou à un autre). de la même manière que le Dieu unique arrangeait bien les partisans d'un pouvoir masculin, masculiniste et patriarcal censément unique, la Triple Déesse arrange bien les partisanes d'un pouvoir féminin, féministe et matriarcale prétendument collégiale, ce qui explique que les femmes ont tous les pouvoirs et que les hommes au foyer sont chargés des mondanités, et que ceux qui veulent faire preuve de leur valeur se heurtent au plafond de verre installé par l'élite fémino.
Charlotte Bousquet est trop intelligente pour remplacer des injustices, des inégalités et des ségrégations par d'autres injustices, inégalités et ségrégations donc la dictature d'un sexe par la dictature d'un autre sexe... Néanmoins force est de constater que le côté LBGT est posé directement sur la table et il faut faire avec là où par exemple Mark Lawrence prenait le temps de développer des liens d'amitiés et d'inimitiés puis d'amour et de haine entre ses strong independent women super-héroïnes et super-vilaines… Alors dans un univers on a Théo qui est couple avec Ornella qui l'aime, mais elle ne veut pas s'engager et laisser traîner les choses. Puis dès qu'elle la rencontre elle tombe immédiatement amoureuse de Valia qui ne l'aime pas et qui elle aussi va laisser traîner les choses. Enfin elle développe en même temps des sentiments amoureux pour son coéquipier bien qu'il soit un mâle et qu'à la base cela ne soit pas sa tasse de thé… J'ai eu un peu l'impression que l'auteure envoyait les love interests de Théo là où elle voulait les voir sévir pour qu'il puisse sortir tragiquement du récit aux moments opportuns. Cela aurait fait sens si on était dans un récit d'apprentissage grimdark et que le but soit la transformation de Théo en machine à tuer au service de la raison d'État (ce que laisse un peu sous-entendre l'auteure, mais cela aurait fait sens avec un véritable suite).

Ne jamais critiquer sans proposer :
- on aurait avoir Théo et Tigran enquêtant d'en bas pour remonter la piste des cultistes
- on aurait pu avoir Ornella enquêtant d'en haut pour remonter la piste des orgistes
- on aurait avoir un vrai triangle amoureux bisexuelle Théo / Tigran / Ornella
- on aurait pu avoir un vrai complot avec les Moires couvrant les orgistes-cultistes pour discréditer le Prince auprès du peuple et provoquer une émeute/révolte pour assassiner tout ou partie de la famille princière en toute tranquillité
- et on aurait pu se mettre de côté tout le reste qui parasite le récit plus qu'autre chose...
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Un livre de fantasy sans concession, dure et âpre, où la beauté est salie et l'innocence bafouée. Nous pourrions nous trouver à l'époque de la Renaissance dans ces grandes et opulentes cités italiennes où se côtoyaient dans un beau fatras splendeur, misère, ferveur religieuse, perversité, vertu et débauche ; des villes gouvernées par de grandes familles redoutablement intelligentes, roublardes, machiavéliques et cruelles.
Arachnae, la grande cité médiévale, est à l'avenant : une cité crépusculaire, poisseuse, avec ses palais somptueux, ses personnages énigmatiques glissant au milieu de longs couloirs déserts, ses dagues effilées dissimulées dans les bottes, ses relents de crimes et ses intrigues retorses ; avec sa cour des miracles, ses ruelles tortueuses et assassines, où la vie n'est qu'une simple marchandise et la mort une bénédiction.
Nous voyons émerger de cette noirceur quelques âmes qui cherchent à échapper à leur destinée : le Prince Alessio qui trompe son monde en vieux routier de la politique, la folie d'Horatio et le grandiose sacrifice de Tibério, la belle et insaisissable Théo qui finira par perdre son humanité, Tigran qui nage en eaux troubles à la poursuite de ce Dieu fou venu du fond des âges, et la beauté ensorcelante d'Ornella.
Que de chausse-trapes, de traquenards, de courses-poursuites, de combats acharnés où la magie tient le premier rôle, de victoires à la Pyrrhus où les vainqueurs finissent éreintés et écoeurés, où la plus grande des machinations est finalement anéantie par une minuscule souris…
Un bon roman, noir, très noir, violent, brutal, enragé, ardent… Ange77 et moi l'avons lu en commun. Nous nous sommes bien souvent égarés dans les méandres de ce récit labyrinthique, et inquiétés pour nos héros qui ne furent guère ménagés. Je vous invite à lire son joli billet.






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«
Celui qui croit pouvoir démêler l'écheveau du Destin est un insensé, car les Moires qui en ont la garde se jouent des désirs des mortels et les poussent inexorablement dans les chemins secrets qu'elles ont tissés pour eux.

Ainsi commencent les contes, dans l'Archipel des Numinées.
»
***

« … le ciel est sombre, triste est mon coeur »

Premier opus de la saga « L'Archipel des Numinées » qui s'annonce grandiose et homérique, « Arachnae » est à la fois son titre, une principauté tentaculaire, belle et cruelle, et presque, pourrait-on dire, un personnage à nul autre pareil de l'oeuvre éponyme.
Les tomes suivants se nomment respectivement « Cytheriae » et « Matricia » ; mais peuvent être lus indépendamment les uns des autres.


RÉSUMÉ :
Des bas-fonds les plus sordides aux éclats de la cour princière, la cité d'Arachnae se livre sans fards, gangrenée par l'horreur et les excès.
Dans le Labyrinthe où se côtoient la misère et le vice, des cadavres d'enfants torturés sont retrouvés. Théodora, la belle bretteuse libertine, est contrainte de s'allier avec l'austère Capitaine Gracci pour faire cesser ces crimes, alors qu'une guerre souterraine sans merci se joue entre le prince Alessio et les Moires, ses conseillères, et qu'une secte mystérieuse semble étendre son influence sur l'aristocratie décadente.
Ces alliés que tout oppose parviendront-ils à dénouer la trame des possibles, ou se laisseront-ils engluer dans la toile de la Destinée ?


Un univers fabuleux et onirique me submerge à la lecture des premiers mots d'une Charlotte Bousquet, que je découvre pétrie d'un talent monstre.
Un monde fantastico-médieval où se côtoient littéralement pléthore de personnages haut-en-couleur ; maître-assassin, maître-espion, sorcières, nécromanciens et télépathes, orphelins, princes et princesses, bretteurs et courtisanes,...etc...
! > Nous n'évoluons cependant pas au pays des bisounours, loin s'en faut ; estampillé dark fantasy, on y trouve également des gargotes suintantes et purulentes au coeur de traboules infâmes et mal famées, d'hideuses créatures dont les pires sont sans doute humaines, des crimes plus sordides les uns que les autres, des cultes sacrificiels et des victimes infantiles atrocement mutilées,... - Mieux vaut avoir le coeur bien accroché ^^

C'est violent, sombre et glauque, mais extrêmement attirant et irrésistible pour qui apprécie ce genre d'histoire. C'est heureusement mon cas !

La part du lion est ici indéniablement offerte aux personnages féminins, largement mis en valeur de par leur caractère, leur combativité, leur loyauté ou bien encore leur cruauté, leur perversion...

« Un fils. Une engeance fâcheuse, en cette principauté traditionnellement gouvernée par des femmes.
Fâcheuse et dangereuse. »

Intrigues politiques, cabales et manigances, quêtes de pouvoir et luttes d'influence, thaumaturgies divinatoires ou occultes, enquêtes criminelles et j'en passe, se mêlent ici dans un tourbillon sanglant et ascensionnel.
Au fil des pages se nouent et se dénouent d'innombrables desseins en mode poupées russes ; certains mystères se verront résolus à différents moments du récit, gardant ainsi intacte l'attention du lecteur ; les rébus prennent forme et les pièces du puzzle s'assemblent, au coeur d'une tourmente sans cesse alimentée.
On se perd en conjectures et supputations avec un réel intérêt, devenant soi-même héros de papier plus que simple spectateur.

L'écriture et le style sont relativement fluides, riches d'un vocabulaire peut-être parfois complexe - car inhérent à un monde interlope si fuligineux qu'on y avance fatalement à tâtons - , mais souvent alambiqué et ampoulé, pouvant éventuellement rebuter les moins assidu.e.s. d'entre nous.

Me concernant ; c'est quasiment un coup de coeur (quasiment car d'infinitésimaux reproches on ne peut plus personnels ont assombri mon plaisir par moment), mais que je recommande néanmoins ardemment à toutes les âmes curieuses de récits viscéraux épiques et passionnants - Les plus sensibles, en revanche, s'abstiendront.


Je termine en remerciant vivement mon ami Éric76, avec qui j'ai adoré partager mes ressentis tout au long de cette superbe lecture commune =)
Et vous enjoins naturellement à lire son billet, pour un autre regard, même si je sais qu'il a apprécié Arachnae au moins autant que moi...


« J'ai accepté ma destinée et la Destinée a fait de moi un monstre. C'est mon humanité que je pleure. »


Arachnéennes lectures à tous et à toutes !


***
«
Car nul ne peut échapper à sa destinée : tout est filé, tissé sur la Grande Tapisserie du monde. Et la Lune, Déesse au triple visage, veille à ce que nul accroc ne vienne en altérer la trame.

Ainsi se terminent les contes, dans l'Archipel des Numinées.
»
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Un premier tome mitigé en raison d'une intrigue trop sombre à mon goût. La violence est partout, exposée aux yeux du lecteur avec des descriptions crues. C'est dur, malaisant, repoussant. J'ai suffoqué. Les personnages ne sont pas particulièrement mémorables, hormis peut-être le capitaine.. C'est surtout que la plume qui m'a poussée jusqu'à bout, si légère et embellie. Je recommande ce livre à un public mature, prévenu, et surtout aux gens qui souhaitent percevoir leurs limites.
Lien : http://la-riviere-des-mots.b..
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Un monde où les femmes sont au pouvoir... ça nous change… c'est ainsi sur cet archipel. Je ne vous raconterai pas l'intrigue, elle est assez complexe, mais j'ai surtout envie de vous parler de l'ambiance de cette trilogie, une ambiance lugubre, voire oppressante, violente et barbare, mais très belle, un monde construit avec élégance.
D'un bout à l'autre l'intrigue est bien menée, exposant chacun à leur tour le point de vue des protagonistes.
Le volume 1 est peut-être un peu en dessous des deux autres, mais ça vaut vraiment le coup de le franchir pour enfin plonger dans les 2 volumes qui suivent.
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L'archipel des numinés est un univers très très rude. Dans ce tome le vrai personnage principal est la cité d'Arachnae, où la vie n'est vraiment pas facile (très doux euphémisme). Misère, vice, lieux sordides, complot… tout est glauque à Arachnae. L'univers créée par l'autrice est très bien construit, complexe, cruel, étouffant et plus que sombre. Ce n'est absolument pas une lecture accessible à tous, il y a des scènes de tortures, de maltraitantes et viols d'enfants, de cannibalisme… Je ne suis en temps normal pas fan de ce genre de scènes dans les romans mais là c'est impressionnant comment Charlotte Bousquet arrive à nous faire lire des horreurs sans qu'on arrête le livre en se disant c'est trop pour moi.
Dès les premières phrases, on est plongé dans la cité. le début est étourdissant : on passe d'un personnage à un autre, d'un lieu à un autre, d'une fonction à une autre… Tout défile sans nous perdre, sans donner l'impression de survoler les choses. Bien qu'on picore des instants de différents contextes, rien n'est bâcler ni les scènes ni le développement de personnages… La plume de l'autrice est maitrisée, incisive, précise et sans langue de bois. On a le détail de toutes les horreurs et pourtant on reste immergé dans le livre. Les personnages sont singuliers, et sortent des clichés. Théo (Théodora) par exemple est une héroïne qui sort des sentiers battus : elle a un instinct de survie surdéveloppée, tente de fuir son avenir tracé tout en sachant qu'elle finira par céder, aiment les femmes… le seul personnage ou plutôt les seuls personnages qui ont une impression de déjà vu sont les affreux « chefs » des trafics d'enfants/femmes qui est forcément gras, flasque, pervers, répugnant… Une excellente lecture si on adhère au côté gore.
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