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Olivier Broche (Autre)3.77/5   37 notes
Résumé :
Armand : Publié en 1926, Armand est le deuxième roman d’Emmanuel Bove, après Mes Amis, dont il est assez proche par le style et le propos.

Armand vit avec Jeanne, une veuve plus âgée que lui, qui l’entretient et l’aime tout en lui laissant beaucoup de liberté. Armand ne travaille pas, il se balade souvent pendant la journée et la soirée, et vient à rencontrer un ancien ami, Lucien. Celui-ci n’a pas eu la chance d’Armand, il est resté pauvre, timide... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est à travers la voix de Christian Dousset sur le site de littérature audio.com que je viens de découvrir ce roman.
Quatre personnages se côtoient dans un récit à la première personne où art du détail, observations psychologiques et analyse des tourments créent un univers propre à l'auteur.
Tout le long de ce récit j'ai ressenti un malaise persistant et savamment entretenu par l'évocation d' Emmanuel Bove, des sentiments et pensées d'Armand et par la lourdeur des silences. Armand est loin d'être sympathique et de caractère cyclothymique. Je vous laisse le soin de le découvrir en profitant de l'excellente narration du donneur de voix.
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Et hop ! Un nouveau loser Bovien vient de rejoindre ses camarades dans ma bibliothèque. Ils y ont une place particulière.
~~~
S'il eût fallu que je critiquasse ce roman dans un temps approprié, c'est bien au subjonctif imparfait que j'eusse du m'y employer.
Pop,pop,pop! Je n'en ferai rien... voir :" j'en f'rai rien" en bon Normand que'j'chui...

Parût en 1926, c'est à dire, deux ans après l'excellent : 'mes amis' ; Armand est le deuxième roman d'Emmanuel Bove.
Je peux donc affirmer sans prendre trop de risques, que chez Bove, le talent n'a pas attendu le nombre des années.
Était-il nécessaire que je le précisasse ? ...Aaarrgh!!!
~~~
Armand est un jeune homme sans éclat, qui auparavant, vivotait dans une grande précarité. Puis vint la guerre ; celle de 14, et enfin, la démobilisation.
Suite à celle-ci, Armand rencontre Jeanne, une veuve de guerre plus âgée que lui, mais surtout, beaucoup plus aisée. Parfait ! Maintenant Armand va pouvoir continuer à vivoter, mais l'esprit libéré des tracas financiers et sans avoir à faire des plans pour l'avenir.
Quand un jour, il recroise la route de Lucien, un ancien ami qui lui, n'est pas sorti de sa pauvreté, c'est son passé, son image, qui lui reviennent en pleine poire.
Lucien, c'est son miroir des mauvais jours...

{ je suivais une rue si étroite, que les fouets des voitures me touchaient en passant, lorsqu'une main se posa sur mon épaule.
Je la regardai, puis me tournai.
C'était Lucien. Au lieu de m'appeler, il avait voulu faire la plaisanterie de me toucher dans la rue comme l'eût osé un inconnu.
Je ne l'avais pas vu depuis un an. Il portait le même pardessus, une autre cravate, le même chapeau. Il n'avait pas grossi ni maigri. Pourtant il était différent. Il vivait dans mon souvenir sans rides, sans coupures, sans cette fossette du menton trop profonde pour qu'il pût la raser.
Je m'arrêtai. Notre haleine dans le froid, s'échappait à contretemps...
... Nous étions embarrassés, Lucien de m'avoir accosté familièrement, moi d'en paraître importuné. Nous demeurions immobiles. J'attendais qu'il parlât. de le voir si pauvrement vêtu, les années malheureuses que j'avais vécues repassèrent devant mes yeux. Je les avaient oubliées petit à petit. Maintenant, elles étaient aussi nettes que si aucun intervalle ne m'en eût séparé... }

Que faire ? L'inviter ? L'ignorer ?
Mais voilà... Lucien a une soeur. Marguerite. Et là.....

{ Plusieurs fois dans l'après-midi, j'avais songé à Marguerite, et éprouvé une gêne à respirer lorsque mon attention, après s'être portée ailleurs, était revenu sur elle...
...en marchant, j'essayais d'imaginer la chambre de Marguerite. Elle m'apparaissait tantôt grande, tantôt petite. Parce que j'étais certain que ni les unes ni les autres ne ressemblaient à la réalité, je m'en représentait toujours de nouvelles pour que, parmi toutes ces chambres, il s'en trouvât au moins une qui approcha de celle de la soeur de Lucien... }
~~~
Armand, c'est la confusion des sentiments (eh oui, Mr Zweig), c'est un esprit torturé par tant de contradictions.
Il se cherche, il se compare, il se ment, il s'invente, il aime, il renie, il trahi, il se perd, il s'excuse...
De quelle classe appartient-il ? Qui est-il ? Que vaut-il ?
Armand, c'est aussi un roman de la solitude. ils me semblent bien seul ces quatres personnages : Jeanne, la veuve ; Lucien, l'ancien pote, Marguerite, la jeune fille en fleur (eh oui, Mr Proust), Armand, le dénominateur commun à tous.
~~~
Une fois de plus, Emmanuel Bove signe un texte de toute beauté et riche en psychologie.
Ici, point d'action, l'auteur prend tout son temps en nous détaillant chaque faits et gestes...la météo, la course des nuages, les heures qui passent, les vêtements, les corps, les regards, la rue...on pourrait presque ajouter...les silences, les pensées et le malaise qui s'installe.
~~~
Je me suis une fois de plus régalé de cette ambiance Bovienne.
J'en redemande... encore... encore...









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Publié en 1926, Armand est le second roman d'Emmanuel Bove après Mes Amis dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler. On retrouve là encore le style très particulier de Bove, fait d'observation méticuleuse, mentionnant des détails dont l'intrigue n'a cure. En fait il ‘y a pas d'intrigue, nous sommes dans le domaine du ressenti, de la sensation. Chaque geste appelle une interrogation, l'ai-je bien fait, que va en penser mon interlocuteur ? L'écrivain nous place dans la peau – dans la pensée plus exactement – d'Armand et ça créé un malaise car toujours le héros bovien est un inquiet, un introverti, un timide de cette timidité des gens humbles de basse extraction. Parfois on voudrait le secouer, l'engueuler « Arrête de te prendre la tête pour ça ! ».
Armand qui n'a pas l'air de travailler vit avec Jeanne, une veuve, et on comprend que celle-ci est plus âgée qu'Armand, que leur logement est celui de Jeanne en fait et que sa mise en ménage avec cette femme est une sorte de promotion sociale pour lui. le logement est modeste, leur train de vie aussi, mais on devine que la situation d'Armand auparavant n'était pas brillante. Ce que nous confirme sa rencontre impromptue avec Lucien, un ancien compagnon de misère qui lui n'a pas évolué et considère Armand comme une sorte de parvenu. Lucien a une jeune soeur dont Armand va tomber amoureux, ce qui lui attire les reproches de son ami Lucien et va aboutir à sa séparation d'avec Jeanne. Quand le roman s'achève Armand est de nouveau seul, sans argent ni logement, s'éloignant dans les rues.
Petites vies de petites gens, malheur tranquille, Bove véritable disséqueur de l'âme écrit ses romans un oeil rivé dans l'objectif de son microscope pour mettre au jour nos tourments les plus intimes et souvent les plus anodins. C'est parfois pénible à lire – voir plus haut – mais toujours très fin et très juste.
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Roman d'une étonnante
modernité, tant par sa forme (on verra au passage
que l'écriture d'Armand annonce celle des nouveaux
romanciers) que par son propos qui inaugure, bien
avant Sartre, le discours existentialiste sur l'autre.
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J'adore.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lucien regardait un trou dans le plancher. Un nœud d’une planche avait sauté. Ce trou donnait sur la cave. Il était immobile. Sa main droite fermée reposait sur la table. Il rêvait. Je pris mon verre. Il tint si mal le sien que je dus en toucher le pied pour trinquer. A le voir ainsi, triste et las, j’aurai voulu lui dire comme je compatissais à ses peines malgré les apparences. J’aurais voulu qu’il chassât de son esprit l’idée qu’il se faisait de moi. Il m’eût aimé s’il avait pu deviner ce que je pensais de lui. Et comme je ne parvenais pas à le lui laisser entendre en parlant, je m’efforçais dans mes gestes de me montrer tel que je suis. J’étais simple. J’évitais de prendre les attitudes que j’affectionnais en compagnie de Jeanne. Mes mouvements, je les accomplissais même avec lenteur pour qu’il eût le temps de les imiter.
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Une seule goutte tomba du ciel.
D'autres suivirent. Il allait pleuvoir.
Je m'amusais à penser que ces gouttes étaient des balles de fusil, qu'en faisant des zigzags j'eusse pu les éviter.
L'une d'elles perça mon chapeau, une autre, mon pied.
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À l’horizon, les nuages de la veille se pressaient les uns contre les autres comme si, sous d’autres cieux, d’autres nuages les empêchaient de passer.
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Vidéo de Emmanuel Bove
Courte vidéo autour de l'auteur de Mes amis, Emmanuel Bove, un pilier de L'Arbre vengeur.
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