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EAN : 9782930440996
Atelier de l'Agneau (27/10/2016)
3/5   4 notes
Résumé :
Écrit à l'âge de 24 ans, "Le crime d'une nuit" (1922) est le premier grand texte de Bove. Dans cette nouvelle fantastique proche de Kafka, Henri Duchemin essaie d'échapper à la pauvreté et à la solitude d'un soir de Noël en errant dans les cafés. Jusqu'à ce qu'un inconnu lui promette la richesse en échange d'un meurtre.
Publié en 1927 dans une collection concernant villes et régions pittoresque de France, "Bécon-les-Bruyères" fait figure de voyage iconoclast... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je n'avais jamais essayé d'imaginer Emmanuel Bove jeune. Ça ne sert à rien, il était déjà ce qu'il fut avant de l'être. En témoignent ces deux nouvelles de jeunesse. Même s'il est vrai qu'à 23 ans, on est déjà formé d'esprit et de défaitisme, d'espoir et de bêtise.


Le Crime d'une nuit décrit, à l'aube de la vie de reconnaissance sociale, ce que peut être prêt à faire un individu pour s'attirer un peu de cette gloire qu'on se laisse imaginer par les discours populeux. Avec de l'argent, tout va toujours mieux, dit-on en ricanant, et c'est vrai. le criminel de cette nouvelle est un pur idéaliste de l'âme humaine, et au nom de cet idéal, rien ne doit résister. Il aimerait pouvoir aimer les autres de tout coeur mais ils ne l'aiment pas. Alors il veut devenir riche pour qu'ils l'aiment autant que lui croit les aimer. Raisonnement court, on le verra.


Bécon-les-Bruyères décrit une banlieue parisienne dans laquelle Emmanuel vécut un hiver, une banlieue où il ne se passe rien sinon le transit de ses habitants de leur lieu de résidence jusqu'à Paris. Mais Emmanuel, comme dans tous ses textes, fait ici aussi ressortir la vie qui émane de ce rien, à la fois amertume dépressive et tranquillité acceptée.
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Emmanuel Bove (1898-1945) est un écrivain français, connu également sous les pseudonymes de Pierre Dugast et Jean Vallois. de son vrai nom Emmanuel Bobovnikoff, il naît d'un père russe et d'une mère luxembourgeoise. En 1915, il est envoyé en pension en Angleterre, où il achève sa scolarité. Revenu à Paris l'année suivante, il vit dans une situation précaire. En 1921, il épouse Suzanne Vallois et s'installe dans la banlieue de Vienne en Autriche, où il se lance dans l'écriture en publiant de nombreux romans populaires sous le pseudonyme de Jean Vallois. En 1922, il revient à Paris et fait ses débuts dans le journalisme, ainsi que dans la traduction. Colette remarque une de ses nouvelles et lui propose de le publier. Il lui apporte alors Mes amis, dont la publication en 1924 est un succès. Il continue à publier régulièrement jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé comme travailleur en 1940, il souhaite rejoindre Londres et refuse toute publication durant l'Occupation. En 1942, il parvient à rejoindre Alger, où il écrit ses trois derniers romans : le Piège, Départ dans la nuit et Non-lieu. Alors qu'Emmanuel Bove était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français, son oeuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.
Le court ouvrage qui vient de paraître aux bons soins de L'Atelier de l'agneau, reprend deux textes de l'écrivain : le Crime d'une nuit (1922) et Bécon-les-Bruyères (1927), d'une quarantaine de pages chacun.
Le premier est un texte étrange, onirique ou Kafkaïen, qui intrigue le lecteur du début à la fin. le soir de Noël, Henri Duchemin, célibataire de quarante ans vivant dans la misère totale, trouve refuge dans un bar minable où un inconnu lui propose une sorte de pacte faustien, la richesse en échange du meurtre d'un banquier. Il commence par refuser puis se laisse entrainer sans bien comprendre se qui se passe (comme le lecteur) et finalement « Il leva le marteau le plus haut qu'il put. Il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il vit du sang sur les draps et le marteau dans l'édredon. » L'histoire est fantastique, on voit bien que rien n'est clair, que c'est peu crédible, même Duchemin s'interroge sur la réalité de ce qui lui arrive. Est-ce vrai, est-ce le rêve d'un malheureux au bout du rouleau… ? Ambiance glauque en noir et blanc, bars sordides, inconnus louches, voilà pour le décor.
Le second texte est sans rapport aucun, ni dans la forme, ni sur le fond. Il s'agit en fait (du moins, vu de ma fenêtre) d'une cocasse étude de la ville de Bécon-les-Bruyères ou d'un exercice d'écriture consistant à tartiner sur un sujet qui n'en est pas un. Pour ceux qui ne la connaitraient pas, c'est en réalité le nom d'un lieu-dit situé dans le département des Hauts-de-Seine (92) regroupant des quartiers de trois communes en banlieue de Paris, le quartier de Bécon (commune de Courbevoie) et le quartier des Bruyères (communes d'Asnières-sur-Seine et de Bois-Colombes).
Permettez-moi d'écrire que j'ai préféré ce texte, pour une raison simple, tout comme Emmanuel Bove j'ai résidé dans le coin à une époque ! J'ai donc retrouvé des détails des lieux encore communs à nos deux périodes : Courbevoie, Asnières, « on passe d'une commune à l'autre sans s'en rendre compte », la gare de Bécon-les-Bruyères trônant au centre, « un tunnel fétide, au lieu de la passerelle désirée par tous les habitants, relie les deux communes » (Or, tenez-vous bien, cette passerelle a finalement été construite l'année dernière !). Quant à la prophétie « Un jour peut-être, Bécon-les-Bruyères, qui comme une île ne peut grandir, comme une île disparaitra. La gare s'appellera Courbevoie-Asnières » elle pourrait se réaliser puisqu'aujourd'hui on tend vers le regroupement des communes…
Je me doute bien que ce mince ouvrage ne va pas envoyer les foules se précipiter chez leur libraire pour le lire, je le chronique juste pour information. Il n'est pas interdit pour autant de lire Emmanuel Bove, dans ce cas essayez : Mes Amis, le Pressentiment ou Armand
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Je ne connaissais pas Emmanuel Bove.
Ce court ouvrage permet de découvrir deux de ses textes écrits au début de sa carrière, longs d'une quarantaine de pages chacun.
Le crime d'une nuit est une nouvelle fantastique dans la veine de Kafka ou de Gogol. La veille de Noël, Henri Duchemin, pusillanime et sans-le-sou, broie du noir assis sur une banquette élimée d'un restaurant. Quand il daigne parler à des gens, on se moque de lui et on lui conseille même de se tuer. Après avoir erré ici et là, il se retrouve dans un tripot où un mystérieux personnage lui propose de devenir riche en échange d'un acte odieux...
Dans Bécon-les-Bruyères, lieu-dit qui n'existe que par sa gare, l'auteur arrive à nous captiver en nous décrivant par le menu les quelques rues et cafés de ces quartiers de banlieue parisienne, où l'ennui semble être l'occupation première et où les autochtones semblent vivre sans se soucier de ce que le futur leur réserve... Ce deuxième texte est fort dépaysant, même si j'avoue avoir une préférence pour la première histoire. Les deux sont écrites dans un style agréable et ce livre est à mon avis un bon moyen de découvrir cet auteur. Je vais certainement m'intéresser à ses autres textes.
Je remercie les éditions Atelier de l'agneau de m'avoir envoyé cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique de Babelio.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il se trouva bientôt dans une rue populeuse où, malgré l’heure, on réveillonnait. Il ne s’en étonna pas. La foule, les boutiques éclairées, les volailles roses donnaient un air de fête. Des reflets tremblaient sur les cuivres, au point que ceux-ci semblaient liquides. L’odeur des mandarines était dans l’air. Partout on riait, on s’amusait. Le pavé était sec. Le long des trottoirs, des flaques gelées, criblées de bulles captives, brillaient aux lumières dorées. « Je veux être heureux », murmurait Henri Duchemin en fixant son regard sur les passantes. L’une d’elles le prit par le bras. – Je t’aime, dit-elle.
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M. Leleu, en caressant sa barbe, en affina la pointe.
-Te souviens-tu de la femme du café ?
-Oui.
-Il faut faire ce qu’elle t’a dit.
-Me tuer ?
-Oui.
-Vous pensez qu’il le faut ?
-Oui, puisque tu es malheureux.
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Il se souvenait un peu de son rêve. Il se souvenait un peu du vieillard qui avait dit que pour se racheter, il faut souffrir. Mais cela ne le concernait pas, puisqu’il n’avait jamais fait de mal à personne.
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Henri Duchemin devinait que ces inconnus avaient des pensées mauvaises. Il s’assura que le coton qui bouchait ses oreilles n’était pas tombé, et, tout en secouant son pardessus, il gagna la porte qui laissa, une seconde, la lumière du restaurant traverser la rue noire.
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Non, il ne se tuerait pas. A quarante ans, un homme est encore jeune et peut, s’il est persévérant, devenir riche.
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Videos de Emmanuel Bove (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Bove
Courte vidéo autour de l'auteur de Mes amis, Emmanuel Bove, un pilier de L'Arbre vengeur.
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