Chacun imagine à sa façon les images liées à ses lectures, je n'y échappe pas. Je me fais mon cinéma sur l'écran crème de la chambre où se trouve le fauteuil dans lequel je lis. Je m'arrête et regardant devant moi je vois la scène ou plutôt celle que j'imagine et qui correspond ou correspondrait à ce que je viens de lire, oui, c'est ainsi que la prosodie m'entraîne de façons diverses et variées.
Hunter c'est plutôt du genre rouleau compresseur voyez, technicolor pur sucre, écran large, vistavision, 70mm, son surround, le tout sans home cinéma, bien dans ma tête, un peu surpris quand même car on fait plus dans le Cecil Billet de Mille, Spielberg, J.
Lee Thomson ou
Nicholas Ray, plus Ben Hur poursuivant Messala sur son char que le contraire, voyez, non, bon tant pis. Globalement avec le recul je peux facilement imaginer « Django unchained » qu'enchaîné, hémoglobine comprise sauf que là, entre deux orignals en promenade dans le blizzard, c'est du sang humain.
Faut dire que les deux premiers chapitres à couper le souffle au niveau découpage, style coup de poing, dialogues au couteau, d'un niveau littéraire à la hauteur des plus grands :
Ellroy, Burke, Box…, sont suivi d'une scène où
Hunter et Freeman fichent un bazar pas possible, inimaginable avec un chasse neige, lancé par erreur à travers la ville, détruisant tout sur son passage : voitures, granges, maisons, bars, enfin tout y compris les bonhommes présents à tel point que le rouquin, si, si, savez le copain de la fille, Thelma, s'exclame en voyant le tableau : « galactique » qui est un petit mot, vraiment, je le sais, j'en sors.
Alors là, on se lève on se détend les jambes, puis la tête à deux mains de droite et de gauche, quelques pompes derrière le fauteuil, un coup d'éponge magique, le protège dents, un gorgeon de bière, inspiration, expiration et hop prêt pour quelques nouveaux chapitres. A ce rythme là il y aura du dégât avant la fin du bouquin.
WOOOUUUAAAHHHH !
Faut que je vous dise, c'est ainsi pendant 66 chapitres, 352 pages et même pas une p'tite page intercalaire avant la 4ème de couverture, rien tout de suite la sortie. Je préviens il y en a qui vont laisser leur santé.
Plus haut je disais qu'il y a du sang sans la neige, certes, mais Braverman a un côté
Tex Avery, vous vous souvenez Droopy, le loup et la super belle femme canon, vous y êtes, bien. Je dis ça car on peut penser que certains vont y passer, la situation y est propice, non pas systématiquement, vous les croyez morts, que nenni, blessés, amochés, diminués mais costauds, c'est pas leur heure, plus loin encore quelques pages, d'ailleurs à la fin on se pose des questions sur un certain.
Et puis c'est un malin Braverman il en garde sous le pied, il vous appâte, vous suivez et paf ! Au chapitre suivant on repart de plus belle dans une autre direction. Remarquez ça occupe, on voit du paysage, on se gèle un peu aussi.
Je dois à l'auteur de dire que tout se tient, il ne loupe rien, c'est de la littérature au cordeau et pourtant il y a du personnage dont quelques filles à double prénom (désolé, stop intrigue, peux pas en dire plus).
On peut difficilement trouver mieux que ce style coup de poing comme dit ci-dessus. Des dialogues percutants au possible, des personnages fignolés, des descriptions cinématographiques d'une justesse irréprochable, j'y étais où exactement je ne sais pas, mais c'est sûr j'y étais et, franchement je ne regrette pas d'y avoir été.
Le mieux, lisez ce bouquin vous m'en direz des nouvelles, foi de lecteur chevronné.
Un immense coup de coeur.
5/5
Un grand merci à Babelio pour cette Mass Critique et aux éditions Hugo de m'avoir offert ce livre.
NB : J'ai relu plusieurs fois les quatres premiers chapitres pour leur beauté ou parce que je n'avais pas bien tout compris. Ce n'est que du bonheur.
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