Alvar Mayor : Les cités légendaires

« L'épanchement du rêve dans la vie réelle. »
Prendre Alvar Mayor par le petit bout de la lorgnette et se focaliser sur les historiettes sans les relier à une errance onirique sur les traces de l'Empire inca risque d'amoindrir la portée d'une épopée métaphysique. La présente édition d'ILatina met enfin en 2020 sur le marché français l'oeuvre intégrale en noir et blanc prévue en trois tomes de Carlos Trillo et d'Enrique Breccia conçue dès 1976 en Argentine.
Fils d'un cartographe du conquistador espagnol Francisco Pizarro, Alvar Mayor est épaulé au début de ses pérégrinations par son ami indien Tihuo et guide à travers jungles et déserts des notables et des aventuriers dans des quêtes chimériques et fantastiques à la recherche de l'or des Incas ou de l'élixir de jouvence par exemple. Partout la mort et la folie rôdent. Alvar Mayor semblent traverser les épreuves avec une nonchalance qui n'exclut pas l'implication, le dévouement, la fidélité aux idéaux d'amour, de fraternité et d'amitié. Sauvée de la potence par Alvar Mayor, la belle et troublante Lucia de Lerma lui emboîte le pas dans sa lente et continuelle dérive onirique traversée de cauchemars. Les cités légendaires valent surtout pour l'instillation d'un climat violent et sensuel, luxuriant et ensorcelant. le graphisme d'Enrique Breccia sied à merveille à l'atmosphère surnaturelle que les épisodes répandent continûment. Les dessins du fils du grand Alberto Breccia (1919-1993) sont puissamment expressifs et particulièrement esthétiques. Une oeuvre majeure produite par l'immense réservoir à talent de l'Amérique du sud devient accessible.

Les éditions Ilatina sont une maison d'éditions comme je les aime, c'est-à-dire avec une identité marquée et la volonté de partagé des histoires peu diffusées ou connues en France.

Je les ai découvert avec « Chroniques amérindiennes » et là encore j'ai adoré ma lecture.

Alvar Mayor est un aventurier solitaire. Héro de la bande dessinée argentine, il est le fils des premiers descendants espagnols nés en Amérique du Sud. Respectueux des peuples autochtones, désintéressé par l'or qui obsède les espagnols, il les guide sur ces terres d'Amérique du Sud qu'il connait si bien, à la recherche de citées d'or perdues.

Récits alternants réalisme et imaginaire, une très belle plongée en Amérique du sud, de ses peuples et des mystères qui les entourent tel l'Eldorado, le tout porté par un incroyable dessin tout en noir et blanc.

Premier tome d'une trilogie, je vais chercher rapidement à me procurer les deux autres volumes ;) et ile me reste également dans ma pile à lire la BD « Rakshassas – le livre des démons » à découvrir.

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