Un huis-clos intense, tragique, le délitement douloureux d'un couple.
Déchirant, tempétueux,superbement bien écrit. Un séisme mental.
«
Tu l'as bien mérité » un titre inéluctable.
L'amour en déliquescence. Une parole qui explose, intranquille et poignante.
La douleur à fleur de peau. Claudia égarée dans les limbes. le vacillement de son être jusqu'au paroxysme.
« C'était un accident . L'échelle n'est pas haute me dis-je, il s'en tirera avec quelques égratignures ou une fracture du bras. Mais non, Antonio reste à terre et ne reprend pas connaissance ».
Claudia est près du Grenadier. Fil rouge de ce récit sublime dont on ne lâche rien. le Grenadier et ses milliers de graines serrées les unes contre les autres. Elles vont éclater sur le sol immanquablement. L'antre chavirée par l'atmosphère oppressante des non-dits, des silences et d'un chagrin incommensurable.
Claudia attend avant d'appeler les secours. La vengeance aux abois et les lèvres cousues par l'acidité de ses rancoeurs. Les frustrations, pain moisi, qui surpassent la normalité. Elle attend encore et encore. Retient la carte en main, la décision de le sauver ou pas.
Dilemme cornélien. Elle, sensible, bafouée, dont le désespoir est déchirant et crépusculaire. Antonio, son mari « célèbre présentateur télé » dont l'aura est une certitude. Présomptueux, condescendant, c'est un homme que l'on cerne d'emblée. Mais son arrogance nous rend timide et nous fait baisser les yeux. Son pouvoir d'attirance est trop immense. Lui, qui a fait un enfant à Anna, femme élégante, jeune et belle. Il est toxique.
« J'ai appris qu'elle était tombée enceinte et que son enfant était né il y a une semaine. C'est Antonio qui me l'a dit. Antonio est le père de cet enfant ».
Claudia est bafouée, trahie. Elle, dont il lui a toujours refusé un enfant. Elle est d'obscurité et de tristesse. La jalousie comme une blessure intestine en son coeur.
Antonio va guérir. Mais il a des séquelles. Il devient un vieil homme avec des habitudes grises et ternes. Un rituel de gestes lents et il est hypocondriaque. Mais Claudia se rebiffe. Elle écrit. S'émancipe et le trompe, avec qui ? Lisez ce livre pas pour le savoir. Là n'est pas l'important. Mais elle quête son renouveau par les rais de lumière qu'elle pressent advenir.
Elle affûte ses armes. Hantée par cette trahison, elle est le bréviaire d'une renaissance.
« Les vies secrètes se nichent dans les petits détails ». « On s'adapte à l'absence, on fait des ajustements permanents. Jusqu'au jour où l'on s'aperçoit que ce qui a disparu nous ressemblait plus que ce qui demeure ».
La trame est un battement de coeur. On est en plongée dans un texte réaliste, contemporain, filmique. Esthétique, tant on reste sans bouger. On observe les scènes conjugales, vives, psychologiques. Les sociologies dans les minutes précises où se qui déborde devient un drame. L'impossibilité de la connivence. le pardon encore insupportable. «
Tu l'as bien mérité », Claudia évidente et vertigineuse, sublime forcément sublime à l'instar de
Duras. Prisonnière dans les affres d'une emprise masculine, rocher de Sisyphe.
Ce récit est un Grenadier. Ses saisons à l'instar d'un couple perfectible. Son symbole de fécondité et d'unité est le marque-page de ce livre résolument féminin et majestueux. D'ombre et de lumière, Claudia et ses mérites. Traduit à la perfection de l'italien par
Laura Brignon.
Barbara Frandino , journaliste, scénariste, productrice et autrice de documentaires et de livres pour enfants dévoile dans ce roman magistral la force d'une écriture époustouflante. «
Tu l'as bien mérité » a été nommé pour le prix
John Fante du meilleur premier roman. Son succès véritable est une prouesse devenue internationale.
Publié par les majeures Éditions Les Argonautes.