L'affaire au centre de ce procès inique est la profanation du crucifix situé sur le pont neuf d'Abbeville… « la population, autant par dévotion que par superstition se masse et se lamente devant le crucifix mutilé : ça n'est pas un bout de bois tailladé : c'est le christ en personne qui est à nouveau supplicié ».
Georges Bringuier montre l'incroyable montée en puissance d'un fait mineur effectué par des jeunes en goguette…qui va conduire à une condamnation sans appel du Chevalier de la Barre.
Sans doute pour faciliter la compréhension de cette épopée,
Georges Bringuier présente les protagonistes de l'affaire : les accusés, les juges d'Abbeville, les juges de Paris, les partisans du Chevalier, ceux qui ont changé de parti…Le décor est planté pour une pièce de théâtre à venir avec des personnages surprenants : de Louis Pierre Broutelle, marchand de vin et de cochon, flatté d'être devenu juge assesseur en dernier recours… à l'évêque d'Amiens, Monseigneur de la Motte. En 1765, alors que l'affaire qui met en cause le Chevalier de la Barre secoue la ville d'Abbeville , l'évêque mène, pieds nus, la cérémonie de pénitence pour « réparer » l'offense faite à la statue du Christ, en présence de tous les dignitaires de la région. Tardivement, «après réflexions », cet évêque intervient auprès de Louis XV pour qu'il accorde sa grâce au Chevalier au vu de la minceur du dossier d'instruction ! Selon lui, la condamnation à mort avait été rendue en toute illégalité. le roi Louis XV, refusa d'user de son droit de grâce.
Georges Bringuier ajoute que, par le passé, des tentatives de réalisations de pièces théâtrales, voire de comédie musicale… ont eu lieu, sans succès.
Georges Bringuier s'applique dans de nombreuses pages à resituer l'environnement sociologique de l'époque, dans les années prérévolutionnaires des années 1760. Chemin faisant, nous disposons de belles pages d'analyse du fonctionnement de la justice de l'époque. On entrait « en » justice de père en fils. de même pour les bourreaux, par exemple dans la famille Sanson le père a exécuté le Chevalier de la Barre et le fils fut l'auteur de l'exécution de Louis XIV !
A cette époque il est clair que « les délits de blasphème et d'impiété sont des crimes qui relèvent de la justice du roi et non de la justice de l'église. le blasphème touche la source de la souveraineté définie par la doctrine du droit divin. La monarchie et l'église trouvent l'une dans l'autre leur légitimation »
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