John Fairfax, que je ne connaissais pas, est le pseudonyme de
William Brodrick, que je ne connaissais pas davantage avant de lire Reconnu coupable, c'est dire l'étendue de mes lacunes. Ma curiosité a été attisée par le parcours personnel de l'auteur, professionnellement marqué par un grand écart vestimentaire entre la soutane et la robe, puisqu'il a d'abord été frère augustinien après des études théologiques, puis avocat après avoir renoncé à cet ordre religieux pour s'attaquer à des études de droit. Avant de finalement accorder sa préférence à la littérature, quelle brillante trajectoire !
Dire que l'esprit de
John Fairfax est aiguisé, sa plume affûtée et son intrigue originale relève de l'euphémisme car tout est novateur dans Reconnu coupable. A commencer par William Benson, avocat qui vient d'accepter sa première affaire, défendre une femme accusée d'avoir assassiné son patron et néanmoins amant. Il s'agirait d'un démarrage banal pour un roman judiciaire si Benson ne sortait pas lui-même de prison où il a purgé une longue peine. Il a mis cette incarcération à profit pour devenir avocat, stimulé par Tess de Vere, qui l'a encouragé à suivre ce chemin lors de sa condamnation.
Mal accueilli, ostracisé par ceux qui sont désormais ses confrères, par le public et les potentiels clients, Benson réussit à installer son cabinet dans une ancienne poissonnerie où trône un aquarium, témoin de l'activité préalable du lieu, qui abrite Harold, un beau homard de l'Atlantique âgé de 125 ans. A cet attelage atypique, il faut encore ajouter un ex-codétenu aux manières rustiques, faisant office de secrétaire, clerc, assistant....
Cette nouvelle série mettant en scène des personnages annoncés comme récurrents est prometteuse, et je vais lire rapidement le second épisode du tandem de Vere-Benson. Si j'avais envie de chipoter un peu, ce qui n'est pas mon état d'esprit, je conclurais en précisant que le sérieux académique avec lequel
John Fairfax traite son histoire et ses personnages donne à l'ensemble un petit aspect rigide flirtant parfois avec la froideur : une critique minime compte tenu de l'excellence de l'ensemble.