Dans ce deuxième tome, on retrouve Brian et Laurie quelques mois après la fin du premier tome. Brian a avancé dans son projet de film amateur dont Laurie est l'actrice principal. Ses dessins, issus de pensées et de rêves tenants presque de visions hallucinées sont la matière de son film, très artisanal.
Pour Brian et Laurie, la rencontre et la découverte laissent place à la confiance, à des liens plus solides. C'est aussi l'occasion de découvrir le contexte familial de Brian, complexe et chaotique. Une situation qui a sans doute à voir avec la nature de ses dessins, influencés par sa passion pour les vieux films de genre et son propre regard sur le monde. Pour lui, un bref aperçu d'un reflet dans un grille-pain chromé peut donner lieu à un dessin d'un immense cerveau flottant au-dessus d'une sombre forêt. Les illusions hallucinées viennent brouiller la frontière avec le réel.
Charles Burns continue sa série Dédales avec un deuxième tome ambitieux, dans lequel une certaine dimension sociale et psychologique vient ajouter de la profondeur et de l'épaisseur à ses personnages, en particulier celui de Brian. C'est un aspect assez surprenant mais qui enrichit l'histoire.
L'aspect artisanal, presque bricolé de ces films de genre des années 30 à 50 se retrouve dans le film amateur de Brian. Ses dessins lui servent à la fois pour le story board et la conception de ses trucages bricolés. le dessin a une place centrale dans sa vie, c'est pour lui une échappatoire au réel mais aussi un moyen d'expression à part entière. On retrouve un peu de l'auteur et du dessinateur de BD dans ce personnage, à la fois artiste et artisan.
On a surtout plaisir à retrouver le dessin virtuose de Burns. Ses visages expressifs, ses noirs si profonds, ses couleurs tantôt sombres tantôt éclatantes. Les dessins semblent s'animer sous nos yeux, prêts à jaillir de leur case. Certains mériteraient d'ailleurs d'être encadrés.