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Xenogenesis tome 1 sur 3
EAN : 9791030705065
432 pages
Au Diable Vauvert (06/10/2022)
4.26/5   101 notes
Résumé :
Après un sommeil de plusieurs siècles, Lilith s'éveille à bord du vaste vaisseau spatial des Oankali. Créatures dotées de tentacules, experts en génétique, ils ont sauvé les rares survivants d'une Terre mourante et sont prêts à ramener Lilith et les derniers humains sur leur planète régénérée. Mais la survie a un prix…

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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Octavia Butler est une auteure dont j'ai beaucoup entendu parler dans l'essai ‘Libère-toi cyborg !' d'Anne Larue. J'avais noté la trilogie Xenogenesis qui, à l'époque, n'avait pas encore été traduite. Au Diable Vauvert a publié le premier tome l'année dernière. J'espère que les 2 autres suivront prochainement car j'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman et j'ai hâte de découvrir la suite.

Le roman débute plusieurs siècles après une guerre nucléaire qui a relégué l'humanité au statut d'espèce en voie de disparition. Les survivants ont été sauvés par une civilisation extra-terrestre, les Oankali.

Lilith s'éveille d'un long sommeil et on découvre en même temps qu'elle ce que sont les Oankali ainsi que leurs intentions. Rapidement, celle-ci comprend qu'ils ne sont pas des sauveurs désintéressés. Il y a un prix à payer et il est considérable.

Les Oankali lui confient la mission délicate d'éveiller un groupe d'humains afin de les préparer à retourner vivre sur Terre (du moins ce qu'il en reste). Ce sera loin d'être une sinécure pour Lilith. Les humains – malgré leur capacité destructrice – auront toutes les peines du monde à accepter leur inéluctable destin.

D'un côté, rien de nouveau sous le soleil dans le sens que les réactions humaines et la façon dont tout se passe au sein du groupe n'a rien de surprenant.

D'un autre côté, j'ai été fascinée par la description des aliens. Ils sont suffisamment étoffés pour comprendre leurs motivations sans jamais vraiment les appréhender en tant qu'individus. J'ai beaucoup aimé leur complexité. Les non-dits font passer le message que ce n'est plus l'humain qui est aux commandes. Il a obtenu le triste privilège de figurer sur la liste rouge de l'UICN (avec le statut « en danger critique »).

Un excellent roman et une écriture qui a de la poigne. Octavia Butler est une auteure à connaître.



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Lilith Iyapo se réveille. Ou plutôt s'éveille. Une nouvelle fois. Seule dans une pièce à l'ameublement minimaliste. Elle ne sait pas qui l'a enlevée. Ni pourquoi, ni ce qu'elle fait là. Elle se rappelle juste sa vie d'avant. Et que la guerre a décimé la grande majorité de la population terrestre. Mais elle a survécu. Pourquoi ? Pour quoi faire ?

L'Aube est le premier tome d'une trilogie, Xenogenesis, publiée originellement de 1987 à 1989. Les éditions au Diable Vauvert, dans leur volonté de proposer aux lecteurs français les textes d'Octavia E. Butler, ont fait traduire cette oeuvre inédite par Jessica Shapiro. C'est cette dernière qui avait révisée la traduction de Liens de sang, texte magistral par lequel j'ai découvert Octavia E. Butler. Et c'est une chance pour nous autres. Moi, en particulier, qui ne lit pas l'anglais couramment.

Dans ce roman, on oublie le passé pour se diriger vers un futur totalement imaginaire. Les guerres ont ravagé la Terre qui est devenue inhabitable (ça, malheureusement, c'est crédible). Des extraterrestres ont récupéré certains humain.e.s pour les sauver. Ils semblent avoir du mal à supporter qu'une « race » disparaisse et interviennent donc pour en récupérer des représentant.e.s. Tout ceci est très louable. La suite l'est peut-être un peu moins. Cela reste à voir et fait le centre de ce récit d'Octavia E. Butler. Encore un de ses cas de conscience cornéliens. Pour le moins.

Ce qui m'avait vraiment beaucoup plu dans Liens de sang, c'est le dilemme moral auquel était exposée la protagoniste principale. Devait-elle travailler avec Le Blanc, symbole de pouvoir et surtout d'oppression ? le jeu en valait-il la chandelle ? On retrouve ce questionnement fort dans L'Aube. Lilith (quel prénom que celui-là, avec toute sa charge mythique que l'autrice ne pouvait ignorer) va apprendre à vivre avec les extraterrestres. Ils l'ont sauvée mais ils la gardent prisonnière. Elle est traitée sans violence mais comme une prisonnière. Ou un animal. Enfermée. On fait sur elle des expériences. Quand elle ne supporte plus sa condition, on l'endort à nouveau. Puis on l'éveille à nouveau. Je pense que si un être humain était ainsi traité par d'autres, on contesterait ce traitement.

Malgré tout elle est en vie. Et peu à peu, les extraterrestres vont la faire vivre avec eux. Un peu comme la jeune Andrea Cort que l'on découvre dans Émissaires des morts d'Adam-Troy Castro et qui vivait dans une colonie mixte (avant le grand massacre). Puis, ils vont finir par lui demander plus. Ils vont lui demander de collaborer. Car leur but est non seulement de conserver des spécimens de toutes les « races », mais aussi de bénéficier de leur patrimoine génétique. En le mêlant au leur. Comment doit réagir Lilith ? Doit elle contester ? Se battre ? Mettre fin à ses jours ? Comment accepter cette condition ? Comment accepter de vivre avec ses geôliers ? Est-ce une question de survie et de bon sens ou est-ce amoral ? D'autant qu'on lui offre le retour sur une Terre à nouveau viable en échange. Que de questions que se pose Lilith et nous avec elle. Je dois avouer que c'est toute la richesse de cette autrice que de m'amener à me questionner sur de telles situations. Et de ne pas savoir quoi répondre. Car une fois encore, Octavia E. Butler se montre d'une grande finesse dans son traitement de la question. Pas question de nous montrer un point de vue unique, de nous faciliter la tâche en nous indiquant les gentils et les méchants, la marche à suivre. À nous, lecteurice, de nous débrouiller avec ça et de trancher. En espérant ne jamais se trouver devant un tel choix.

La lecture de Liens de sang m'avait convaincu qu'Octavia E. Butler était une grande autrice, mais elle aurait pu n'être la romancière que d'un seul grand roman. L'Aube m'a prouvé qu'il n'en était rien et que c'est une autrice qu'il me faut absolument lire et relire. Je commencerai bien évidemment par le deuxième tome de cette trilogie, L'initiation (prévue pour mars- avril) et Imago (octobre).
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Encore peu connue du public français, l'américaine Octavia Butler peut compter sur la farouche détermination de son éditeur pour remettre son oeuvre sur le devant de la scène. Depuis quelques temps maintenant, Au Diable Vauvert s'est mis en tête de rééditer ses romans les plus célèbres, comme La Parabole du Semeur et sa suite, La Parabole des Talents, ainsi que Liens du Sang récemment adapté en série TV par la chaîne FX.
Mais ce n'est pas tout puisque c'est maintenant au tour de L'Aube, premier volet d'une trilogie de science-fiction encore inédite jusqu'à récemment dans l'Hexagone, de connaître les honneurs d'une traduction française sous la houlette de Jessica Shapiro.
Octavia Butler n'a pas fini de nous surprendre…

La fin d'une ère…
Les choses commencent mal. du moins pour la Terre.
Dans un accès de folie collective, les humains se sont entretués.
Une catastrophe prévisible au milieu d'une Guerre Froide qui n'attendait pas grand chose pour passer en mode apocalypse nucléaire.
Heureusement, une race extra-terrestre qui passait par là s'est mise en tête de récupérer les survivants pour les maintenir en animation suspendue dans l'attente de la lente régénération de la planète Bleue.
C'est ainsi que débute l'histoire de Lilith, l'une des survivantes en question, qui se retrouve nez à nez (ou plutôt nez à tentacules) face à l'un de ces énigmatiques bienfaiteurs venus d'ailleurs.
La rencontre est rude puisque les Oankalis ne sont que vaguement humanoïdes avec un corps volontiers recouverts d'appendices semblables à des lombrics et des bras surnuméraires comme d'immenses tentacules menaçantes.
Pour établir un premier contact et éviter la crise de panique à notre survivante, les Oankalis ont décidé de confier cette tâche à un certain Jdahya, un de leurs membres dont le schéma corporel se rapproche le plus possible de la morphologie humaine. du moins de loin.
Peu à peu, Lilith va surmonter sa terreur initiale et comprendre qu'elle a à faire une race intelligente extrêmement avancée mais aussi complètement différente de la sienne. Manipulant l'ADN et les structures biochimiques avec la facilité d'un enfant s'amusant avec des briques de Lego, les Oankalis voyagent à travers l'espace dans des vaisseaux vivants et s'hybrident avec les peuples qu'ils rencontrent. Ne parlons même pas de leur acceptation de la notion de famille qui relève davantage du polyamour que de la cellule nucléaire traditionnelle à l'américaine.
Évidemment, le sauvetage de la race humaine et la volonté de les réintroduire sur leur planète remise à neuf n'a rien d'un acte altruiste et désintéressé car les Oankalis comptent bien tirer profit de la situation en fondant les deux races en une civilisation nouvelle et meilleure.
Lilith sera l'une des pionnières en la matière, héritant ainsi d'une tâche peu commode : éduquer les humains et les éveiller à la nouvelle ère qui se lève.
Autant dire que si vous aimez les romans de premier contact, Octavia Butler risque de devenir votre nouvelle idole tant L'Aube vous réserve de surprises dans son déroulement comme dans les réflexions qu'il offre.
Mais surtout, le récit se permet une ambiguïté réjouissante qui devrait faire pâlir le plus woke/conservateur des lecteurs puisque l'Américaine n'a pas du tout une pensée binaire et aime jouer sur les niveaux de gris lorsqu'elle s'attaque à des conflits moraux, raciaux et sociaux.

… de plein gré ?
L'aspect le plus fascinant, et certainement aussi le plus dérangeant, c'est bien évidemment la relation entretenue par Lilith et ses geôliers, les Oankalis. Il s'agit ici clairement d'une position dominé/dominant mais qui n'est pas du tout clair dans son abord moral puisque tout ça va bien au-delà des méchants dominants et des gentils dominés. Octavia Butler réfléchit aux mécanismes qui se mettent en place entre humains et extra-terrestres disséquant patiemment la nature des uns et des autres, de ce que les différences corporelles et mentales peuvent faire pour séparer (ou rapprocher) les deux espèces. Elle pousse si loin sa réflexion qu'elle la fusionne avec les questionnements liés aux genres et au rôle de la sexualité dans la capacité d'une personne à en dominer une autre. le viol redevient la traduction littérale d'un asservissement de l'autre et la notion même de consentement se brouille quand on commence à aborder les étranges coutumes des Oankalis.
Ceux-ci comptent des membres mâles et femelles ainsi qu'un genre tout autre appelé Ooloi. Ces derniers jouent un rôle complètement inédit pour les humains et c'est avec l'un d'entre eux, Nikanj, que Lilith va finir par s'unir.
Outre l'aspect physique dérangeant que peut revêtir cette relation, c'est l'utilisation de drogues et autres substances chimiques qui va venir titiller l'esprit du lecteur qui n'aura de cesse de se demander si toutes les décisions des personnages humains en contact avec les Oankalis sont uniquement de leur fait ou s'il ne s'agit en somme que de manipulation.
Dérangeant, vous avez dit ?
Octavia Butler n'aime pas la facilité, elle l'a déjà prouvé dans La Parabole du Semeur ou dans sa sublime nouvelle Les Enfants du Sang.
L'Aube poursuit et magnifie sa réflexion sur la dépendance à la domination et comment l'enfantement peut devenir une forme d'entretien de l'esclavage, la femme transformée en incubateur pour une nouvelle génération de dominés. L'un des points les plus perturbants du récit reste que tout nous est narré du point de vue de Lilith, elle-même modifiée et droguée à plusieurs reprises par les Oankalis qu'elle finit par accepter ou, du moins tolérer. Mais dans quelle mesure les actes de l'héroïne sont-ils libres ? C'est ce qui ronge l'esprit des nouveaux humains qui l'entourent.
Outre ce dilemme moral profond, c'est l'inventivité de Butler qui fait des merveilles. La société Oankali et sa façon de penser les choses, avec l'hybridation comme réflexe civilisationnel. C'est aussi le sexe et tout ce qui s'y rattache, une nouvelle façon d'aimer l'autre et de l'accueillir en soi qui n'ont rien de confortable pour le lecteur. Lilith et d'autres humains ressentent constamment un mélange étrange de dégoût-haine-amour-excitation pour les Oankalis qu'ils côtoient.
Ce premier volet, aussi passionnant que malaisant, laisse nombre de réflexions en suspens qui ne trouveront leur suite logique que dans un second volet se déroulant bien des années plus tard sur une Terre retrouvée. Octavia Butler a encore bien des choses à dire…

Formidable roman de premier contact mais aussi véritable plongée philosophique et anthropologique autour des rapports dominants/dominés, L'Aube est un roman de science-fiction indispensable qui semble parmi les plus pertinents à lire et relire à l'heure actuelle.
Impressionnant !
Lien : https://justaword.fr/laube-s..
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Octavia Butler est une autrice dont j'apprécie beaucoup le travail. C'est pour moi l'un des plus grands auteurs de SF, j'étais donc ravie de voir se publier une saga inconnue en France. Merci aux éditions du diable Vauvert. L'aube, premier tome de Xenogenesis, aborde toutes les thématiques que j'aime. Alors qu'en ai-je pensé ?

Nous suivons Lilith, une femme qui se réveille d'un long sommeil. Elle découvre que l'espèce est en voie de disparition. Les rares survivants ont été récupérés par les Oankalis, des extra-terrestres prêts à donner une seconde chance aux humains. Mais sont-ils aussi désintéressés que cela ? Au contraire, ils sont fascinés par le génôme humain et souhaitent se mélanger en créant des enfants hybrides. Autant vous dire que cela fait beaucoup d'informations à intégrer pour Lilith malgré ses remarquables capacités d'empathie et d'adaptation. Car la première réaction en rencontrant ces êtres à tentacules est souvent l'horreur et le rejet face à altérité perçue comme monstrueuse. Difficile acceptation, il n'y a d'autre choix que la cohabitation. Une fois de plus complexe, car le caractère faussement affable des Oankalis n'invite pas à la confiance. Lilith se sent prisonnière et manipulée, mais d'une manière presque douce, ce qui rend le récit très ambigu par moments.

Elle finit cependant par être autorisée à libérer quelques autres survivants. Elle a beau les trier sur le volet, c'est une situation intenable pour certains d'entre eux. Octavia Butler ne met pas en scène une vision reluisante de l'humanité. La plupart des survivants sont violents, le premier réflexe de certains hommes est de violer les femmes. L'autrice met en opposition la brutalité inhérence de la nature humaine à celle plus douce, mais dominante, des oankalis. C'est d'autant plus renforcé que l'humanité s'est autodétruite dans une guerre nucléaire, bien que ce ne soit pas le coeur du roman. Très vite, le groupe humain connaît des scissions, tente de se retourner contre Lilith, contre les oankalis, alors mème que les chances de survie sont quasi nulles. Ce premier tome pose la question : les humains seront-ils à la hauteur ? L'humanité vaut-elle la peine d'être préservée ?

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Il nous plonge dans la psyché de Lilith avec une grande acuité. Ce n'est pas un roman axé sur l'action, contrairement à beaucoup de récits qui mettent en scène des extra-terrestres. du début à la fin, il est difficile de déterminer avec certitude comment considérer les Oankalis, une incertitude partagée également par Lilith. Leur nature révèle une sorte de froideur clinique, empreinte d'une forte dose d'analyse. Paradoxalement, il est pourtant aisé de s'attacher à eux, de souscrire à leurs nobles intentions, ce qui engendre une tension interne et un certain malaise. Ce malaise est très bien décrit par l'écriture précise de l'autrice, qui prend du temps pour décrire comment son personnage se sent dans cet univers singulier.

Lilith est immergée dans le quotidien d'une famille Oankali. Ils forment des familles de trois personnes : un couple composé d'un mâle et d'une femelle, ainsi qu'un ooloi, être sans genre ni sexe mais dont le rôle est de mélanger les gènes pour faire naître de nouveaux individus. Partagée entre dégoût et fascination, Lilith est celle qui comprend le mieux les extraterrestres, ce qui l'éloigne des humains. Elle est désignée comme une sorte de commandante, mais comment être à la tête d'une troupe qui vous considère comme une traître à l'humanité ? L'autrice tisse une histoire complexe autour de la figure centrale hautement symbolique de LIlith, celle qui sauve et en même temps sonne le glas des humains.

Un roman rare, d'une grande sensibilité et d'une grande finesse. Octavia Butler aborde la thématique de l'altérité et de la survie de l'humanité à travers l'histoire de Lilith. Lilith est une figure forte, partagée entre la méfiance et son empathie pour les oankalis, une race bienveillante mais ambiguë, constamment dans une forme de manipulation, de domination, douce. le personnage principal est désigné comme le chef, mais sa position révèle vite les affres de l'humanité, profondément violente, posant la question de la nécessité de conserver les humains comme elle est.










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𝓨𝓸𝓾'𝓻𝓮 𝓯𝓲𝓵𝓵𝓮𝓭 𝔀𝓲𝓽𝓱 𝓼𝓸 𝓶𝓾𝓬𝓱 𝓵𝓲𝓯𝓮 𝓪𝓷𝓭 𝓭𝓮𝓪𝓽𝓱 𝓪𝓷𝓭 𝓹𝓸𝓽𝓮𝓷𝓽𝓲𝓪𝓵 𝓯𝓸𝓻 𝓬𝓱𝓪𝓷𝓰𝓮.

Lilith se réveille dans une salle stérile, complètement vide. Ses derniers souvenirs sont ceux de la guerre qui a mis la Terre à feu et à sang, et a manqué détruire l'humanité. Lilith va alors découvrir qu'elle et une partie de l'humanité ont été sauvés par les Oankalis, une race d'extra-terrestres vaguement anthropomorphes qui ont guéri la planète et veulent y réintroduire la vie humaine, à un certain prix.

Quel bonheur de découvrir cette autrice, roman après roman. Comme c'était le cas pour Liens de sang, j'ai été étonné de voir à quel point la plume et les thématiques abordées paraissent modernes alors que le roman a été écrit il y a déjà 35 ans.

Je pense que ce roman n'est pas pour tout le monde tant il est particulier mais j'ai personnellement été happé dès les premières pages. On découvre, à travers les yeux de Lilith, une race d'extraterrestres qui nous ressemblent très vaguement de par leur forme, mais qui sont malgré tout extrêmement différents, résolument « étrangers » (le sens premier du mot alien). On ressent la terreur de Lilith qui ne supporte même pas de les regarder dans un premier temps, et puis, le temps faisant son effet, elle s'habitue petit à petit à eux, et nous apprenons à connaître nous aussi les Oankalis.

J'ai adoré découvrir cette vision de l'extraterrestre que j'ai trouvé extrêmement originale, et encore une fois très moderne et inventive au travers de leur capacité à manipuler naturellement l'ADN des êtres vivants. On découvre aussi un mode de vie très intéressant, sans hiérarchie, avec une organisation par cellules familiales chacune composée d'une femelle, d'un mâle, et d'un ooloi. les oolois sont une composante essentielle de la civilisation Oankali qui sont notamment indispensables à la procréation, et qui sont de genre neutre. On a donc une vraie réflexion sur le genre, à une époque où nous étions très peu sensibilisés à ces questions.

S'il ne s'agit clairement pas d'un roman bourré d'action, il n'en reste pas moins passionnant puisque jusqu'au bout, on a du mal (et Lilith aussi d'ailleurs) à se positionner quant à notre ressenti vis à vis des Oankalis. Il y a quelque chose d'un peu froid, clinique, très analytique chez eux, et en même temps on n'a aucun mal à s'attacher à eux et à être convaincus de leurs bonnes intentions, ce qui crée un conflit interne et un certain malaise.

Ce malaise est renforcé par certaines des thématiques. Je pense notamment à tout ce qui a trait aux rapports de domination, puisque malgré l'attitude bienveillante des Oankalis, il est difficile de dire si on peut véritablement parler d'égalité entre nos deux races. J'y ai vu une certaine critique du spécisme même si ce n'est pas forcément si simple tant les Oankalis peuvent être ambigus.

Tout ce qui tourne autour de la sexualité et de la procréation a aussi tendance à mettre très mal à l'aise mais c'est difficile d'en parler sans trop en dire. Il vous faudra donc lire le roman pour en savoir plus.

Un autre point important, et perturbant, est la vision que l'autrice nous donne de l'être humain et sa propension à la violence. Ce discours rend d'autant plus difficile, et d'autant plus intéressant, notre positionnement dans cette histoire. Mais pour le coup, je développerai plus mon avis sur ce point dans mon post sur le second tome que je suis en train de terminer. La thématique de la nature humaine y est encore plus présente que dans ce premier tome et ça me semble donc justifié d'en parler plus en détails à ce moment.

En conclusion, j'ai tellement aimé ce roman que je ne sais pas comment en parler ! J'ai l'impression d'en avoir dit beaucoup, et en même temps d'avoir à peine effleuré la surface. le livre est extrêmement court mais vraiment très riche, et il mérite que vous vous penchiez dessus. Pour ma part, il m'a convaincu que je devais absolument lire tout ce qu'a écrit Octavia Butler.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"Pourquoi est-ce que vous ne pouvez pas rentrer chez vous? demanda-t-elle. Votre planète... elle existe encore, non?"
Il parut y réfléchir un moment. "Nous l'avons quittée il y a si longtemps... Je doute qu'elle existe encore.
- Pour quelle raison est-ce que vous l'avez quittée?
- Il s'agissait un ventre. L'heure était venue de naître. "
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Tate prit une profonde inspiraton, posa son front sur sa main. "Je leur ai posé la question, déclara-t-elle, les yeux rivés sur la table. Ils n'ont pas voulu répondre. Au bout d'un moment, j'ai eu peur et j'ai renoncé à savoir.
- Oui j'ai fait pareil.
- Est-ce que ce sont... des Russes?
- Ils ne sont pas humains."
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Vous êtes un mélange rare d'horreur et de beauté. Vous nous avez véritablement capturés et nous ne pouvons nous échapper. Mais vous êtes plus que la simple composition et le fonctionnement de votre corps. Vous êtes votre personnalité, votre culture. Celles-ci nous intéressent aussi. C'est pourquoi nous avons sauvé autant d'humains que possible.
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Extrait (début du premier chapitre) :
« En vie!
Toujours en vie.
En vie… encore une fois.
L’Éveil fut difficile, comme d’habitude. La déception ultime. Inspirer suffisamment d’air pour chasser les sensations cauchemardesques d’asphyxie représentait une véritable épreuve. Lilith Iyapo resta étendue, haletante, tremblante après un effort aussi colossal. Son cœur battait trop vite, trop fort. Elle se roula en boule, comme un fœtus, impuissante. Le sang se remit à circuler dans ses bras et ses jambes par minuscules bourrasques d’une douleur exquise.
Une fois que son corps se fut calmé et eut accepté la réanimation, elle regarda autour d’elle. La pièce semblait mal éclairée ; or, elle ne s’était encore jamais Éveillée dans la pénombre. La pièce ne semblait pas mal éclairée, elle était mal éclairée. Lors d’un précédent Éveil, elle avait décrété que tout ce qui se passait, tout ce qu’ell percevait constituait la réalité. Elle s’était déjà demandé – combien de fois ? – si elle n’était pas folle ou droguée, malade ou blessée. Rien de tout cela n’avait d’importance. Ça ne pouvait pas avoir d’importance alors qu’elle se trouvait ainsi confinée, laissée sans défense, seule et dans l’ignorance.
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"Il te plaît ? " demanda-t-elle.
Les tentacules se tournèrent brièvement vers Joseph. "Ahajas et Dichaan n'en reviennent pas, affirma-t-il. Ils pensaient que tu choisirais un des grands à la peau sombre parce qu'ils te ressemblent. Je leur ai dit que tu choisirais celui-ci parce qu'il est comme toi.
- Comment ça ?
- Au cours des tests, ses réactions étaient plus proches des tiennes que tous les autres, à ma connaissance. Il ne te ressemble pas mais il est comme toi.
P. 278
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Videos de Octavia E. Butler (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octavia E.  Butler
Octavia E. Butler (1947-2006) est la première autrice afro-américaine de science-fiction.
En douze romans et un recueil de nouvelles, son oeuvre constitue une littérature qui pense l'oppression et la résistance. Plusieurs fois lauréate du prestigieux Prix Hugo, elle a aussi fait l'objet d'un hommage de la NASA sur... Mars ! Son chef-d'oeuvre visionnaire "La Parabole du semeur" (1993) prophétise l'avènement de Donald Trump dans un récit terriblement d'actualité, d'autant qu'il se déroule en 2024.
Pour parler de cette pionnière de la SF, Natacha Triou reçoit trois invités : Isis Labeau-Caberia, autrice de fiction et de non-fiction Jeanne-A Debats, autrice de science-fiction Marion Mazauric, créatrice et dirigeante des éditions Au Diable Vauvert
#sf #litterature #afrofuturism __________
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