Six pièces en un actes se composent de six petites perles d'écritures. Trois monologues et trois pièces à plusieurs personnages.
Dino Buzzati nous embarque dans des histoires loufoques, cruelles, drôles, désespérées. Quand on apprécie l'écriture de Buzzati, ces six petites pièces sont un feu d'artifice, un régal littéraire.
Seule un soir
Il y a d'abord Madame Iris, femme seule, cartomancienne de son métier, rentrant chez elle, recevant la visite d'un homme sur fond de meurtres perpétués dans la ville. Elle commence à lui tirer les cartes, sauf que le visiteur est imaginaire et Madame Iris se laisse lentement envahir par sa peur, son angoisse jusqu'à se croire elle-même victime du tueur.
L'horloge
Irma Casera, veuve, est obnubilée par l'horloge de son salon qui selon elle renferme l'âme de son mari. Seulement son mari, Irma l'a assassiné et l'horloge infernale remonte le temps et lui fait revivre sans cesse son crime.
Strip-tease
Vélia en sept situations : chez son amant en fille entretenue, chez la femme de son amant après la mort de celui-ci quémandant un peu d'argent, chez sa tante essayant de l'embobiner pour qu'elle lui prête une grosse somme d'argent, patronne de bar louche acculée à la faillite, chez les flics où elle a été arrêtée pour prostitution, à l'église en train de confesser "sa mauvaise vie" et enfin à l'hôpital agonisante. Toute une vie en un monologue éblouissant.
Voilà pour les monologues, drôles, cyniques, troublants, tendres, absurdes.
Les souffleurs
une femme et son amant et deux souffleurs, le réel et la représentation. Deux amants qui se querellent, oublient leur texte et deux souffleurs qui font parler leurs sentiments avant leur métier. Nous ne savons plus si nous sommes sur une scène de théâtre ou dans un drame de la vie réelle.
L'Augmentation
Un employé timoré se décide après des années à demander une augmentation à son patron et au final se retrouvera à accepter une diminution de salaire.
La révolte contre les pauvres
Une famille d'aristocrates décident de troquer sa vie contre celles de ses "pauvres". La veine sociale irrigue cette farce italienne.
Il y a plusieurs niveaux de réalités dans ces pièces de Buzzati, cet écheveau savamment emmêlé forme un tourbillon de mots, de situations où la dramaturgie s'épanouit. J'ai une préférence pour les trois monologues peut être pour les avoir travaillé ainsi que "la révolte des pauvres". C'est une gageure et un réel plaisir de se confronter à cette écriture, à ces mots.