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EAN : 9782957561575
312 pages
Editions Vendeurs de Mots (25/10/2023)
4.72/5   18 notes
Résumé :
Par l’auteur de « May », prix de littérature 2023 du Lions club pour la région des Hauts de France et prix spécial du jury du salon de Bapaume.

Ours, un octogénaire, souffre d’absences et vit reclus chez lui, à la campagne, depuis la disparition de Birdie, son épouse. Un soir, on frappe à la porte. Un jeune homme, tombé en panne de voiture à proximité, sollicite son aide. Un jeune homme qui semble surgi du passé et se révèle être le portrait craché d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Ours, le dernier roman de Laurent Cappe, comme son titre pourrait le laisser penser n'est pas un roman animalier dont le sujet serait les plantigrades.
Ours est en fait le surnom de Virgile qui, élancé et d'allure sportive à l'adolescence, a ensuite acquis une forte corpulence et une pilosité conséquente. Un surnom qui ne l'a plus lâché, assorti en plus à son caractère.
Ours est aujourd'hui un vieil homme de plus de quatre-vingts ans qui vit reclus et souffre d'absences depuis le décès de son épouse Birdie.
Lors d'une fin de journée pluvieuse et venteuse, un importun toque à sa porte d'entrée. Il s'agit d'un jeune homme, sans téléphone, qui est tombé en panne à proximité. La vingtaine, il a les mêmes traits qu'Ours à cet âge-là.
Commence alors une étrange nuit.
Dans un original compte à rebours, Laurent Cappe, auteur déjà bien connu, notamment pour ses romans Bleu et May, nous embarque dans une sublime histoire d'amour qui va nous conduire de Paris à la Côte d'Opale, cette région du Boulonnais chère à l'auteur.
Une étrange complicité va lier Ours à ce jeune prénommé Adam qui l'invite à revisiter son passé et pour cela est parfois obligé de le pousser dans ses retranchements.
Difficile parfois pour Ours de se rappeler, d'autant qu'il lui arrive de décrocher, mais quels merveilleux moments de grâce il se souvient avoir vécu avec Birdie, depuis leur rencontre qui a pu se concrétiser par une vie d'amour grâce aux oiseaux, ces oiseaux qui les accompagneront toute leur vie et au-delà. La magnifique couverture est tout un symbole !
Il se remémore leurs débuts, leurs amis, la jalousie parfois, les choix qui ont dû être faits, puis ce couple, qui est venu s'installer pas très loin de leur maison et avec qui va se nouer très vite une relation sincère, très forte et durable, et enfin cette maladie cruelle, tous ces souvenirs enveloppés par cet amour passionnel qu'éprouvent Birdie et Ours.
Mais Ours est taraudé par un secret qui le ronge de culpabilité et dont il lui est très difficile de se délivrer, d'où un récit nimbé de mystère.
La plume riche, poétique et toute en délicatesse de Laurent Cappe ne peut laisser indifférent.
Que d'émotions j'ai ressenties à la lecture de ce roman tout en sensibilité, certains passages m'arrachant même des larmes !
Véritable ode à l'amour, un amour quasi utopique en l'occurrence, Ours se révèle également comme un hommage, une superbe célébration de l'art qu'il soit graphique, sculptural ou littéraire.
Les mots qu'emploie Laurent Cappe pour décrire les affres dont souffre Ours lorsqu'il ne sait plus où il en est lors de son récit sont d'une terrible justesse et tellement bouleversants.
Si Ours peut être considéré comme un chant de la vie, il est également une réflexion passionnante sur le temps qui s'écoule inexorablement, sur la fin de vie, le suicide assisté et sur la transmission.
Ours est un roman touchant, bouleversant et captivant, presque intemporel, d'une force émotionnelle puissante et je remercie Laurent Cappe pour m'avoir encore une fois honorée de sa confiance.

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Rentrée littéraire 2023.

Un compte à rebours terrible et émouvant débute, tout en mélancolie et douceur. L'écriture de Laurent Cappe est à la fois précise et généreuse. Ses phrases coulent tendrement pour nous conter la vie d'un couple : Ours et Birdie.
Après May et Bleu, Laurent Cappe a choisi un nouveau titre bref et percutant : Ours. Virgile, homme à la carrure impressionnante, a été affublé de ce surnom qui lui va bien et ne lui déplaît pas. C'est lui qui va se confier tout au long de vingt-cinq chapitres, nous faire partager ses pensées, revenir en arrière pour finalement dévoiler ce secret qui hante les dernières années de sa vie.
Par l'intermédiaire du jeune Adam qui lui ressemble étrangement quand il avait le même âge, Ours se met à raconter son amour immense, sa vie de couple réussie avec Birdie. Les tourterelles illustrant la couverture du livre sont belles et symbolisent leur union et leur complicité jamais démentie malgré toutes les embûches que la vie ne manque pas de réserver.
Avec adresse et malice, Laurent Cappe réussit à me balader entre réalité et fiction, sur les pas de Ours et Adam. Octogénaire bien affaibli, Ours se trouve au Cap Blanc-Nez. Pris de vertige dans ces lieux qu'il connaît bien, où il est venu si souvent avec Birdie, il est victime d'un malaise, secouru puis hospitalisé.
Déjà, apparaissent ses voisins, Max et Hélène qui, avec leurs filles, Laura et Manon, jouent un rôle prépondérant au cours de l'histoire de Ours et Birdie. Mais Adam est là, avec lui. Ils se promènent, sont trempés puis Ours lui fait une omelette, commence à lui parler de Birdie, décédée.
L'essentiel se déroule dans ce Pas-de-Calais, autour de Boulogne-sur-Mer que l'auteur connaît si bien. Déjà, il me bouleverse en écrivant une page admirable sur la vie, l'amour, la mort.
Ours a 25 ans et Birdie, 24, lorsqu'ils se rencontrent, à Paris. Les oiseaux dont la présence est constante au long du récit, font l'objet du livre offert à Ours par Birdie : « Les passereaux d'Europe », de Paul Géroudet. S'il est follement amoureux, Ours réalise que l'amour est un combat car il ne peut rester à Paris et un certain Philippe… Dès le premier instant de séparation, le manque est terrible.
Assez vite, le cancer fait son apparition avec la mort brutale d'un voisin, André, emporté par la maladie, en trois semaines. Suzanne, son épouse ne reste pas et c'est justement dans leur maison que s'installent Max et Hélène cités plus haut. Birdie et Ours seront comme des grands-parents pour Laura et Manon, leurs filles.
La complicité magnifique entre Ours et Adam m'emmène dans ce retour en arrière indispensable pour comprendre toute l'histoire. Si Ours est émouvant dans ses confidences, ses tourments psychologiques sont bien décrits car le souci de l'auteur est de faire vivre le couple, sa formation, son évolution et surtout d'aborder cette cassure terrible lorsque l'un meurt. Que devient l'autre ?
Toujours soucieux du moindre détail, Laurent Cappe a tendance à s'embarquer dans des phrases trop longues mais bien maîtrisées. de plus, il présente un monde un peu trop beau où la réussite est toujours au rendez-vous malgré quelques obstacles tout de même.
En fait, c'est la maladie, essentiellement, qui apporte la noirceur dans ce roman, même si son issue inéluctable est toujours vécue de manière positive.
Il ne faut pas que j'oublie de préciser que Birdie est une artiste de grand talent qui dessine et sculpte remarquablement alors que Ours rêvait d'être un romancier reconnu. Il réussit quand même à publier une série de fiction dont raffolent les jeunes.
Beau et terrible à la fois, Ours va au bout jusqu'à cette issue inéluctable : la mort. Lorsqu'une maladie incurable s'en mêle, les sentiments sont exacerbés et Laurent Cappe réussit très bien à montrer le drame intérieur que vit Ours avec ce secret qui le taraude jusqu'au bout.
Je remercie vivement Laurent Cappe pour sa confiance et pour ce roman qui pousse tout un chacun à la réflexion au cours de cette vie que nous savons éphémère. le partage d'un amour aussi beau que celui qui unit Birdie et Ours permet d'aller jusqu'à l'ultime décision que chaque lectrice ou lecteur aura tout loisir de découvrir, tout en partageant la beauté d'un vol de goélands argentés et de grands cormorans...

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« Les gens du Nord
Ont dans le coeur le soleil
Qu'ils n'ont pas dehors »

Laurent Cappe est un écrivain de ce Nord de la France dont parlait Enrico Macias (j'entends déjà quelques cris : Qui ? Connais pas) et son soleil m'a éblouie. Ses mots me sont entrés dans le coeur et l'ont réchauffé, tel un soleil, même s'il est souvent question de la mort dans ce roman. Mais, il y est surtout et d'abord et magnifiquement question d'amour. Un amour bien différent de celui relaté par Bégaudeau. Un amour flamboyant, un amour qui n'est pas tombé du ciel, un amour pour lequel il faut aussi se battre et accepter parfois de perdre face à l'autre, parce qu'au final les deux y gagnent.
« À cet instant je pris conscience que l'amour ne se suffit pas. Que sa survie dépend des sacrifices que vous êtes prêts à consentir pour lui. Que l'amour est aussi un combat »

Un roman qui commence par le chapitre 25 et se termine au 0, étonnant. Je ne vous en dirai pas la raison, ce serait trop simple. Un roman qui intercale présent et passé, réalité et souvenirs, pluie et soleil, bonheur et désespoir, vie et mort. On chemine pendant ces 25 chapitres au côté au côté de Virgile, que tout le monde appelle Ours. D'ailleurs, il a fallu que je recherche son prénom, au moment d'écrire ces lignes. Ours vit seul, maintenant, il est vieux, triste, il a oublié de rire depuis longtemps, d'ailleurs il oublie de plus en plus. Mais il a continué à vivre malgré la perte de Birdie, Birdie, son aimée, sa vie. Il vit pour rassembler et faire revivre ses souvenirs pour qu'elle ne disparaisse pas complètement :
« Alors, depuis ces ténèbres germa un infime espoir, un objectif, une raison d'exister encore. Si elle ne m'attendait plus, ou pire : s'il n'y avait rien par-delà la mort, alors, par ce travail, je la maintenais en vie. Tant que je pouvais me la représenter, entendre le timbre de sa voix, respirer son odeur, elle vivrait. »

Ce roman m'a profondément émue, par ses personnages. Il y a d'abord Ours et puis bien sur Birdie, si magnifiquement racontés par l'auteur. Mais celui-ci prend le temps de mettre en scène d'autres personnages, leurs voisins, ceux qui étaient plus vieux, André et Suzanne, ceux qui les ont guidés dans leur vie dans cette maison, et puis les petits nouveaux, Max et Hélène et bientôt leurs filles, qu'ils ont guidés à leur tour, qui ont remplacé la famille qu'ils n'avaient pas pris le temps de construire, trop absorbés par leur bonheur à deux. le temps passe si vite quand on est heureux. Et puis aussi Philippe, l'ami de toujours, et même amoureux de Birdie, qui se tiendra fidèle aux cotés du couple, dans leur vie professionnelle. Et les autres …
Sans compter Adam, qui débarque d'on ne sait où, pour recueillir les confidences du vieil homme. Qui est-il ? D'où vient-il ? On le devinera petit à petit.

L'émotion est aussi présente dans l'amour que l'on sent à chaque page pour cette région, que moi je ne connais pas. Les promenades sur les plages, les falaises, les rencontres avec la faune et les oiseaux innombrables, du cap Gris-Nez au cap Blanc-Nez :
« L'air marin, chargé d'iode, de voyages, de naufragés et des effluves de l'aube du monde, s'engouffra jusqu'aux tréfonds de son âme, et il se sentit enfin en phase avec sa vie. Il était chez lui. À sa place. »

Un roman magnifié par l'écriture sensible et souvent poétique de l'auteur, qui sait si bien nous décrire ce qu'il raconte que les images se forment toutes seules dans notre tête. Un roman où c'est la vie qui gagne à la fin, même si certains meurent dans le roman. Un roman qui bien que triste parfois m'a rendue heureuse par sa lecture.

Un immense merci à l'auteur pour sa confiance.
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Bonjour ! Aujourd'hui, je vous présente Ours, qui a vécu de longues années avec son épouse « Birdie » et qui depuis son décès, s'est enfermé dans sa tanière, évitant les contacts. Mais un soir, Adam, un jeune homme, frappe à sa porte pour lui demander son aide ; sa voiture est en panne et il ne sait pas où aller… Adam ressemble à Ours lorsqu'il avait son âge et comme il n'y a aucun hôtel de libre, Ours est contraint de l'héberger.

Vous êtes prêt(e)s ? Alors restez discrètement dans un coin, nous allons passer une nuit pleine d'émotions avec Ours et Adam.

Ah, les jeunes ! Comme c'est curieux, ça en pose des questions ! Bien sûr, Ours est réticent, et puis sa mémoire lui fait défaut, mais au fur et à mesure, il raconte. Et ça commence par sa rencontre inespérée avec Birdie ! Vous savez, la rencontre dont on sait qu'elle va changer le cours de notre vie ; le coup de foudre !

Les souvenirs affluent et Ours les révèlent à petite touche, sa jeunesse, les débuts tumultueux avec Birdie, ses rencontres, les voisins et les amis.

Alors évidemment, au cours d'une vie, il n'y a pas que du rose, et parfois Ours confie un moment qui a été plus douloureux. Mais, en permanence, son amour pour Birdie affleure ; cette jeune femme, devenue une sculptrice célèbre, a été au centre de sa vie ; ils ont vécu un amour fusionnel, des moments intenses. Vous pouvez imaginer comme il a souffert Ours, lorsqu'il a appris le cancer de Birdie ? Vous pouvez concevoir le vide qu'elle a laissé dans sa vie ?

Pourtant, il y a les voisins, Hélène et Max, qui sont devenus de vrais amis, avec leurs filles, dont Birdie et Ours étaient des grands-parents de substitution. Malgré tous leurs efforts, Hélène et Max ne parviendront pas à venir en aide à Ours ; petit à petit, il a sombré dans la solitude.

Très vite, on se rend compte qu'il y a quelque chose en plus, un remords, un regret ; quelque chose qui pèse très lourd sur les épaules d'Ours.

Durant cette nuit, Adam va emmener Ours sur des lieux emblématiques de son histoire avec Birdie ; certes, Ours est très fatigué, mais sa mémoire se libère et la parole avec...

Laurent CAPPE nous entraîne dans l'histoire d'Ours et Birdie, avec délicatesse et sensibilité, il nous raconte un amour hors du commun… Un roman tendre et drôle, abordé sous un angle original, qui nous emmène sur les traces d'Ours et Birdie, leur vie et leurs rencontres, l'amitié avec les voisins, jusqu'à parvenir à déboucher sur ce lourd secret qui a pesé si lourd sur le coeur d'Ours.

Bref, un roman original et bien écrit, sur la passion, la vie, l'amitié… et une nuit pleine de tendresse qui nous émeut jusqu'au matin…

À lire près d'un ours en peluche en écoutant le gazouillis des oiseaux, confortablement installé sur un vieux canapé, en dégustant une tarte aux pommes (faite maison de préférence) accompagnée d'un thé au jasmin. Bonne lecture !

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La une de couverture nous parle d'un ours et nous montre deux tourterelles. Etonnante cohabitation de symboles apparemment divergents, entre pesanteur et légèreté … et pourtant, quoi de plus logique quand deux opposés, Ours et Birdie, s'attirent.

Laurent Cappe, à la convergence des parallèles, nous propose un roman attachant, simplement humain, empreint de réalisme et de poésie onirique. C'est une réflexion pertinente sur ce qui fait de la Vie un drame et un bonheur. le lecteur suit, en itinéraires croisés, quelques destins emmêlés ... non loin des vertigineuses falaises crayeuses du cap Blanc-Nez (Côte d'Opale, département du Pas-de-Calais), sous le regard des mouettes et des goélands filant vers l'Angleterre, apparemment indifférents aux destins des hommes …

… encore que !

Où classer le récit, dans quelle case, dans quelle prison ? Littérature générale, roman de terroir, d'Amour, Fantastique, de mystère et de suspens, « conte à rebours » (jeu de mots) quand la numérotation des chapitres s'inverse tout le long du décompte d'une longue nuit d'attente qui ne livrera sa clef qu'au petit jour d'une aube nouvelle … ? Quelle importance les étiquettes, quand de fond, « Ours » est un roman d'interrogations sur l'essentiel : la vie, la mort ... et que chacun y trouvera des échos à sa propre existence, liés à ce qu'il est et montre, à ce que les autres sont pour lui et inversement …

A ce jour, trois romans sont sortis sous la plume de Laurent Cappe. A chaque parution un mot solitaire en usage de titre, une constante, un rite, une marque de fabrique, un porte-bonheur ? Il y eut « Bleu » en 2020, « May » en 2021 (Prix de littérature du Lions Club pour la région Nord et prix spécial du jury du salon de Bapaume). L'auteur, fin 2023, nous revient avec « Ours » aux « Ed. Vendeurs de mots ». Sur le fil de ses deux premiers romans, Laurent Cappe m'avait scotché et essoré le coeur d'un trop-plein d'humanisme, sur le fil agréable et aisé d'une prose élégante, délicate et sensible qui s'en va crocheter, enfoui et retenu, le meilleur de nous-mêmes … à savoir les larmes et l'empathie. « Ours » n'échappe pas à la règle. Retour, via une fiche de lecture, sur un ressenti chahuté par la gravité des thèmes abordés ; par la manière pertinente, naturelle et sensible de présenter et de disséquer des personnages attachants et vrais ; par ce lot d'épreuves douloureuses que sont certaines « choses de la vie » mais aussi ces moments de bonheur que l'existence nous offre par de si chiches touches hésitantes.

Virgile, dit l'« Ours » : sa carrure imposante et pataude, son caractère bourru. Un homme tendre à coeur, au final une bonne pâte. Un octogénaire reclus qui, un lourd secret le verrouillant, âge et alcool en cachette aidant, dérive désormais d'absences en absences, de trous de mémoire en brèves étincelles de souvenirs, passé et présent mêlés. Ours, un naufragé laissé pantois et angoissé entre zones d'ombre et flashbacks épuisants, au coeur d'une alternance éprouvante de présences ébahies et de non-être où il s'englue. A ne pas comprendre ce qu'il fait là, pris de vertiges, au bord du précipice d'une falaise crayeuse ; sur un chemin de campagne qu'il a, jadis, emprunté si souvent ; dans une auberge où il a mangé tant et de fois. Qui est Adam, cet énigmatique jeune homme qui l'accompagne, qui lui ressemble tant, 60 ans plus tôt… et à qui il raconte tout, son passé, ses bonheurs, à qui il parle de « Birdie » ?

« Birdie », le contraire d'Ours: petite, frêle, bavarde, ouverte aux autres, son épouse défunte … Ours, un veuf à la dérive, une vie désormais fracassée dont chaque fragment n'est plus que remontée d'un passé heureux. Entre eux, le grand Amour, celui sur le long cours, depuis le premier regard. Dans l'ordre des choses, l'un part, l'autre reste et vit reclus, dans le souvenir éteint d'une flamme qu'Ours a peut-être lui-même soufflée .. va savoir quand tout se complique et reste tu. Une histoire comme une autre, un peu hors normes mais plausible, un brin fleur bleue mais on s'en cogne quand le coeur du lecteur fait boum-boum et que les larmes ...

« Ours » et « Birdie » : un de ces couples autour d'un manque, celui d'un enfant qui n'est jamais venu ; deux vies qui se cherchent un avenir au-delà de la mort. Elle, sculpteur de renom ; lui auteur de Fantasy. de l'argent plus que nécessaire, une belle demeure dans le Nord Pas-de-Calais … des voisins à qui s'attacher, un couple, deux petites filles, une manière de compenser, d'entrevoir l'avenir .

Cappe gratte du côté de l'Amour qu'emporte la mort de l'un, de l'euthanasie, de la fin de vie, des transmissions trans générationnelles des savoirs, des passions et des acquis. Thèmes éternels que ceux-ci …

« Bleu », « May » et « Ours », trois flèches décochées coeur de cible ; un auteur, Laurent Cappe, qui n'est plus une révélation mais une constante de qualité. Lisez-le, écoutez-le, il a tant de choses à dire. On en sort le coeur gros mais rempli de bonheur.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Chaque mètre carré de cette digue était chargé de nos traces, de nos sorties enlacés, de nos promenades côte à côte, pour souffler, décompresser, ou juste pour le plaisir de respirer l’air de la mer et les embruns avant de rentrer, de nous laisser bercer par le sac et le ressac aux premières douceurs du printemps, de nous gaver du tumulte des foules et de l’énergie du soleil d’été, d’admirer la bascule des lumières d’automne, de fouetter nos visages aux vents lointains, ouverts à chaque saison, par tous les temps, souvent en silence, nous nous suffisions, inutile de chercher à remplir l’espace quand il s’offre à vous, si vaste, saturé de vie.
(page 150)
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L’étoffe sentait la poussière et la nostalgie. Il inspira à fond, souffla lentement, ouvrit les yeux. Regarda à travers le voile. Découvrit le reflet diaphane de son visage sur le carreau ; une cicatrice. Le clair-obscur caravagesque en arrière-plan. Songea que la journée serait encore longue. Si longue. Un étirement sans fin, l’ennui dans sa pureté la plus absolue, l’ennui poussé à son plus haut degré, là où l’esprit écarte d’un souffle dédaigneux toute velléité d’agir pour combler le vide.
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Un oui, et le voyage est sans retour. Un non, le rideau se referme et tu attends le prochain train, si tant est qu’un autre train passe un jour. Tu le vivras un jour, Adam, ce moment où la lumière est si vive qu’elle te contraint à fermer les yeux pour te rassembler, pour chercher à sentir, pour trancher : soit tu laisses tes pas te mener sur la voie tracée par le destin, soit tu optes pour la peur de vivre, qui régnera alors sur le restant de tes jours.
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Et Suzanne qui le regardait lui glisser des mains, noyée dans le chagrin et le désarroi. Son monde s’effondrait comme un château de cartes, elle qui avait vécu comme une ombre dans l’ombre de son mari, semant son amour comme autant de petits cailloux blancs qu’André trouvait chaque jour sur son chemin, lui indiquant la voie, sans bruit, dans l’ombre, toujours, un amour sans tapage, un amour qui ne cherche pas à toucher les étoiles, humble, terrien, discret. À leur image.
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Nous plongions à cœur perdu dans ce que la création pouvait nous offrir de plus étrange, gracieux, difforme, éclatant, rare, merveilleux. Nous cherchions l’altérité pour mieux nous trouver, nous appréhender. Nous rencontrions des personnages hauts en couleur, des voyageurs, des passionnés, des abrutis, des passionnants, des amoureux de la nature, des anges tombés du ciel, des margoulins attirés par l’appât du gain, sans morale ni scrupules. Les Hommes.
(page 223)
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