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EAN : 9782367321950
352 pages
Editions Chandeigne (24/09/2020)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Eliete, 42 ans, mariée, deux enfants, « moyenne en tout », étouffe dans son rôle de femme et de mère dévouée et délaissée. Animée de mille questions et d'un manque d'auto-estime, elle voit sa vie basculer peu à peu quand sa grand-mère bien-aimée se met à perdre la tête. Comment vivre sa vie de femme quand on se rend bien compte que ceux qui nous sont apparemment les plus proches nous deviennent étrangers, tandis que des inconnus se bousculent aux portes de nos résea... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Portugal aujourd'hui
Eliete, quarantenaire, mariée, deux filles, se voit vieillir.
Elle qui ne s'aimait déjà pas beaucoup, s'observe sans aucune complaisance.
Quand sa grand-mère paternelle est retrouvée dans la rue, en chemise de nuit, perdue, elle décide de la prendre à la maison. Elle va s'occupe d'elle, comme sa mamie s'est occupée quand elle était petite.
La voici donc avec une charge supplémentaire à assumer en plus de son emploi d'agente immobilière, de ses tâches d'épouse, de mère de famille.
C'est surtout l'occasion pour elle de revenir sur son passé, sur la mort de son père alors qu'elle n'avait que 5 ans, sur l'inimitié entre sa mère et sa grand-mère durant les années passées chez cette dernière.
Nous partageons les idées foisonnantes d'Eliette confrontant ce passé, observant son présent et envisageant son avenir. Entre sa frustration face à son mari devenu indifférent et négligeant, sa tristesse devant l'insouciance égoïste de ses filles avec qui elle aurait voulu avoir une relation de mère complice, le chagrin qu'elle éprouve en voyant sa grand-mère s'éloigner de plus en plus de la réalité, nous suivons les interrogations, les mille et une pensées d'une femme ordinaire, qui aspirait à une vie normale et que sa vie ne satisfait plus.
J'ai beaucoup aimé la grande lucidité avec laquelle elle regarde les siens, tellement préoccupés de leur vie sociale virtuelle qu'ils en oublient la présence réelle de leurs proches. J'ai beaucoup aimé la grande solitude de cette femme qui tient à continuer à montrer une façade de vie de famille épanouie, qui désespère de trouver un peu d'attention au point qu'elle va aller chercher auprès d'autres ce qu'elle ne trouve plus chez elle.
J'ai beaucoup aimé l'écriture. Si en entrant dans le récit j'ai été un peu déconcertée par le style mêlant les pensées, les évènements, les dialogues, très vite, j'ai plongé dans la tête d'Eliete. En fait, si l'objectif était celui-là, ce choix est extrêmement efficace.
Voici donc un personnage féminin très attachant avec ses failles, ses doutes, ses questionnements.
Je suis très frustrée d'avoir découvert en tournant la dernière page qu'il y avait une suite et que je devrais attendre pour découvrir de quoi serait fait l'avenir d'Eliete qui est tout sauf une petite femme ordinaire.
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Eliete a 42 ans et une "vie normale", c'est-à-dire le même mari depuis 20 ans, deux filles jeunes adultes qu'elle continue d'appeler "les petites", une mère qu'elle évite et une grand-mère qui perd la tête.
Dans ce récit aux airs de monologue intérieur, elle se questionne sur son existence en repensant à son enfance, sa jeunesse, son mariage usé par les années, ses filles qui quittent la maison et sa grand-mère dont elle doit s'occuper.
Au milieu de cet univers, Eliete est seule, désespérément seule. Elle se console en suivant la vie des autres sur Instagram et Facebook, en se créant un faux profil sur Tinder, ce qui l'isole encore plus de sa famille pour qui elle est déjà en train de devenir transparente. Plongés dans ses pensées, Eliete nous attriste, et si on ressent souvent de la compassion pour elle, c'est aussi parce qu'on reconnaît certains de nos traits dans le miroir qu'elle nous tend.
Cette impression de délitement s'estompe pourtant à la fin du roman, mais c'est pour découvrir qu'il s'agit d'une première partie et que rien n'indique que la seconde existe déjà, encore moins en français, alors qu'on aimerait poursuivre cette lecture.
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Un futur grand classique ! Eliete est notre semblable. Et comme on l'aime cette femme de 42 ans bousculant sa vie, claquant la porte des habitudes trop ancrées, sans bruit aucun, avec altérité et dignité. Elle est superbe de sens, de réflexions ajustées, d'intelligence intuitive. Eliete regarde attentive les décors de son monde. Un château de cartes qui va s'écrouler immanquablement. « Quand l'hôpital a téléphoné à cause de ma grand-mère c'était plus de cinq mois avant la nuit de la tempête, mais j'ai l'impression que Salazar a commencé à s'insinuer dans ma vie à ce moment-là. Sa grand-mère de quatre-vingt-un ans chute en pleine rue. Eliete va accueillir dans son foyer cette dernière. « Ce n'était un secret pour personne que maman n'aimait pas mamie expliquait - elle quand elle était de bonne humeur, les autres jours elle se contentait de râler, Saleté de vieille elle peut crever loin d'ici je m'en contrefous. » Vous l'aurez compris, le bas blesse entre ces deux fortes personnalités. Il faut dire que nous sommes en latitude post révolution du 25 avril 1974. Eliette a vécu chez sa grand-mère avec sa maman et Monsieur Pereira. Sans son père décédé lorsqu'elle avait cinq ans. le spartiate, l'aigreur intergénérationnelle ont heurté cette promiscuité de plein fouet. L'écriture de Dulce Maria Cardoso est un jour après l'autre. Posée, elle assigne la voix d'Eliete qui prend vigueur, gonflant les pages d'une narration de génie. Eliete se métamorphose. D'autant plus que la venue de sa grand-mère chez elle va être comme un tsunami, une mise en abîme pour Eliete. « Ne pas passer pour une faible pourrait être le slogan de maman. « Qu'est-ce que je cherchais avec autant d'insistance dans cette photo ? Mon papa, ma maman, moi, la certitude que mon papa aimait sa petite fille ? » Eliete observe le lissé d'un antre conventionnel. Un mari Jorge qui flirte à outrance sur les réseaux sociaux, pourvoit Eliete à la transparence. Elle, qui côté ville travaille pour une agence immobilière et du côté cour pour les tâches ménagères et tutti quanti. Eliete est invisible. D'aucuns lui parlent, d'aucuns la pensent femme révélée. Rédemption, Eliete creuse la terre, foudroie les silences, laisse monter la sève. Elle s'épuise à force de chercher le bon rythme. L'alliage qui effacera inéluctablement les rides naissantes. « Ce que j'éprouvais envers Înes était identique à ce que j'éprouvais pour Marcia et vice-versa, il n'y avait rien de fondamentalement différent dans ma relation avec chacune, même si avec Marcia j'arrivais plus facilement à m'imaginer que j'étais une bonne mère. » Eliete s'élève, elle affronte les images, les non-dits, les relents latents d'une dictature. Elle rassemble l'épars qui va faire des miracles. Ce qui est sublime, c'est la justesse de ce récit qui écarquille l'authenticité, cette ténacité à s'affirmer en tant qu'être accompli. Coûte que coûte, la vie normale vacille. « Ce sont les restes de la dictature, ça a duré presque cinquante ans, ça a laissé des traces, les gens ont encore peur, notre dictature a été différente des autres, elle s'est marquée de douceur et c'est ça qui nous a minés en nous rendant tous méfiants…. » Eliete est une belle personne, une battante. Sa grand-mère est un paravent contre les affres d'un quotidien fade. Eliete va-t-elle se réaliser ? le dire ou pas ? Lisez ce récit, la tempête est signe, Eliette l'exemplarité. Une enfant du Portugal portant sur ses épaules le poids de l'Histoire, ce que l'amour a figé de secrets lourds. Magistral, fondamental. Traduit du portugais par Elodie Dupau. Publié par les majeures Editions Chandeigne
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critiques presse (1)
Actualitte
25 février 2021
Et par la magie de l’écriture, le passé, le présent, l’avenir se mêlent, s’enroulent pour faire d’Eliete l’un des plus beaux personnages de cette rentrée littéraire. Et à coup sûr, Dulce Maria Cardoso a toute sa place à la librairie et dans vos bibliothèques !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout peut arriver, résonnant en moi avec un drôle d'écho, comme si je pouvais me changer en garçon, aux garçons tout pouvait leur arriver, ils n'avaient pas à avoir peur ou honte, la peur et la honte c'était toujours pour les filles, même si c'étaient les garçons qui essayaient de les tripoter ou qui les coinçaient pour leur voler des baisers avec la langue, et c'était toujours la faute des filles qui avaient provoqué, c'était toujours la faute des filles depuis la pomme qu'Eve avait donnée à Adam, point barre.
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N'ayant jamais su m'occuper de cette bête fragile et peureuse que l'on nommait bonheur, je me souciait juste de la montrer, je l'avais laissée mourir de faim et de soif mais je continuais d'en montrer le cadavre en espérant que tout le monde me ferait la faveur de ne pas me dire qu'ils avaient senti la mauvaise odeur.
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Le monde ne tourne pas autour de toi, m'avait lancé Jorge, quelques semaines auparavant, au cours d'une dispute triviale. Il ne l'avait pas dit méchamment. On était ensemble depuis tant d'années qu'on ne se disait plus les choses par gentillesse ou par méchanceté, on se les disait juste.
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Je lui avais un jour suggéré qu'on devienne amies sur Facebook, mais la réponse avait fusé, Quelle débile accepterait sa mère comme amie sur Facebook ?
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Videos de Dulce Maria Cardoso (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dulce Maria Cardoso
L'autrice portugaise Dulce Maria Cardoso est l'invitée du Chandeignographe !
Dans cet entretien, elle nous parle de son roman "Eliete, la vie normale". Elle évoque aussi son désir d'écrire des histoires de femmes, son intérêt pour la mémoire, et le choix du prénom "Eliete" pour son héroïne.
Pour en savoir plus sur le roman, c'est par ici : https://editionschandeigne.fr/livre/eliete-la-vie-normale/
Vidéo : Logo : Matthieu Lambert Animation : Jean-François Bertrand Montage et réalisation : Chloé Poirat
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