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Antoine Compagnon (Autre)
EAN : 9782200632205
288 pages
Armand Colin (20/04/2022)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Il ressort clairement des mémoires de ceux qui ont connu Proust, de ses lettres, des témoignages et des scènes de ses romans que la sexualité dans ce qu’elle peut avoir de vicieux l'intriguait.

L’amour – jaloux, obsessionnel, sadique – est un thème profane qui traverse toute La Recherche, en contrepoint direct du thème transcendant et sacré de l’art, qui finit par triompher lorsque le narrateur conclut sa quête.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet essai n'usurpe pas son titre. William C. Carter y explore en effet les multiples facettes de la vie sentimentale de Marcel Proust, aussi complexe que sa syntaxe, aussi mystérieuse parfois (tout n'est pas clair). Les propos sont étayés sur les témoignages et sur les écrits prolifiques que nous a laissé l'auteur de A La Recherche du temps perdu, à travers la correspondance plus ou moins officielle, mais surtout l'oeuvre littéraire, le roman unique qui nous livre de nombreuses pistes pour comprendre sa personnalité.

Mais cela nécessite un travail d'analyse méticuleux et une connaissance approfondie des personnages décrits, et ce travail de détective et de fin limier nous est livré sur un plateau par William C Carter. Par des allers et retours incessants de la vie à l'oeuvre, peu à peu l'écrivain livre ses secrets les plus intimes.
Plusieurs centaines de personnages sont évoqués dans la Recherche et les principaux hériteront pour beaucoup de rôles qu'auront joué de véritables amis et amours de Marcel. L'entourage proche est une source inépuisable d'inspiration, avec cependant une complexité destinée à brouiller les pistes. Un personnage pourra être le résultat d'une chimère réunissant plusieurs personnes réelles.

On y côtoie le milieu littéraire du début du vingtième siècle, Morand, Gide, Cocteau, les frères Goncourt, ainsi que des futurs grand noms de la musique.

Il est sans doute nécessaire d'avoir parcouru les 2000 pages de l'oeuvre pour apprécier l'essai, qui est très accessible sur le plan de l'écriture mais sans doute peu parlant quand on n'a pas la moindre idée de qui est le Baron Charlus ou Robert de Saint Loup.

Les inconditionnels de Proust y trouveront sûrement leur bonheur.

Merci à Babelio et aux éditions Armand Colin

283 pages Armand Colin Avril 2022
Masse critique Babelio
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Il s'agit de la biographie amoureuse et sexuelle de Proust. Je n'y ai pas découvert beaucoup de choses que je ne susse déjà… ● Malgré les indéniables qualités de recherche et de délicatesse dans l'analyse que présente cet ouvrage, le va-et-vient entre la biographie et l'oeuvre, dénoncé par Proust lui-même dans Contre Sainte-Beuve, comme on sait (même si certains prétendent que cela ne reflétait pas son opinion réelle et n'était là que pour un peu mieux encore camoufler son homosexualité), me met toujours très mal à l'aise. ● Que Proust ait utilisé des éléments biographiques pour écrire la Recherche, cela ne fait guère de doute, mais expliquer certains éléments de sa vie par un recours au roman, c'est une autre paire de manches. ● J'ai aussi été déçu par la Préface d'Antoine Compagnon, que par ailleurs j'apprécie beaucoup, car il ne parle pas du livre mais répète de façon condensée ce que le livre raconte.
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En préambule, autant dire que cet essai de William C. Carter n'aura que peu d'intérêt si vous n'avez jamais lu Proust, voire pire si vous le détestez, armé de poncifs plus idiots les uns que les autres et que l'on entend trop souvent sur son compte. Et à une époque où des lycéens primitifs menacent de mort un écrivain – Sylvie Germain – parce que ses textes sont difficiles à comprendre, je me méfie de tout !

Carter choisit donc l'angle de l'amour chez Proust et par voie de conséquence, le Narrateur. Ainsi, il est autant question des amours de Marcel – Reynaldo Hahn, Lucien Daudet, Alfred Agostinelli, Henri Rochat, etc. – que du Narrateur – Gilberte ou Albertine, cette dernière qui cristallise les amours homosexuels de Proust, inventant un personnage féminin pour le Narrateur hétérosexuel. Dans La Recherche, l'homosexualité sera pour les autres : Saint-Loup, Charlus, Jupien, mademoiselle de Vinteuil, etc.

Sa vie étant son modèle, Proust brouille ainsi les pistes : « Les descriptions ravissantes et exubérantes de ces adolescentes qui s'ébattent sur la plage [voir À l'ombre des jeunes filles en fleurs] et sur la promenade devant le Grand Hôtel sont des hymnes à l'athlétisme des jeunes hommes que Proust avait rencontrés à Cabourg et dont la beauté, la grâce et la souplesse l'avaient enivré. »

Au passage, s'agissant de l'homosexualité, Proust entendait se soulever contre les injustices faites à l'époque aux homosexuels, dont la condamnation d'Oscar Wilde en Angleterre qui l'avait fortement affecté.

mais l'ambivalence sexuelle entre l'auteur et le Narrateur révèle surtout ceci : « L'idée fondamentale de Proust sur l'être humain, idée mise en évidence dans son roman, était que la plupart des gens, ayant en eux à la fois des éléments masculins et féminins, sont androgynes. »

Autre élément majeur : « Toujours débordant de tendresse, il [Marcel Proust] était à la recherche d'une éthique capable d'apporter une caution à la jouissance physique de son idéal masculin : la beauté intelligente. »

Quant à l'amour en général, il ne connait pas un plein épanouissement chez Proust et sera émaillé de drames – dont la mort accidentelle d'Agostinelli, à bord d'un avion, est le point culminant. Fort logiquement, il en sera de même pour le Narrateur avec Albertine. Pas exclusivement, car tous les couples, dans La Recherche, sont frappés par « l'impuissance du bonheur » : le duc et la duchesse de Guermantes, Gilberte et Saint-Loup, etc.

Aussi, « les désirs de l'auteur, ses privations, son inadéquation sexuelle ont fait l'objet d'un transfert sur le Narrateur ». Inévitablement, à force de jongler entre le réel et la fiction, « ce n'est pas tant le Narrateur qui ressembla de façon croissante à son auteur que Proust qui, vivant de plus en plus dans le monde qu'il était en train d'inventer, se mit à incarner le Narrateur ».

Car, explique encore Carter, « si l'on considère sa vie amoureuse dans son ensemble, on peut penser que Proust n'a jamais connu de relations sexuelles épanouissantes avec un être aimé ». C'est d'une tristesse accablante. Tristesse qui générera une oeuvre sublime et dont Carter nous révèle le prix que son auteur eut à payer pour l'enfanter. Et les mesquineries jalouses de Cocteau n'y feront rien : il est un grand artiste quand Proust est un génie !

Toutefois, l'amour, au fur et à mesure du temps, ne devient plus le but du Narrateur et inévitablement de Proust, qui se sacrifie à quelque chose de plus grand : « L'écrivain pensait que tous ses efforts pour trouver le contentement dans un amour réciproque étaient voués à l'échec, à cause de cette impuissance du bonheur. […] En ce qui concerne l'amour, le Narrateur est destiné au bout du compte à subir la même désillusion, mais celle-ci est liée à sa quête pour devenir écrivain, le seul rôle, comme il en prend finalement conscience, qui lui apporte une joie véritable. » Mieux, l'écriture pourra conjurer l'oubli des êtres aimés et des amours perdus, puisqu'elle sera une recherche du temps perdu…

Carter, oscillant sans cesse entre Proust et le Narrateur, effectue un travail archéologique essentiel non seulement sur l'amour proustien mais encore sur la genèse d'un monument littéraire. Travail qui, d'un certain point de vue, fait songer à La Recherche comme à une grande histoire d'amour, avec ses joies et ses peines.

Quant à Proust, qui écrivait dans l'une de ses très nombreuses lettres : « Moi qui rate toujours tout pour moi, j'ai quelquefois, bien rarement, la chance de réussir quelque chose pour les autres », on peut le rassurer outre-tombe car il a au moins réussi à concevoir une oeuvre immortelle, émouvante et pétrie d'amour, comme l'a si remarquablement démontré William C. Carter

Oeuvre que je ne manquerai pas d'aller saluer le 18 novembre 2022, sur sa tombe, au Père-Lachaise. Cela fera exactement cent ans que Marcel Proust est mort…


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Cette biographie de Marcel Proust merveilleusement écrite par William. Carter retrace la vie de l'écrivain.

Une écriture qui nous entraîne au plus près de l'intimité de Proust.
Ses aventures et ses flirts avec des classes sociales fortunées mais également les plus pauvres.

Ce livre vous assure une immersion totale fin XVIIIe, début XIXe siècle.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On voit dans cet épisode, comme bien d'autres occasions dans le roman, que les désirs de l'auteur, c'est privation, son inadéquation sexuelle ont fait l'objet d'un transfert sur le Narrateur. Au fur et à mesure le roman progresse, plus il apparaît de plus en plus clairement que Proust s'est déchargé sur son double fictif d'une bonne partie de ses fardeaux, de ses mots, y compris de la neurasthénie qui affaiblit et déprime sur son héros.
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Le Narrateur, désormais obsédé par l'alchimie destructrice du temps, rappelle pourquoi le corps d'un être aimé contient le pouvoir de nous faire de la peine jusqu'à ce que la mort est le temps accomplissent leurs tâches, en nous laissant plus qu'en présence des souvenirs qui peuvent être recueillis et conservés dans les pages d'un livr
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