Risquant de m'absenter quelque peu fin février ou début mars, je "liquide" pas mal de "Petits fiches" que j'avais en réserve. Mais ne craignez rien : la grande époque des critiques graphomaniaques reviendra après un peu de repos. Je serai même logiquement dans une si grand forme que vous n'aurez pas le temps de lire une seule fiche que j'en aurais mis au moins dix en ligne ! ;o)
Pour l'instant, nous allons parler du "Rôdeur", de
Tania Carver, pseudonyme derrière lequel se cache un couple de Britanniques, Martyn & Linda Waites. Eh ! bien, croyez-moi, quand vous comprenez qu'ils se sont mis à deux pour produire ça, vous vous dites qu'il vaut diablement mieux travailler en solo ... Dans ce livre, il y a tout, j'entends tout ce que la masse des écrivaillons, des scénaristes, des éditeurs et des producteurs convient de placer dans un thriller écrit ou télévisuel. Premier ingrédient : un corps (de femme, si possible), retrouvé mutilé (si possible) sur une plage ou dans un bois. Second ingrédient : une victime (une femme, si possible), non mutilée, qui se plaint qu'un inconnu (un homme, si possible et mutilé peut-être, qui sait, en un endroit que ma mère m'a interdit de nommer ici, ce qui expliquerait en partie son comportement) est entré chez elle et, dans son propre lit (si possible), alors qu'elle dormait d'un sommeil trop lourd, l'a à moitié déshabillée (ou violée, si possible). Troisième ingrédient : un billet (sans empreintes si possible), bien visible où se trouve écrit : "Je veille sur toi" et que l'on peut interpréter comme une signature de la part de l'intrus. Quatrième ingrédient : un binôme policier, (une femme et un homme, si possible) avec des problèmes personnels genre alcoolisme, divorce (très couru, ça, le divorce, et s'il y a des enfants à la clef, c'est l'idéal ). Cinquième ingrédient : une enquête bien pimentée (si possible). Sixième et dernier ingrédient : une "chute" (imparable, si possible.)
Vous agitez le tout dans l'immense shaker de votre imagination - pour un couple, vous multipliez la contenance du shaker par deux.
Et ça vous donne sinon un chef-d'oeuvre, du moins un truc vraiment inquiétant et qui vous met bien mal à l'aise, avec des frissons digne de la grippe, une coeur qui laisse soupçonner que votre tension artérielle ne tourne plus rond, un refus nauséeux de vous plonger dans la boîte de chocolats ou de gâteaux près de votre lit (ou alors, tout le contraire, l'absorption en cinq sec de la boîte de chocolats ET de la boîte de gâteaux, et après, vous vous rongez les ongles) et une agitation nerveuse telle à trois heures du matin que vous ne parvenez pas à vous endormir avant six heures cinquante, heure à laquelle votre réveil-matin, lui, toujours aussi règlement/règlement, vous trompette impérieusement qu'il est l'heure de vous lever pour de nouvelles aventures.
Avec "
Le Rôdeur", tous les ingrédients sont là. Je suppose qu'on les a secoués très énergiquement. Mais le résultat est parfaitement insipide. En outre, si ça fait un certain nombre de lustres que vous lisez des policiers (et que vous en visualisez), vous devinez très vite l'identité du, de la ou des coupables et vous pourriez réciter les dialogues pratiquement sans les lire une première fois tant ils sont prévisibles. Je n'assure pas que vous ne vous trompiez pas au passage sur tel ou tel mot : mais rien qui vous ramène zéro de moyenne. Pour les frissons : un seul mot, le néant. Votre coeur bat avec la régularité d'un métronome, chocolats, gâteaux et ongles n'ont rien à craindre et comme vous traînez sur les chapitres en vous assoupissant de temps à autre, vous éteignez avant l'heure et si vous n'êtes pas vraiment au top quand votre réveille-matin vous claironne qu'avant l'heure, c'est pas l'heure et que, après l'heure, c'est plus l'heure, résignez-vous en vous disant que nous vieillissons tous.
Voilà. C'était ma "Petit fiche" non graphomaniaque du jour. A bon entendeur ! ;o)