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« Ma poésie est à mon image, libre comme l'aube, sauvage et indomptable. Je laisse mes mots respirer et ma plume voler où bon lui semble. Tantôt sans foi ni loi, tantôt structurée, elle a mille rivages, mille robes de pluie, de brume et d'étoiles. Mes vers et mes rimes tourbillonnent en toute insouciance dans des volutes de Voie lactée. Combien de comètes choisissent la voie de leur émancipation, au risque de marcher hors-sentier dans les méandres du cosmos ? »
Je ne connaissais pas
Parme Ceriset, cette poétesse de grand talent. Il se trouve qu'elle a vécu plusieurs années sous oxygène, et, il y a 13 ans, a été sauvée par une greffe des poumons. Ce recueil de poésie m'a véritablement impressionné : dense, superbement écrit, intense, « pépites d'espoir » comme le dit l'auteure, espoir de vie. Une sorte d'immense remerciement : pour son donneur « cet homme qui m'a offert son souffle et que je ne pourrai jamais remercier », pour son compagnon, ses proches « son Éden de sérénité ». Une force s'exprimait : souffrance de l'âme, mélancolie se transformant en renouveau de vie. Cela faisait mal parfois. C'était beau.
« J'ai ouvert un à un les barreaux de la cage
Qui enfermaient mon coeur et mon âme embrumée,
J'ai déployé mes ailes aux vastes paysages,
J'ai humé les nuages et l'air de liberté… »
En lisant, imperceptiblement, deux des passions qui m'agitent, la peinture et la poésie s'introduisaient dans mon esprit. J'observais que des mots revenaient très souvent dans les poèmes de
Parme Ceriset : amour, lumière, vie, liberté, étoiles, soleil. Les mêmes que Vincent avais-je pensé… Étrangement, je rapprochais deux artistes éloignés par le temps : une magnifique poétesse et un grand peintre qui était devenu, depuis l'écriture de mon roman « Que les blés sont beaux », mon ami :
Vincent van Gogh.
« Je te choisis encore,
Toi, étoile parmi les étoiles,
Toi ma passion turquoise et lumineuse
Comme les flots marins parsemés d'astres fous. »
Lorsque je vis pour la première fois les toiles de Vincent van Gogh, cette technique tout en force maitrisée donnait l'impression qu'un fauve s'était jeté sur la toile pour y planter ses griffes. Cet immense peintre était aussi un poète et écrivain de talent, un être généreux, hypersensible : « Les émotions qui me prennent devant la nature vont chez moi jusqu'à l'évanouissement ». Vivant pour son art, cet artiste souvent rejeté voulait tant être aimé : « Nous avons besoin de gaité et de bonheur, d'espérance et d'amour ».
Amour, mélancolie, souffrance, force, poésie. Comment ne pas voir un lien entre le peintre et la poétesse…
« Mais toujours la vue des étoiles me fait rêver », disait Vincent. « Nuit étoilée » est une des toiles les plus connues et les plus fortes de van Gogh. L'artiste l'a peinte de sa chambre de l'hospice à Saint-Rémy-de-Provence, alors qu'il était interné à sa demande et vivait une période difficile de sa vie. « Je veux maintenant absolument peindre un ciel étoilé. Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, colorée des violets, des bleus et des verts les plus intenses. Lorsque tu y feras attention, tu verras que certaines étoiles sont citronnées, d'autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis », dit-il dans un courrier à sa soeur Wilhelmine.
En 1891, un an après la mort du peintre,
Octave Mirbeau écrit : « la folie admirable de ces ciels où les astres ivres tournoient et chancèlent, où les étoiles s'allongent en queues de comètes débraillées ». Certaines personnes ont cru voir dans « Nuit étoilée » la folie de Vincent. Ne serait-ce pas plutôt pour l'artiste comme un espoir de libération : « Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique ». «
Van Gogh n'embellit pas la vie, il en fait une autre, purement une autre. », a dit l'écrivain
Antonin Artaud.
Le poème de
Parme Ceriset, « Mirage d'un regard » pourrait parfaitement décrire la toile de Vincent : « Il y a des étoiles au parfum de mirage Qui naissent de nos songes et ne sont que des leurres, Ainsi ces étamines rouges, ces roses en sang Condamnées à l'illusion des parades amoureuses. C'est décidé, je ne tomberai pas dans cet engrenage de malheur, Je garderai au ciel quelques étoiles ivres Je ne les décrocherai pas, Je les contemplerai. »
La poétesse observe elle aussi les étoiles : « Je m'endors dans les pâturages En comptant souvent les étoiles, Mon ciel ivre, rien ne le voile, Je suis libre, je suis sauvage. »
« Exprimer l'espérance par quelqu'étoile » disait Vincent.
Parme Ceriset lui répond dans un vers : « Oui ma fragilité est ma force et ma force est l'Espérance ». Parme se serait bien entendu avec Vincent, il se ressemble. Il faut lire son recueil qui est un enchantement. Ne tardez pas… Noël approche.
« Je veux que l'on me donne
Quelques secondes de plus
Pour humer le souffle bleu des étoiles
Et leurs paillettes qui flambent
Dans leur robe d'argent
Avant que tout s'éteigne… »
Cette chronique est en couleur sur mon blog.
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