On sort de ce nouveau roman de
Sorj Chalandon à genoux , tant l'émotion est grande.
Beaucoup de thèmes essentiels sont abordés dans ce récit plutôt court :
L'engagement politique tout d'abord avec ce que le combat pour la Palestine a représenté en France au début des années 80 et que l'on a un peu oublié actuellement, d'autres causes ayant chassé cette époque de notre mémoire.
La fidélité en amitié qui érige des devoirs, en particulier celui de respecter les promesses faites, c'est ce qui conduit Georges à partir à Beyrouth pour faire aboutir le projet de son ami Sam de jouer l'
Antigone d'
Anouilh avec des acteurs issus de tous les peuples qui s'affrontent.
La symbolique ensuite , avec le choix d'une oeuvre créée et jouée pendant la seconde guerre mondiale et qui met en avant un personnage ,
Antigone , dont l'acte de résistance la conduit à la mort.
L'amour aussi est omniprésent dans le roman, celui de Georges pour sa femme et sa fille, mais également, la fascination amoureuse qu'il a ,vis à vis d'Ismane , l'
Antigone qu'a choisie Sam.
L'amour également impossible entre la Palestinienne et le Chrétien, un sentiment qui nait au dessus des barrières mais qui reste utopique.
Utopique également le projet de monter cette pièce en pleine guerre même si les acteurs franchissant les frontières de leurs clans arrivent à se retrouver et à vivre des instants hors du temps, presque magiques, les bombes, aveugles les projettent à nouveau dans la cruelle réalité.
Et puis la guerre, avec toutes ces horreurs , les massacres dans les différents camps, l'absurdité des combats. La raison de Georges, confronté de plein fouet à la violence et à la mort chavire.
Le quatrième mur , celui qui sépare les acteurs sur scène du public est aussi celui qui sépare la raison de la folie.
Une nouvelle fois,
Sorj Chalandon nous éblouit par sa maitrise de l'intrigue et la puissance de son écriture.
Bien sur, la pièce d'
Anouilh est déjà sur ma table de chevet...