« Ouvre l'oeil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l'oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix. »
Khalil GIBRAN – poète et peintre libanais.
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Le quatrième mur est un roman tragique et puissant.
« Une volée de marches, un drapé de rideau, une colonne antique. C'est le dépouillement, la beauté pure ».
Résistante et fière
Antigone.
La fraternité et l'amour - La liberté et la lutte – La violence et la douleur – Un décor de feu et de sang, de larmes et de terre. Réalité de la guerre dans toute son horreur.
« Tu as croisé la mort, mais tu n'as pas tué, a murmuré le vieil homme (…) Et je n'ai pas osé lui dire qu'il se trompait ».
Qu'adviendra-t-il d'un rêve de scène dans une ville théâtre de tragédie …
« J'étais entrée en violence pour défendre l'humanité ». Son ami lui rétorquait « La violence est une faiblesse ».
Georges a la hargne de défendre ses idées, atteint physiquement, sa colère reste intacte.
Il était chagrin et colère, Samuel, son ami, son frère, gaîté et sagesse.
Le Liban - Beyrouth - Au coeur d'une ville qui n'est alors que le théâtre de la violence et des combats, mettre en scène «
Antigone » d'
Anouilh semblait ubuesque, Georges portera cette idée belle et folle héritée de son ami Samuel. « C'était sublime. C'était impensable, impossible, grotesque ». Mais c'était
une promesse faite à un frère.
« La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l'être aussi. »
Imaginer une scène sur une ligne de front. le théâtre pour faire taire la guerre quelques instants...
Une représentation – instant de trêve – dans une ville puzzle, une pièce avec des acteurs de tous les camps pour une suspension du temps dans une ville fragmentée.
« Retrancher un soldat de chaque camp pour jouer à la paix. Faire monter cette armée sur scène (…)
Demander à Créon, acteur chrétien, de condamner à mort
Antigone, actrice palestinienne. Proposer à un chiite d'être le page d'un maronite. »
L'espoir d'un répit dans la tourmente des combats et de la mort qui rôde…
Mais les bombardements vont faire de Beyrouth un théâtre de martyrs suppliciés dans un décor meurtri, de débris d'obus, de massacres, de destruction – pays exsangue et dévasté aux cèdres spectateurs silencieux du désastre.
Un quatrième mur pour se protéger de la peur, de la mort…
Mais qu'en sera-t-il des rêves, des promesses, des traumatismes, au milieu de cette guerre…
L'analogie avec «
Antigone » est très troublante et magnifique, une violence inouïe.
C'est d'une poésie désespérée et d'une beauté tragique.
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Quelle découverte ! Quelle sensibilité chez cet auteur que je commence à peine à lire.
C'est d'une intensité redoutable.
J'ai trouvé ce roman bouleversant, j'ai ressenti de profondes émotions lors de ma lecture. J'en ressors ébranlée.
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