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4,27

sur 3136 notes
Ce livre terrible m'a donné des frissons.
Pour honorer la promesse faite à un mourant, un acteur part monter une pièce de théâtre dans Beyrouth en guerre. Il réunit des personnes différentes, issues des nombreuses factions du conflit. Il y parvient à grand peine, pour un seul instant de grâce, et puis....
Les massacres de Sabra et Chatila le rendront différent à tout jamais.
Cette pièce, c'est l'Antigone de Jean Anouilh, inaugurée en 1942 : les deux guerres se confondent alors.
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J'ai beau avoir lu quand même quelques livres dans ma vie, il me faut avouer humblement que cette lecture-ci ne m'a pas laissée indemne et a marqué mon âme pour toujours.

La plume est magnifique, poétique, presque chantante, pleine d'amour.

Mais elle est au service d'une horreur sourde, d'une souffrance qui dépasse l'entendement, d'images qui hantent.

Plus d'une fois mon coeur a manqué un battement, et je crois n'avoir pas respiré une seule fois dans les cinquante dernières pages.

Impossible de résumer l'histoire, de vous parler des personnages, je laisse indemne ce qui peut l'être et, aujourd'hui et les jours suivants, je pleurerai Antigone.
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A la fois un coup de poignard et un coup de coeur.

Un coup de poignard dans le coeur.

Un livre d'exception, fort, puissant, qui vous emmène au coeur de la guerre civile au Liban en 1982-1983.

La plume de Sorj Chalandon est extraordinaire : c'est celle d'un écorché vif, d'un enfant battu et méprisé, doublé d'un grand reporter, primé par le prix Albert Londres en 1988. Sensibilité à fleur de peau et sens de l'Histoire et du réel : une pure merveille.

Sorj Chalandon le dit dans une de ses interviews : il a une plume de bègue. Des phrases courtes, lapidaires, des mots d'autant plus précieux qu'ils sont difficiles à poser, à choisir.

Il a couvert ce conflit, supporté ces scènes d'une violence inouïe à Chatila et à Sabra. Comment un bègue peut-il dire l'indicible ?

Ce livre met au coeur de son récit l'Antigone d'Anouilh, créée en 1944 sous l'Occupation nazie.

Pièce de la Résistance, pièce de Paix...

... le Quatrième mur, ou comment essayer, le temps de quelques minutes, de "faire comme si" les acteurs pouvaient dépasser, au nom de l'Art, au nom du Théâtre, l'hostilité des forces en présence. Comme s'ils pouvaient faire autrement que de se haïr.

Une oeuvre à la vérité intemporelle, et qui résonne cruellement avec toutes les guerres, tous les bombardements, toutes les atrocités d'hier, d'aujourd'hui et de demain. J'en ai littéralement pleuré.

Un pur chef-d'oeuvre. Sans illusions.

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Tellement d'actualité ce roman qui nous plonge dans le conflit dont est encore aujourd'hui victime une population civile palestinienne massacrée. Avec comme toile de fond la difficile coexistence du patchwork confessionnel et ethnique de Beyrouth, il fait vivre la tragédie humaine qui se répète comme la pièce d'Antigone qui fait la trame du récit.
Un roman qui prend aux tripes et ne laisse qu'une lueur de désespoir, comme le néant absolu d'humanité maintenant à l'oeuvre dans cette région.
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Ce roman est un pavé dans la gueule, mais pas seulement ; c'est aussi une des plus sales pages de l'histoire du Proche-Orient et sa lecture est vraiment éprouvante.

En 1982, lorsque l'armée israélienne envahit le Liban, il y a déjà sur place 150'000 combattants appartenant à de multiples factions locales : l'armée du Liban sud qui opérait avec le soutien de l'armée israélienne ; la milice libanaise Kataëb formée des phalanges libanaises nationalistes ; le Parti socialiste progressiste ; Amal, une sorte de milice formée de détachements de résistants ; l'Organisation de libération de la Palestine ; le Hezbollah, groupe islamiste chiite ; etc. etc.
Dix-huit nationalités se chipotaient grave, le tout sur un territoire grand comme un département français.
Forcément, rien ne se déroula à l'avantage de la société libanaise, des femmes et des enfants, de la tolérance et de l'humanisme… Tout dérapa dans les grandes largeurs et une honte mêlée d'une forte odeur de charogne plana durablement sur Beyrouth et ses environs.

Aux hommes, je voudrais hurler cette supplique… « Abandonnez vos certitudes ! Abandonnez vos croyances et vos dogmes ! Oubliez vos idoles, jetez ces dieux épouvantables au plus profond des failles ou des gouffres que la terre ulcérée aurait la bonne idée d'ouvrir soudainement sous vos pieds… et comportez-vous enfin en frères, en maris et en pères. »

L'idée de Samuel, c'est de tromper le diable et de jouer une pièce de théâtre - l'Antigone de Jean Anouilh - sur les lieux de la disgrâce...
L'histoire lui en laissera-t-elle le temps et la possibilité ?

Décidément, je n'aime pas ce livre qui représente ce que l'on peut faire de pire.
Mais il est bouleversant et magistral.

Je vous le conseille…
...mais armez-vous de courage.
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Bien qu'ayant lu un certain nombre de romans de Sorj  Chalandon je ne m'étais pas encore attelé à la lecture de son roman le quatrième mur. J'en avais entendu des échos favorables et cette période de début d'hiver et de second confinement me donnait plus de temps à la lecture.
J'ai donc lu le quatrième mur et j'ai retrouvé Sorj Chalandon comme je l'avais laissé suite aux lectures de Profession père, le jour d'avant ou encore la promesse.  Un Sorj Chalandon engagé,  en empathie avec ces personnages et les lieux,  toujours l'émotion  et la réalité de la vie à fleur de peau.
Sortant de la lecture l'Apeirogon de Collum McCann, retourner dans ce Proche Orient et au Liban 30 ans auparavant,  faisait un effet miroir saisissant.
Dans les différents billets et chroniques écrits sur le roman de Sorj Chalandon tout à été déjà  dit. Autant prendre un autre éclairage.
J'ai vu le quatrième mur comme un millefeuille ou de nombreux thèmes étaient abordés sans porter d'ombre à la globalité du roman.
Ce millefeuille donne des portes d'entrée et de réflexion différentes selon notre regard,
Nous pouvons être happés par les années 1970 et les combats politiques autour de la liberté, de l'immigration, de la pensée de gauche. Vu que cela correspond à ma génération, nous pouvons nous remémorer nos utopies, nos engagements . Qu'en avons nous fait ?
Autre entrée  ,  autre regard : la portée d'une oeuvre, ici l'Antigone de Jean Anouilh. Pièce que Jean Anouilh a fait jouer pendant l'occupation , donnant une signification à l'occupant et au résistant.  Pièce reprise dans le roman par Samuel Akounis et le narrateur Georges afin qu'elle soit jouée  à Beyrouth. Chaque acteur provenant d'une communauté différente : juive, arabe, chrétienne,  druze, libanaise, sunnite, phalangiste....
Quelle belle réflexion sur le rôle de la culture dans notre monde. A notre petit niveau comment ne pas faire résonner cela avec la fermeture des librairies pendant le confinement.
Troisième entrée et troisième regard, celui du narrateur Georges. La prise en charge du montage de la pièce à Beyrouth va le découvrir à  lui même et lui donner une conscience éveillée au monde qu'il découvre.  Une réponse peut être à ses utopies des années 1970.
Dernière entrée que je développe : Beyrouth et le Liban. Il est salvateur de revenir au mitan des années  1980 et se rappeler que ce pays etait à feu et à sang. Que chaque communauté souhaitait mettre le Liban à ses pieds, et qu'Israël n'était pas le seul protagoniste.
Les pages de Sorj Chalandon sur les massacres de Sabra et Chatila sont d'une force rare tout comme l'émotion qui nous étreint quand nous partageons la courte vie d' Imane.
Je ne peux m'empêcher de mettre Imane en résonance  avec  Abir et Smadar, les enfants juive, arabe tués par la folie des hommes dans Apeirogon de Colum McCann.

Dans le théâtre le quatrième mur est ce mur invisible qui sépare la scène et les acteurs du public. Une protection invisible entre jeu et réalité.
Ce quatrième mur qui est aussi ce mur invisible entre utopie et réalité ou encore ce mur que nous dressons  afin de ne pas nous engager et de rester dans nos certitudes.

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1982 - A cause d'une promesse faite à son ami mourant, Georges, ancien étudiant militant parisien dont les luttes se limitaient au 6ème arrondissement, se retrouve à Beyrouth en pleine guerre du Liban. Il s'efforce d'exaucer un rêve fou, offrir une trêve de quelques heures en mettant en scène Antigone dont chaque rôle serait tenu par un des adversaires aux combats qui mettent le pays à feu et à sang.

Sorj Chalandon délivre un récit poignant, des personnages riches et tourmentés, des scènes où mort côtoie l'amour, où la fraternité est si proche de la haine, une vision empathique d'hommes et de femmes meurtris, un portrait violent d'une guerre qui dépasse les frontières du Liban. Ce roman est une formidable claque, un coup de poing indispensable et bouleversant pour ceux qui, comme moi, n'ont connu cette guerre qu'en fond sonore au journal de 20 heures quand ils étaient enfants. Un roman marquant, intelligent, blessant, auquel on pense longtemps après l'avoir refermé.
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Bouleversant. Poignant. Saisissant. le quatrième mur de Sorj Chalandon m'a percutée de plein fouet, mon coeur et mon esprit étant ressortis tout meurtris. Ce roman fait mal, en effet. Il heurte. Il marque. Il blesse. Il fait pleuvoir les balles et les bombes. Il fait tomber les corps, petits et grands; de femmes et enfants. Sans censure, il montre l'effroyable guerre; celle que se mènent les hommes inlassablement. Ici, au Liban.

Sorj Chalandon nous invite, en effet, à suivre son personnage principal dans ce bout de territoire miné par les luttes identitaires, ethniques et/ou religieuses. Druzes, Chrétiens, Chiites, Palestiniens, ils construisent leur vie dans le chaos qu'ils ont eux-mêmes nourri et construit; un chaos apparemment idéal pour une pièce de théâtre qui, pour exister, exige la paix. Pour son meilleur et vieil ami, Georges va ainsi tenter de mettre un terme à la guerre. Pour quelques minutes, quelques heures, il veut faire jouer ensemble, sur une même scène, ces ennemi(e)s de tous les jours. Rien de plus difficile: il faut pouvoir passer les frontières et les barbelés que ces hommes et ces femmes ont implantés. Au sens propre comme au sens figuré. On en rit de tristesse. Malheureusement, le théâtre libanais a été plus fort et plus affirmé. C'est lui qui a fait jouer Georges dans sa terrible tragédie. Et nous sommes, lecteurs, émus et ravis par ce spectacle intelligemment produit par les Hommes doués pour le drame.

Émue, en effet. Ce roman raconte le pire; celui qu'on entend mais ne voit pas; celui qu'on imagine mais ne connait pas. Il nous dit ce qui est. C'est la guerre; celle qu'on ne comprend toujours pas. Pourquoi? Pourquoi cette haine qui fait des ravages par milliers? Sorj Chalandon raconte avec tant d'efficacité que la douleur ne peut s'éviter. Elle s'impose doucement et le coeur endolori a envie de pleurer ces morts injustifiés causés par la barbarie qui n'a d'autre nom que l'humanité. Il a envie de pleurer parce qu'il n'a pas d'autre réponse aux milles questions posées par ce roman d'une grande et réelle beauté. La tragédie fait son effet.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Ouf ! On sort rarement indemne d'un livre de Sorj Chalandon, et celui-ci ne fait pas exception.
Pourtant, j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Mais alors, quand elle vous prend, elle ne vous quitte pas.
Au fil des lignes, on sent l'homme blessé par les spectacles de guerre qu'il a vécus.
La révolte et la violence sont omniprésentes avec en fil conducteur l'amitié et le théâtre.
Pour honorer la parole donnée à son ami, juif grec sur le point de mourir, Georges accepte de monter « Antigone » au Liban, en plein coeur de la guerre.
Offrir une trêve à la guerre, une trêve à l'absurdité, en associant un membre de chaque ethnie et communauté religieuse en guerre comme personnage de la pièce. Leur guerre cesserait le temps d'une représentation.
Pour cela, il accepte de frôler la mort, de la côtoyer.
Mais, les évènements se précipitent, et, parti pour tendre la main à la paix, il a finalement pris la main tendue de la guerre.
Et il n'en sortira pas indemne, hanté à jamais par les images de cette tragédie qu'est la guerre.
Comme peu savent le faire, Sorj Chalandon sait trouver les mots justes, mêlant une analyse journalistique implacable et un lyrisme poétique révélant l'hypersensibilité d'une grande et belle âme.
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Quelle claque! Je suis entré de plein pied dans la guerre du Liban des années 80 et j'en ai gardé des séquelles...de celles qui, sous la plume d'un maestro du style, vous font prendre conscience que nous sommes bien protégés de ces crimes affreux dans notre pays, même si nous connaissons une période troublée par les attentats terroristes. J'avais beaucoup apprécié l'oeuvre de Jean Anouilh, Antigone, et l'analogie de ce roman avec son histoire est tellement juste, tellement pertinente, qu'elle force l'admiration. La construction est parfaite. Sorj Chalandon est un grand écrivain.
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