Une très belle saga familiale sur la Savoie et les Savoyards. Ces fameux cols rouges, qui ont vécu par et pour l'hôtel Drouot. Ils ne comptaient pas leurs heures, leurs émoluments étaient payés chaque jour, divisées en 56 parts au début, puis beaucoup plus tard par 110. Ces commissionnaires avaient un statut bien spécial, ils n'aimaient pas agrandir leur numérus clausus. Tous, originaires de ces belles montagnes, leur charge se transmettait de père en fils.
Issus d'un monde agricole, où les familles avaient du mal à survivre, François et Berthe se marièrent en juin 1861. Dès le lendemain, le jeune marié partait pour Paris où le numéro 26 l'attendait, dans la confrérie très prisée des commissionnaires. Il devait trouver un appartement pour la venue de sa femme.
Après sa dernière "démontagnée", au 108ème jour, après son mariage, Berthe allait enfin rejoindre son cher François. Elle emprunterait une diligence, trois jours de voyage, où il fallait faire attention de ne pas se faire détrousser. Pire, elle se fera trousser par trois compagnons de voyage. Elle n'oubliera et n'omettra aucun détail à son mari, qui la soutiendra toujours de son amour et de sa sollicitude, même lorsqu'elle mettra au monde, ce premier enfant qui n'était pas le sien.
Léon, fut le premier des six générations suivantes. Une famille, dont on suivra l'épopée au coeur de l'hôtel Drouot, les vacances en Savoie, dans un village isolé, les bonheurs, les drames, les peines, les amours. Berthe a été le personnage central de cette lignée magnifique. Cette fabuleuse fresque, nous sera conté par le petit dernier, Paul et son ex petite amie, Marie. le récit s'ouvre en 2022.
Col rouge de
Catherine Charrier, ce sont cent cinquante ans de l'histoire des cols rouges, qui ont régné de 1860 à 2010 sans partage, sur des millions d'objets. Deux à trois mille par jour, étoffes, meubles, fonds de magasins en faillite, saisies, successions, ventes volontaires…un spectacle journalier de 13h à 21h, tout passait par eux. Leur emprise sur le marché de la seconde main à Paris était presque totale.
"Le spectacle des ventes passait pour un des plus pittoresques de Paris et mêlait les lorettes du quartier aux grandes bourgeoises et aux duchesses, dans une débauche de soieries, de taffetas, de chapeaux. Couleurs chatoyantes des dames, noir et blanc des messieurs. François ne se lassait pas de regarder, lorsqu'il le pouvait."
Un monde qui m'est totalement inconnu, ce roman m'a permis de découvrir cette confrérie si particulière, aux pratiques d'un autre âge : la yape. Ils avaient le droit d'emporter tous les objets qui n'étaient pas listé par le commissaire-priseur ou le notaire, lors du déménagement des appartements, tableaux, bibelots, meubles, vaisselle…qu'ils gardaient pour eux ou revendaient. Certains ne savaient pas s'arrêter et le tableau de trop, mit fin à cette famille de cols rouges par un procès retentissant.
Un roman attachant, fascinant, et passionnant.