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Je profite de ce billet pour présenter des excuses sincères à mes yeux. Je ne sais pas ce qui m'a pris, certainement le besoin de vacances, j'ai suivi les conseils littéraires d'un plagiste et j'ai lu ce roman, lauréat du prix "Transat 2019". Il m'a décrit le livre avec un tel enthousiasme que j'ai cru qu'il avait découvert le manuscrit dans une bouteille jetée à la mer il y un siècle. Elle serait venue s'échouer sur son coin de plage privée, tapissé de mégots et de tas boueux, vestiges de châteaux de sable dont les architectes ne seront jamais retenus pour restaurer Notre-Dame. En 1957, deux jeunes tourtereaux passent leur lune de miel dans une maison de famille à Cape-May, une station balnéaire du New Jersey. En morte saison, ils se retrouvent un peu seuls au monde et meurent plus d'ennui que de plaisir. Néanmoins, ils trouvent le temps de se déniaiser et font la connaissance de riches fêtards new-yorkais, jeunes aux moeurs très avancés pour l'époque. Pour résumer cette rencontre, c'est un peu les scouts en classe verte au Cap d'Agde. La suite est aussi prévisible que la météo de la veille et notre innocent petit couple va s'encanailler pendant deux semaines. L'histoire progresse chaussée de gros sabots, limite de boîtes à chaussures, et il est inutile de chercher des références dans la collection Harlequin de sa grand-mère pour deviner qui va copuler avec qui. Les événements sont tellement attendus qu'au fil des pages, la rafraichissante innocence un peu vintage des jeunes mariés se transforme rapidement en naïveté agaçante avant de sombrer dans un crétinisme irréaliste. Je dois néanmoins reconnaître que le style de l'auteur n'est pas désagréable et que le roman est plutôt bien rythmé. L'idée de s'introduire dans les maisons vides de la station désertée à la recherche de sensations fortes est plutôt originale et bien introduite. Je pense qu'elle aurait pu être d'ailleurs davantage développée. de même, le dernier chapitre qui décrit toute l'existence du couple après cette lune de fiel, est mieux troussé que les scènes de sexe, pourtant au centre des ébats. De l'humour ? Non, à part peut-être la quatrième de couverture qui annonce « Un premier roman brûlant aux accents de Gatsby le Magnifique et Sur la plage de Chesil ». Certains éditeurs ne doutent de rien. Pour revenir à mon plagiste, je vais désormais me contenter de suivre ses conseils avisés concernant l'indice de ma crème solaire pour ne pas être élu Mister Biaphine et solliciter pour lui un prix Nobel de Chimie pour récompenser le savant dosage de ses cocktails. + Lire la suite |